village de moissey, l'Ordre Hospitalier des Chevaliers de Saint-Antoine

souvenirs de la Marcelle (° 9 oct 1897, + 8 avril 1990)

Marcelle Miroudot, épouse de Pierre Châtelain, parcelle AB 202

page de Christel Poirrier

Marcelle Châtelain, par Fabienne Gidoudeaux, sa jeune voisine.
Saints et champignons hallucinogènes & Hospice Saint-Antoine (Isabelle Perrin)
Depuis Saint-Antoine l'Abbaye-Isère & Hospice Saint-Antoine (Isabelle Perrin)
souvenirs de la Marcelle Châtelain
Hospice Saint-Antoine, 9 rue du Dieu de Pitié
Hospice Saint-Antoine, 11 rue du Dieu de Pitié
Hospice Saint-Antoine, 3 rue haute
Hospice Saint-Antoine, le 4e tiers, la maison des Chaniet ?
Hospice Saint-Antoine, les travaux d'Ivan Perrin
les caboulots de la rive gauche de la rue du dieu de pitié
la maison paroissiale, dite de Marie Gaillard, 7 rue basse
la maison Poirot, 12 rue haute
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Ordre des Antonins et des Chevaliers de Saint Antoine: http://antonins.over-blog.com/70-index.html

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voir une belle série de 18 photos en noir et blanc, de Fabienne Gidoudeaux, sa jeune voisine.

 Marcelle Miroudot, est née le 9 octobre 1897, à Moissey, fille de Jean-Baptiste Miroudot et de Jeanne Françoise Guillaume.

La Marcelle Châtelain est une célébrité du village, et à plusieurs titres.

• C'était une femme simple, laborieuse, pas médisante même si on l'aidait,

• c'était une femme de devoir, elle avait épousé un homme, Pierre Châtelain, qui, après la grande guerre, est devenu très malade, et pour finir, l'a rendu veuve très tard,

• enfin, c'est elle qui a habité la partie la plus remarquée du couvent Saint-Antoine, dans la rue du Dieu de Pitié, comme fille et jeune fille, puis comme veuve. Cette maison (AB 202) à elle seule est une grande leçon pour les enfants.

 

Marcelle a quitté sa maison "couvent", la maison Miroudot, lors de son mariage et a vécu dans la maison de son mari (Pierre Joseph Châtelain), dans la rue basse. Puis, devenue veuve sous l'occupation, elle est retournée dans la maison de son enfance, l'hospice Saint-Antoine.

 

Marcelle Châtelain n'avait fait aucune concession aux temps modernes. Quand on lui suggérait d'acheter ceci ou cela, elle répondait immanquablement :

 

"A mon âge, mais je n'y songe guère".

 

Pendant trente ans, nous l'avons entendu réagir ainsi, trente durant lesquels elle disait :

 

"Demain, peut-être que je serai morte"

"On me mettra au Puits Baudry" [nom de la décharge près du cimetière].

Ou parfois elle professait sur le ton de l'érudit:

 

"On ne sait ni qui vit, ni qui meurt".

 

Sa spécialité, c'étaient les proverbes et les dictons météorologiques. Tôt le matin, elle allumait son feu, on entendait le goui fendre le petit bois sous son porche et craquer le fagot, puis elle se plantait à l'angle de la rue haute et de la rue du Dieu de Pitié, et elle y allait d'un commentaire, à voix très haute, sur le temps qu'il ferait le matin et même l'après-midi.

Pour les jours où elle pensait qu'il n'y avait pas lieu d'allumer sa cuisinière, elle disait:

 

"De toute façon, j'ai ma lampe à alcool!"

 

Si on excepte le fait qu'elle avait à partir de l'année 1963, l'eau sur l'évier, elle vivait comme on vivait à la fin du XIXe siècle.

 

Marcelle Miroudot est née à Moissey le 9 octobre 1897, de parents cultivateurs et c'est hors de la période de son mariage (c'est-à-dire, jeune fille, puis veuve) qu'elle a vécu dans la fameuse maison à la tour "hexagonale" en réalité, pentagonale (voir dessin), l'endroit le plus pittoresque du village.

