village de moissey

la tuilerie gallo-romaine de Moissey de plus près

fouilles du lundi 23 juillet 2001 au 5 octobre 2001, parcelle ZA 49.

un gros four tuilier et deux petits fours potiers

et vers la mise en évidence d'un quatrième four (tuilier)

textes et images de Christel Poirrier, grâce à la gracieuse contribution de Fabrice Charlier, directeur du chantier.

II. Août 2001

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4.

mardi 7/ jeudi 9 août 2001. Le voile se lève sérieusement.

L'eau s'est mêlée des affaires ces jours et le travail des archéologues est beaucoup moins agréable. La pluie les a poussés à exhumer un joli petit drain qui n'est pas de facture antique, et peut-être même pas médiévale. C'est un canal en "v" à fond plat, chapeauté par des pierres plates, qui traverse toute l'aire, d'une façon parallèle à l'ancienne route (médiévale ou royale) Moissey-Frasne.

L'autre activité a consisté à descendre en profondeur, entre 10 et 20 cm sur tout l'ensemble du site. Il y a là une véritable émotion de s'approcher de la réalité naguère estimée. En effet, on voit de mieux en mieux les deux petits fours annoncés, le très gros four tuilier et le quatrième four est bien là où on l'avait entrevu.

Monsieur Fabrice Charlier, qui dirige ce chantier, a pu nous montrer la disposition du gros four, avec son alandier et l'emplacement de la chambre de chauffe. Les murs sont très épais, pas loin d'un mètre, et aujourd'hui, on voit des tégula en veux-tu en voilà. On voit même quelques "imbrex", (nom de la tuile canal destinée à réunir deux tégula adjacentes).

Les prévisions initiales ne cessent de se vérifier et sous peu, nous allons pouvoir publier un plan approximatif de l'endroit. Le plan affiné, lui, relève du travail des archéologues de l'AFAN et ne pourra devenir "grand public" que lorsqu'il sera achevé.

le petit drain, avec un embranchement, à gauche.

le même endroit au même endroit.

vue plongeante sur le petit drain.

les chapeaux du drain ont été mis de côté, sur le côté.

l'angle du gros four tuilier, encore plus beau.

festival de tegula et d'imbrex.

notre première belle imbrex (tuile faîtière).

le four en forme de fer à repasser, en cours de décapage. Une lectrice (aimable) nous a souligné l'anachronisme de cette formulation, alors nous disons, four en forme d'ogive nucléaire ou en forme de suppositoire mal empoupé. Notre lectrice nous a précisé qu'il s'agissait d'un "four à languette centrale" term of the orthodox typology.

5.

mardi 21 août 2001. Le jour de gloire arrive.

On ne peut pas encore dire que le jour de gloire est arrivé car on s'attend encore à plus beau qu'aujourd'hui. Cet après-midi du mardi 21 août 2001, un esthète non-archéologue en bâillerait de surprise et d'admiration et sûrement de jalousie. Le temps orageux d'hier et le soleil d'aujourd'hui ont donné un relief tout particulier au chantier. Il faut dire que les archéologues ont commencé à descendre, ce qui donne le spectacle qu'on peut voir sur les photos qui suivent. L'alandier (tunnel d'accès à la chambre de chauffe) du gros four vient d'être mis en évidence, mais le clou du chantier, c'est ce four carré qui jouxte le gros. C'est une fête de tegula, celles du gros four et celles de la sole du petit four.

Quand les archéologues auront descendu (seront descendus ?) encore plus bas, si la lumière est au rendez-vous, l'aspect des ces fours sera encore plus majestueux. Les archéologues professionnels qui sont sur le terrain s'habituent à ce spectacle, mais le curieux de passage ne peut pas faire autrement que d'être impressionné. A l'archéologue l'émotion d'accéder à la vérité attendue avec ses petits outils... Au spectateur l'émotion seconde de la découverte de ces images.

Toujours pas de plan de l'endroit, les archéologues travaillant pour leur employeur et non pas pour les médias. Mais ces vues à contre-jour consoleront bien les aficionados de l'obligation d'être patients.

Une belle vue du chantier le mardi 21 août 2001. La voir en plein écran.

L'angle "est" du gros four tuilier.

L'alandier (cette tranchée) du gros four tuilier.

Les "égyptologues" qui sont devenus "moisseyologues" le temps d'un été, ont épousé les us de la Vallée des Pharaons. Ici le scribe se livre à des travaux intellectuels. Il s'agit de M. Fabrice Charlier, directeur du chantier de Moissey.

La sole du petit four carré. Si vous trouvez plus beau et au même prix, nous vous remboursons la différence.

Un bord du petit four carré. On voit dans cet appareil de tuiles celles qui sont sur chant et qui ont la fonction classique des parements dans les murs de pierres.

6.

lundi 27 août 2001. Le jour de gloire arrive vraiement.

Quelle ne fut pas notre surprise aujourd'hui de voir, au milieu de l'équipe d'archéologues, deux têtes comme posées sur le sol. En vérité, ces têtes appartenaient à deux membres de l'équipe dont les pieds se trouvaient plus d'un mètre plus bas. Nous sommes ce jour dans les alandiers, et même celui du gros four tuilier montre sa voûte arrondie. L'alandier, c'est la galerie souterraine qui forme tuyau pour alimenter la chambre de chauffe. C'est par lui qu'on enfourne le combustible, qu'on pousse ensuite avec des outils appropriés (du genre pelle de boulanger) jusqu'au centre de la chambre de chauffe.

