Yvonne Tomczyk est née le 26
mai 1931 à Moissey,
dans la maison familiale qui est à cette
époque l'immeuble AB 111, qui sera occupé
par Marcel Davet, puis Isidore Nunez,
- de son père Antoine
Tomczyk (né le 9 juin 1888 à Michocin
en Pologne et décédé en 1968
à Moissey) et
- de sa mère Louise Rosselin (née
le 5 juillet 1897 à Hauteroche en Côte
d'Or et décédée en 1983
à Moissey),
mariés le 12 décembre 1922.
Antoine Tomczyk et son frère Jean,
ont quitté la Pologne pour se rendre aux
Etats-Unis. Arrivés en France, Jean a
continué tout seul son chemin, s'est
installé à Chicago, et Antoine est
resté. Puis il a fait la guerre de 14, a
rencontré des copains de régiment
et de guerre, et c'est en rendant visite, en
Côte d'Or à ses copains Rosselin
qu'il a fait connaissance de Louise
Rosselin.
Jean Tomczyk a eu, aux Etats-Unis, 4
enfants, Hélène, Jean, Alphonse et
Francis dont la trace a été
perdue.
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Yvonne est la petite dernière d'une famille
qui comptait 6 enfants :
- Marie, née le 12
avril 1923 à Dole, mariée (à
Moissey) le 15 mars 1947 avec Gaston Lannaud.
- Suzanne Michelle née le 19
octobre 1924, à Esbarres (21), mariée
à Maurice Lepatey.
- Serge, né le 13 février 1926 et
décédé en en 1928,
- Louis Antoine, né le 21 avril 1927
à Moissey,
- Jeanne, née le 8 janvier 1929 à
Moissey,
- Yvonne, née le 26 mai 1931 à
Moissey, mariée (à Moissey) le 8 sept
1952 avec André Giboudeaux.
Yvonne Tomczyk est allée à
l'école du village auprès de Mme Alice
Lesnes -née Monnier-, dans l'immeuble AB 436, au
1er étage, puis ensuite, chez M. Georges Lesnes,
dans l'immeuble "Mairie" (AB 191). Après son
certificat d'études passé à 12 ans,
elle retourne aider dans sa famille qui tient un commerce
de boucherie. Avec ses parents et ses soeurs, elle fera
tourner l'affaire, tant dans la tenue du foyer qu'au
magasin.
Elle fait sa communion avec le curé Paul
Grandvaux dont elle dit qu'il était d'une grande
gentillesse.
En 1951, elle rencontre à la fête de
Moissey, un jeune homme né à Marnoz (le 1er
janvier 1929), qui se trouvait là parce qu'il est
le filleul de Ferréol Sigonney. André
Giboudeaux avait été invité pour la
fête comme c'était souvent l'usage. Le Bal
de la Fête se trouvait Place de la Gare.
Le 8 septembre 1952, André Giboudeaux et
Yvonne se marient à Moissey, devant le maire
André Ardin, homme d'esprit et retraité de
la gendarmerie, et devant le curé André
Paget.
Ils auront 3 enfants,
- Edouard, en 1954,
(père de 2 garçons, 1 fille),
- Fabienne, en 1960, (mère de 2
garçons),
- Béatrice, en 1969.
Edouard fréquentera un peu l'école de
Moissey, dans la petite classe, avec comme institutrice
Germaine Guillaume.
En 1952, le boucher Antoine Tomczyk et son
épouse Louise remettront leur affaire aux
époux Clair qui avaient déjà ouvert
un commerce dans les grands escaliers de l'église
(AB 406). Ils remettront le fonds, pas les murs, la
clientèle et l'abattoir qui est sur la route
d'Auxonne et qui après les moutons de M. Colin, a
accueilli un atelier de menuiserie (tenu par M.
Jean-Claude Jouain).
Yvonne et son mari vont pérégriner au
gré de la profession d'André qui s'occupe
de la Signalisation et des Équipements à la
SNCF.
En 1988, ils reviennent s'installer
définitivement dans la maison parentale qui est
cette fois la maison AB 181, dans la rue du Dieu de
Pitié. C'est une maison de caractère
où les rénovateurs ont bien mis en
évidence les jambages, les meneaux, les accolades
qui étaient en vogue au moment de la domination
espagnole.
Le Tacot.
Mes parents l'ont pris, mais pas beaucoup, ils
avaient une voiture, ils étaient parmi les
premiers à en avoir une à Moissey. Ils y
avaient emmené mes soeurs, pour la promenade. Nous
connaissions M. Louis Viénot, qui était le
chef de Gare.
La maison que nous occupons appartenait à
un autre Viennot, qui était
particulièrement vigneron et tenait des moutons.
Mes parents lui ont acheté cette maison en 1934.
Les Gorges.
J'en sais plus sur le lavoir que sur les
Carrières. Pour les Carrières, je ne les ai
pas connues, mais je sais que papa a profité de la
vente des équipements, après 1920. Il avait
acheté une brouette, une sorte de chèvre
avec de la grosse corde (pour tirer ou pour soulever, je
ne le sais pas), des pelles et d'autres outils.
Le lavoir, je l'ai fréquenté, autour
des années 1940. Nous allions aux Prés
d'Amont avec la brouette, et si la place était
prise, nous allions aux Gorges. Il me semble que le
bassin était rectangulaire. Il y avait une
toiture, qu'on a retrouvé à la trayote de
René Collieux, route d'Auxonne. On y allait de
bonne heure, pour être sûres d'avoir de la
place.
