Lucienne Rovet est
née le 6 avril 1924, à Moissey, dans la
maison familiale (AB 214), rue haute,
- de
son père Louis Rovet (né en 1893
à Offlanges, et décédé
en 1982 à Moissey) et
- de sa mère
Augustine Jeanne Mignot (née en 1899
à Moissey dans la maison familiale AB 214,
en bas de la rue de la Craie, et
décédée en 1995),
mariés le 9 avril 1921
à Moissey, sous le mandat de Claude Simeray,
maire, et du curé Léonide
Richard.
Jeanne est la soeur de
Charles et Marcel Mignot.
Les époux
Louis Rovet-Jeanne Mignot.
Jeanne Mignot
lorsqu'elle était petite a
fréquenté la classe enfantine avec Marthe
Milloux épouse Grebot dans l'école AB 436,
puis avec Marguerite Brocard, institutrice de
l'école des filles, à l'étage du
même immeuble.
Elle a fait sa communion avec
le curé Lucien-Alexandre Brûlot. Ce
curé était sévère, il
interrogeait les enfants pendant l'office et
pénalisait les ignorants en les priant de se
mettre à genoux dans l'allée.
Avant son mariage, en 1921, et
même une fois enceinte de sa fille Lucienne, elle
vendait le lait dans la laiterie de la grande rue, sous
la maison du boucher (AB 406). Elle assurait la vente,
les comptes, tout.
Louis Rovet, avant son
mariage travaillait à la Carrière de
Moissey, qui n'était pas à ce moment
organisée. Il travaillait pour l'état qui
avait exproprié le site, ou pour lui, comme cela
se faisait au début du siècle. Ensuite, il
a fait l'école de gendarmerie. Il a pris sa
retraite de militaire en 1934.
Le Conseil Municipal a
embauché Louis Rovet comme garde-fruits pendant
l'été 1934, année de grande
maraude.
Puis il est devenu
garde-forestier jusqu'autour des années 1948-1950,
à Eclans, puis à Moissey, où il a
remplacé le garde Miroudot, à Noël
1941.
En poste à Eclans, il
était sous les ordres du Brigadier des Eaux et
Forêts, Elie Juste Aymé Brischoux. C'est
ainsi que la fille de Louis Rovet, Lucienne, a
rencontré, à Eclans, le fils d'Aymé
Brischoux, Gervais.
Les époux
Gervais Brischoux-Lucienne
Rovet.
En 1946, le 16 novembre,
Gervais Brischoux et Lucienne Rovet se marient à
Moissey (après s'être
fréquentés 5 ans) devant le maire
André Ardin et l'Abbé Paul Grandvaux. Ils
auront 4 enfants :
-
Dominique, en 1947, père d'une
fille,
- Elisabeth, en 1949,
mère d'une fille,
- Robert, en 1952,
père d'une fille, et enfin,
- Corinne, en 1961,
mère de 2 garçons et d'une
fille.
En 1946, le couple est sur
Eclans, puis en 1947, à Fraroz pendant 3 ans,
ensuite à Châtenois en 1950, et enfin, sans
changer de triage, il s'installe à Moissey en
1958, dans la maison où sont déjà
ses parents, en retraite (AB 209). Gervais Brischoux
prendra sa retraite en 1978.
Lorsqu'ils arrivent à
Moissey, le fils aîné, Dominique,
fréquente l'école du village, qui pour la
première fois (le 1er octobre 1958) est
installée dans la maison Besson (AB
266).
Gervais Brischoux
est né à
Belfort le 18 Août 1924,
"J'ai été
admis en septembre 1939, à l'Ecole
Régionale du Bois, à Mouchard, pour la
durée de deux à trois ans, mais j'ai
été rappelé par mes parents à
la suite d'un bombardement. Puis, j'y suis
retourné, à condition de trouver une
pension. Les dortoirs avaient été
réquisitionnés. J'ai trouvé une
pension chez un coiffeur, à côté de
la mairie.
Je me suis fait bigorner par
un officier boche, car on s'était croisés
sans que j'ôte mon béret. Bigorner,
ça veut dire un aller-retour par derrière,
avec par geste, le mime d'ôter mon béret
pour bien que je comprenne. Par la suite, je l'ai
croisé plusieurs fois, et je ne l'ai toujours pas
salué. J'avais 16 ans.
De 1941 à 1943, je
suis allé à l'Ecole Forestière des
Barres (de sylviculture) dans le Loiret. En juin 1943,
diplôme en poche, je suis trop jeune pour
être titularisé. Je fais un poil de
résistance et suis chef de chantier sous la
tutelle des Eaux et Forêts, du 1er juin au 21
août 1944.
Durant cette période,
j'ai été interpellé par les
autorités parce que je détenais un plan de
la Forêt de Chaux. Ils m'ont pris pour un
maquisard, alors que ce plan me servait à la
conduite et à la surveillance des chantiers dont
j'avais la responsabilité.
Le 1er octobre 1944, je suis
engagé volontaire pour la durée de la
guerre (jusqu'au 26 avril 1946), j'en reviendrai avec la
Croix du Combattant.
