Marinette Miroudot, est née le 10
avril 1912, à Moissey,
Après quelques années passées
à Chevigny puis à Offlanges, elle revient
à Moissey dans l'école des grands (AB 191)
sous la houlette du maître Edmond Guinchard. A
douze ans, elle passe son certificat d'études et
elle se consacre aux travaux de la maison, tâches
ménagères et agricoles.
Ils sont dans la maison Bontemps (AB 402), route des
Carrières, puis achètent la maison
où vivra Jeanne Barbier née Miroudot, sa
soeur, (AB 171), dans la Rue Haute.
Son adolescence est laborieuse, affectée aux
soins des vaches. Bien que bonne élève,
elle ne peut pas continuer ses études, ce qui
à cette époque coûterait trop cher
à la famille. Sa vie de jeune fille est
entrecoupée par les dimanches de
promenade :
"Tous les dimanches, on allait voir le chef de
Gare, Monsieur Viénot, l'après-midi, avec
les copines. Il était très sympathique. On
allait surtout au passage du Tacot l'après-midi et
au retour de celui du soir. La gare (AB 46),
c'était un point de repère, il y avait de
l'animation, on y rencontrait des gens.
Le Tacot, nous le prenions souvent avec ma
mère, pour aller faire des achats à Dole,
deux ou trois fois par an, guère plus, quand nous
avions besoin de chaussures, de chapeau, ou pour acheter
du tissu pour faire des chemises.
Sinon, on se promenait encore bien sur la route
d'Auxonne ou celle de Dole, c'était calme, il n'y
avait pas de voitures".
A 19 ans, Marinette rencontre, -si on peut dire, car
ils se connaissent depuis longtemps- celui qui deviendra
son époux en 1931, Marcel Thomas, résident
et même natif (en 1909) de Château Neuf.
Ils se marient un soir de mai 1931, devant le maire
de l'époque, Ernest Odille, et le curé de
Moissey, l'abbé Léonide Richard.
Elle et son mari s'installent donc à
Château Neuf (ZD 138) où elle s'occupe de la
maison et des enfants, deux garçons et deux
filles :
- Roland, né le 10
Août 1936,
- Georges, né le 8 septembre 1937,
- Jacqueline, née le 12 février
1943, et
- Eliane, née le 13 novembre 1945.
Tous les quatre sont nés avec les bons soins
de Madame Vital, sage-femme à Auxonne.
"A Château Neuf, nous avons dû refaire
un morceau du toit dans l'écurie, là
où nous tenions 2 chevaux et 7 ou 8 vaches. On
vivait de la culture, de l'élevage, de nos poules,
nos lapins. Il y avait aussi les vendanges.
Jeune mariée, il a fallu que je me mette
à la lessive. Nous allions, avec quelques autres
jusqu'au lavoir des Gorges. Ça faisait loin, c'est
sûr, mais le plus dur, c'est quand il fallait
remonter la lessive mouillée dans la brouette. Je
me rappelle bien que sur le chemin du lavoir, enfin
à côté, il y avait encore les rails
et les traverses de l'embranchement du Tacot qui
s'enfonçait dans les Gorges.
A la maison, nous avions un puits, et plus tard,
Marcel a installé une pompe actionnée par
un groupe électrogène pour amener l'eau
à la cuisine.
J'entendais ma belle-mère (Céline
Thomas, née Eramindi) parler de la Tuilerie
voisine, la Tuilerie Bouveret. Elle avait connu Monsieur
Bouveret. Mais quand je suis arrivée à
Château Neuf, il n'y avait plus de tuilerie,
c'était la ferme de chez Sigonney.
Au village, il y avait deux boulangeries, celle
des Bordiaux (AB 186) et celle des Jacquinot (AB 118),
les parents de Colette. Il y avait aussi la boucherie
Tomczyk (AB 181), les parents d'Yvonne et en face, le
boucher Philibon.
Près de la gendarmerie (AB 94), il y avait
l'épicerie de Sandrine Besson, qui est devenue
celle de Mme Briet et enfin, les Économiques dans
les années 1950-1960, avec chez Cart, puis chez
Jallon (AB 400).
Au coin de la fontaine de la République,
c'était l'épicerie Thomas, que Delphine
tenait avec sa belle-mère (AB 122)".
Les moulins.
"Aucun ne marchait plus de mon temps. Il y avait
celui des Gorges (AB 324), où habite Lucien
Thomas, celui de Madame Aubert (AB 9), devenu vers 1975
station-service et garage, et celui de Frasne,
occupé par la famille Mielle".
Les
sablières.
"J'en ai entendu parler de deux, celle du Bois
Matherot (AC 45), au bord de la route et l'autre, celle
du Bois de Moissey, qui est près de l'Ermitage.
J'ai entendu dire les hommes que le sable du Bois de
Moissey était meilleur que l'autre. Ils le
convoyaient avec des chevaux".
La grande
guerre.
"Tout ce qui me revient de
la guerre, j'étais petite, c'est le 11 novembre
1918, quand ils ont signé l'armistice. Là
on a fait la fête, les cloches ont sonné,
tout le monde était content".
L'autre
guerre.
"Marcel a été
mobilisé en septembre 39 et il est revenu en
Août 1940. Entre-temps, en juin 40, nous avons eu
une belle peur et nous avons tous quitté le
village, c'est quand on a appris que les Allemands
arrivaient. On a atterri en Haute-Loire, près de
Saint-Cyprien, dans une maison inoccupée. Nous
étions toute une tribu, embarqués avec les
camion et auto d'Aymé et Gaston Thomas. Il y avait
la Didine et sa fille, Marcelle et la sienne, l'Anna
Désandes et sa fille, Marcel et Suzanne Barbier et
leurs enfants, Rolande et Robert, Gaston et Yvonne Thomas
et leurs enfants, Paulette, Michel et Albert, Aymé
et Delphine Thomas et leurs enfants, Madeleine,
René et Lulu, et moi, avec Roland et
Georges.
Nous sommes partis environ
deux semaines. C'étaient ceux qui sont
restés qui s'occupaient des bêtes, nos
voisins à Château Neuf, les Annovazzi et
leur gendre et fille, les Tirloni (ZD
110).
Puis on a appris qu'on
pouvait rentrer.
Durant la guerre, nous
n'avons pas eu de problèmes particuliers, ni avec
les uns, ni avec les autres".
Marinette est veuve de Marcel depuis le 28
février 1965 et elle vit dans une petite maison
(AB 74), derrière la boulangerie de la Grande
Fontaine.
Quand on lui demande ce qui a marqué son
siècle, elle répond sans hésiter, la
machine à laver.
Son ami d'enfance, Jean Durafort, qui vit près
d'elle depuis 14 années, et, présent
à l'entretien, lui, pense que c'est le tracteur
qui a révolutionné la vie.
propos recueillis
par Christel Poirrier, à moissey, le mardi 2
juillet 1996.
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