Charles Mignot est
né le 23 novembre 1914, à Moissey,
dans la maison où il
demeure aujourd'hui en retraite (AB 214), route de la
Carrière, au croisement avec la Rue Haute, et
c'est Mme
Julie Lasnier, sage-femme, qui a assisté la
naissance.
- de
son père, Charles Joseph Auguste, né
le 22 décembre 1872, à Moissey, rue
basse, dans la maison (AB 481 ou 482) en face de
chez Simeray, et
- de sa mère,
Marie Bellorgie, née le 2 juillet 1878,
à Moissey, dans le même immeuble que
son futur époux, mais dans l'appartement
d'à côté (AB 482 ou
481).
Ses parents se sont
mariés en février 1899,
le maire s'appelait
peut-être Odon Loisey
et le curé s'appelait
Brûlot, il parlait patois, tout comme le
maître d'école Joseph Rouget
(1875-1904).
Ils ont eu 5
enfants :
-
Jeanne née le 25 novembre 1899,
ici,
- Charlotte, née
en octobre 1901, ici,
- Marie, née le 29
novembre 1904, ici,
- Marcel, né le 11
juin 1912, ici,
- Charles, né le
23 novembre 1914, ici aussi.
Charles Mignot a
fréquenté l'école de Moissey,
d'abord avec Mlle Digrado au rez-de-chaussée de
l'école (AB 436),
puis avec M. Guinchard, et M.
Poussot qui lui a succédé en 1926, à
l'école des garçons, immeuble de la mairie
(AB 191).
De 13 à 20 ans il a
travaillé à la culture avec sa famille,
puis il est parti en 1935 faire deux ans de
régiment au 171e R. I. Forteresse à
Mulhouse.
La
Carrière d'Eurite, dans les bois
Besson.
"Libéré du
service le 11 août 1937, je suis allé
travailler à l'Eurite de la Serre, (avec Alexis
Aubert et des étrangers) dans les Bois Besson
(cousin germain de Maurice Besson), avec Firmin
Béjean. Chez Béjean, on produisait du
ballast pour route, c'est-à-dire pour le sous-sol.
On y faisait de l'extraction et du transport avec des
camions à bandages.
Moi j'étais dans le
trou. Certains faisaient des trous, et un artificier
faisait "péter" le front de taille à
l'explosif, pas une très grosse quantité
puisque les tirs de mines avaient lieu tous les midis.
Ensuite, les très gros morceaux étaient
réduits à la masse, puis on chargeait dans
les wagonnets (voie de 50 cm) à la main et
à la fourche à pierres. Ensuite on poussait
le wagonnet jusqu'au concasseur, on inclinait la benne
pour le nourrir et on revenait à vide par un autre
chemin pour recharger : le réseau de
rails faisait une boucle. A vide, on ne faisait pas les
ânes, il n'y aurait pas fallu, et puis, nous
n'avions pas la tête à la rigolade car on
faisait quand même nos 8 à 10 heures par
jour. Dans le trou, nous étions 5 équipes
de deux.
De temps en temps, on voyait
Pierre Béjean, mais c'était rare. Nous
étions commandés par un yougoslave qui
s'appelait Tomitch, et qui n'était pas un mauvais
bougre.
Puis l'entreprise a
périclité et a fermé au début
1939.
Chez Marcel
Téliet.
Alors, je me suis
embauché environ trois mois -en fait
jusqu'à mon entrée à l'école
de gendarmerie- chez Téliet, juste à
côté, qui exploitait sur du terrain
communal, contre le CD 37",
Chez Téliet, on
arrachait la pierre au pied même du concasseur, le
P1, celui qui est au bord de la route et que tout le
monde peu voir en passant. Au pied du concasseur, juste
à l'ouest. Nous étions au moins 5 ou 6
mètres plus bas. Pour nourrir le concasseur,
c'était bien plus laborieux. On poussait, au fond
de notre trou les wagonnets jusqu'à la grue
électrique. Elle attrapait les bennes (les bennes
seulement, pas les châssis) qu'elle remontait
jusqu'à une autre voie à niveau
celle-là, qu'elle reposait sur des châssis
et qui étaient poussées jusqu'à la
bouche du concasseur. Le contre-maître Pavesi
était extrêmement
"difficile".
