Les anxieux et
désespérés du premier épisode
sont en train de reprendre le sourire. En rien de temps,
la fontaine Attiret a montré qu'elle tenait ses
promesses, car dès le départ sifflé,
elle s'est mise à grimper à vue d'oeil.
Jour après jour, elle s'est mise à pousser
comme quatre champignons.
La pierre est extraite dans une carrière
près de Comblanchien, dite pierre [beige]
de Bourgogne. Sur ce chantier d'extraction, on retrouve
un matériel comparable à celui de la
menuiserie. Une fois la pierre arrachée à
son banc [avec foreuse et explosifs], elle est
sciée, soit avec de grosses scies circulaires,
soit avec des scies (genre scie à ruban) à
fil de diamant, agissant horizontalement.
Dès la carrière, la
pierre est façonnée en fonction de la
demande, et on sort des
parallélépipèdes rectangles aux
dimensions du façonnage. Les familiers les nomment
des cubes, bien qu'ils ne soit pas cubiques, ou blocs
capables, le mot capables désignant des dimensions
maximales pour la destination
envisagée.
Ensuite les pierres arrivent sur le
chantier de Moissey, on peut les voir dans un enclos
d'attente en contre-bas de la poste. De ce purgatoire,
elles sont convoyées par des véhicules ou
des plateaux à roulettes. Les tailleurs-monteurs
font un travail très physique, bien qu'ils
disposent de tous les moyens de levage morderne: un
lève-palettes, un treuil électrique avec
une télécommande filaire apporte les blocs
au bon étage du chantier. Ces blocs ensuite
rejoignent leur emplacement par un système de
tyrolienne: des rails suspendus conduisent des palans
à chaîne, et ainsi chaque pierre arrive
à destination par le haut. Ce qui tombe bien car
on ne voit pas la chose autrement.
Au moment d'appareiller les blocs
taillés, les tailleurs utilisent des cales, de 7
à 8 mm d'épaisseur et de 1 x 3 cm de
surface, qui correspondent aux futurs joints de
l'édifice. Tout n'est pas toujours si beau, il
arrive de faire appel à des cales plus ou moins
épaisses pour respecter la continuité de
toutes les arêtes.
Lorsque les blocs posés sont en
continuité irréprochable, on coule un
ciment spécial, liquide, qu'on appelle barbotine,
comme celle des joints de carrelage, mais d'une
composition que les gens qui passent et qui interrogent
ne doivent pas connaître.
La plupart des cales resteront dans
l'ouvrage et seront noyées dans la barbotine qui
va arriver. La barbotine arrive, par gravité par
des entonnoirs taillés dans des bouteilles de
Badoit...
Ceux qui passent et repassent, et il y en a, puisque pour
ne pas voir les travaux en face de la boulangerie, il
faut y aller à l'aveugle, y vont de leur petit
couplet, généralement optimiste. Certains
trouvent la Fontaine trop blanche, comme s'ils avaient
rêvé d'une fontaine qui serait à fois
neuve et dégoûtante.
En tout cas, ce qu'on voit pour
l'heure laisse espérer un beau monument et donne
l'émotion qu'on peut avoir si on songe que
l'ouvrage est parti pour durer deux ou trois
siècles. L'ensemble laisse la sensation d'une
impression de sentiment historique.
Le prochain acte sera la pose du chapeau, sur un coffrage
déjà visible dans les coulisses, un
tétraèdre à faces courbes
étudié pour.
question [gros]
sous [TTC]:
337 270 Euros, dont 73 554 à la
charge de la commune [73,44 % de
subventions]
christel p.