31.
journal tuilier: sur le chantier, que des
pros
|
mercredi
9 août 2006,
|
|
|
sur le
chantier, que des pros
L'atelier de
tessonnage marchant plein pot, le bout d'hectare
gallo-romain a dû se satisfaire du
personnel disponible.
D'un
côté, rénovation de la paroi
de lecture contre les poules de la
Bénédicte: cette paroi avait
été un peu bouriaudée par
une pelleteuse de passage, alors il a fallu la
nettoyer et la redresser tant bien que
mal.
De l'autre
(côté), les démolisseurs de
fours, ce couple infernal qu'on a vu dans ses
vilaines oeuvres hier, ont recruté une
troisième roue pour accomplir la
malédiction (voir l'image).
les visites du
jour:
Anne-Marie et Michel
Bourge, anciens propriétaires de la
parcelle archéologique sont venus dire
bonjour, les gendarmes de Moissey-Orchamps sont
passés sur la route de Paris (CD 37),
mais ne se sont pas arrêtés, Emile
Cucherousset, la génération forces
vives du GAEC d'à côté, a
fait un crochet avant d'aller déjeuner,
enfin, à 14 h,
une éminente maître de
conférence de l'université
bisontine a tenu un sommet avec Fabrice
Charlier. Il s'agit de Emilie Gauthier
(maître de conférence, labo de
chrono-écologie, UMR 6565-CNRS,
Université de Franche-Comté) qui
est venue en voisine mais surtout en palynologue
(palynologie = étude des pollens). Rien
n'a filtré de l'entretien, mais soyez
sûrs que nous veillons au
grain.
Notez
Bien. Si vous avez la possibilité de
taper "macotecs" (au pluriel) sur votre
Gogol, vous constaterez que la filiation avec
Fabrice Charlier est dornénavant
parfaitement bien établie.
|
|
|
Les diaboliques ont trouvé du renfort pour
que le destin s'accomplisse. Remarquons qu'ils ont
poussé l'espièglerie jusqu'à
maintenir (respecter) les "cloisons" naturelles qui
se sont installées dans les interstices des
tegula brisées.
|
|
|
|
les diaboliques assurent l'avenir de la
destruction en formant la génération
montante.
|
|
|
|
un honnête moisseyais en train de travailler
à la main là où la pelle
mécanique a chougné.
image©20-100 (Vincent P.)
|
|
|
|
Satan en personne, qui l'eût cru ?
C'est lui, l'inventeur des macotecs.
|
|
|
|
Emilie Gauthier, palynologue, en grande
conversation avec le maître Fabrice
Charlier.
|
A notre
demande, Emilie Gauthier nous a écrit ce
qui suit:
Le palynologue (avec
un y, j'insiste) est un spécialiste des
grains de pollen. Dans certaines conditions, le
pollen se conserve dans les sédiments.
Identifier ces grains de pollen permet de
reconstituer la végétation telle
qu'elle était il y a 100 ans, 2000 ans ou
15 000 ans.
Pour
récupérer le pollen, le
palynologue va effectuer des forages à
l'aide d'un carottier, de
préférence dans une zone humide
(lacs, tourbières, mares... le pollen se
conserve bien en condition humide et
anaérobie), où le remplissage
sédimentaire est régulier. Des
prélèvements de sédiments
seront effectués selon une maille
régulière (tous les 4 cm) et les
sédiments seront soumis à une
préparation chimique pour extraire le
pollen. Les grains de pollen, pour chaque
échantillon, sont ensuite comptés
et déterminés au microscope; enfin
on calcule les pourcentages de chaque
espèce. Le but est de construire un
diagramme pollinique qui permettra, par le biais
des pourcentages polliniques, de connaître
et de suivre l'évolution de la
végétation. Cette évolution
se fait sous la contrainte de deux facteur
essentiels: le climat et l'Homme (à
partir du moment où il devient
agriculteur).
A Moissey, il sera difficile de faire un forage
sur le site archéologique mais quelques
analyses ponctuelles d'échantillons
sédimentaires prélevés dans
la stratigraphie permettront peut-être de
se faire une idée de la
végétation (forêt, cultures,
défrichements avancés ?) autour de
la tuilerie au moment où celle-ci
fonctionnait. Les grains de pollen ont en effet
des difficultés à se conserver
correctement dans le sédiment
archéologique. Ce dernier comporte
souvent des traces d'oxydation (traces ocres) et
le pollen se détruit rapidement en
présence d'oxygène. Une
prospection autour du site permettra
peut-être de repérer un remplissage
sédimentaire (mare ou
paléoméandre) propice à la
conservation des grains de pollen. Un forage de
ce type (si le remplissage est contemporain du
fonctionnement de la tuilerie) permettra de
mesurer l'impact de cette activité
(ampleur des défrichements par exemple)
sur l'environnement végétal local.
Pour en
savoir plus, il y a un cours de palynologie
disponible sur le site du laboratoire de
Chrono-Écologie (aller dans
"productions scientifiques" puis "cours").
J'ai également mis un tableau
chronologique avec l'évolution de la
végétation au cours des 15
derniers millénaires et pour les
courageux, il y a un cours de
paléoclimatologie pour connaître
toutes les méthodes qui permettent de
reconstituer l'histoire du
climat.
Émilie
Gauthier
Maître
de Conférence à
l'Université de
Franche-Comté
Laboratoire de
Chrono-Ecologie, UMR 6565/CNRS, Faculté
des Sciences et Techniques
16 route de
Gray, 25030 Besançon
cedex
|
|
|