avant le Groupement
Forestier de la Serre (avant 1992)
Au début du XXe
siècle (autour de la guerre de 14), les bois
Matherot sont devenus Dubuc par héritage...
Monsieur Dubuc était marchand de bois (on dit
aujourd'hui exploitant forestier) et il employait des
bûcherons qui n'étaient sédentaires
que le temps du chantier. Fernande Pellegrini, avant
d'épouser Jean Nicolin, vivait dans une famille de
bûcherons, qui plantait sa cabane à la
demande, toutefois au moins pour une saison.
Autour de 1930, M. Dubuc a
trouvé plus judicieux de loger ses bûcherons
dans une véritable maison, qui est encore debout
actuellement, et qui a servi longtemps aux
méchouis des routiers, puis de cabane aux
chasseurs, et même de lieu de pique-nique aux
écoliers de Moissey qui ont passé la
journée en forêt le 8 janvier 2001 -premier
jour de classe du IIIe millénaire-.
Lucienne Rovet-Brischoux se
rappelle très bien de la famille Bordey, autour de
1938, qui vivait dans la maison Dubuc, toute
l'année. Il faut dire que la parcelle dite des
bois Matherot a une superficie de plus de 100 hectares,
ce qui justifie largement l'établissement d'un
bûcheron à demeure.
L'histoire de la parcelle des
bois Matherot reste longtemps sans histoires. Cette
parcelle abrite deux "affleurements triasiques
secondaire" qui font le bonheur des écoliers et
des universitaires, botanistes ou géologues, un de
chaque côté de la route CD 37. Ces
témoins du "secondaire" contiennent des
grès plus ou moins agglomérés, de
l'eau, de la faune et de la flore très
spécifiques. Sur ces deux sites, on tire, pour les
besoins locaux, de l'arkose, ou plutôt du sable
arkosique pour les nécessités de la
construction dans l'alentour, mortier et sable d'enduit.
La sablière qui est à l'est du CD 37 a fait
l'objet d'industrialisations diverses jusque dans les
années 1960. Puis le développement de
l'extraction des sables de rivière et des moyens
de transports s'est fait au détriment de ces
petites sablières, auxquelles il convient
d'ajouter celle des bois de Moissey, proche de la grotte
de l'Ermitage.
Les promeneurs s'entendent du
mieux qu'ils peuvent avec les chasseurs, M. Dubuc
prête volontiers ses installations aux routiers ou
chasseurs en fête. Les promeneurs se
promènent, les gastro-mycologues ramassent leurs
trompettes. On passe sans le savoir d'une parcelle
privée à des bois domaniaux, seules les
pancartes l'indiquent: la forêt est un bien public,
coutumièrement collectif et indivis, sans
discontinuité, c'est un ensemble d'arbres dont
chacun ignore qu'ils sont propriété
publique ou privée. Le chemin forestier
cadastré AC 99, permet de relier le village de
Moissey à la croix Boyon, en passant par les
Gorges. Les Gorges, c'est la ballade du dimanche et pour
les plus audacieux, on pousse jusqu'à la Croix
Boyon. Les dimanches d'été, après
les grands travaux, on va souper au bois, à pied,
à cheval et aussi en voiture. Les petits
mammifères, tous comme les moyens et les gros,
vaquent librement dans tout le massif et copulent
allègrement d'est en ouest... Les bécasses
n'en font qu'à leur tête (comme de bien
entendu). On est en pleine harmonie entre les
forestophiles et les forestivores (ceux qui en vivent).
Il ne vient à l'idée de personne que la
terre qui nourrit généreusement les arbres
puisse un jour être traitée comme un
carré d'asperges, c'est pourtant ce qui se produit
un jour de 1992, où l'opinion apprend qu'un
"Groupement Forestier de la Serre" vient de se porter
acquéreur du grand domaine Dubuc, pour, dit-on, en
faire une aire d'élevage de sangliers, et par
suite fait ériger une enceinte de grillage.
Surtout le jour où les barbelés poussent
comme des champignons.
pendant le Groupement Forestier de la Serre
(1992-2005)
Un
kilomètre-carré de la forêt qu'on
croyait banale se trouve en quelques mois encagé
comme un camp de concentration: les chemins battus et
rebattus ne sont plus accessibles (essentiellement le
chemin AC 99), la mare triasique est sous les verrous par
près de 4 km de clôture teutonne
édifiée sur des fondations de béton.
