autour de moissey

le tacot, par ceux qui l'ont connu

Chemins de Fer Vicinaux (1901-1933) Dole-Gray

CPA et photos de Christel P

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Thérèse Sigonney, née en 1915 et épouse de Victor Noël.

 Le Tacot.

Adolescente, Thérèse Sigonney a pris maintes fois le Tacot pour aller faire des emplettes à Dole, pas aussi souvent qu'aujourd'hui déclare-t-elle. Ses souvenirs sont précis :

"Quand on entendait la machine siffler à Menotey, on avait juste le temps de descendre de la Tuilerie jusqu'à la gare, juste pour accueillir les voyageurs qui descendaient à Moissey.

Le Tacot, c'était une véritable attraction, certainement il était utile aux professionnels, mais nous, nous le prenions pour aller à la ville. Il était rustique et pas rapide, mais nous étions ravies de le prendre.

Nous n'allions pas tous et pas toujours à la ville; de nombreuses personnes confiaient leurs "courses" à la Cossotte, une femme qui s'y rendait régulièrement avec sa charrette en osier. Elle faisait les commissions pour tout le monde.

Et puis, la gare (emplacement AB 46) était le pôle d'attraction du dimanche, c'était un but de promenade et de stationnement, on allait voir qui montait, qui descendait du train; filles et garçons, tous s'y rendaient, c'était en quelque sorte un lieu de rencontres..."

Comme sa famille était paysanne, il lui arrivait souvent d'aller garder les vaches -après le certificat d'études- dans le bois, dans les Carrières Meulières, c'est-à-dire à la limite sud de Moissey et de la Commune de Frasne.

Marcel Guillaume, né en 1904, époux de Germaine Caillot, institutrice

 Le Tacot.

...On allait voir le Tacot vers 16 heures. On voyait le chef de Gare, Monsieur Raget, dont le fils Louis est sur le monument des morts de la grande guerre. Monsieur Raget habitait au "Prieuré" en location chez Simeray. Le Tacot, c'était du plaisir, on le prenait pour aller à Dole faire des commissions, des petites commissions, car si c'était volumineux, on prenait plutôt le break à cheval; c'est une voiture à 4 roues, banquette à l'avant et deux bancs à l'arrière dans le sens de la longueur, en vis-à-vis.

Le jeudi à Dole, jour de foire, le break était tout indiqué pour les gros achats, par exemple pour ramener des cochons, de l'outillage, un moteur, des meubles, bref pour les grosses courses.

Ou alors, le Tacot, c'était pour quand il faisait pas beau. C'était bien facile, pratique. Quand on étaient galopins [adolescents], il arrivait que le dimanche, on descende à la Gare de Moissey, qu'on saute dans le Tacot jusqu'à Montmirey-le-Château, qu'on fasse une partie de quilles et qu'on re-saute dans le Tacot du soir jusqu'à Moissey. Il faut dire qu'il y avait une époque où passaient trois tacots par jour, c'est-à-dire six si on considère les deux sens.

Le Tacot, c'était à la portée de tout le monde. On prenait les tickets à la Gare, le contrôleur s'appelait Métadieu, et il contrôlait. Et ceux qui n'avaient pas de tickets, il leur fallait en acheter dans le train sinon c'étaient les ennuis.

Quand on allait à la foire le jeudi à Dole, le Tacot était particulièrement chargé, et ce n'était pas rare que dans la montée d'Archelange, les roues patinent. Nous les jeunes, quand on voyait ça, c'était un réflexe, on descendait et on poussait. C'était utile et on se marrait.

C'est souvent qu'on faisait la collation dans les wagons en instance sur la voie d'évitement. Il y avait toujours des voitures [= pour voyageurs] ou des wagons [= pour les marchandises] qui étaient là, qui attendaient du service. Avec les autres on allait prendre la collation, c'est-à-dire, on cassait la croûte, du pain et du fromage. Et à boire ? Je pense bien qu'il y avait à boire, et toujours assez. C'était du vin de Moissey. Sûr qu'il était bon. D'abord, les vignes de Moissey, c'étaient les mêmes que celles d'Offlanges ou de Menotey. Il y avait de la vigne partout. On faisait du blanc ou du rouge. C'était du vin de consommation courante, mais il était bon. Bien sûr, j'en ai fait du vin. Du vin pour nous.

Armandine Odille (1913-1997), épouse d'Attilio Turchetto

 Le Tacot.

