Pierre Ortiger est né le 26 mars
1919 à Moissey,
- de son père Jean-Marie Ortiger (né le
5 mai 1877 à Ondat-les- Monboissier, dans le Puy
de Dôme et décédé en 1936
à Moissey) et
- de sa mère Marie Eugénie
Châtelain (née le 28 décembre 1888
à Moissey, et décédée en
1981),
mariés en 1918 à Moissey, sous le
mandat de Louis Viénot maire et du curé
Faustin Tournier.
Par sa mère Marie Châtelain, qui est la
soeur de Pierre Châtelain, il est le neveu par
alliance de Marcelle Miroudot, épouse
Châtelain.
Pierre est l'aîné d'une famille qui a
compté 3 enfants :
- Pierre, né en 1919
et retraité à Moissey,
- Julien, né en 1921 et retraité
dans le Doubs,
- André, né en 1923 et
décédé en 1980.
Mon père, Jean-Marie
Ortiger,
était scieur de long, et il est
arrivé à Moissey pour travailler à
la Scierie Béjean, en 1911, année de
l'ouverture de cette industrie. "Il l'a
débutée". Il venait de Fraisans. Il restera
chez Béjean jusqu'en 1919, année où
il se coupera une main. Il deviendra alors paysan, dans
un petit train de culture, quand il achètera une
paire de boeufs. C'est au cours de son séjour dans
le village qu'il fera la connaissance de celle qui
deviendra son épouse, Marie
Châtelain.
Il a fait le début de la guerre de 1914,
mais il s'est retrouvé à scier du bois pour
l'Armée qui avait réquisitionné la
Scierie Béjean, pour produire du bois d'oeuvre et
des traverses de chemin de fer.
Je suis allé à
l'école du village,
auprès de Mlle Marie-Justine Digrado dans
l'école des petits AB 436, en haut, dans la Salle
d'Asile, puis chez Messieurs Poussot, Jourdain et Mourin,
dans l'immeuble "Mairie AB 191".
J'ai fait ma communion vers 1931, avec
Léonide Richard, curé de la paroisse
à l'époque.
De ma sortie de l'école primaire jusqu'au
service militaire, j'ai aidé mes parents à
la culture familiale.
La
captivité en Allemagne [mai 1940-mai
1945].
Nous avons appris le conflit
par les affiches de mobilisation. J'ai été
appelé normalement à l'armée en
novembre 1939 et j'ai été affecté
à Saint-Etienne pour y faire mes classes. Le 10
mai 1940, j'ai été fait prisonnier au Camp
de Mourmelon avec toute ma compagnie. Nous avons
été convoyés jusqu'à
Neubradenburg, plus au nord que Hambourg.
J'ai été
employé à travailler dans des fermes.
Pendant 2 ans dans l'une et pendant 3 ans dans l'autre.
Dans la première, nous étions une quinzaine
dans une maison, que nous quittions le matin pour nous
rendre à la ferme et que nous retrouvions le soir,
bouclés, pour passer la nuit. Nous avons
été à peu près bien
traités. J'ai appris l'allemand que pour finir, je
parlais couramment.
On avait le droit
d'écrire 2 lettres par mois et nous recevions du
courrier et des colis, pour la plupart
préparés par ma mère, d'autres par
la Croix Rouge Américaine, et aussi par les gens
du village : à Moissey, les jeunes gens
avaient monté du théâtre au profit de
leurs soldats prisonniers de guerre.
Nous n'étions pas
maltraités, mais nous étions tellement loin
du pays... Nous avons trouvé le temps long,
très long.
A la fin, ça a quand
même duré 5 années, on s'est
"évadés", un peu poussés par les
Allemands et nous nous sommes réfugiés au
camp qui était à 30 km.
Ce sont les
Américains, bien avancés en territoire
allemand, qui nous ont récupérés.
Ils avaient affrété des convois de camions
de ravitaillement pour leurs troupes d'occupation et nous
sommes revenus dans les camions vides. Nous sommes
rentrés par la Hollande, puis là, nous
avons pris le train pour la Belgique, puis à
Lille, le train pour Dijon, puis Dole. De Dole à
Moissey, je suis rentré en voiture avec des
bénévoles qui s'occupaient du rapatriement
des prisonniers de guerre.
C'était au milieu du
mois de mai 1945. Ça a fait 5 ans.
D'autres soldats de Moissey
ont aussi été faits prisonniers, parmi
lesquels Attilio Turchetto, Virgile Ruisseaux, Roger
Verrier, Lucien Vernier et Joseph
Sigonney.
Quand je suis rentré
au pays, la vie a repris et je suis devenu
cultivateur-bûcheron, jusqu'en 1979, année
de mes 60 ans.
Le Tacot.
Oh oui que j'ai connu le Tacot.
On le prenait avec mes parents pour aller en
ville, pour les provisions, l'habillement, quelquefois
l'outillage.
