Le village de Moissey compte parmi ses lieux
enchanteurs un nombre important de carrières et de
sablières, et ceux qui aiment les balades en
forêt n'ont certainement pas manqué d'en
jouir.
Les sablières (3).
Les sablières sont au nombre de trois, toutes
dans la forêt et toutes sur le territoire du
village. Jadis, elles avaient annuellement la visite
d'ornithologues, d'herboristes et de géologues
heureux de trouver là des biotopes très
atypiques.
- La
sablière communale (proche de la grotte de
l'Ermitage) a été remaniée pour
raison de sécurité, elle contient une
grande mare et abrite bien du monde.
- La sablière des bois Dubuc n'est plus en
service, mais on peut s'y rendre à pied, elle
se tient tout près du CD 37, on y voit encore
un ancien front de taille et des eaux dormantes. Elle
se repère facilement grâce à une
construction dite Baraque de la Chasse.
- Plus près du Col de la Serre, une belle
autre sablière est maintenant enfermée
puisqu'elle fait partie de l'Enclos dit de Chasse mais
qui s'est révélé à l'usage
être Enclos d'élevage de sangliers. Il y
a (avait) là encore une belle pièce
d'eau.
Ces sablières ont un
passé très glorieux puisqu'elles ont fourni
le sable d'arkose qu'on extrayait, lavait, transportait
pour faire le mortier et les enduits de nombreuses
maisons de Moissey. Aujourd'hui, elles ne sont
fréquentées que pour leur
intérêt scientifique et
touristique.
Les carrières d'arkose
(3).
- La plus belle, dite Meulières
de Moissey, se tient en réalité sur
Frasne. Il s'agit de plusieurs hectares de terrils
replantés par la nature, elle contient
différents points d'eau qu'on a du mal à
trouver quand on n'est pas familier du lieu. Les
chevreuils et les sangliers s'y retrouvent quand est
venue l'heure paisible où les lions vont boire
(nan, il n'y a pas de lions, enfin pas beaucoup, enfin
on n'en a jamais vus, enfin pas encore).
- La plus
mignonne est celle de Gredisans, récemment
mise à l'honneur par des travaux
d'archéologues, déterminés
à extraire une meule pour faire comme dans le
temps.
- Une autre
qui est plus que mignonne, qui ne porte pas le nom
de carrière, parce encore enfouie, est
située sur la parcelle forestière 41 des
Bois d'Offlanges. Un vrai bijou que ce site
d'extraction meulière.
- Il en existe une autre à
Serre-les-Moulières. En cherchant, on en
trouverait sur tout le pourtour de Massif, là
où l'arkose affleure. La Grotte de l'Ermitage
fait partie de cette couronne arkosique.
Les carrières de pierre d'oeuvre
(3).
Elles sont nombreuses dans le Mont Guérin.
Deux petites, une grande, pour les plus connues. Toutes
ont concouru à construire les villages de Moissey,
Montmirey-la-ville, au moins.
- La grande est en contre-bas de
l'Oratoire de la Madone. La famille Poisot venait y
déjeuner sur l'herbe, en 1900, avec charrette
et chevaux. Récemment, le Cric s'y est
installé pour donner une pièce de
Shakespeare.
- Pour les deux petites, au pied de la grande,
elles ont servi, à la fin, à la
construction de la ligne du tacot de Dole à
Pesmes, entre 1890 et 1900.
- Une autre carrière, dite Fidalgo, sur
Frasne, le long du CD 37, a donné de la pierre
d'oeuvre, et récemment (en 1971) a servi de
lieu d'expérimentation de la poudrerie de
Vonges. Là encore le Cric y a
célébré cette année la
venue du printemps.
La carrière ballastière
militaire des Gorges de Moissey (1).
Elle a fonctionné après
1918 pour alimenter la reconstruction ferroviaire du
Grand-Est, avec une pierre qu'on croyait euritique
mais qui ne l'était pas. Des centaines
d'écoliers en ont fait leur repaire du jeudi et
du dimanche. Ce lieu est le plus sauvage et le plus
insolite du territoire de Moissey.
Hélas, la
perspective d'une déviation Est risque de
niquer à jamais cet endroit paradisiaque.
[Préférer le tracé
Ouest]
Les carrières de pierre
routière (2).
Ces carrières dites, communale,
des Bois Besson
(d'abord), Téliet,
puis Pernot (ensuite) fournissent les chantiers
routiers de Franche-Comté, en une pierre de
haute dureté, célèbre jusqu'aux
limites de livraison, environ 100 km (circuit court
pour le coût)
Longtemps les galopins ont fréquenté
la partie désaffectée de cette
carrière, jusqu'à ce que la loi impose
leur clôture. Galopins-pêcheurs,
bâtisseurs de cabanes, apprentis au permis de
conduire, cyclistes et mobyletteux etc...
fréquentaient l'endroit le dimanche. On y
voyait la même faune que celle qui occupe la
forêt voisine, reptiles et batraciens, oiseaux,
petits carnivores, chevreuils, renards. La faune
dominicale (du dimanche).
Il n'y a donc pas lieu de
redouter que les carrières abîment le massif
de la Serre, bien au contraire. Tous ces gros trous
creusés par l'homme se sont plus tard
re-auto-colonisés, tant au point de vue de la
flore que de la faune (l'homme du dimanche fait partie de
la faune).
Si l'homme a le courage et
l'imagination, il peut encore ré-occuper tous ces
lieux avec l'alibi culturel qu'on peut supposer,
spectacles, aires sportives, archéologie, sorties
scolaires, accueil d'universitaires, espaces nautiques,
murs d'escalade etc...
Christel Poirrier, amateur et
défenseur des anciennes carrières et
sablières.
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