- Le Père Razel, le père de l'employeur de mon mari Attilio, a participé, autour de 1898, aux travaux de terrassement de la plate-forme du tram. C'était une entreprise de travaux publics.

- Le Tacot, on ne le prenait pas souvent, une ou deux fois par an, quand il y avait besoin, et quand on était gamines, quand il fallait acheter des chaussures, des blouses, des robes. Nous les jeunes, on n'arrêtait pas de faire le cirque, même si nos parents étaient assis pas loin.

- Après le certificat, nous y allions en bicyclette. Une femme de Frasne avait dit à ma mère "Si tu voyais ta grosse comme elle y va (au pédalage)".

- Il y avait une personne célèbre à Dole comme à Moissey, c'était Madame Bon, que tout le monde appelait la Cossotte. Elle habitait dans le quartier de Fort Griffon (AB 300). Elle ramassait les oeufs sur Frasne, Peintre et Moissey et allait les vendre au marché couvert à Dole. Elle vendait aussi du fromage blanc, du metton, du beurre. Elle faisait aussi les commissions des gens d'ici, et en particulier, elle allait aux médicaments dans les pharmacies doloises. Les pharmaciens la connaissaient bien.

- Un jour, une dame d'Offlanges qui se trouvait à l'arrêt à Menotey a profité qu'on faisait le plein d'eau pour la locomotive, pour aller aux toilettes. Mais comme elle avait peur que le train reparte sans elle, elle s'est dépêchée et elle a couru jusqu'à la voiture avec la culotte aux chevilles. Pour se défaire de cet embarras, en deux ronds de jambes, elle a balancé la culotte et est montée dans le train. C'était sans compter avec la présence des autres voyageurs, dont des garçons en âge d'en plaisanter qui lui chantèrent "Elle a perdu son pantalon, Tout en dansant le Charleston".

Cet événement l'a tant poursuivie qu'elle et son mari ont dû déménager.

Yvonne Tomczyk, née en 1931, épouse de André Giboudeaux, (né en 1929)

 Le Tacot.

Mes parents l'ont pris, mais pas beaucoup, ils avaient une voiture, ils étaient parmi les premiers à en avoir une à Moissey. Ils y avaient emmené mes soeurs, pour la promenade. Nous connaissions M. Louis Viénot, qui était le chef de Gare.

La maison que nous occupons appartenait à un autre Viennot, qui était particulièrement vigneron et tenait des moutons. Mes parents lui ont acheté cette maison en 1934.

Charles Mignot, né en 1914, époux de Albertine Enjolras, née en 1922. Charles est le frère de Marcel.

 Le Camp des Gorges.

"Je sais que deux gardiens affectés à ce camp sont arrivés à Moissey et y ont rencontré, puis épousé leur femme. Il s'agit de

- Honoré Collieux qui a épousé Germaine Odille et de

- Emile Mayeur qui a épousé Marie-Thérèse Derriey.

Je ne sais pas si les prisonniers étaient français ou allemands, mais je me souviens qu'un jour, vers 1920, à la sortie Nord du village, deux gendarmes à cheval ont rattrapé un fugitif des Gorges".

 

La Carrière des Gorges.

"Elle n'a jamais fonctionné. Il paraît qu'elle a arrêté le lendemain de sa mise en service. Il paraît que quand ils ont mis en marche, ça tremblait de partout, il a tout fallu arrêter.

On y allait jouer, quand on était gosses. Il y avait deux concasseurs, on se glissait dedans pour s'amuser.

Je me demande si c'est pas Béjean qui a racheté".

Depuis chez nous, on voyait la fumée de la loco qui trafiquait dans les Gorges, preuve que les wagons étaient effectivement manoeuvrés à la locomotive [en 1918 ou après].

Par contre chez Béjean, à la scierie, c'était le grand cheval "César" qui manoeuvrait les wagons.

 

Le Tacot.

"Je ne l'ai pas pris souvent, c'était pas pour nous, mais pour les parents. Mon père le prenait assez régulièrement, une fois par mois, le jeudi de la Foire à Dole (sur le Cours Clémenceau). Mais le Tacot, on le voyait bien manoeuvrer, il traversait la route pour aller au Gorges, à mon avis, il transportait tout ce qu'il fallait pour construire l'installation".

Marcel Mignot, né en 1912, époux de Denise Besançon, née en 1921. Marcel est le frère de Charles.

