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village de moissey, deuxième chantier de fouilles de la tuilerie, été 2006

tuilerie gallo-romaine: la résurrection-VI

ré-ouverture du chantier 10 juillet-12 août, semaine du 7 au 12 août

mon journal tuilier, par Christel Poirrier

la tuilerie gallo-romaine, voir les articles de 2001


semaine I, du lundi 10 au dim 16 juil 2006
semaine II, du lundi 17 au dim 23 juil 2006
semaine III, du lundi 24 au dim 30 juil 2006
semaine IV, du lun 31 juil au dim 6 août 2006
semaine V, du lundi 7 au samedi 12 août 2006
semaine VI, du lundi 21 au samedi 26 août 2006
tegulogénèse, à l'école, le mardi 25 juillet 2006
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36. journal tuilier: l

lundi 21 août 2006,

 

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37. journal tuilier: c'est l'apogée

mardi 22 août 2006,

 

C'est l'apogée (un apogée)

Ce mardi 8 août devrait marquer un tournant dans la session 2006 de la fouille du site tuilier. Les fouilleuses qui cherchaient à mettre en évidence les deux fossés sont parvenues à leurs fins.

Les tuiles brûlées qui constituaient le carreau de la sole ont été retirées. Le spectacle était impressionnant. Seulement, en début d'après-midi, une bande de pirates (un pirate) a défiguré tout cela en prélevant la belle théorie de tegula qui faisait la magnificence du four 7 la veille. Donc le four 7 est bien entamé, et on peut dire que jamais plus il ne reprendra allure humaine de four. Des protestations s'élèveront et des larmes couleront, mais l'opération est irréversible.

Parmi d'autres nouvelles qui elles ne sont pas mauvaises.

Christian Faivre est venu avec son tracteur et la tonne communale pour pomper l'eau. Il a fallu poursuivre l'opération, en début d'après-midi avec l'attelage de Michel Cucherousset. A la même heure, un manitou qui passait par là nous a fait la bonté de déloger une petite butte qui gênait la restitution des frontières entre la parcelle archéologique et le terrain de M. Michel Bourges. Avec, par-dessus tout cela, la visite du Maire Michel et de l'Adjoint René.

On attendait l'après-midi la venue d'Emilie, une spécialiste de la palinologie (science qui étudie les pollens), mais elle devait venir mercredi, mais le chef des fouilles croyait que nous étions (surtout lui) mercredi alors que nous n'étions que mardi, donc elle viendra demain, si tant il est certain que demain sera mercredi et plus mardi. Voilà, pour ceux que ça intéresse.

Christian Faivre et Fabrice aux prises avec le monstre.

le maire Michel fait tourner la pompe rien que par l'imposition de la main gauche

Christine déplastifie la parcelle de M. Michel Bourge. Moissey penche encore à gauche

Marion et Isabelle dans la dernière ligne droite

Natalia hace una bonita sonrisa para su madre

le manitou de la maison Marcel Richard nique la grosse taupinière qui était sur la limite de la parcelle maintenant communale

la bête bleue de Michel Cucherousset au refoulement de l'eau

le dernier sourire du four 7

un archéologueur et une archéologueuse (qui seraient de mèche) commencent discrétos la délocalisation du four 7

et voilà le boulot, si on peut appeler ça du travail, four meurtri et édenté

tessonnement de groupe, le soir, avec en plus Camille et Morgane. Splendeur: des macotecs partout !

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38. journal tuilier: sur le chantier, que des pros

mercredi 23 août 2006,

 

sur le chantier, que des pros

L'atelier de tessonnage marchant plein pot, le bout d'hectare gallo-romain a dû se satisfaire du personnel disponible.

D'un côté, rénovation de la paroi de lecture contre les poules de la Bénédicte: cette paroi avait été un peu bouriaudée par une pelleteuse de passage, alors il a fallu la nettoyer et la redresser tant bien que mal.

De l'autre (côté), les démolisseurs de fours, ce couple infernal qu'on a vu dans ses vilaines oeuvres hier, ont recruté une troisième roue pour accomplir la malédiction (voir l'image).

