devant le
théâtre Marigny - dimanche 28 octobre
2007-
Patrice Ducordeaux est
décidément un redoutable platonicien: on
avait évoqué dans l'article "Courbet chez
Grévy" la dialectique ascendante, et maintenant,
il obéit au précepte inscrit sur le fronton
de l'Académie: "Que nul n'entre ici s'il n'est
géomètre!".
Voici donc le petit
exercice auquel il s'est livré:
Tracez un
quadrilatère ayant pour sommets l'Arc de Triomphe,
le Palais de l'Elysée, le Louvre, et le Grand
Palais. Tracez-en les deux diagonales, et plantez votre
décor sur leur point de concours!
C'est là
précisément, dans le site prestigieux des
jardins du théâtre Marigny que la troupe
"Alter Ego" a pu donner deux représentations
exceptionnelles, à 14 h 30 et 16
h.
Une invitation officielle
émanait de la Ville de Paris, mais il a fallu un
dossier conséquent et argumenté, puis
montrer patte plus blanche que blanche pour obtenir
l'accord de la Préfecture de Police, qui redoute
dans ces lieux tout rassemblement pouvant créer un
trouble à l'Ordre Public.
Réhabiliter Courbet
auprès des Parigots était un sacré
défi, il fallait être à la hauteur...
et le moindre incident technique ou humain pouvait tout
compromettre.
Et bien, à la
hauteur,
ILS L'ONT
ETE!
Tout a commencé par une
déambulation surréaliste du cortège
funèbre qui est parti du théâtre
Marigny, a longé puis traversé les
Champs-Elysées, s'est installé sur les
marches du Grand Palais (où se tient la magnifique
rétrospective Courbet), puis est retourné
sur le lieu du spectacle sous le regard
médusé, étonné ou/et
admiratif des innombrables promeneurs et visiteurs de
l'exposition; sachant que, dans ce secteur, 50 % des
humains ont un appareil photo ou un camescope
greffé au bout de la main,
l'événement passera forcément
à la postérité...
Puis au son impérieux et
fédérateur des Carmina Burana, des
spectateurs ont afflué de tous côtés,
en tout entre 400 et 500 personnes ont assisté
à l'une des deux
représentations.
L'accueil des Parisiens a
été très favorable, certaines
personnes ont exprimé leur émotion face
à cette initiative; les acteurs ont ressenti
beaucoup de fierté à défendre ce
peintre franc-comtois avec qui ils ont tissé des
liens très étroits, et qui était mis
à l'honneur tout près d'eux, de l'autre
côté des Champs;
... et ce jour-là, le
ciel était, comme l'auteur du Temps des Cerises,
clément (allez, j'ai osé!)...
Il faut noter que toutes les
représentations ont bénéficié
d'une météo exceptionnelle et
inespérée... mon obscurantisme me ferait
presque dire qu'un ange gardien barbu et costaud veillait
sur la troupe...
... celle-là même
qui ressent la satisfaction de la mission accomplie;
celle d'avoir, comme Courbet, apporté du plaisir,
de la culture et de la beauté au plus grand
nombre... une démarche complètement
humaniste et bénévole.
Le retour aux sources se fera
à la salle Gérard Philipe de Tavaux, le
vendredi 30 novembre à 20 h 30, pour une ultime
représentation, au profit du
Téléthon.
La boucle sera
bouclée...
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