Jadis, lorsque les humains faisaient la
découverte fortuite d'une belle et bonne petite
source, il l'attrapaient et la domestiquaient sur le
champ. Celle de Melay n'est pas de celles qu'on
inféode si facilement. Le projet a
été longuement mûri avant
d'être appliqué. L'enjeu de Melay, et il est
à peine croyable lorsqu'on l'entend, fut
d'alimenter deux villages en même temps, Moissey et
Montmirey-le-Château.
Pour Moissey, il n'y avait rien d'autre à
faire que suivre la pente sur 400 mètres, mais
pour l'autre duettiste, qui se trouve à 5 km
à vol d'oiseau (on ne nous a jamais dit de quel
oiseau il s'agissait) et sur une éminence,
l'ambition était bien celle des
bâtisseurs.
Sur ces photos (8, 9 et 10) du répartiteur,
on voit la chambre de sortie de Moissey (l'autre au
second plan) et la commune de Montmirey-le-Château,
sur son altière colline. L'eau a dû faire
comme on lui a dit: 5 km dont moitié en roue libre
et l'autre moitié en danseuse... Non, pas si tant,
car nous sommes dans l'exemple le plus illustre des vases
communicants dont l'école primaire aime à
s'enorgueillir chaque mois de novembre.
Enfin, les mireymontois avaient signé pour
1/3 - 2/3. Ils n'étaient pas à l'aise en
matière d'eau et les deux communes ont
trouvé cet arrangement qui arrangea tout le monde,
tant en volume d'eau qu'en frais d'entretien. Pour les
frais d'installations, ce fut chacun ses cantonniers, son
tuyau et son eau.
Comment donne-t-on 33 % à Pierre et 66
% à Paul ? A la sortie du gros
réservoir commun (1,20 m de diamètre, et
échelle intérieure), on permet à
l'eau de franchir une belle dalle de béton,
installée bien verticalement pour continuer sa
route au travers de trois échancrures (de 1
décimètre-carré chacune) vers deux
fûts de pierres de 80 cm de diamètre et d'un
mètre de hauteur. Deux échancrures sont
pour Paul, une sera pour Pierre... A la sortie de ces
deux fûts, un tuyau de grès de 20 cm de
diamètre, celui de l'est, pour Montmirey et celui
de l'ouest, pour Moissey et à partir de là,
chacun pour soi.
oOo
Voilà pour le premier bosquet,
appelé par nous bosquet du Nord. Car tout cela est
bien de la littérature: l'eau n'est pas là,
elle ne sourd pas ici ni maintenant: l'eau vient
d'ailleurs, d'un autre bosquet, à 173 m de
là, de l'autre côté du vicinal et 5 m
plus haut en altitude. Les ingénieurs font des
études longues, mais on s'y retrouve par la
suite.
Le puits de 18 m découvert dans le bosquet
Sud est en réalité un puits de visite, sur
le trajet de la conduite-tunnel qui passe sous la voie
communale C1 de Moissey à Offlanges. Comme les
tracteurs n'osent pas s'approcher de ces vieilles dame de
l'autre-autre siècle, l'anarchie naturelle a
repris ses droits et nos deux ouvrages d'art reposent
sous l'écrin solide des prunelliers, ronciers et
autres gratte-cul.
oOo
Le troisième larron de notre trilogie est
un puits de captage qui se trouve à 187
mètres au sud du bosquet Sud (Parcelle ZB 43). Il
est profond de trois mètres et montre bien le
départ d'une conduite-tunnel qui parcourt environ
360 m avant d'atteindre l'ouvrage diviseur et
répartiteur. Selon notre guide Robert Ruisseaux,
paysan au long cours, ancien pompier et ancien conseiller
municipal, cette longue conduite agirait comme un drain
et accueillerait toute l'eau souterraine des lieux-dits
de "Derrière Châtillon" et
consorts.
à suivre...
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