 La Carrière des Gorges.

C'étaient des prisonniers qui étaient là, on les appelait les "Joyeux". Ils avaient une calotte rouge. Il y avait des baraques en planches, des deux côtés de la vallée des Gorges.

Je me rappelle avoir vu une loco et des wagons traverser la route [aujourd'hui CD 475].

Nous y allions jouer le dimanche, quand c'était désaffecté. Il y avait une voie de 50 qui longeait le front de taille et qui terminait au concasseur. La voie de 50, je l'ai vue, et même je l'ai prise, car il restait un wagonnet, tout seul, en fait que le châssis, et on se lançait dessus jusqu'au concasseur. Elle ne faisait pas plus de 100 mètres de longueur. On mettait un bout de bois pour arrêter le wagonnet, sinon...

 

Le Tacot.

Je l'ai approché de près. On ne gagnait pas assez avec notre petite culture, alors je faisais le voiturier. J'allais chercher du bois. Je mettais deux charrettes accouplées, l'ensemble tiré par deux boeufs. Je chargeais dans la forêt, du bois en moule (cube de 1,33 m de côté) et de la charbonnette en fagots liés avec du fil de fer en 0,60 m de long. Je descendais tout ça des Bois Matherot, propriété de M. Dubuc pour y transvaser à la gare sur des wagons qui se bâchaient. Le transfert se faisait sur la voie d'évitement. Évidemment, quand on accrochait 3 wagons ainsi chargés, on n'était pas étonné que le tacot patine dans les montées, surtout si ça tombait un jour de foire.

Le patron, M. Dubuc-Courtial, me donnait 25 F du moule. Je charroyais avec Paul Sigonney. Le destinataire du bois que nous voiturions était M. Gruet à Dole, qui était marchand de combustible sur la ville et ses environs.

Nous avons fait ça jusqu'à la mort du tram, en 1933.

Après je piochais une vigne à Roche, pour 200 F.

Colette Jacquinot, 1931-1998, épouse de Georges Renaux, né en 1931.

 La Gare.

J'ai bien connu le dernier chef de gare, il s'appelait Louis Viénot. Il a vendu sa maison (AB 135) aux épiciers Thomas, là où il y a une grille. Le Tacot, il me semble l'avoir vu ou entendu passer une fois. [Le dernier Tacot est passé le 30 décembre 1933, Colette est née le 2 novembre 1931]

Jean Nicolin, né en 1928, époux de Fernande Pellegrini, née en en 1928.

Le Tacot.

Jean Nicolin était encore petit quand le Tacot cessa son activité en 1933. Sa mémoire est très bonne, il sait toutes les dates qu'on lui demande. Dans sa famille, on l'appelle le Petit Larousse :

"On allait à Dole, plus souvent qu'aujourd'hui, environ tous les 3 mois, pour y faire des achats avec les parents. Les rails ont été enlevés pendant la guerre. Ce Tacot faisait de l'animation. Moissey était une gare importante, il y avait toujours des wagons en instance, de cailloux, de bois, de bestiaux, de grains. Il y avait une bascule".

Georges Bouveret, né en 1910,

Le Tacot.

"Il a dû être mis vers les années 1900.

Quand ils sont mis cette ligne, les clients de Moissey qui allaient habituellement à Auxonne sont tous allés à Dole. Si bien qu'il paraît que les municipalités de Moissey et d'Auxonne se sont rencontrées et ont formé le projet de créer une ligne Moissey-Auxonne, mais ça ne s'est jamais fait.

A Moissey, il y avait une gare et un chef de gare. Mais nous, surtout ma mère, quand on prenait le Tacot, on allait le prendre à la Halte de Peintre, à pied, car de la Tuilerie, on en était aussi près que de la Gare de Moissey. Peut-être bien que le billet était moins cher. Ma mère allait souvent à Dole, voir sa famille, et nous on allait la chercher à la Halte.

Quand le Tacot montait depuis Moissey pour rentrer sur Dole, les gens descendaient pour le pousser.

J'aimerais bien le revoir fonctionner aujourd'hui. C'était bien. Il y avait du monde dans le Tacot. C'était joli".

Annette Bouché-Fiquet, née en 1912,

Le Tacot.