A Lons, puis à
Arcs-et-Senans, j'ai gardé des prisonniers, puis
je suis parti pour l'Allemagne. Avant de passer le Rhin,
on a été habillés à
l'anglaise de la tête aux pieds. On a atterri
à Trêves, et on a fait une année
d'occupation sur le territoire allemand.
On était dans le
Wurtemberg, sur la ligne Maginot. On progressait et on
nettoyait, c'est à dire, on anéantissait
les foyers de résistance quand il y en
avait.
Démobilisé en
mars 1946, j'ai été (une seconde fois) chef
de chantier pour le compte des Eaux et Forêts, en
emploi civil. Je dirigeais des chantiers avec des
prisonniers allemands et des civils
français.
Je suis enfin titularisable
le 1er mai 1947 et j'entre enfin aux Eaux et
Forêts, à Fraroz, dans le
Doubs".
autres pages
où on peut voir Gervais
Brischoux
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Les souvenirs de
Lucienne Rovet.
La guerre de
1939-1945, l'occupation.
Nous sommes arrivés
à Moissey à Noël 1941, quand papa a
pris la succession du garde Joseph Miroudot, le
père de Marinette. Il y avait des Allemands
partout. Il y avait un canon devant l'église,
pointé sur la route de Dole et un autre à
la sortie Nord du village, pointé sur la direction
de Pesmes.
Il y a des gens du village
qui ont reçu des petits cercueils. Ces envois
étaient faits par la résistance et
mettaient en garde leur destinataires, jugés trop
accommodants avec l'occupant. Il s'agissait d'une prise
de position claire contre le marché
noir.
Nous n'avons pas eu la honte
à Moissey de voir des nôtres entrer dans la
Milice, comme on a vu, par exemple, à
Menotey.
Un jour, Madame Fidalgo a
agi en sorte qu'un camion de résistants venant
d'Auxonne n'entre pas à Moissey vu le
danger.
La
libération.
Se sentant perdus, les
Allemands ou ont paniqué ou sont devenus
très mauvais. Ceux que j'ai rencontrés
près de Moulin Rouge, sur la grand route, m'ont
pris mon vélo tout neuf pour s'enfuir avec.
J'étais avec mon beau-père, on était
pas encore mariés. Ils nous ont tiré
dessus; ils nous ont épargnés pour nous
prendre nos vélos.
En septembre 1944, il y a eu
deux FFI de tués à la sortie du village
direction de Dole. On l'a très vite su. Il y a eu
une veillée funèbre à la cure, dans
la salle Saint-André. Toute la jeunesse y
était, c'était très émouvant.
Il y avait des fleurs partout. A la messe d'enterrement,
il y avait un silence glacial, nous étions tous
angoissés et inquiets, nous redoutions encore un
coup d'éclat de l'ennemi. Les deux FFI ont
été portés au cimetière par
leurs compagnons. Il n'y avait ni corbillard, ni chevaux.
Les chevaux étaient tous cachés. Ceux de
Virgile Ruisseaux avaient été
planqués dans le Caveau de Moissey, sous la
demeure Besson (AB 266).
C'est encore Monsieur
Téliet qui a mis à disposition des deux
victimes son caveau de famille, au cimetière,
provisoirement.
Le jour de la
libération,
Je me rappelle que les
cloches se sont mises à sonner. Bernard Grebot
avait organisé une ronde près de
l'église. Il y en a qui pleuraient, d'autres qui
riaient.
La Gare et le
Tacot.
J'ai connu la Gare et le
Tacot, que j'ai pris de nombreuses fois, lorsque que je
me rendais de Mont-sous-Vaudrey à Moissey.
J'étais fière. Mon plus grand plaisir, dans
le wagon où étaient mes parents,
c'était de me tenir sur la plate-forme. A
l'arrivée, naturellement, j'étais toute
noire!
Une fois, je suis même
allée jusqu'à Gray, on changeait à
Pesmes. Le chef de gare s'appelait Louis Viénot.
C'était un gros avec une
casquette.
Le lavoir des
Gorges.
Ce lavoir, je l'ai connu,
j'y suis allée faire la lessive, avec la remorque.
On mettait tout dans une lessiveuse. L'eau a toujours
été très bonne aux Gorges. On a
fréquenté les lavoirs jusqu'à
l'adduction d'eau.
Ce lavoir était
couvert, le bassin avait 4 côtés, il y avait
une passerelle pour changer de rive, car il était
sur le ruisseau, au moins sur sa
dérivation.
En 1960, mon fils Dominique
né en 1947, se rappelle être allé
jouer dans ce lavoir. Donc il n'a été
désaffecté qu'après, sûrement
au moment de l'adduction. [1963].
Les bois
Matherot.
Dans la petite maison des
bois Matherot, il avait la famille Bordey, qui vivait
assez dans la misère. Je me demande s'il n'y avait
pas eu ici des Gudelot de
Montmirey-le-Château.
moissey,
le samedi 10 août 1996.
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