Invention de l'hypotrou, fouilles
gallo-romaines, été 2006.
24. L'hypotrou et le sauvetage de la
Terre.
La guide-conférencière
regroupe ses clients devant le lieu de cette
scène.
Vous avez une chance extraordinaire de pouvoir
écouter ce qui va suivre. Cette nouvelle dont vous
allez prendre connaissance est entièrement
inédite, et vous pourrez dire, le moment venu
à vos enfants et vos petits-enfants, "j'y
étais".
C'est ici, sur le territoire de Moissey qu'a
été découverte la procédure
qui doit sauver la planète.
Cette information, cette haute découverte
étant pour l'instant secrète de chez
secrète, je vous prie de lever la main droite et
de dire je le jure.
Comme vous le savez, la Grande Chimie qui sert
à enrichir une minorité, voire une
microrité, rien qu'en empoisonnant simplement la
majorité des mammifères, a commencé
à déchirer la couche d'ozone, et ainsi, a
commencé à faire fondre les glaciers du
globe. Toutes les télévisions vous ont
touché un petit mot de la montée du niveau
des océans. On ne vous a pas caché qu'un
quart des régions émergées allaient
disparaître avec toute la vie terrestre qui
grouille dessus.
Dieu merci, le génie humain est là, qui
veille, tant en coulisse qu'en bienveillance.
C'est au cours de l'été 2006, sur le
chantier de fouilles de la tuilerie gallo-romaine de
Moissey que l'événement s'est produit.
Sur le champ des investigations, plusieurs fosses
parallélépipédiques avaient
été creusées, plus de 2 m de long, 1
m de large, 1,50 m de profondeur, tout au carré
grâce au godet de l'excavatrice. En plein milieu de
cet été caniculaire, le 5 août, il
est tombé une nuit assez d'eau pour "gauger"
(inonder) toutes les quatre ou cinq fosses du site; les
fouilleurs bénévoles ont donc résolu
de vider toutes ces fosses afin de continuer à y
voir clair, avec des seaux de 12 litres. Seulement,
lorsqu'il ne reste plus que 10 cm d'eau au fond de la
fosse, le seau est de moins en moins efficace.
L'un des participants, celui qu'on peut nommer
dès à présent "le sauveur du monde",
a eu l'idée de creuser au fond du fond, un trou
encore plus profond, de la forme et de la taille d'un
seau de 12 litres, de façon à
assécher d'un coup tout le reste de la fosse.
L'inventeur a appelé ce trou salvateur "hypotrou",
c'est-à-dire, un trou dans le trou, ou un trou
sous le trou. Cet hypotrou est facile à
épuiser avec un récipient à peine
plus petit que le seau de 12 litres, par exemple, un seau
de 11,11 litres.
Quand on veut chasser de l'eau, la bonne idée
est de lui trouver un refuge encore plus bas... s'il en
est et de lui offrir un chemin.
C'est sur ce superbe principe, que "le sauveur de la
terre" a suggéré qu'on creuse partout
où il y a de la place et assez de profondeur, pour
accueillir toutes les eaux nées du surplus
provoqué par la fonte des glaciers. Les
déserts sont assez nombreux sur le globe pour
maintenir les terres émergées dans le
statut qui est le leur aujourd'hui.
Lorsque nous avons été amenés
à interroger "l'hypotrouiste"devenu du coup "le
sauveur de la planète", il nous a
préalablement demandé l'engagement de nous
engager à le laisser dans l'anonymat le plus
profond et le plus étanche en invoquant deux
raisons:
la première: quand on lui a demandé
pourquoi il était si modeste, il nous a
confié à voix basse que c'était
depuis qu'il s'était aperçu que les plus
grands l'étaient...
la seconde: il se demande si l'humanité, dans
l'état où elle est, mérite
réellement d'être sauvée, et que dans
l'hypothèse où il la sauverait, il redoute
des représailles divines, géantes et
éternelles.
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