A cette époque, nous venions de Paris par le train (le PLM) puis nous prenions le Tacot pour joindre Moissey. C'est-à-dire qu'on quittait la capitale le matin pour atteindre notre campagne le soir. Ce Tacot était bien agréable, avec ses voitures et ses plates-formes. Je me rappelle qu'un jour, ce train avait été en panne dans la montée de Moissey.

Autrement, il nous arrivait de le prendre pour aller faire nos courses à Dole, exactement comme on le fait aujourd'hui.

Il y avait des habitués du Tacot, par exemple Mme Bon, bien connue sous le nom de "La Cossotte" qui faisait la tournée des fermes pour porter au marché de Dole, des oeufs, du beurre. Elle avait une charrette en osier, à quatre roues.

Une autre femme, d'Offlanges, faisait la même chose.

Berthe Guillaume, née en 1908,

Le Tacot.

J'ai pris le Tacot, quelques fois, surtout pour le plaisir ou les déplacements de peu d'importance. Pour le reste, la famille Guillaume était équipée pour faire face aux transports plus volumineux et plus lourds.

Marinette Miroudot-Thomas, née en 1912,

Sa vie de jeune fille est entrecoupée par les dimanches de promenade :

"Tous les dimanches, on allait voir le chef de Gare, Monsieur Viénot, l'après-midi, avec les copines. Il était très sympathique. On allait surtout au passage du Tacot l'après-midi et au retour de celui du soir. La gare (AB 46), c'était un point de repère, il y avait de l'animation, on y rencontrait des gens.

Le Tacot, nous le prenions souvent avec ma mère, pour aller faire des achats à Dole, deux ou trois fois par an, guère plus, quand nous avions besoin de chaussures, de chapeau, ou pour acheter du tissu pour faire des chemises.

Sinon, on se promenait encore bien sur la route d'Auxonne ou celle de Dole, c'était calme, il n'y avait pas de voitures".

Fernand Simonin, né en 1923,

La Gare et le Tacot.

J'ai connu la Gare plus que le Tacot.

Le Tacot, je l'ai peut-être pris une ou deux fois, pour aller à Dole. Il n'allait pas vite.

La Gare, on y allait jouer, avec les copains, en particulier Bernard Grebot qui est mon conscrit. Il y avait des wagons en attente sur la voie de garage, des wagons plats qui servaient à transporter du bois, de la pierre.

Lucienne Rovet, née en 1924,

La Gare et le Tacot.

J'ai connu la Gare et le Tacot, que j'ai pris de nombreuses fois, lorsque que je me rendais de Mont-sous-Vaudrey à Moissey. J'étais fière. Mon plus grand plaisir, dans le wagon où étaient mes parents, c'était de me tenir sur la plate-forme. A l'arrivée, naturellement, j'étais toute noire!

Une fois, je suis même allée jusqu'à Gray, on changeait à Pesmes. Le chef de gare s'appelait Louis Viénot. C'était un gros avec une casquette.

 

Fernande Colin, née en 1912,

La Gare et le Tacot.

les pigeons voyageurs

Ceux que vous appelez les Joyeux, ces prisonniers-carriers qui travaillaient dans les Gorges voisines, nous les appelions les "Pigeons Voyageurs". Nous en avions peur. Ils avaient des calots ronds avec une bordure un peu bordeaux et étaient tous habillés pareils. On les voyait passer, (sur l'embranchement particulier qui était une branche du réseau métrique pour aller jusqu'à la carrière de mauvaise eurite) sur un drôle de véhicule à bras et sur les rails. Ils étaient bien une douzaine, tous assis au bord, les jambes pendantes pendant que deux autres "pompaient" pour faire aller. Ils devaient faire la navette entre le chantier et la gare, préparer les wagons pour les expédier dans le Nord-Est.

Claude Robert, né en 1924,

La Gare et le Tacot.

Le Tacot, je l'ai bien connu, car je l'ai pris tout seul je n'avais peut-être pas 4 ans. Je vivais à Moissey, et ma tante venait chez mon père à Montmirey-la-Ville. Elle faisait souvent la navette entre Moissey et Montmirey-la-Ville. Un jour je voulais aller voir mes parents. Je suis monté tout seul, en douce, dans le dernier wagon, et en descendant à Montmirey-la-Ville, le Docteur Mignot qui venait chercher son fils a dit à ma tante "Mademoiselle Robert, votre neveu est là".