 

les visites du jour:

Anne-Marie et Michel Bourge, anciens propriétaires de la parcelle archéologique sont venus dire bonjour, les gendarmes de Moissey-Orchamps sont passés sur la route de Paris (CD 37), mais ne se sont pas arrêtés, Emile Cucherousset, la génération forces vives du GAEC d'à côté, a fait un crochet avant d'aller déjeuner,

enfin, à 14 h, une éminente maître de conférence de l'université bisontine a tenu un sommet avec Fabrice Charlier. Il s'agit de Emilie Gauthier (maître de conférence, labo de chrono-écologie, UMR 6565-CNRS, Université de Franche-Comté) qui est venue en voisine mais surtout en palynologue (palynologie = étude des pollens). Rien n'a filtré de l'entretien, mais soyez sûrs que nous veillons au grain.

Notez Bien. Si vous avez la possibilité de taper "macotecs" (au pluriel) sur votre Gogol, vous constaterez que la filiation avec Fabrice Charlier est dornénavant parfaitement bien établie.

Les diaboliques ont trouvé du renfort pour que le destin s'accomplisse. Remarquons qu'ils ont poussé l'espièglerie jusqu'à maintenir (respecter) les "cloisons" naturelles qui se sont installées dans les interstices des tegula brisées.

les diaboliques assurent l'avenir de la destruction en formant la génération montante.

un honnête moisseyais en train de travailler à la main là où la pelle mécanique a chougné. image©20-100 (Vincent P.)

Satan en personne, qui l'eût cru ? C'est lui, l'inventeur des macotecs.

Emilie Gauthier, palynologue, en grande conversation avec le maître Fabrice Charlier.

 

A notre demande, Emilie Gauthier nous a écrit ce qui suit:

Le palynologue (avec un y, j'insiste) est un spécialiste des grains de pollen. Dans certaines conditions, le pollen se conserve dans les sédiments. Identifier ces grains de pollen permet de reconstituer la végétation telle qu'elle était il y a 100 ans, 2000 ans ou 15 000 ans.

Pour récupérer le pollen, le palynologue va effectuer des forages à l'aide d'un carottier, de préférence dans une zone humide (lacs, tourbières, mares... le pollen se conserve bien en condition humide et anaérobie), où le remplissage sédimentaire est régulier. Des prélèvements de sédiments seront effectués selon une maille régulière (tous les 4 cm) et les sédiments seront soumis à une préparation chimique pour extraire le pollen. Les grains de pollen, pour chaque échantillon, sont ensuite comptés et déterminés au microscope; enfin on calcule les pourcentages de chaque espèce. Le but est de construire un diagramme pollinique qui permettra, par le biais des pourcentages polliniques, de connaître et de suivre l'évolution de la végétation. Cette évolution se fait sous la contrainte de deux facteur essentiels: le climat et l'Homme (à partir du moment où il devient agriculteur).


A Moissey, il sera difficile de faire un forage sur le site archéologique mais quelques analyses ponctuelles d'échantillons sédimentaires prélevés dans la stratigraphie permettront peut-être de se faire une idée de la végétation (forêt, cultures, défrichements avancés ?) autour de la tuilerie au moment où celle-ci fonctionnait. Les grains de pollen ont en effet des difficultés à se conserver correctement dans le sédiment archéologique. Ce dernier comporte souvent des traces d'oxydation (traces ocres) et le pollen se détruit rapidement en présence d'oxygène. Une prospection autour du site permettra peut-être de repérer un remplissage sédimentaire (mare ou paléoméandre) propice à la conservation des grains de pollen. Un forage de ce type (si le remplissage est contemporain du fonctionnement de la tuilerie) permettra de mesurer l'impact de cette activité (ampleur des défrichements par exemple) sur l'environnement végétal local.

Pour en savoir plus, il y a un cours de palynologie disponible sur le site du laboratoire de Chrono-Écologie (aller dans "productions scientifiques" puis "cours"). J'ai également mis un tableau chronologique avec l'évolution de la végétation au cours des 15 derniers millénaires et pour les courageux, il y a un cours de paléoclimatologie pour connaître toutes les méthodes qui permettent de reconstituer l'histoire du climat.