Quand l'eau baissait aux Gorges, en
été, les femmes allaient ailleurs.
Certaines personnes lavaient à la Grande Fontaine,
selon la place. Il y avait beaucoup de gens qui lavaient,
il n'y avait pas de machines. Il y avait même
beaucoup de femmes qui faisaient le ménage ou la
lessive. Maman payait Mme Boivin pour faire la lessive.
Il y avait aussi Mme Carbonneaux, la mère de
Paulette, qui habitait là où est Christiane
Roy (AB 259) [la Chouquette], et aussi Mme
Mignot, qui habitait rue de la Gare (AB 48) et bien
d'autres qui étaient "lavandières".
L'eau.
Elle est arrivée à Moissey vers les
années 1960/1962.
Au conseil municipal, quand il s'agissait de voter
pour l'eau, ils avaient tous des puits, puis des pompes
et ils votaient contre. C'est vrai que de ce point de
vue, Moissey était plutôt
arriéré.
Puis après, il y a eu les égouts,
à partir de 1969.
Les Carrières
Téliet.
Nous étions de gros fournisseurs de viande
pour la Carrière. Après la guerre, Monsieur
Téliet occupait pas loin d'une centaine d'ouvriers
et il avait créé une Cantine à
Offlanges, une sorte de restaurant d'entreprise. On
livrait dans la première pièce de la Maison
Besson (AB 266), là où était la
cuisine des Téliet (ce que les instituteurs
appellent aujourd'hui le Salon de Lecture, puisque cet
immeuble est devenu par la suite l'école à
deux classes du village), ensuite, eux, avec des
camionnettes, ils transportaient la marchandise à
Offlanges.
Lorsque la Maison Besson était une
habitation bourgeoise, l'esplanade qui sert de cour
d'école était plus grande, et il y avait de
jolis escaliers qui conduisaient au parc qui était
splendide. Ce parc est maintenant communal et on
l'appelle toujours le Parc.
La guerre
de 1939-1945
le marasme
économique
En juin 1940, on a eu peur
comme tout le monde et on est partis avec voiture et
remorque à Soussey-sur-Brionne chez mes
grands-parents. Au bout de quelques jours nous sommes
rentrés. Heureusement, le chat nous
attendait.
On ne travaillait plus
guère, tout le monde était aux
tickets
d'alimentation. Le
rationnement des populations avait donné un gros
coup au chiffre d'affaires et mes parents se sont
lancés dans la culture, ils ont pris des moutons
et une vache et ils ont loué des champs. La vache,
elle se tenait dans la maison d'à
côté, celle des Chaniet (AB 199 et 200),
qu'occupe aujourd'hui René Delmas, retraité
de l'enseignement.
Mme Chaniet, la mère
de Denise (Ardin) et de Julien exerçait la couture
à l'étage et son mari faisait le facteur et
un peu de culture.
On a encore eu peur. Pendant
l'occupation, il y avait un char juste en face de chez
nous, des camions, il y en avaient même dans le
treije.
Au moment de la
débâcle des Allemands, quand ils ont
brûlé le hangar de chez Gilles, on est
allés se réfugier au grenier, puis au
moment où tout allait si mal pour eux, qu'ils
tiraient dans tous les sens, on avait entendu les coups
de feu sur la place, on a vite fermé les volets et
on s'est cachés derrière les armoires.
Finalement, ils n'ont pas tiré ici, mais on a eu
peur.
Les Allemands se servaient
chez nous, mais eux ils n'avaient pas de tickets.
les 2 FFI à
la salle Saint-André
La mort des 2 FFI, je m'en
rappelle bien. Celui qui est tombé le
deuxième, près du moulin, il paraît
que c'est René Thomas qui l'a secouru. Mes deux
soeurs, Suzanne et Marie, sont allées au
presbytère pour faire la toilette des 2
tués. C'était à la Salle
Saint-André. J'ai voulu les suivre, mais elles
m'ont refoulée. J'étais curieuse. J'avais
13 ans. Ils ont été inhumés
provisoirement dans le caveau de M. Téliet, au
cimetière de Moissey. Par la suite, les familles
sont venues les reprendre.
Il y a eu un office
religieux, mais on n'a pas sonné les cloches, pour
se faire tout petits.
Le jour de la
libération, les cloches sonnaient partout.
Le
théâtre pendant la
guerre.
Il y avait une bonne
équipe de filles, avec mes soeurs Jeanne et
Suzanne, les filles Grebot, Thomas, elles faisaient du
théâtre dans la maison paroissiale, celle de
Marie Gaillard (AB 91). La Jeannette Zocchetti faisait le
comique, il fallait voir ça. C'était plein,
on jouait plusieurs fois. Il y avait des costumes, il y
avait la tombola, ça chantait sur la scène.
Ça c'était du théâtre, et bien
joué.
Marcel Ruisseaux m'a dit,
qu'avant ma naissance, ils faisaient du
théâtre chez Viennot, en dessous [de
chez nous].
Les loisirs.
reste à entendre Madame Giboudeaux sur les
bonnes choses de la vie, le dimanche, la fête, le
bal, la laiterie.
propos recueillis par Christel Poirrier,
moissey, le jeudi 25 juillet 1996
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