Nadette Grebot, née en 1922,

le tacot

Le Tacot, c'était notre distraction. Nous le prenions en famille environ deux fois par an pour nous rendre à Dole, acheter soit des chaussures, soit un manteau, enfin des achats de fréquence annuelle ou encore pour se faire photographier. Pour aller à Dole, c'était une expédition, nous étions tous levés à 5 h du matin pour être à la gare à 7 h.

Les jeunes se réunissaient souvent comme aujourd'hui, les soirs de semaine, c'était à la laiterie, le dimanche, c'était à la Gare.

(Plus tard, sous l'occupation, un photographe s'est installé à Moissey, dans la maison Petiot -AB 173-, ce devait être quelqu'un qui se cachait...)

Pour l'épicerie, nous étions livrés par les grossistes dolois, qui étaient à l'époque, Lombard, Fiquet et Ripotot. On était livrés par camions. Mais il arrivait, selon les fournisseurs, que nous soyons livrés par le tacot. Je me trouvais à la gare avec mes parents, le 31 mars 1927, quand le chef de gare a dit à mes parents, vous avez un colis. Le lendemain, ma petite soeur Jeanine était née, et mes parents m'avaient laissé entendre qu'elle était arrivée dans le colis qui avait été annoncé. Moi, j'avais été révoltée de savoir qu'un bébé avait pu être livré à ses parents enfermé dans un paquet. Pour finir, ce paquet, c'était une caisse de café, Jeanine n'était pas arrivée par le tacot et moi j'avais cinq ans.

Sinon, j'étais une usagère plutôt régulière pour aller à la gare de Dammartin, lorsque j'allais chez ma marraine qui étaient employée au Château de Montrambert. Ma marraine et tante, Valérie, la soeur de ma mère, était l'épouse du jardinier du château.

Un jour, j'étais allée à Montrambert, à la fête du Sacré-Coeur, avec Jeanine. Nous portions chacune un petit chapeau rouge et blanc, et je voyageais imprudemment sur la plate-forme de la voiture, quand, arrivés entre Champagnolot et Dammartin, mon chapeau s'est envolé et je me suis mise à pleurer comme une madeleine. Le chef de train, Métadieu, qui n'était pas commode, s'en est ému a fait arrêter le train, mais rien à faire, le chapeau était trop loin et le train devait repartir... C'est mon parrain Paul Grebot, qui était facteur à Dammartin qui me l'a retrouvé au cours de sa tournée, plus tard. Je le revois me poser énergiquement un panier à lapin sur la table, avec mon chapeau dedans: "tiens, le voilà, ton chapeau". Mon oncle Paul avait épousé une institutrice, Marthe Milloux, qui a exercé à Moissey de 1905 à 1920, dans la petite classe, AB 436, sous le nom de Marthe Grebot.

Rolande Barbier, née en 1931, épouse de René Petiot (1923-1986)

 La Gare et le Tacot.

J'ai connu le chef de gare, il s'appelait Louis Viénot. Il habitait en face de chez nous. Il vivait avec sa sœur et son beau-frère, qui s'appelait Pasteur. C'est peut-être bien lui qui était Maire avant. Le dimanche, les filles allaient se promener, toujours du côté de la Gare, car il y avait un train le dimanche, on allait voir pour voir, qui descendait, Louis Viénot a été chef de Gare au moins de 1925 à 1933. Il venait chez nous le soir, il m'a appris à jouer aux dames.

Il était bricoleur et il avait son atelier là où il y a ma barrière, sur la route. Mais c'est aujourd'hui démoli (AB 175).

J'ai pris le Tacot de nombreuses fois. Ma grand-mère de Château Neuf allait souvent à Authume voir sa fille Yvonne (ma tante, épouse Clerget) et elle m'y emmenait. Du Tacot, je garde de bons souvenirs. On allait à Dole les jours de marché, le jeudi, on n'avait pas peur, ni des gens, ni du train.

On disait qu'à Moissey, il y avait tout ce qu'il fallait, car ce que nous n'avions pas, c'était Madame Bon, la Cossotte, qui nous le ramenait. Elle emmenait des œufs du beurre et elle ramenait nos commissions, notre pharmacie.

A Offlanges, c'était pareil, c'était Madame Bralet qui assurait le même service.

Pierre Ortiger, né en 1919

 Le Tacot.

Oh oui que j'ai connu le Tacot.

On le prenait avec mes parents pour aller en ville, pour les provisions, l'habillement, quelquefois l'outillage.

