la messe de la
mi-août.
le 16 août
1998.
Ce matin-là, qui est un
dimanche du mois d'Août, même de la
Mi-août pour que tout le monde comprenne, je
m'étais installé sur la place des
Marronniers de mon village, entre église et
mairie, pour tirer le portrait d'une jolie façade
pleine de meneaux et d'accolades, sablées et
roses. Mon perchoir était aussi juste en face de
la porte du presbytère : aussi ce qui aurait
pu arriver arriva.
Il était 10 heures, et
le curé sortit en pantalon-chemise. Il allait
rejoindre sa bagnole dominicale.
Je répondis à son
rapide salut du chef, en lui demandant s'il était
dispensé de messe, ce matin du mois d'août,
un dimanche.
- Que non, m'allongea-t-il
d'une voix sonore. D'ailleurs, vous devriez bien y venir,
vous aussi, à la messe.
Comme je suis un laïque de
formation et d'institution, je lui expliquai rapidement
que la messe, je n'étais point contre, que je
connaissais, que d'ailleurs j'y étais
déjà allé et qu'ainsi donc, je
savais de quoi il en retournait. Mais surtout, je
terminai mon paragraphe en lui disant que si je ne
fréquentais pas la chose, c'était
essentiellement pour des raisons
grégaires.
- Des raisons
grégaires ? me lança ce grand
curé avec deux sourcils interrogateurs... et
sexagénaires.
- Oui, répondis-je, je
trouve qu'il y a trop de monde.
- Comment ça trop de
monde ?
- Oui, il y a trop de monde.
Surtout, il y a trop d'hypocrites.
- Ah, oui, eh bien, justement,
c'est pour ça que nous sommes là, Dieu nous
aime tous quelque soit notre niveau de
sincérité, et c'est pourquoi nous devons
tous nous retrouver à la messe, parce que
Dieu...
Je lui montrai le dessin que
j'avais fait la veille, dont le sujet était le
couvent Saint Antoine voisin, et il me
dit :
- C'est que vous êtes un
véritable artiste,
Je lui
répondis :
- Je suis surtout quelqu'un qui
a le temps. Puisque je ne vais pas à la
messe...
- Justement vous devriez
bien y aller parce que Dieu, vous savez...
Je l'interrompis là d'un
seul coup et je lui dis :
- Vous ne croyez tout de
même pas que vous allez me convaincre, en cinq
minutes, entre la ZX et l'hostie, et surtout, que vous
allez
me convertir au
noir!
C'est ainsi que la messe de
Thervay commença, à l'heure, ce
jour-là, grâce à moi, car c'est sur
ce mot désagréable qu'il me prit
congé, comme le vent, en me lançant
"Merci".
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