Quelquefois, il fallait pousser le Tacot dans les
côtes, pas dans celle de Moissey, mais dans la
montée d'Archelange : il arrivait que le
Tacot recule vers Jouhe pour prendre son élan pour
attaquer la côte d'Archelange.
Quand on n'était pas dedans, et quand le
Chef de Gare, le Louis Viénot, n'était pas
là, on allait s'amuser autour de la gare. On
poussait les wagons, quand on y arrivait. Des wagons
vides bien sûr. Les wagons pleins étaient
chargés de gravier, de bois. La Scierie
Béjean expédiait beaucoup de bois
scié. On allait souvent à la gare, voir le
Tacot arriver, avec des galvauds de mon
âge.
La Gare.
Elle a été démolie par
Monsieur Téliet, qui l'avait rachetée pour
faire des HLM. Elle a été démolie
avec une pelleteuse, car il en avait une.
C'était après la guerre. Il n'a pas
pu exécuter son projet de HLM parce qu'il est
décédé.
Monsieur Téliet a vécu dans la
Maison Besson, l'école d'aujourd'hui (AB 266) puis
à la fin, dans la maison Verdot (AB 52).
Le lavoir des
Gorges.
Ce lavoir, nous l'avons bien connu, car nous
devions accompagner ma mère quand elle y portait
sa lessive, avec une brouette. Les gamins jouaient
là-bas. Au moins la moitié des femmes de
Moissey allaient laver aux Gorges.
Puis on a mis l'eau chez les gens et les femmes
ont fait leur lessive dans leur cour [1963]. Puis
plus tard, il y a eu les machines à laver. Ce
lavoir a été supprimé après
l'adduction.
La Carrière des
Gorges.
Je ne l'ai jamais vu marcher. Il y a eu des
prisonniers allemands, puis les Joyeux. Les Joyeux,
c'étaient des délinquants qui
s'étaient fait condamnés par
l'armée. Il y avait quelques baraquements qui ont
été vendus.
La carrière de Frasne, dans le
Mont-Guérin.
On y tirait de la pierre mureuse, pour
bâtir, mais moi, je ne l'ai pas vue en
service.
La carrière de Frasne des
Pontots.
Elle était exploitée par M. Fidalgo,
qui était un ancien chef de chantier de M.
Téliet. M. Fidalgo a exploité aussi une
carrière à Rainans.
Il a ouvert un restaurant avec sa femme
après la guerre, sur la place (AB
383/384).
Les Carrières
Meulières.
Je ne les ai pas vues en service, mais nous les
connaissions, car nous allions couper du bois
autour.
La maison des Bois Matherot (AC
45).
Elle était occupée par la famille
Bordey. Monsieur Bordey était bûcheron au
service de M. Dubuc, propriétaire des Bois
Matherot. M. Bordey avait femme et enfants, qui venaient
à l'école ici. Après cette famille,
il y a eu, peu de temps, la famille Deschamps, jusqu'en
1958/1959, quand M. Dubuc a quitté le
commerce.
Le remembrement.
Il s'est déroulé entre 1960 et 1970.
C'était une bonne chose, ça a permis de
bien regrouper les parcelles. Pour ce remembrement, il
n'y a pas eu d'histoires ni rien. Ça n'a pas
été compliqué, et maintenant c'est
bien mieux qu'avant.
L'Eurite de la
Serre.
C'est Marcel Téliet qui a ouvert la
Carrière d'Eurite, en 1931/1932.
A ce moment, le bois ça marchait moins
qu'avant, alors Firmin Béjean a acheté des
camions pour faire le transport.
Entre autres, il transportait la pierre et le
gravier Téliet. C'est à la suite d'un
désaccord entre Téliet et Béjean que
les Béjean ont commencé à tirer de
la pierre dans les bois Besson, c'est à dire juste
à côté, peut-être autour de
1934-1935.
M. Téliet était ingénieur et
lieutenant du Génie de réserve. Il avait
des projets extravagants. Il voulait creuser un canal de
sa carrière jusqu'à la Saône pour
faire partir sa pierre dans des péniches. A
Rochefort, il avait fait une voie spéciale pour
lui pour que ses camions remplissent les wagons.
Il était très autoritaire et il se
séparait facilement de ses ouvriers, pour un oui
ou pour un non.
Il roulait avec des voitures grosses et anciennes,
Hotchkiss, Berliet 944, Ford.
Mon oncle Pierre Châtelain.
Il est né en 1890. Il a fait la guerre de
1914. Vers 1930, il est tombé paralysé,
jusqu'à sa mort, en 1942. Il avait
épousé la Marcelle Miroudot et ils
habitaient en bas du village, sur le chemin de Frasne. A
son veuvage, ma tante Marcelle est remontée vivre
dans la maison familiale Miroudot, dans la rue du Dieu de
Pitié.
moissey, le mardi 20 août
1996.
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