Monsieur Jacquet, le grand
chef d'entreprise, a envoyé aujourd'hui sur le
chantier de Moissey un Simon de plus, qui ne s'appelle
pas Simon et qui n'a pas de casquette, ce qui permet de
le distinguer aisément des deux autres. Ce
troisième homme, nous l'avons surpris en train de
jouer de l'égoïne pour fignoler le chapeau de
bois, qui servira de coffrage pour la suite des
opérations.
Cette pièce n'est
pas du tout un tétraèdre comme nous l'avons
écrit précédemment, mais une
pyramide: une base carrée et quatre faces
triangulaires qui se joignent au sommet. Seulement ces
faces triangulaires sont courbes, et ainsi, le volume
créé ne s'appelle pas pyramide, bien qu'il
en soit très proche [ses arêtes sont des
arcs de cercle].
Ce modèle est bien
connu depuis une dizaine de siècles puisque c'est
lui qui servait à construire des croisées
d'ogives, comme on en trouve dans la plupart des
églises, des monastères et autres
édifices d'envergure. C'est cette façon qui
a succédé au style roman (de romain) et
qu'on a nommé gothique (de goths).
L'enjeu des journées
à venir sera de procéder à une
double construction : des pierres qui "collent" au
coffrage, et pas loin, des pierres qui forment
l'habillage de l'édifice, et, entre les deux, du
matériau de remplissage.
L'ogive de bois ne repose
pas sur la maçonnerie, elle est maintenue en place
par 4 étais. C'est à dire qu'elle peut
coulisser (de haut en bas) dans son espace, et à
la fin des travaux, elle se retirera par le bas... Mais
rien ne dit, qu'une fois par terre, elle pourra sortir de
là entre deux piliers, auquel cas, il faudra la
désosser.