 

Émilie Gauthier

Maître de Conférence à l'Université de Franche-Comté

Laboratoire de Chrono-Ecologie, UMR 6565/CNRS, Faculté des Sciences et Techniques

16 route de Gray, 25030 Besançon cedex

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39. journal tuilier: vers la suspension de séance

jeudi 24 août 2006,

 

vers la suspension de séance

Ce jeudi matin, coloré d'abord puis bien vite gris, Fabrice Charlier et son équipe ont enclenché la procédure d'endormissement du site tuilier. Cette année, l'opération sera moins morne qu'en 2001, puisque c'est avec plus de certitude que le rideau sera tiré. En effet le chef a déjà dans sa perspective un retour à Moissey en 2007, à condition bien sûr que la Commission qui autorise les fouilles soit de cet avis et qu'un financement adéquat soit découvert. Selon ce que nous savons, les chances d'un prochain retour sont fortes.

L'aire de service du gros four 6 vient de recevoir sa tôle protectrice et la protection du four 7 est maintenant à l'étude. Les travaux ne sont bien sûr pas achevés: pour cette année, il reste à l'archéologue de procéder à des relevés stratigraphiques sur les deux parois verticales qui viennent d'être nettoyées jusqu'à apporter un indice de lecture correct.

A 11 h, Christine et Fabrice ont rejoint pour la journée la capitale comtale, pendant que Natalia et Marion s'affairaient autour des derniers lots de tuiles à rénover.

Ce soir, au caveau ou dans la cour de l'école, les hôtes de Moissey, Foyer Rural et Mairie, offriront une soirée pizzas à l'équipe fouilleuse-chercheuse.

 

le départ de Natalia

Natalia, 21 ans, est une Colombienne établie à Paris depuis 3 années, où est elle en études d'archéo, première année, à Paris IV. Pour ce qui est de la forme de son séjour à Moissey, elle est très satisfaite de l'accueil, de l'hébergement et heureuse d'avoir rencontré des "campagnards français" pur jus... La vie du groupe de fouilleurs lui a plu.

Pour ce qui est du fond, elle nous dit que son directeur de fouilles est un grand professionnel, patient, pédagogue. Mais elle regrette que cette affaire de tuiles ne soit pas plus en prise proche avec la civilisation des gallo-romains dont on parle. "les tuiles, les fours, ne sont que des objets, on aurait aimé en savoir plus sur les gens". Pour ce qui est de l'aspect ethnologique, elle pense que le chef des fouilles en sait peut-être plus qu'il n'en dit.

"J'ai pris conscience du travail sur le terrain, parfois ingrat, mais qui me renforce dans mon idée d'être archéologue, par contre, j'aurais aimé en savoir plus sur la vie de l'archéologue, aspect qui pas été abordé ces dernières semaines".

Reviendrait-elle à Moissey l'année prochaine ? Malgré sa satisfaction, elle pense que non car il y a tellement encore d'autres choses à faire et à voir que des tuiles du IIe siècle.

 

le repas de fin de fouilles, organisé par le foyer rural

La Marie-Noëlle n'y était pas, mais elle a approvisionné, le René y était, il a trouvé le camion Miconnet pour rapporter un assortiment de pizzas. Bien sympathique ce repas de 11 personnes dans ce grand caveau, qui réunissait le maire et son adjoint, les fouilleurs de l'équipe, deux fouilleuses du soir et deux faux-fouilleurs autochtones.

le photographe est le bienvenu. Fabrice est sur l'aire de service du gros four 6.

Marion et Natalia ont optimisé leur poste de tessonnage, pour nettoyer et trier leurs macotecs.

le repas de fin de fouilles offert et organisé par le Foyer Rural

Les mêmes, qui ont changé de côté

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40. journal tuilier: sous la pluie, les funérailles du four 7

vendredi 25 août 2006,

 

sous la pluie, les funérailles du four 7

Pour finir, le four 7, il n'est pas encore mort. Ils lui ont fait une sépulture conservatoire comme ils auraient fait à Toutenquamon. Avec des piliers d'agglos, des madriers, des chevrons, tout comme une toiture civile: le four dort sous une bâche noire et des tôles galvanisées. Propre sur lui, avec comme souvêtement tout ce qu'il faut de bidim pour qu'il reste au propre. Une obsèque de première classe. L'émotion se lisait dans ses yeux (les yeux du chef!). La pluie a bien essayé d'y ajouter le détriment, mais rien n'y a fait.