Quelquefois, il fallait pousser le Tacot dans les côtes, pas dans celle de Moissey, mais dans la montée d'Archelange : il arrivait que le Tacot recule vers Jouhe pour prendre son élan pour attaquer la côte d'Archelange.

Quand on n'était pas dedans, et quand le Chef de Gare, le Louis Viénot, n'était pas là, on allait s'amuser autour de la gare. On poussait les wagons, quand on y arrivait. Des wagons vides bien sûr. Les wagons pleins étaient chargés de gravier, de bois. La Scierie Béjean expédiait beaucoup de bois scié. On allait souvent à la gare, voir le Tacot arriver, avec des galvauds de mon âge.

 

La Gare.

Elle a été démolie par Monsieur Téliet, qui l'avait rachetée pour faire des HLM. Elle a été démolie avec une pelleteuse, car il en avait une.

Albert Thomas, né en 1933, époux de Josette Simon, née en 1934.

 

en cours d'interrogatoire

Marcel Daudy, né en 1931, époux de Marcelle Pernin, née en 1936

 La Gare.

Je n'ai pas connu son activité ni celle du tacot puisque je suis né en 1931. La gare a été démolie par M. Téliet, c'était en 1950 ou 1951. Je le sais bien, j'y étais, j'ai tout vu. Les ouvriers l'ont minée. Ils ont fait des trous régulièrement dans les murs, ils ont garni d'explosifs et elle s'est affaissée d'un coup. Nous on était loin, pour ne pas recevoir de mauvais coups, puis M. Téliet est remonté aussitôt dans sa traction 15 CV-6.

Jeanne Zocchetti, née le 11 octobre 1926

 La Gare et le Tacot.

Ah, le petit train, ça c'était bien. J'aimais le prendre. Nous allions à Dole avec ma maman, nous allions souvent à la quincaillerie pour acheter du matériel pour mon papa, par exemple des clous, ou d'autres choses comme ça.

Firmin Béjean fils

 

Firmin va se trouver contraint d'abandonner son industrie laitière et, en 1911, il ouvre une scierie à vapeur, au bord de la route d'Auxonne, le CD 37, et de la voie de chemin de fer (les CFV font passer ici ordinairement trois trains par jour, et ceci depuis déjà 1901). Cette scierie (AB 356) tourne avec les chênes de la Serre et des bois environnants.

Les affaires vont bien et Firmin va chercher à s'agrandir.

En 1920, il crée une saboterie à vapeur qui fonctionnera avec les bouleaux de la région.

Pierre Pénez, né en 1928, époux de Colette Béjean

 ils ont volé le tacot

On m'a rapporté qu'un jour, Albert Lasnier et Marcel Béjean avaient volé le Tacot. Volé le Tacot, tel est bien le titre de cette opération devenue célèbre, mais pas aussi internationale qu'on voudrait le faire paraître. Ce jour-là, le mécanicien du Tacot, qui venait de Menotey, était descendu de sa machine à la Gare de Moissey, on ne sait pas pourquoi, ou pour une histoire de paperasses ou pour une affaire de pipi... Albert Lasnier et Marcel Béjean se sont mis aux commandes et ont réussi à l'emmener jusque dans la grimpée du Mont Guérin, disons entre 1 et 2 km, mais la machine s'est vite essoufflée car les gaillards avaient négligé d'enfourner le charbon. Ainsi le tram est redescendu tout seul à reculons jusqu'à la Gare de Moissey. Ils ont dû se faire engueuler un sacré coup, mais avec ce bémol que le père de Marcel Béjean était un gros client de la ligne, alors ils ont bien dû arrondir les angles.

Germaine Briet, née en 1921

La Gare et le Tacot.

J'ai connu la Gare et le Tacot. Ça c'était bien. On le prenait souvent, le Tacot car il fallait approvionner le magasin. Nous allions à Dole avec ma mère faire nos emplettes chez les grossistes Lombard, Fiquet et d'autres dont j'ai oublié les noms. Tout le monde était content de ce petit train, ça on peut le dire. J'ai oublié le nom du chef de gare.

Marie Tomczyk, née en 1923

Le Tacot.