Il ne manque que les miradors. Les populations
dominicales sont déçues: en effet, le droit
est respecté, on a le droit de clôturer un
km-carré de forêt du moment que c'est une
propriété privée. L' Association de
Bienfaiteurs qui siège loin d'ici a réuni
les millions de francs nécessaires à
l'achat et à l'encagement de la parcelle. Les
bruits vont bon train, ces gens au portefeuille opulent
pourraient même chasser jour et nuit, 366 jours par
an pour peu qu'ils réussissent à
transformer le lieu en résidence, avec une vraie
construction (cette parcelle est alors inconstructible).
«Ils ont
commis ici ce que les indigènes n'auraient
jamais osé faire, ils ont agi ici comme ils
n'auraient pas osé le faire chez eux»
dit-on et entend-on. On n'est plus sous l'angle de la
légalité, mais celui du
savoir-vivre.
Cerise sur les bois Matherot,
les nouveaux propriétaires font ami-ami avec les
chasseurs locaux, soit en leur confiant la surveillance
du Camp, soit en leur offrant la jouissance de la partie
Est, avec les clés de la cabane Dubuc.
En fin de compte, les
élus du village de Moissey et ceux qui constituent
le SIVOM de la Serre ne cachent pas que si c'était
à refaire, on ne laisserait pas cette ignominie se
faire. On financerait, on achèterait, on unirait
toutes les forces libres pour résister à
cette occupation.
coup de théâtre
(été 2005)
Au mois de juin 2005, au moment
où on fixe le périmètre de Natura
2000 et son comité de pilotage, on apprend bien du
nouveau. Un autre propriétaire se profile à
l'horizon, avec une nouvelle activité...
agricole!
Les Moisseyais, les Dijonnais,
les Dolouais vont-ils se faire gruger encore une
fois ? Comment les programmes Charte de
l'Environnement, Natura 2000, la Communauté de
Communes du NO Jura, le Sivom du Massif et le Front de
Libération de la Serre vont-ils repousser le
troisième âge doré s'il voulait faire
joujou-fusil/pan-pan (hypothèse redoutée
mais pas démontrée) dans la forêt des
autres ?
Vous le saurez en lisant la
suite...
dernières nouvelles, pas
à pas
- Le 5 août 2005,
publication dans la presse de la mise en vente des cinq
parcelles dites les "Bois Matherot", avec comme date
butoir le... 20 août 2005 (soit deux semaines
!!!)
- Le jeudi 11 août 2005,
le président du Sivom de la Serre envoie un
courrier à la SAFER pour lui indiquer que le
délai d'action expirant le 20 août ne
permettait pas, honnêtement, aux différents
conseils municipaux, d'étudier la situation, pour
le cas où elle devrait être
réglée par le même Sivom de la
Serre.
- Le dimanche 14 août
2005, le Progrès de Lyon fait sa Une avec ce
titre:
"Moissey: 113 hectares
à vendre suscitent passion et
tension".
L'article nous apprend en
particulier que le domaine qui avait été
acheté, en 1992, 1,7 million de francs est mis en
vente pour 609 000 Euros, soit en gros 4,0 millions
de francs.
Quant au candidat à
l'acquisition, un éleveur-dresseur de chiens de
chasse, il livre son étonnement que cette affaire
fasse "un tel cirque". Certainement ignore-t-il, et il
serait bien le seul, que la rumeur lui prête un
autre projet, qui contient le mot chasse payante, et dans
lequel il représenterait un groupe d'acheteurs
avec des moyens financiers sans bornes et de provenance
internationale. La France d'Embas, qu'on prend
régulièrement pour une bande
d'imbéciles, si elle a tout de même de quoi
se poser des questions (40 chiens, 100 hectares, 4
millions de F, chasse payante... et pourquoi pas, un
héliport ?) elle aurait effectivement bien
tort de s'inquiéter...
- le lundi 15 août 2005,
tard le soir, publication de Serre-Infos numéro
Un, dans les boîtes
électroniques:
- Le mardi 16 août 2005,
à 18 h, le maire de Moissey réunit
extraordinairement son conseil municipal avec cet ordre
du jour: "la vente du parc de chasse".
"Après avoir
pris connaissance de l'acte de publicité
légale (informant de la vente de l'actuel parc
de chasse du massif de la Serre (parcelles AC 17, 45,
46, 98 et 99 d'une superficie totale de 112 ha 46 a 58
ca sur la commune de Moissey),
Le conseil municipal de
Moissey, à l'unanimité
Souhaite étudier avec
les communes riveraines du Massif de la Serre les
possibilités d'acquérir ces
biens,
Sollicite le SIVOM pour
réunir les collectivités
concernées afin d'élaborer un projet
d'acquisition,
Mandate à ce titre le
SIVOM pour intervenir auprès de la
SAFER"
- le lundi 22 août 2005,
tard le soir, publication de Serre-Infos numéro
Deux, dans les boîtes électroniques et
à l'état de brouillon:
- le mercredi 31 août
2005, à Montmirey-la-ville et à 14 h, M.
