En 1900, Firmin Béjean, qui vient d'une
famille nombreuse des Granges-de-la-Doye dans le Jura,
arrive à Moissey comme contrôleur laitier
chez un certain Monsieur Bel, dans cette belle maison qui
jouxte la nouvelle gendarmerie sur son flanc nord.
Après quelques années, Léon
Bel part à Dole et s'installe dans l'affaire
fromagère Graf qu'il vient de racheter. C'est
ainsi que Firmin Béjean prend la succession de
Monsieur Bel, à Moissey, en 1905, et il acquiert
l'ancienne maison de la famille Poinsot, en face du
presbytère (AB 95).
On est à cette époque dans
l'année de la séparation de l'église
et de l'état mais peut-être cela n'a pas de
rapport avec ce qui suit.
Comme Firmin Béjean est de nature plutôt
anticléricale, il a vite maille à partir
avec le curé qui pourrait bien être
Alexandre-Lucien Brûlot et qui demeure en face de
chez lui. Le curé Brûlot obtient alors de la
plupart des paysans qu'ils ne portent plus leur lait
à ce "mécréant" de Firmin
Béjean.
Firmin va donc se trouver contraint d'abandonner son
industrie laitière et, en 1911, il ouvre une
scierie à vapeur, au bord de la route d'Auxonne,
le CD 37, et de la voie de chemin de fer (les CFV font
passer ici ordinairement trois trains par jour, et ceci
depuis déjà 1901). Cette scierie (AB 356)
tourne avec les chênes de la Serre et des bois
environnants.
Les affaires vont bien et Firmin va chercher à
s'agrandir.
En 1920, il crée une saboterie à
vapeur qui fonctionnera avec les bouleaux de la
région.
En 1931, Firmin Béjean meurt à
Gray, et c'est son épouse, Marguerite Lefranc
(nièce du sénateur Pierre Lefranc), une
maîtresse femme qui se lance avec ses deux fils,
Marcel et Pierre, dans les transports de pierre à
Moissey. Il s'agit de la célèbre pierre
porphyrique de Moissey qu'on appelle "l'Eurite" dont nous
vantons les mérites par ailleurs.
Par la suite, la famille Béjean
délaissera le transport de pierre pour
généraliser ses activités.
En 1935, la famille acquiert les
premières "Cartes rouges-Licence zone longue" qui
la sacre ainsi "Premiers transporteurs publics de
Franche-Comté".
Vers 1937, les Béjean quittent Moissey
et s'installent à Gray en Haute-Saône
où ils rachètent les Transports
Vitrey-Lenoir.
En 1977, l'affaire prend le nom de "Transports
Béjean-Kayser", nom né du mariage de Firmin
Béjean -le petit-fils du premier, et fils de
Marcel- avec Madame Gabrielle Kayser.
En 1979, le 1er janvier, l'entreprise
Béjean-Kayser se réinstalle à
Moissey, dans les mêmes locaux qu'en 1911, qui sont
le berceau de l'épopée familiale (AB
95).
En 1981, l'entreprise passe sous le
contrôle de Jura-Transports.
Aujourd'hui, en 1989, la maison acquise aux
Poinsot par Firmin le grand-père au début
du siècle est habitée par les époux
Béjean-Kayser, Firmin et Gabrielle.
L'entreprise de transports est toujours
installée dans les bâtiments d'origine,
c'est-à-dire là où est née la
scierie (AB 356). Il resterait des locaux professionnels
deux bâtiments sur trois. Le local le plus
près de la route, le CD 37, bardé de bois
proviendrait des Carrières Militaires de Moissey
exploitées pendant la Grande Guerre, dans les
Gorges.
L'autre bâtiment, en dur, berceau de la
Scierie, a été agrandi sur son flanc Est
par un hangar (emplacement de la Saboterie) de facture
contemporaine, doublant ainsi la surface d'abri. Au coin
à droite, on peut toujours voir le petit bureau de
Madame Marguerite. Dans le bâtiment lui-même,
sur le côté Ouest, on peut encore
vérifier la présence du puits carré
dans lequel on puisait l'eau pour pour nourrir la machine
à vapeur.
Chez les époux Béjean-Kayser, existe
toujours la grosse cheminée où le
père Bel chauffait le lait.
rédigé par Christel
Poirrier, à Moissey le 8 février 1989, avec
l'active complicité de Firmin et Gabrielle
Béjean.
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