Reste pour le chef à exécuter encore des dessins, ce qu'il fera samedi si le temps le permet.

agglos, madriers et chevrons feront bien l'affaire

en vert la petite Marion, en rouge la petite Natalia

en jaune, le maître et en rayé bleu-blanc, Christine

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41. journal tuilier: le jour dernier

samedi 26 août 2006,

 

le jour dernier, rangements et préparation des bagages

Ce matin de samedi, le temps n'était pas aussi pourri que redouté. L'équipe de fouilles s'est scindée en deux: sur le terrain Fabrice et Christine se sont livrés aux délices des mesures topographiques (altimétrie si on en croit ce qu'on voit) alors que Natalia et Marion rendaient une nouvelle jeunesse aux outils encore glaiseux de tant d'aventures.

Il est vraisemblable que les clés du chantier seront raccrochées aujourd'hui, avant que la nuit tombe.

 

le départ de Marion

Marion nous a confié quelques petites choses qu'elle pensait d'elles et d'eux, entre autres. Marion a 21 ans, elle est en licence de sociologie, anthropologie et elle rentre en 3e année à l'Université de Besançon. Après sa licence, elle compte faire un master (en Espagne si possible) d'anthropologie générale ou des religions (axée sur le chamanisme) avec comme finalité la recherche, soit en Sud-Amérique, soit en Afrique.

Elle est arrivée sur la tuilerie de Moissey par un concours de circonstances (bienheureux) car elle n'avait pas inscrit l'archéologie dans son projet. Son séjour à Moissey lui a été agréable, tant au plan de l'accueil, de la vie de tous les jours, de la vie en groupe et du travail. A la question terrible "referais-tu un tel séjour, au même endroit et avec les mêmes spécificités" elle répond sans hésiter "oui, pourquoi pas".

Le seul petit regret qu'elle expose est qu'elle a loupé la "rentrée" car elle est arrivée une semaine après le début de la session pour raison de BAFA, et elle a eu l'impression qu'il lui manquait des éléments du puzzle.

Au terme de notre conversation, Marion m'a demandé "et toi" ? J'ai répondu: "j'ai tout aimé, tout".

Marion comme Natalia mettront un terme à cette expérience dimanche matin, en même temps que tout le monde.

la dame est à la visée horizontale et le monsieur au poteau cranté, et roule ma poule.

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42. journal tuilier: manchedi pour soi, à l'assaut des transports

manchedi 27 août 2006,

 

à l'assaut des transports

Puisque c'est le dernier jour, on est obligé de vous dévoiler quelques éléments du veau qu'a bu l'air.

manchedi, c'est dimanche,

tessonner, c'est traiter les tessons (débris de tuiles), ou des macotecs

macotecs, matériaux de construction en terre cuite

l'hypo-trou, c'est un trou dans le trou.

Ce manchedi matin, la parcelle tuilière et potière n'a pas eu ses visiteurs-fouilleurs-creuseurs-chercheurs, puisqu'ils étaient occupés à des scènes de rangement et des scènes de ménage... A 14 h, nous avons surpris l'équipe minimale dans le pré-ambule du grand caveau communal, en scène d'alimentation, où l'échange des adieux ou des au-revoir s'est accompli, comme dit dans la prophétie.

le 13 août 2006, tout est rangé, bouclé, scellé. Le petit four 7, qui n'a pas encore livré tous ses secrets, repose sous la bâche nouare.

le dernier repas: la littérature appelle ce repas la scène...

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le site en septembre 2001

Vue aérienne du site tuilier. (Voir en plein écran)

Vue aérienne du site tuilier. (Voir en plein écran). On verra aisément les fours 7 et 6 en agrandissant cette image. dessin © Fabrice Charlier et Véronique Brunet-Gaston-2001

semaine I, du lundi 10 au dim 16 juil 2006

semaine II, du lundi 17 au dim 23 juil 2006

semaine III, du lundi 24 au dim 30 juil 2006

semaine IV, du lun 31 juil au dim 6 août 2006

semaine V, du lundi 7 au samedi 12 août 2006

semaine VI, du lundi 21 au samedi 26 août 2006

tegulogénèse, à l'école, le mardi 25 juillet 2006

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