la fontaine-abreuvoir
et la croix pattée,
au mur de l'ancien
cimetière.
Les croix en arkose, (pierre
meulière plus simplement nommée
"grès vosgien") qui jalonnent le pourtour du
massif de la Serre, ont toutes cette commune
particularité d'avoir des membres qui
s'évasent, et souvent d'être
érigées sur une meule couchée, du
même bois. Jean Michaud de Brans, président
de l'association de sauvegarde de ces croix en a
répertorié 43.
Si Frasnes-les-Meulières
en compte une septaine, Moissey n'en a qu'une, qui
siégeait encore en 1964 sur le mur de l'ancien
cimetière, entre la première école
(AB 436) et l'église, au-dessus d'une fontaine en
"grès vosgien".
En 1607, on note
l'érection de la haute croix de pierre de l'ancien
cimetière, au porche de l'église, qui sera
classée en 1907 (calcaire, style
renaissance).
Le plan cadastral de 1824
montre un vaste cimetière encerclant
l'église: à ce moment, la fontaine n'existe
pas.
En 1870, un grand nombre de
cimetières qui cernaient leur église ont
été transférés dans la
périphérie des agglomérations. Il
faut dire que la seconde partie du XIXe siècle a
vu de grands progrès dans l'hygiénisation
des villes et des campagnes, par la construction de
caniveaux, de fontaines et par l'excentrement des
cimetières qu'on jugeait trop au milieu des
villages. "Le nouveau cimetière, terminé en
1868, accueillit sa première inhumation en 1871"
(monographie Edmond Guinchard, 1913).
La croix pattée de
Moissey siégeait sur le mur nord de l'ancien
cimetière, juste en face du bas de la rue haute,
nommée jadis rue d'amont. Est-elle arrivée
là, comme croix de derrière, en 1607, en
arkose parce que justement au prix "fourniture
locale" ? Rien ne permet ni de l'affirmer, ni de
l'infirmer. Mais pourquoi pas. Ce mur mesurait 1,80 m de
hauteur, dont un chapeau de 18 cm
d'épaisseur.
La désaffection du
cimetière n'a entraîné la
démolition du mur d'enceinte que des
décennies plus tard.
En 1880, le captage des eaux de
Melay a permis l'installation de deux
fontaines-abreuvoirs, la première en haut de la
rue haute (parcelle AB 211, contre AB 210) sur un bac en
fonte, la seconde contre le mur du cimetière,
à l'aplomb de la croix pattée, avec une
auge en arkose de 230 cm de long, 65 cm de large (largeur
intérieure de 40) et un peu plus de 45 cm de
haut.
En 1925, la vue aérienne
produite par l'armée de l'air montre deux pans de
mur de cinq mètres chacun, formant angle de 120
degrés, et sur l'un des deux, la croix et l'auge
d'arkose.
La vue aérienne CIM
(Combier Imprimeur Mâcon, autour de 1950) montre
qu'il ne reste plus qu'un des deux pans de mur, celui
auquel est adossé la belle auge
d'arkose.
La photo de Mme Germaine
Caillot, institutrice et épouse de Marcel
Guillaume, faite par Jean-Marcel Téliet, date du
28 juin 1952 et démontre bien que cette fontaine
était le seul point d'eau qui alimentait ce
quartier.
La vue aérienne DDA/IGN
de 1953 confirme cette disposition.
La vue aérienne DDA/IGN
de 1962 montre exactement la même chose, mais
l'image est peu lisible.
Cette fontaine aurait dû
rester théoriquement en fonction jusqu'en 1963,
date de l'adduction de l'eau syndicale. Mais elle a
encore été maintenue, sous le mandat
Maurice Besson, environ deux années pour que la
Marcelle Châtelain puisse abreuver sa vache. C'est
alors que l'auge a été poussée
contre la parcelle 264 (sous le maire Maurice Besson,
puis rachetée vers 1969/70 par Marcel Daudy pour
la mettre dans une de ses pâtures, sous le maire
Léon Désandes) et que la croix a
été déposée au carrefour
CD37-CV02 qui permet d'aller sur Offlanges.
Ces derniers temps (mai 2004),
cette belle petite croix, exceptionnellement ornée
d'un liseré, commençait à pencher au
point de perdre définitivement sa
verticalité.
La municipalité de
Moissey, (maire Michel Delhay) qui avait
décidé, il y a quelques mois (novembre
2003), de son rapatriement dans la zone urbaine, a
profité du passage de l'entreprise de
maçonnerie Marcel Richard, qui refaisait le
crépi de l'école Besson, façade,
tour et pignon Est (AB 266), pour faire procéder
à sa nouvelle érection, au chevet de
l'église, à une quinzaine de mètres
du lieu supposé de son origine (13 mai
2004).
L'auge en arkose a
quitté sa pâture au moment où Marcel
Daudy a pris sa retraite (1993), puisqu'il l'a
installée devant sa maison (parcelle ZB 57). Mme
Daudy y a mis de la terre et des fleurs.
Cette croix, d'une
singulière élégance, contrairement
à la grande majorité de ses
congénères, n'est pas posée sur une
meule d'arkose, mais sur une pierre allongée, un
peu en forme de banc, qui n'était rien d'autre que
le chapeau du mur de l'ancien cimetière, qui avait
été consolidé dès 1810. C'est
donc cet appareil, croix et socle-banc, qui
préside à l'abside de l'église, avec
quatre stèles assez travaillées, rappelant
que tout le pourtour de l'église paroissiale
était réservé, jadis, à ses
défunts, depuis les premières inhumations
jusqu'à 1870).
Actuellement, la croix
pattée de Moissey mesure 121 cm, a une envergure
de 67, ses bras évasés mesurent 25 cm
(larges de 16 à 18 à la racine, pour
terminer entre 24 et 25 cm), son épaisseur va de
22 cm en bas jusqu'à 17 en haut. Le tronc commence
en bas à 36 de largeur pour terminer, au coeur,
à 18 cm. Le socle (chapeau de mur en arkose)
mesure 167 sur 53 cm et a une épaisseur de 15
cm.
La croix et le socle sont
solidarisés par un double tenon en fer
carré, d'environ 30/35 mm de côté. La
partie inférieure traverse presque le socle et la
partie supérieure pénètre dans le
pied de croix d'environ 20 cm, le tout est scellé
au mortier. Si la croix penchait vers l'avant dans son
ancien lieu, c'est parce que le socle, allongé et
étroit, versait lui aussi (relation de Marcel
Richard, maçon à Moissey).
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