Il ne faut jamais dire "fontaine je
ne boirai pas de ton eau", proverbe qu'on pourrait
traduire par "il ne faut jamais jurer de rien". Dans le
cas présent, le rapport avec notre propos n'est
pas apparent, sauf à croire qu'on était
sûrs que la grande fontaine Attiret de Moissey nous
survivrait...
Aujourd'hui, la preuve est faite que
Non, cette fontaine va pratiquement être
rasée et remplacée par une toute neuve.
Belle, blanche, virginale.
C'est vraisemblablement au ministre Colbert que nous
devons cette quantité de belles fontaines dans les
communes de Franche-Comté propriétaires de
forêts.
En effet, Colbert ministre de la
marine sous Louis Quatorze faisait la chasse aux grands
et bons et beaux bois, propres à la construction
navale, nommés "bois de marine".
C'est ainsi qu'un grand nombre de
petites communes "forestières" ont engrangé
suffisamment de recettes pour aménager, et pas
modestement, leur réseau de distribution de
l'eau.
La grande fontaine de Moissey, qu'on
doit à l'architecte dolois Louis Attiret,
[maître d'oeuvre des Casernes de la Place
Barberousse à Dole], n'est pas la seule de son
acabit: on lui retrouve une petite
soeur à Peintre et une
moins petite à Champagnolot (hameau de
Dammartin).
De 1765, date de son
édification, à 1989, il semble qu'elle ait
tenu le coup sans soins particuliers. En
1989, une importante restauration a eu lieu,
édicule et trois
bassins, et le buste du
Sénateur
Pierre Lefranc,
décédé en 1877 a été
déposé. C'est son beau-frère, Odon
Loisey, maire de 1884 à 1902 qui aurait
remplacé la croix par le buste de bronze. Trop
de croix partout, aurait-il déclaré...
(source Raymond Durey, à Peintre).
Le buste du Sénateur qui
trônait au cimetière ayant été
volé, l'occasion fut saisie de rendre le buste du
Sénateur (l'autre, puisqu'il y en avait deux)
à ses descendants, les Lefranc de
Montmirey-la-ville, sous le mandat de Bernard Chauvin,
maire; donc la croix de dôme est revenue, au cours
de la
rénovation de 1989).
Du 18 au 21 juillet 2005, la Grande
Fontaine a reçu un
petit traitement d'entretien.
La situation
hydraulique à Moissey a
toujours donné satisfaction, le village
étant parsemé de puits tant dans sa partie
basse qu'à son sommet qui est Châteauneuf.
Les puits n'étant pas commodes pour la lessive et
pour abreuver le bétail, maintes
fontaines-abreuvoirs-lavoirs ont été
installés, qui ont se sont montrés
indispensables jusqu'à l'arrivée le l'eau
sur l'évier, en 1963. C'est l'eau
du syndicat des eaux,
né en 1959, des oeuvres de M. André
Détot, conseiller général et maire
de Brans.
L'adduction
de Melay, un ouvrage
remarquable, en 1880, avait été
créée essentiellement à l'usage de
Montmirey-le-château, 2/3 pour lui, 1/3 pour
Moissey
Dans certaines communes, comme au
grand
puits d'Offlanges, une
ingénieuse mécanique couplait la
remontée du seau de puisage à une goulotte
qui conduisait l'eau où on voulait.
La Grande Fontaine Attiret est
agencée de façon que, à partir du
puisoir, couvert par ce pavillon un brin mégalo,
il faut le dire, l'eau se rende à l'abreuvoir
d'abord (le plus au nord et le plus élevé),
puis au lavoir ensuite, qu'on reconnaîtra aussi par
sa pierre inclinée à 30 degrés (le
plus au sud et le plus bas, bien sûr) propice
à frotter et à taper la lessive.
Naturellement, et c'était
partout ainsi, les vaches ne buvaient jamais les eaux de
lessives.
Aujourd'hui, l'affaire est d'envergure, puisque le
pronostic vital du monument est engagé. Ce qui
doit nous interpeller quelque part...
D'après les tailleurs de pierre
rencontrés sur le site, il ne resterait qu'une ou
deux pierres en bon état (on sent là une
petite exagération, car je me demande s'il n'y en
a pas trois...), toutes les autres seraient pourries, et
un jour, sans crier gare, elles dégringoleraient,
et forcément blesseraient ou tueraient de nos
compatriotes, et pas forcément ceux qui le
méritent le plusse...
Donc la belle ne tiendrait plus sur
ses quatre pattes...
Donc on va la
démonter,
Puis on la remontera... (avec des
pierres nouvelles), ça va le
faire...
parce qu'elle le vaut
bien,
puisque, depuis quelques
décennies, elle est l'image de la commune.
question [gros]
sous [TTC]:
337 270 Euros, dont 73 554 à la
charge de la commune [73,44 % de
subventions]
christel p.