Le chantier est de plus en plus beau, tant pour le curieux de passage que pour l'archéologue. Ce qui est le plus émouvant, c'est de constater jour après jour comme les hypothèses premières se vérifient toutes. C'est pourquoi nous écrivons que le grand jour arrive, car on peut prévoir dès maintenant que nous assisterons à une apparition colossale. Le four tuilier donne l'impression de naître, de sortir du sol. Sur ce dernier comme sur son petit frère carré, sont apparus les trous (conduits verticaux qui apportent la chaleur de cuisson) qu'on appelle les "carnaux". Nous arrivons dans les intestins du four, ce qui était la finalité de tous ces travaux.

De plus en plus, sortent du sol des tegula entières ou presqu'entières, que le chef de fouille, M. Charlier (tuilologue de sa spécialité) promet d'examiner et de mesurer. La métrologie romaine est fondée sur le pied, et on va pouvoir opérer les similitudes avec le mobilier déjà rencontré ailleurs. (On appelle mobilier sur un tel chantier tous les objets "mobiles", enfin, qui furent mobiles en leur temps).

Tout le monde sur le le pont (les deux fours tuiliers)

L'alandier du gros four est-il habité?

Ces trous sont les carneaux (cheminées qui conduisent la chaleur du foyer au laboratoire).

Les deux fours d'un seul coup d'oeil.

Dans l'alandier du petit four tuilier.

L'image du jour, gratteurs, écriveuse et un brouetteur. (Voir la même en plein écran)

La voûte du gros alandier.

7.

mardi 28 août 2001. Que des bonnes nouvelles.

Au débâchage de ce matin huit heures, nous avons surpris l'avancement des travaux sur les deux fours potiers. L'un est joliment tout rond, l'autre, celui que nous disions naguère qu'il était en fer-à-repasser là où il fallait dire à languette, montre clairement sa cloison, qui n'est rien d'autre qu'un mur de refend, qui a pour fonction de soutenir la sole. A l'époque antique, plus les murs porteurs étaient proches les uns des autres, plus ils étaient nombreux et plus ils pouvaient porter du lourd.

Le petit four tout rond au soleil levant.

Les deux fours potiers, un rond, l'autre à languette.

N'est-il pas superbe celui-là?

8.

venderdi 31 août 2001. Le Conseil Municipal visite "sa" tuilerie.

Ils sont venus mais ils n'étaient pas tous là mais presque, les élus de la commune, Maire en tête, écouter la bonne parole, prodiguée aujourd'hui par Luc Jaccottey, qui remplaçait Fabrice Charlier, déjà re-besançonné à cette heure avancée de la semaine. Dès 18 h 52 tapantes, l'archéologue racontait tout sur ce site, et il en sait long. Il faut dire que c'était lui qui était en charge du suivi archéologique au moment de la pose du gazoduc et c'est donc lui qui a dit à la machine "vade retro pelletosa".

Cette visite de l'équipe municipale, à la sortie d'une de ses séances, avait une finalité bien particulière: on doit dès aujourd'hui s'interroger sur le devenir de ce quart d'hectare gallo et romain. C'est ainsi qu'à la suite de cette rencontre, des projets ont jailli pour escalader diverses voies hiérarchiques, projets communal et associatif rédigés par René Delmas, premier adjoint et maître de la section archéo et histoire du foyer rural, projets scolaires proposés par Mme Perrin institutrice à Auxonne et M. Poirrier instituteur à Moissey, et enfin, projet du foyer-logement pour personnes âgées, bâti par Mme Viel, directrice de cet établissement. Autant dire que tout se met en route pour que cette gallo-romanité inattendue ne tombe jamais dans l'oubli.

Le conseil municipal fait attention de ne pas tomber dans le trou

Un auditoire attentif

Un orateur croyant et pratiquant

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autres pages sur la tuilerie gallo-romaine de Moissey

0. La tuilerie gallo-romaine article de presse (Le Progrès, 28 octobre 2000)

I. L'ouverture des fouilles de la tuilerie gallo-romaine, le 23 juillet 2001, suivi de Christel Poirrier

II. Les fouilles de la tuilerie gallo-romaine, août 2001, suivi de Christel Poirrier

III. Les fouilles de la tuilerie gallo-romaine, septembre 2001, suivi de Christel Poirrier

IV. Les fouilles de la tuilerie gallo-romaine, octobre 2001, suivi de Christel Poirrier

V. Le site gallo-romain de Moissey: novembre 2001, suivi de Christel Poirrier

VI. Le site gallo-romain de Moissey: les affaires de décembre 2001, suivi de Christel Poirrier

VII. Le site gallo-romain de Moissey: conférence à Moissey de Fabrice Charlier, le 7 juin 2002

VIII. la tuilerie gallo-romaine, bientôt tous les secrets, par Fabrice Charlier lui-même, août 2005

IX. la tuilerie gallo-romaine, le retour, à l'étude pour l'été 2006

Restitution de constructions de tuiles romaines, sur l'Aire du Jura, avec Fabrice Charlier, tuilologue

Le devenir de la tuilerie, les enjeux d'octobre 2001 (billet d'humeur cantonal)

Ceux de l'enfance remercient ceux de l'AFAN

le parcours archéologique de Fabrice Charlier (1990-2001)

La première maquette moisseyaise d'un four tuilier, par Ivan Perrin, parent d'élève

La maquette du four tuilier à deux alandiers, par David Buliard, élève du CM2

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