La très grande pièce qui servait de séjour aux frères antonins avait été cloisonnée en deux pour faire à droite en entrant la chambre, avec un lit, une armoire, deux chevets, deux chaises, un crucifix. A l'étage, cloisonné lui aussi, un petit atelier de vigneron avec des outils qui remontaient à Mathusalem. A la cave, un maître pressoir de fière allure avec sa vis énorme et sa pierre de réception rainurée. Devant sa porte, enracinée de toute son épaisseur dans la terre, une meule énorme née dans les carrières voisines de Frasne.

 

• Marcelle Châtelain occupait dans la rue du Dieu de Pitié, le tiers de ce qu'il est convenu d'appeler un couvent, le tiers "Ouest" (AB 202). Croisées d'ogives au rez-de-chaussée, plafonds à la française à l'étage, escaliers en pierre rouge de Moissey pour aller de l'un à l'autre, bien abrités dans une tour fraîche et couverte de loses.

• Le tiers du milieu (AB 203) appartenait à la Titine Dubief (née Ernestine Durot), à droite d'un porche distributeur, avec rez-de-chaussée en ogives et étage avec plafonds en planches. Ce segment du milieu ressemblait à un endroit résidentiel, on y voit encore des nervures d'ogive entaillées pour laisser passer un baldaquin ou un placard de même taille. Un appentis sur la rue, qui a été démonté en 1967, possédait une pierre d'évier et donnait sur le caniveau.

• Le tiers "Est", ou supérieur (AB 204) a abrité pendant très longtemps la Thérèse Durot, vigneronne et agricultrice, restée célibataire pour cause de guerre de 1914.

Le rez-de-chaussée avait été affecté à la remise des grains, et s'il restait des traces d'habitation, elles devaient bien remonter au milieu du XIXe. Thérèse Durot habitait à l'étage un appartement aussi simple que celui de sa voisine Marcelle Châtelain. Ce module ne ressemble pas aux deux autres. Peut-être aurait-il brûlé. Les plafonds des deux niveaux étaient construits en corbes, c'est-à-dire en chênes cintrés, taillés en section trapézoïdale, qui accueillaient, entre deux, des pierres assemblées sur chant et faisant "clefs de voûte" entre deux bois.

A la cave, une belle tonne parallélépipédique vitrifiée, et deux sapines énormes témoignaient d'une activité vinicole jadis intense.

 

Avant les sœurs Durot, les segments du milieu et de l'Est avaient été occupés par le Docteur Claude Sireguy, qui avait fait communiquer entre eux les étages de ces deux propriétés, en surélevant le plancher de l'étage de AB 203. Au-dessus du milieu, il accueillait ses patients, et la salle d'attente était entièrement boisée.

 

Ces trois morceaux allaient ensemble. Ce qui plaide en faveur de cette hypothèse, c'est leur intercommunicabilité qui ne se voit pas depuis la rue, mais qui est réelle. Lorsque les porches de Marcelle Châtelain et Thérèse Durot étaient clos avec de grosses portes de sapin, ces morceaux étaient accessibles entre eux par des escaliers, des caves, ou des portes dans les murs mitoyens.

Nous ne sommes pas loin de penser qu'une quatrième maison faisait partie du tout, il s'agirait de la belle maison carrée à quatre pans (dite maison des Chaniet) qui se dresse juste derrière : la présence d'un puits commun et surtout, la présence de macarons sculptés sur les manteaux de cheminées, tous à caractère religieux.

 

En outre, il est permis de penser qu'un jour, la rue du Dieu de Pitié n'existait pas, et que les jardins cadastrés (AB 192 et 193) avaient pu servir de cimetière ou à la congrégation ou comme de cimetière d'appoint à celui de l'église qui serait devenu trop exigu.

Des corbeaux sur la façade indiquent qu'un jour lointain, cet ensemble n'avait pas d'étage et qu'ils servaient à soutenir des chéneaux de bois.