Je n'ai jamais pris le Tacot car mes parents avaient acheté une voiture, indispensable pour le commerce, les tournées et l'approvisionnement ils ont été parmi les premiers à en avoir une à Moissey. Ils y avaient emmené mes soeurs, pour la promenade. Nous connaissions M. Louis Viénot, qui était le chef de Gare. La Gare était l'attraction du village, nous regardions ce qui s'y passait depuis la cour de la Gendarmerie, ma mère ne nous laissait pas traîner au village; comme nous avions peu d'espace, nous étions, enfants, accueillis dans la cour de la gendarmerie avec consigne de n'en pas sortir.

article de Sébastien Cornéglio, élève du CM1 de Moissey, 1991

 

VIII. Interview de M. Pierre Dubois, ancien cheminot et amoureux des trains.

Cette personne m'a permis grâce à des documents rares, de connaître l'histoire du tacot, mais aussi ce qu'il aurait pu devenir.

 

"Une invention, qui révolutionne actuellement la Belgique, aurait pu changer le mode du transport ferroviaire: Il s'agit d'un brevet d'invention de 1932-1933 de M. Téliet. C'était utopique en 1933 et pourtant ça marche en 1989... en Belgique! Imaginez une plate-forme cimentée de 2 mètres de large, au centre un rail, allant de Pesmes à Dole, cela permettait de faire circuler les wagons marchandises et voitures-voyageurs montés sur pneumatiques en dehors du rail central, derrière un tracteur automobile (ça fonctionne 56 ans après le dépôt du brevet !) Un gros avantage, un agriculteur pouvait envoyer un wagon de graines d'Offlanges, par exemple, directement à Dole sans transbordement.

Nous avons trop vite, en France, contrairement à nos voisins, supprimé ces petites lignes (un autobus sur rail avait roulé à 100 km/h en janvier 1934).

Partout où ces tacots ont été conservés jusqu'en 1939, ils ont amélioré les conditions de vie de nos campagnes, alors que les autobus de remplacement ont servi de transport de troupes... à l'occupant."

article de Bernard Grebot, né en 1923

 Et le tacot sifflait sifflait!

Fallait-il, en ce temps-là, être titulaire du bac, ou avoir seulement un bagage de culture générale suffisant, pour répondre à pas mal de questions que nécessitait la "fonction de chef de gare"? Qu'importe! Il fallait au moins et tout simplement savoir, lire et écrire. En voici la preuve :

Un bon gars trapu, d'Offlanges, arrive en courant, à la gare de Moissey, martelant le sol empierré de ses sabots- bottes. Il ne voulait pas être en retard pour que le paquet qu'il tenait à bout de bras parte vite. Il faut signaler qu'à cette époque, seul, le tacot assurait le transit expéditions- arrivages, courrier, transport divers.

"Salut! Bonjour!" cria-t-il tout essoufflé, en entrant en trombe dans la salle de la gare où seul, le "chef" attendait déjà derrière son guichet le premier client.

Tiens, dit notre gars, en bouchant le guichet avec son volumineux paquet ceinturé d'une ficelle de lieuse toute barbue. (Les multiples noeuds auraient bien découragé celui qui aurait voulu mettre son nez dans l'envoi.)

Tiens, reprit-il, il faut m'envoyer c'paquet! Notre Louis Viénot, le chef de gare, décolle péniblement de son tabouret, et vient se saisir du paquet pour le placer sur la balance "Roberval".

Bon alors? Où faut-il t'envoyer ton colis?

-Ah oui! Notre client sort de sa poche un bout de papier journal sur le coin duquel est griffonné l'adresse.

-Tiens, vas-y dit-il, moi j'sais pas écrire,

La question appelait la réponse. Mitaine, alors d'une voix chevrotante, dont certains se souviennent peut-être, et avec un sourire narquois, répond tout simplement:

-Ben tu n's'rais pas chef de gare!


Voilà l'une des figures de nos chefs de gare dont on garde en mémoire de nombreux souvenirs et les services qu'ils ont rendus. A Moissey, c'était Louis Viénot qui avait succédé à M. Raget. A Montmirey-la-Ville, le chemin de fer vicinal ne passait pas très loin du café-épicerie-tabac. Aussi le tenancier du "buffet" M. Gourras faisait fonction de chef de gare. Puis il y eut Mme Gravelle Léontine, Mme Veuve Gourras et Virginie Houlet. A Montmirey-le-Château, on se souvient de Mesdames Jeanne Bernardet, Paris. A Dammartin à nouveau Mme Bernardet et M. Rieutor. En remontant sur Dole, la gare de Menotey était tenue par Mme Louise Barraux, celle de Rainans par Mmes Anita Verrier, Marie Geai et Léontine Guyenot. Ainsi, bon nombre de dames étaient employées comme chef de gare.