Michel Noirot, responsable du dossier à la Safer,
convoque une réunion autour de la commission
cantonale des structures
Il s'agit de
présenter le projet de M. Hytier. A l'issue de
cette réunion, on apprend que le Comité
technique de la Safer accorde aux candidats un
délai de deux mois pour permettre aux
collectivités locales de monter leur
dossier.
Présence ce
jour-là et à cet endroit d'une
demi-douzaine de gendarmes.
- le vendredi 2 septembre 2005,
après 20 h, nous apprenons que le Comité
Départemental de la Safer, décide, à
partir des propositions du Comité Technique,
d'accorder à partir d'aujourd'hui deux
délais, un de deux semaines pour que les communes
candidates puissent prendre une
délibération de candidature, un de deux
mois pour le montage financier.
- le samedi 3 septembre 2005,
le Progrès de Lyon confime cette information. Le
Directeur Régional de la Safer, Michel Noirot,
confirme ce qui était dans l'air, c'est
qu'à financement égal, la priorité
sera donnée au groupement des
communes.
- le jeudi 8 septembre 2005,
à Offlanges, le Sivom est réuni en AG par
son président Roland Dodane. La position des
élus se durcit avec la
signature d'une motion
qui fait état de délais impossibles
à tenir pour instruire et monter honnêtement
un dossier d'acquisition.
- le mardi 13 septembre 2005,
la Safer écrit au Sivom de la Serre, sur un ton
qui s'humanise: "nous ne méconnaissons pas les
délais impartis pour réunir un Conseil
Municipal". Apparemment, le fait que la correspondance
écrite se fasse avec copie aux différents
ministères permettrait que le ton et les actes
deviennent de plus en plus urbains.
- le samedi 17 septembre 2005,
in le Progrès de Lyon, la Safer fait savoir
qu'à la demande de 6 mois de délais
formulée par le Sivom de la Serre, elle accordera
trois mois.... (preuve de la réputation de
souplesse de cette "institution")
- sans date, (lundi 19
septembre) du monde se réveille, en particulier
des communes qui n'adhèrent pas au Sivom de la
Serre, mais qui ont conscience que le Massif est à
tout le monde, commencent à étudier la mise
de leur poids dans la balance...
- le mardi 20 septembre 2005,
le Progrès publie la prise de position de
Hubert Reeves, qui est en faveur de l'acquisition des
Bois Martherot par les collectivités
locales.
- le même jour à
midi, c'est Greenpeace qui fait part de son naturel
soutien.
- le mercredi 21 septembre,
faux jour de l'automne, arrivent 153 signatures sur le
serveur de moissey.com
- le vendredi 23 septembre dans
la nuit, publication du Serre-info n°7 qui regorge
de bonnes nouvelles.
- le vendredi 30 septembre dans
la nuit, arrivent 210 signatures.
- le dimanche 2 octobre 2005
tous les amoureux de la forêt et de la nature se
rassemblent, dès 12 h, pour une journée
forestière et joyeuse, ils apportent leur manger,
mais pas leurs outils.
- le vendredi 7 octobre 2005 un
drôle de bruit réveille les
ménagères de moins de 50 ans et leur
complice: le parc de chasse des Bois Matherot n'est plus
à vendre... Voilà ce que vendredi dit,
à voix basse...
- le vendredi 14 octobre 2005 ,
ce sont 280 signatures qui arrivent. Le piège
à éléphants (la suspension de la
vente) n'a pas l'air de fonctionner. Peut-être
mettre plusse de branchages pour occulter le
trou.
- le mercredi 9 novembre 2005 ,
un décimètre-carré de la page 7 du
Progrès de Lyon annonce la fin (provisoire ?)
de l'affaire des Bois Matherot, en donnant succinctement,
de vraies infos...
- le jeudi 10 novembre 2005 ,
c'est la Voix du Jura qui annonce le renoncement de la
personne qui souhaitait élever des chiens de
chasse dans les Bois Matherot.
- le samedi 12 novembre 2005 ,
dans le bulletin n° 10 de Serre Vivante
-spécial Serre-Info-, le président Pascal
Blain remercie à peu près tous les
protagonistes de ce succès. A peu près tous
car il existe une cohorte d'obscurs qui ont
contribué à atteindre les objectifs qu'on
sait dans la plus grande discrétion.
- le mardi 15 novembre 2005 ,
dans le Progrès, le Sivom de la Serre
déclare que grâce à sa vigilance, le
projet d'acquisition est éteint.
fin
(pour
l'instant)
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