la
maison Ernestine Durot [AB
203]
Dans ce grand ensemble qu'on
soupçonne être un couvent ou un hospice, le
morceau du milieu est formé de deux
éléments qui n'ont pas été
élevés en même temps.
le
rez-de-chaussée, les caves
La lecture de la façade
nous pousse à penser que le rez-de-chaussée
est contemporain de la maison Miroudot [AB 202].
Les deux pièces qui donnent sur la rue du Dieu de
Pitié sont sous croisées d'ogives, 3 pour
la première, avec une clef de voûte
marquée aux lettres de Jésus, Marie et
l'année 1615, et une cheminée monumentale,
et 2 pour la seconde, avec une clef de voûte
marquée aussi aux monogrammes du Christ et de sa
mère et à l'année 1617 et les traces
d'une cheminée et d'un four (four dont le cul
aurait été posé, tout seul, sur la
parcelle 204, encore vide).
Ces voûtes ne sont pas
aussi belles que celle de la maison voisine. Le jeune
couple qui a acquis cette habitation vers 1990 a dû
plâtrer ces plafonds tellement les pierres
étaient irrégulières. Le promoteur
de 1615-617 commençait-il à manquer de
moyens financiers ? Les nervures sont plus
imparfaites et les culots diversifiés, comme si on
avait fait les fonds de tiroirs.
Quatre corbeaux en
façade laissent supposer que des chéneaux
en bois y reposaient, et ainsi, que le premier
étage n'existait pas au moment de la construction.
D'ailleurs aucun escalier ne conduit à
l'étage.
Les deux pièces ne
donnant pas sur la rue sont nommées caves, et sont
voûtées en berceau. En
réalité, il n'y a pas de cave sous cette
maison, ou parce que la roche ne l'a pas permis ou parce
que la cave en deux parties de AB 202 serait suffisante.
Deux grandes fenêtres presque carrées (140 x
160), maintenant rectangulaires, à meneau,
laissent entrer la lumière, mais ne permettaient
guère aux passants de regarder dedans, puisque la
pierre d'appui se trouvait à plus d' 1,90 m du
sol.
En regard de la première
pièce, celle qui contient une grosse
cheminée, une porte étroite ouvrait sur un
appentis posé sur la rue, et qui contenait une
pierre d'évier se jetant sur le caniveau local.
Cet appentis a été démonté
vers 1967, mais sa présence est attestée
par des photos particulières et des cartes
postales.
Dans la pièce qui fut
achevée en 1617, on voit encore des nervures
entaillées qui pourraient être le signe de
la présence d'un baldaquin, ou d'un gros meuble de
mêmes dimensions.
L'accès à ce
rez-de-chaussée se fait par un joli porche, qui
dessert aussi une entrée dans la tour voisine. Cet
accès est une porte Louis XIII en chêne, qui
pourrait bien être d'origine, attendu qu'elle
était très à l'abri des
intempéries.
L'existence de ce porche
distributeur oblige à penser que les
rez-de-chaussée 202 et 203 ont été
érigés en même temps. Notons que
jadis, ce joli porche était fermé par une
grosse porte à deux battants, des traces de gros
gonds nous le disent.
l'étage, le
grenier
L'étage aurait
été bâti plus tard, et plutôt
à l'économie. Il s'agit de poutres de
sapins et de grosses planches. Sous ce plancher, on voit
aisément le sommet des voûtes du
rez-de-chaussée ainsi que quantité de
déblais de construction. En façade, les
fenêtres ont été alignées avec
celles l'étage de 204, par un médecin
Sireguy qui aurait voulu faire un local professionnel
avec les deux étages, l'un de 203, l'autre de 204.
A l'arrière, on a construit un four dont nous
avons vu de beaux vestiges, et un escalier
extérieur pour faire communiquer le haut et le
bas. Cet escalier était couvert par un
prolongement de la toiture nouvellement
créée. Couvert mais pas
fermé.
La charpente n'offre rien de
remarquable, elle est composée de deux grosses
fermes comme on en voit un peu partout, ce qui nous fait
dire que ce chantier aurait été
réalisé avec des moyens qui
n'étaient pas somptuaires.
Si on considère les
inscriptions du linteau de 204, côté Est, on
peut croire que cette surélévation a
été faite en même temps que
l'étage de 204, c'est-à-dire entre 1688
(date d'une plaque de cheminée) et 1692, date du
linteau, avec les initiales de Claude Sireguy et la
présence, au beau milieu de l'inscription, d'un
magnifique
TAU,
symbole de l'Ordre de Saint-Antoine.
"Conclusion
provisoire: à propos de l'étage manquant
de AB 203 et la maison AB 204, ces deux
éléments sans croisées d'ogives,
sans plafond à la française, sans
charpente "marine", Ivan Perrin suggère que ces
ajouts sont postérieurs et commandés par
un certain Claude Sireguy, qui signe sa construction
sur un linteau de l'entrée Est [ + 16 C
T
S 92 +] d'une part et sur une belle plaque de
cheminée [Claude Siregui 1688] d'autre
part."
Une ambiguité demeure:
ce Claude Sireguy aurait-il bâti pour son propre
compte ou pour celui de l'Ordre des chanoines
hospitaliers ? Doit-on tenir compte que les uns
secouraient les malades et que l'autre était
médecin ?
Sur le plan cadastral de 1824,
les éléments AB 203 et AB 204 sont les deux
sous le même numéro.
Le projet de rencontrer un jour
des archives diocésaines laisse à penser
que tout n'a pas été dit sur ce
couvent-hospice.
La question qui demeure est la
suivante: dans notre affaire, la Croix des Templiers
apparaît en 1612 et le Tau des Antonins
apparaît en 1692. Donc les Antonins deviennent
membres de l'Ordre de Malte alors que ces dates nous font
penser à une chronologie inverse. Depuis
l'année 1777, l'Odre de Saint-Antoine a rejoint
celui de Malte, qui existe toujours, et auquel chacun
peut adhérer si le coeur lui en dit.
L'explication qui subsiste
serait que la réunion des deux Ordres aurait pu
avoir lieu, localement, bien avant 1777,
c'est-à-dire entre 1612 et
1692... ?
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