Avec la
Journée du Patrimoine de Pays, c'est la
première fois que des instances
culturelles rendent hommage à la pierre
et ce n'est que justice. Les Carrières de
Moissey et Serre Vivante collaboreront à
une exposition (et une visite guidée le
20 juin 2004) qui sera accueillie sur les terres
du village, qui enfin, à sa
manière, pourra honorer la
présence de cette mamelle ouvrière
longtemps nourricière pour les Moisseyais
et les Offlangeais, au moins.
Ceux qui le
désireront pourront apprendre que le
filon porphyrique a dû (a pu) être
découvert au moment de la percée
du Chemin Départemental d'Auxonne
à Orchamps, le CD 37, qui, pour nous,
fait Moissey-Amange, en 1850, puisque les vieux
papiers attestent de la présence de cette
pierre dure dès 1855.
De cette date à
1918, cette pierre est tirée par des
"prestataires" indépendants, à la
demande, et avec des moyens très manuels.
L'expropriation de ces bois communaux au profit
des Ponts et Chaussées marque une
volonté d'une exploitation plus
rigoureuse, plus organisée et avec des
objectifs plus publics. Il faut dire qu'on vient
de s'apercevoir que le gravier de Moissey
offrait une résistance exceptionnelle
à l'érosion des hommes, mais c'est
à cette heure d'un intérêt
tout relatif. Vers 1930, un ingénieur qui
travaille à Clerval amène à
Moissey ses hommes et ses machines et dès
ce jour, on peut parler de mécanisation
et d'industrialisation (concasseur du bord de la
route, le P1, voies ferrées de 50,
tramway, camions). L'exploitation de Jean-Marcel
Téliet, puisque tel est son nom,
emploiera jusqu'à 100 personnes. Monsieur
Téliet a des idées avancées
sur le socialisme dans l'entreprise, qu'il ne
pourra pas toutes mettre en application. Il
décède en 1954.
Après quelques
années, sous les enfants Téliet
puis COGENOR -c'est en 1956 que le CD 37 est
franchi- l'exploitation est acquise pour
moitié par Alphonse Pernot de Crotenay et
la SCREG, Société Chimique et
Routière et d'Entreprises
Générales (le "G" de SCREG
signifiait au départ Gironde, son lieu de
naissance) en 1960. A ce moment, la
dureté du gravier de Moissey se classe
parmi les 5 meilleurs de France et voit une
application primordiale de sa résistance,
c'est l'essor et l'entretien du réseau
routier. En 1995, la surface exploitée
passe sur le territoire communal d'Offlanges,
apportant à ce village la taxe à
la tonne au détriment de
Moissey.
Alphonse Pernot, qui
est entré en carrière parce qu'il
fournissait préalablement des sables et
des graviers champagnolais à la SCREG,
passera rapidement le relais à son fils
Camille Pernot, qui sera obligé
d'aménager continuellement ses
façons de faire, vu la demande de la
clientèle: sa réalisation la plus
marquante sera le poste dit P3 qui concasse et
crible de l'autre côté de la route
depuis 1975. Le P3 sort des Ateliers Bergeaud de
Mâcon (ABM). Le poste de concassage est
alors transformé en poste de
lavage.
Camille se retire des
affaires le 1er mars 1997 et c'est Jean-Louis
Dengerma qui lui succède, comme directeur
technique. Jean-Louis Dengerma est
ingénieur TPE et il s'occupe de tout, les
hommes, les machines, le rendement, le commerce
etc... l'autre pôle de cette gestion
bi-céphale est naturellement Yves Pernot,
qui est PDG Co-gérant de la
Société des Carrières de
Moissey, co-gérant puisque l'autre
moitié de l'entreprise appartient
à la SCREG.
En 1999, les
successeurs de Camille Pernot construisent de
nouveaux bureaux sur le sommet du chantier et
font adhérer l'entreprise aux normes du
moment, normes de sécurité,
d'hygiène, de rendement. Nouvelles
enceintes, nouvelles machines, sous-traitance
des tirs de mine, livraison régionale des
graviers par la SET Pernot (18 gros camions de
route, PDG Yves Pernot). En avril 2004 (le 15),
le chantier que nous avons visité tourne
comme une montre, quand ce n'est pas comme une
horloge: le plus impressionnant, c'est la
synchronisation générale de toutes
les opérations, chargements des blocs,
concassage criblage et re-concassage et
re-criblage, puis lavage, égouttage,
pesage et enfin livraison immédiate. Un
gravier qui, comme nous, s'interrogerait pour
savoir d'où on vient et où on va,
pourrait fort bien avoir été
arraché au front de taille le matin
à Moissey et se retrouver le soir dans la
banlieue lyonnaise.
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