Il y avait beaucoup
d'étrangers. Je me rappelle d'Attilio Turchetto
qui faisait des fleurets dans la forge. Les fleurets sont
les grandes tiges pour forer profond.
Le 7 juillet 1939, il entre
à l'Ecole de Gendarmerie à Chaumont, dans
la Garde Mobile. Titulaire en février 1940, il est
témoin des changements d'attributs de son arme.
Képi rouge et galons or sont rejetés par
l'occupant qui trouve que ça fait trop guerrier.
Les nouveaux attributs deviennent blancs.
C'est au cours de sa
carrière de gendarme qu'il stationne un temps
à Salettes en Haute-Loire et qu'il y rencontre sa
future épouse Albertine Andrée Enjolras,
née le 15 août 1922.
Ils s'épouseront le 1er
septembre 1942 à Salettes et auront 3
enfants :
-
Charles André (né en 1943- Le
Puy),
- Andrée Marcelle
(née en 44-Le Puy),
- Serge Denis (né
en 1949-Le Puy).
La carrière militaire de
Charles Mignot s'arrête en octobre 1961, date
à laquelle il se retire à Moissey, dans la
maison familiale. Il met un terme à ses
activités complémentaires (dont 2 ans d'ONF
avec Gervais Brischoux et Paul Huillard) en 1977.
Le Camp des
Gorges.
"Je sais que deux gardiens
affectés à ce camp sont arrivés
à Moissey et y ont rencontré, puis
épousé leur femme. Il s'agit
de
- Honoré Collieux qui
a épousé Germaine Odille et
de
- Emile Mayeur qui a
épousé Marie-Thérèse
Derriey.
Je ne sais pas si les
prisonniers étaient français ou allemands,
mais je me souviens qu'un jour, vers 1920, à la
sortie Nord du village, deux gendarmes à cheval
ont rattrapé un fugitif des Gorges".
La
Carrière des Gorges.
"Elle n'a jamais
fonctionné. Il paraît qu'elle a
arrêté le lendemain de sa mise en service.
Il paraît que quand ils ont mis en marche,
ça tremblait de partout, il a tout fallu
arrêter.
On y allait jouer, quand on
était gosses. Il y avait deux concasseurs, on se
glissait dedans pour s'amuser.
Je me demande si c'est pas
Béjean qui a racheté".
Depuis chez nous, on voyait
la fumée de la loco qui trafiquait dans les
Gorges, preuve que les wagons étaient
effectivement manoeuvrés à la locomotive
[en 1918 ou après].
Par contre chez
Béjean, à la scierie, c'était le
grand cheval "César" qui manoeuvrait les wagons.
Le
Tacot.
"Je ne l'ai pas pris
souvent, c'était pas pour nous, mais pour les
parents. Mon père le prenait assez
régulièrement, une fois par mois, le jeudi
de la Foire à Dole (sur le Cours
Clémenceau). Mais le Tacot, on le voyait bien
manoeuvrer, il traversait la route pour aller au Gorges,
à mon avis, il transportait tout ce qu'il fallait
pour construire l'installation".
La
Scierie.
"Mon père y a
travaillé. Il était paysan, mais ça
ne suffisait pas. On avait deux vaches et deux boeufs.
Vous pensez, il fallait bien faire autre chose.
C'était chez Béjean, il y avait aussi
Jean-Marie Ortiger, le père de Pierre".
La
Saboterie.
"Béjean faisait des
sabots, c'était dans la partie Simeray, la
bâtisse qui donne sur la rue basse après le
virage, c'est-à-dire devant ma maison
natale.
Marcel Nialon,
d'Abergement-les-Seurre, connaît tout ça, il
est né en 1917".
Les
Carrières
Meulières.
"Il y avait des vieilles
meules, on n'y allait pas souvent. Je n'ai jamais vu
d'extraction ni personne y travailler".
propos recueillis par Christel Poirrier,
moissey, le 13 juillet et le 26 août 1996.
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