L'étoile
rouge.
L'inauguration.
discours d'inauguration
de l'étoile rouge, locomotive divine,
l'étoile de Frasne, imaginée,
conçue, montée, mise en huile et en
mouvement par le camarade
Laurentov Mikhaelovitch
Tchapuiski.
le dimanche 14 juin
1998.
- mesdames,
mesdemoiselles et en quelque sorte, messieurs,
camarades, camarades, jentchines,
moutchines,
- nous l'attendions, nous
l'avons attendu, nous l'attendîmes, le jour de
gloire qui est arrivé, le voici donc, le grand
jour, avec vous tous mes amis, tous mes camarades et
mes camarades,
- aujourd'hui, il est
vrai, c'est au plus rapide, au plus entreprenant, au
plus courageux que le monde appartiendra, et je vous
le dis, en vérité, je vous le redis, le
monde sera ferroviaire ou pas, parce que aller
à cheval, ça va un moment, surtout pour
le cheval,
- grâce à
cette invention, camarades, nous conquerrons et
alphabétiserons les peuples ignorants toujours
plus à l'est, et nous ferons ce que
Napoléon n'a pas réussi à faire,
nous imposerons la langue russe à tout l'empire
soviétique, nous leur ferons découvrir
notre breuvage secret distillé avec des sapins
du haut-jura que nous appellerons vodka pour que tous
nous comprennent, nous leur ferons découvrir
notre culture, les matriochkas et les kalinkas, les
babouches et les babouchkas, les *jiks de toutes
sortes, les mous jiques, (les moujiks), et les plus
durs.
- grâce au rail,
camarades, à ses pompes et à ses
oeuvres, nous pourrons trans-porter des fusées
jusqu'à Baïkonour, nous enverrons des
hommes, des russes, dans l'espace, le premier nous
l'appellerons Youri Gagarine, qui signifie "communiste
de base qui n'a pas la trouille", nous ferons tout
cela, grâce à la machine divine,
l'étoile de Frasne, imaginée,
conçue, montée, mise en huile et en
mouvement par le camarade Laurentov Mikhaelovitch
Tchapuiski.
Le camarade Laurentov
Mikhaelovitch Tchapuiski est né dans la
capitale, Saint Pétersbourg, dans le 20e
siècle, de sa maman Denisa et de son papa
Michael Organistovitch Tchapuiski, autour du 5
décembre 1956, au 20e (siècle)
après ses aînés et
Jésus-Christ.
Après des
études primaires, secondaires, tertiaires puis
quaternaires dans les diverses écoles de la
région, il sort deuxième de
l'école des locomotives de Smirnov, "option
vapeur".
C'est bien après
avoir bifurqué du côté de la
musique (et de ses tuyaux) et du cinéma (et de
ses bobines) qu'il construit son premier
chef-d'oeuvre, la brillante machine que voici,
l'étoile rouge, krasnaya
svesda.
Compagnon de la SNCF,
puis frère de la Deutsche Bahnen et des
SchienenBus, chevalier du Pendolino, le camarade
Laurentov Mikhaelovitch Tchapuiski, après
s'être fixé dans les steppes de
Frasne-les-Meulières, s'est lancé dans
la construction ferroviaire.
C'est ainsi qu'il vient
de terminer ce magnifique locotracteur, fait avec un
châssis de Dieu et un moteur de Déesse de
11 CV, (geste qui dessine la déesse) en voie de
50, freins à disque en sortie de boîte et
à patin sur un essieu, inverseur de marche et
transmission par chaîne sur les deux essieux,
suspension à ressort,
phare jaune à
l'avant, feu rouge à l'arrière et
banquette à outils en chêne massif sous
les fesses.
Il lui reste à
fabriquer des wouagons pour les marchandises et des
wouatures pour les wouyageurs en tout état de
cause, des wouagons et des wouatures à bogies.
Aussi, comme son dépôt est bien trop
petit, il a décidé avec sa charmante
compagne Sylvia Danielovna Badovna de remonter des
chantiers de la Mer Noire dans le département
du Gersse, dans une toundra plus méridionale et
moins septentrionale. Ainsi, il sera pratiquement sur
place pour participer à un autre
événement révolutionnaire, le
tunnel du Somport.
Le camarade Laurentov
Mikhaelovitch Tchapuiski devient donc par sa
création, membre et membre fondateur de la
confrérie des maîtres du
sub-métrisme, puisque le monde ferroviaire se
décline en trois largeurs de voie, la largeur
"état de france" d'environ 150
centimètres, la voie métrique, qui
mesure un mètre et enfin les voies
sub-métriques qui sont celles de 70, 60 , 50 et
même 40 centimètres.
D'ailleurs
annonçons déjà la prochaine
arrivée sur Internet des agissements de la
future association de submétriciens du
mondentier.
Buvons donc à
l'amitié entre les amoureux du rail, à
la sainte Russie orthodoxe et ferroviaire, une et
indivisible, et à tous les camarades venus
jusque là pour savourer, fraternellement,
l'événement.
Assoce de gens bons et
sensés, car la vitesse ne peut pas être
l'objectif de toute existence, surtout si les TGV se
mettent à viser les piles des ponts à
300 à l'heure.
Vive la Frasne
soviétique,
vive la
locomotive,
et vive le
camarade Laurentov Mikhaelovitch
Tchapuiski.
lecture en
russe en temps réel par Sylvie
Badot,
apparente
traduction simultanée de Christel
Poirrier.
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