Ces trois appartements ont vraisemblablement été réunis et séparés au cours des temps. Les preuves de l'unité sont limpides et toujours visibles, mais celles de la séparation aussi :

chaque maison avait sa grosse cheminée, son four à pain, sa chambre à goutte, sa pierre à évier, son teck à porcs (AB 435 pour la maison AB 204; sur AB 207 pour AB 203, et sur la cour de AB 202). Ces trois tecks, nous les avons connus en 1966, mais ils ont tous été démontés par des paysans voisins ou amis qui avaient besoin de cailloux pour construire autre chose et ailleurs.

Une consolation est que Marcel Verrier (AB 486) a conservé le sien, à un seul pan, en excellent état, à quelques mètres de là.

 

Après la guerre de 1914, le module du milieu a servi à jouer des piécettes de théâtre et à projeter du cinéma.

 

Les loisirs au début du siècle étaient simples :

 

"Je pense bien que j'ai pris le Tacot, ben il allait pas vite. C'était surtout pour acheter des outils. Autrement, on avait tout qu'il fallait, c'est le caïffa qui vendait tout ça. Le Caïffa, c'était une épicerie ambulante, comme aujourd'hui le Casino, et il passait toutes les semaines avec sa charrette à bras, où c'était écrit "Au planteur de Caïffa".

 

Une fois, avec mon mari, on est allé à la fête à Dole. Oh, ben Dole, c'est une grande ville, c'est bien plus grand que Moissey.

Moissey n'est pas chef-lieu de canton! C'est Montmirey-le-Château !

On ne s'amusait guère, il fallait piocher les vignes et s'occuper de not' vache. Pour la fête on dansait, il y avait un manège. Pour Noël, on allait tous à la messe de minuit et puis en rentrant, on mangeait comme un dimanche".

 

Puis plus tard :

 

"Avec mon pauvre mari qu'était paralysé, je ne pensais guère à faire la fête. C'est comme ça, c'est ça la guerre. Maintenant, on est bien tranquille. Enfin on ne sait pas ce qui peut nous arriver, on ne sait ni qui vit ni qui meurt".

 

La religion, (les anciens avaient de grandes préoccupations métaphysiques) :

 

"La messe j'y crois, je suis bien obligée d'y croire, car d'après vous qui c'est qui a fait le monde ? Il faut bien que quelqu'un ait fait le monde. L'église, j'y crois mais j'y vais pas, j'suis trop vieille. Pourtant, il y a quelque chose qui me chagrine, c'est la résurrection, c'est comment les cadavres esquintés comme ils sont, ils peuvent redevenir vivants. Puis si tout le monde ressuscite, où que c'est qu'on va tous les mettre ?

Quand, j'étais petite, quand il y avait de l'orage, avec ma sœur, ma mère nous habillait et on descendait à la cave, jusqu'à ce que ce soit fini. C'était comme ça".

 

Elle était toujours bonne avec autrui, enfin presque.

 

"Monsieur Guinchard, c'était un bon instituteur, il était sévère, mais il fallait travailler".

"Monsieur Désandes, [le maire] c'est un bon maire, il a de l'instruction. Il avait une bonne place dans l'armée."

"L'autre folle, elle dit que tout est trop cher, mais je me rappelle, un poulet valait 4 sous, le pain 1 sou, c'était pas donné. Il fallait travailler dur".

 

Les souvenirs arrivent, parcellaires, mais précis :

 

"Ma sœur, elle est morte, la médecine, c'était pas comme maintenant. Il y avait le docteur Sireguy, il habitait chez vous [AB 203 et AB 204]. Il y avait une salle d'attente toute boisée à l'étage [AB 203], bien avant qu'y habite le père Coco.

 

Quand j'étais gamine, dans la niche, il y avait un Saint-Antoine et son cochon, donc il se pourrait que not' maison soit l'ancien couvent Saint-Antoine".

 

[parler du Puits Baudry, four, pressoir, alambic, écuries, fumier, poules, caves]

moissey, été 1987.

 

suite de l'Hospice Saint Antoine: l'hospice Saint-Antoine, 9 rue du Dieu de Pitié

vers 1920

La jeune soeur de Marcelle Miroudot, vers 1920, chez le photographe.

vers 1925

Marcelle Miroudot et sa jeune soeur (disparue à l'adolescence), vers 1925.

vers

Marcelle Miroudot et son mari, Pierre Châtelain

vers

Pierre et Simon Châtelain et un autre

1954

Marcelle et sa petite protégée, Arlette Robinet, en août 1954. (Arlette est née en 1949).