On a très peu de renseignements concernant la construction de la voie ferrée des Chemins de Fer Vicinaux. Mais beaucoup d'entre nous se rappellent que l'entretien de la voie occupait bien des ouvriers de chez nous : Messieurs Vernet de Marpain, Rieutor de Dammartin, Lanaud de Montmirey-le-Château, Bernardet, chef d'équipe, Paris, Lucien Nicolin, Aupy de Moissey, André Barraux, Bouton André et Joseph, Faivret, Durand Armand, Jacquinot Edgar de Menotey, Aristide Lormet de Rainans et combien d'autres qu'involontairement on oublie.

Mais je gage toutefois que bien peu d'anciens ont oublié l'impressionnant Métadieu, le contrôleur du tacot!"

Bernard Grebot, né à Moissey en 1923.

le chemin de fer vicinal: le tacot Dole-Pesmes 1901-1933

histoire de la ligne du Tacot, par Sébastien Cornéglio, élève du CM1 en 1991

histoire de la ligne du Tacot, cartes diverses et dessin aérien de Jean Finsterwald

les gares de la ligne de Dole à Pesmes, rapide aperçu en cartes postales

une belle anecdote, de Bernard Grebot, moisseyais né en 1923

CFV Dole-Gray, cahier des taxes de transport, documentation des AJD du Jura de Brigitte Laffage

la petite Pinguely 030 de la ligne Dole-Gray

voitures et wagons de la ligne CFV Dole-Gray

histoires de draisines aux CFV

le réglement "intérieur" des Chemins de Fer Vicinaux, d'après Pascal Magnin, auteur ferroviaire

les usagers de la ligne se souviennent


la gare des CFV et le dépôt de Dole

la halte des CFV, Boulevard Wilson, à Dole

la gare des CFV d'Authume

la gare des CFV de Jouhe

la gare des CFV de Rainans

la gare des CFV et son quartier à Menotey

la halte des CFV de Peintre et le plan de l'édicule

CFV: pré-histoire et inauguration du tram, Moissey, 21 juin 1901

CFV: l'embranchement particulier des Gorges de Moissey (1914)

arrivée du Tacot sur Moissey, le 8 juin 1925, prends ta loupe ami lecteur

la gare des CFV et son quartier à Moissey

les écoliers sur la ligne du tacot CFV (en 1976)

les écoliers à la gare des CFV de Montmirey-la-ville

les écoliers à la gare des CFV de Montmirey-le-château et le quartier de la gare

la halte des CFV de Champagnolot (hameau de Dammartin)

les écoliers à la gare des CFV de Dammartin, le vendredi 17 juin 1994

Dammartin, les plans de la Gare CFV au 1/87e (échelle Ho)

la gare des CFV et son quartier à Pesmes


L'inauguration de l'Etoile Rouge, locomoteur en voie de 50, à Frasne-les-Meulières, le 14 juin 1998

voir aussi le petit train de Laurent dans un court métrage superbe [sur YouTube]

arrivée du Tacot sur Moissey, le 8 juin 1925, prends ta loupe ami lecteur

Mise en place du sentier du Tacot, voie pédestro-pédagogique de Montmirey-la-Ville à Moissey, via le mont Guérin et la voie ferrée vicinale.

Le sentier du tacot, le projet, par Brigitte Laffage

Le sentier du tacot, l'inauguration, le 21 sept 2002

voir toutes (presque) les cartes postales sur le tacot de Moissey.

voir aussi le petit train de Laurent dans un court métrage superbe [sur YouTube]

les CFV du Jura, site de Stéphane Vercez, sur le web

les CFV du Jura, site de Jean-Michel Guyon, sur le web

les CFV de la Haute-Saône, sur le web

les CFV du Vivarais, sur le web

le chemin de fer de la baie de Somme sur le web

association voies ferrées du Velay, sur le web

association des Amis du Petit Anjou, AAPA, sur le web

les voies métriques en franche-comté, d'Elie Mandrillon, sur le web

la première ligne à voie métrique du Doubs, Pontarlier-Mouthe, sur le web


le chemin de fer vicinal: le tacot Dole-Pesmes 1901-1933

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