le
tacot
Le Tacot,
c'était notre distraction. Nous le
prenions en famille environ deux fois par an
pour nous rendre à Dole, acheter soit des
chaussures, soit un manteau, enfin des achats de
fréquence annuelle ou encore pour se
faire photographier. Pour aller à Dole,
c'était une expédition, nous
étions tous levés à 5 h du
matin pour être à la gare à
7 h.
Les jeunes se
réunissaient souvent comme aujourd'hui,
les soirs de semaine, c'était à la
laiterie, le dimanche, c'était à
la Gare.
(Plus tard, sous
l'occupation, un photographe s'est
installé à Moissey, dans la maison
Petiot -AB 173-, ce devait être quelqu'un
qui se cachait...)
Pour
l'épicerie, nous étions
livrés par les grossistes dolois, qui
étaient à l'époque,
Lombard, Fiquet et Ripotot. On était
livrés par camions. Mais il arrivait,
selon les fournisseurs, que nous soyons
livrés par le tacot. Je me trouvais
à la gare avec mes parents, le 31 mars
1927, quand le chef de gare a dit à mes
parents, vous avez un colis. Le lendemain, ma
petite soeur Jeanine était née, et
mes parents m'avaient laissé entendre
qu'elle était arrivée dans le
colis qui avait été
annoncé. Moi, j'avais été
révoltée de savoir qu'un
bébé avait pu être
livré à ses parents enfermé
dans un paquet. Pour finir, ce paquet,
c'était une caisse de café,
Jeanine n'était pas arrivée par le
tacot et moi j'avais cinq ans.
Sinon,
j'étais une usagère plutôt
régulière pour aller à la
gare de Dammartin, lorsque j'allais chez ma
marraine qui étaient employée au
Château de Montrambert. Ma marraine et
tante, Valérie, la soeur de ma
mère, était l'épouse du
jardinier du château.
Un jour,
j'étais allée à
Montrambert, à la fête du
Sacré-Coeur, avec Jeanine. Nous portions
chacune un petit chapeau rouge et blanc, et je
voyageais imprudemment sur la plate-forme de la
voiture, quand, arrivés entre
Champagnolot et Dammartin, mon chapeau s'est
envolé et je me suis mise à
pleurer comme une madeleine. Le chef de train,
Métadieu, qui n'était pas commode,
s'en est ému a fait arrêter le
train, mais rien à faire, le chapeau
était trop loin et le train devait
repartir... C'est mon parrain Paul Grebot, qui
était facteur à Dammartin qui me
l'a retrouvé au cours de sa
tournée, plus tard. Je le revois me poser
énergiquement un panier à lapin
sur la table, avec mon chapeau dedans: "tiens,
le voilà, ton chapeau". Mon oncle Paul
avait épousé une institutrice,
Marthe Milloux, qui a exercé à
Moissey de 1905 à 1920, dans la petite
classe, AB 436, sous le nom de Marthe
Grebot.
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