Annette Bouché, est
née le 10 avril 1912, à
Paris,
et c'est à la suite de circonstances
familiales qu'elle est arrivée un jour à
Moissey, puisque son beau-père, M. Auguste
Lamielle, avait été nommé directeur
de la Carrière des Gorges.
Elle a vécu dans ce village de l'âge de
raison (vers 7 ans) jusqu'à l'âge adulte,
date de son mariage avec M. René Fiquet de Frasne,
c'est-à-dire de 1919 à 1931.
Ils auront deux enfants,
- Jean né en 1932
et
- Jacques, né en 1945.
Elle gardera tout au long de sa vie des attaches avec
la région, puisque sa maman, Suzanne
Réglain, et sa soeur Marcelle Bouché se
fixeront à Moissey, au bord de la place centrale.
De plus avec son mari, elle fera l'acquisition d'une
maison à Frasne où elle coule aujourd'hui
sa retraite, entourée épisodiquement de ses
enfants, petits-enfants et
arrière-petits-enfants.
Elle nous dit:
Lorsque je suis arrivée Moissey, nous nous
sommes installés dans la maison AB 110, acquise en
fin de siècle par les époux Huillard, puis
dans la maison AB 120, qui touche la grande maison
bourgeoise des Masson, occupée aujourd'hui par
Michelle Bachelut, épouse de Robert
Barbier,
J'ai fréquenté la grande classe de
M. Edmond Guinchard, classe mixte depuis 1922, dans
l'immeuble de la mairie AB 191. Monsieur Guinchard,
était assez dur, exigeant, mais il connaissait
bien son affaire. Il voulait que ses élèves
travaillent et réussissent.
Madame Guinchard nous faisait la couture, une fois
par semaine.
J'ai fait ma communion en 1924 ou 25 avec le
curé Faustin Tournier.
Dès que j'ai eu 14 ans, je me suis
lancée dans la vie active en entrant chez Charles
Grebot, dont la famille tenait café,
épicerie et coiffure. C'est de cette
période, jusqu'à l'âge adulte dont
j'ai le plus de souvenirs.
Le Tacot.
A cette époque, nous venions de Paris par
le train (le PLM) puis nous prenions le Tacot pour
joindre Moissey. C'est-à-dire qu'on quittait la
capitale le matin pour atteindre notre campagne le soir.
Ce Tacot était bien agréable, avec ses
voitures et ses plates-formes. Je me rappelle qu'un jour,
ce train avait été en panne dans la
montée de Moissey.
Autrement, il nous arrivait de le prendre pour
aller faire nos courses à Dole, exactement comme
on le fait aujourd'hui.
Il y avait des habitués du Tacot, par
exemple Mme Bon, bien connue sous le nom de "La Cossotte"
qui faisait la tournée des fermes pour porter au
marché de Dole, des oeufs, du beurre. Elle avait
une charrette en osier, à quatre roues.
Une autre femme, d'Offlanges, faisait la
même chose.
La laiterie.
Le soir, tout le monde se retrouvait à la
laiterie qui était au rez-de-chaussée de
l'immeuble AB 406, dans le virage, et occupée
successivement par la suite par les bouchers Louiset et
Clair. Dans cette laiterie, on n'y faisait que du beurre,
il y avait une baratte.
Les commerçants
de cette époque dont je me
souviens,
- la boulangerie du centre de la grand-rue, tenue
par chez Desbordes, puis Chambrette et enfin, Paul
Jacquinot,
- deux boucheries, l'une chez Philibon, AB 111,
dans la grand-rue et l'autre, chez Robert (immeuble
Verdot, AB 52) dans la rue basse,
- trois cafés, celui des Grebot, le
café du centre tenu par Mme Guillaume et le
Café Ardin (Arsène). Longtemps après
mon temps à Moissey, peut-être après
1945, M. Fidalgo a ouvert un café sur la place (AB
383/384).
Nous allions danser chez Ardin, le dimanche
après-midi et le dimanche soir, quand il voulait
bien ouvrir. Il y avait là un piano
mécanique.
- les épiceries, une chez Delphine Thomas,
une chez Grebot et celle qui est au centre, celle de
Sandrine Besson (qui verra ensuite les Briet, les Cart et
enfin les Jallon),
- il y avait le sabotier Noël Cointot en face
du Café du Centre, et le bureau de tabac à
côté de chez la Didine.
Depuis notre maison de Moissey, là
où a vécu ma soeur Marcelle, j'ai vu,
pendant une période de vacances, Roger Verrier
tout en haut du clocher installer le coq, nous avions
peur pour lui. [1949].
J'ai connu le lavoir des Gorges car maman y
allait, mais je ne l'ai pas réellement
fréquenté. Sur le chemin du lavoir, il y
avait deux familles, c'étaient la mère
Costille et la mère Chenillot, qu'on appelait la
Chenillote et qui a d'ailleurs laissé son nom
à la maison perchée qu'elle occupait. La
maison dite Chenillote a été
détruite et longtemps après, Lulu Thomas y
a bâti sa maison de retraite.
La saboterie Béjean. Je sais que ma soeur
Marcelle (née le 3 avril 1914) y a
travaillé à sa sortie de l'école
primaire.
Pour la fête, il y avait un bal
monté, sur la place, qui n'était pas aussi
grande qu'aujourd'hui. C'était un bal "Dubois" de
Pesmes. Il y avait aussi un manège de
cri-cris.
Le docteur, c'était le docteur Simeray.
Julie Lasnier, la sage-femme n'exerçait plus et
c'est ce médecin, qui habitait dans la rue basse,
qui m'a assistée pour la naissance de mon fils
Jean.
La guerre de
1939-1945.
Mon mari n'a pas
été prisonnier longtemps car je suis
allée le chercher.
A Dole, j'avais entendu deux
femmes qui causaient et j'avais appris que la chose
était possible et même que ça se
faisait beaucoup.
Je suis d'abord allée
à Montargis, mais quand je suis arrivée,
ils n'y étaient plus. J'ai retrouvé mon
mari parmi les prisonniers français qui
démontaient l'arsenal à Bourges. Bien
sûr, il a fallu remplir un peu de paperasse, mais
ça a marché.
frasne, le vendredi 23 août
1996.
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