1954

Arlette Robinet et Marcelle Châtelain, devant l'entrée principale du couvent "Saint-Antoine", AB 202.

1954

La vache, Marcelle et Arlette devant AB 203. On voit à l'arrière l'ancienne "buanderie" de AB 203.

vers

Marcelle dans la maison de son enfance et de sa retraite d'agricultrice (devant AB 202)

le couvent des Antonins, photo de situation, en 2003

Tout l'Hospice Saint Antoine à Moissey, les 3 segments, AB 202, 203 et 204

l'hospice des Antonins (contruction ou reconstruction de 1612 à 1692), état en 2003

 

Partie AB 202-à gauche, croisées d'ogives au rez-de-chaussée, sur une seule grande pièce et plafond français à l'étage; pas de date apparente, mais certainement contemporaine de la partie "AB 203-en bas". 2 caves jumelées, l'une sous la grande pièce, l'autre sous le porche AB 202-à droite.

Partie AB 202-à droite, bâtiment de service agricole, voûte en berceau sur "écurie" et greniers à foin au dessus.

 

Partie AB 203-en bas, croisées d'ogives sur deux pièces devant, 2 voûtes en berceau derrière; date d'une clé de voûte: "1615" à la cuisine, "1617" dans la chambre. Pas de cave.

Partie AB 203-en haut, étage vraisemblablement inexistant lors de la fondation. Plus tard, plafond en planches.

 

Partie AB 204, plafond en "corbes" en bas et en haut. Date sur le linteau de l'entrée Est: "1692", qui établirait la postériorité de cette construction. Plaque de cheminée "Claude Siregui 1688". Cave sous la moitié sud du bâtiment.

Cette construction pourrait être strictement contemporaine de l'étage d'à côté, AB 203-en haut.

dans le segment du milieu, soit "AB 203-en bas"

AB 203-en bas-1: Dans la première pièce, contenant la cheminée et la buanderie, inscription congrégationnelle "1615"

AB 203-en bas-2: Dans la deuxième pièce, plus résidentielle, inscription congrégationnelle "1617"

dans le segment Est, soit "AB 204-"

Sur l'entrée Est, on lit: + 16 C T S 92 + (le T, c'est le TAU)

l'hospice ou couvent Saint-Antoine, contre la maison fondatrice, vers 1692, [AB 204]

voici le "tau" [T] dans toute sa majesté...

au bout de la parcelle 207, maison appartenant peut-être aux Antonins

Au bout de la parcelle 2007, cette maison presque carrée, à 4 pans, dite maison des Chaniet, sur le linteau de cette porte arrière, on peut lire "17 + 62", la date et la croix chrétienne.

le linteau révélateur de la date: "17 + 62"

La maison dite des Chaniet, au bout de la parcelle 207, faisait puits commun avec la maison Miroudot: le puits est coupé en deux par le mur mitoyen. Au fond du puits, une citerne non encore explorée. On lit sur ce linteau de porte de derrière 17 + 62, la date 1762 et une croix en forme de signe plus. Cette inscription ne semble pas être née de la main d'un tailleur de pierres...

la maison dite des Chaniet, en 2008, propriété de la famille d'Henriette Chateau

à l'intérieur de la maison des Chaniet, une cheminée sans four, mais avec (à gauche) un cendrier; on lit sur le linteau de cette cheminée, de gauche à droite: 1-fleur-6-P-IHS-S-6-fleur-3, ce qui nous dit en plus clair que la date est 1663, donc contemporaine de l'édification de l'Hospice Saint-Antoine du 9 et 11 de la rue du Dieu de Pitié, et que les initiales du commanditaire sont P et S

Marcelle Châtelain, par Fabienne Gidoudeaux, sa jeune voisine.
Saints et champignons hallucinogènes & Hospice Saint-Antoine (Isabelle Perrin)
Depuis Saint-Antoine l'Abbaye-Isère & Hospice Saint-Antoine (Isabelle Perrin)
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la maison paroissiale, dite de Marie Gaillard, 7 rue basse
la maison Poirot, 12 rue haute
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