[René en
a rêvé, René l'a
fait]
Depuis son arrivée
à Moissey, à l'heure de sa retraite de
directeur d'école, René Delmas a beaucoup
contribué à la restitution de l'histoire du
village. Il s'est principalement illustré dans le
retour des armoieries du marquis de
Chappuis-Rosières, représenté par
une licorne, il a participé à
l'élaboration des panneaux touristiques de la
place (le sentier du tacot), il a suivi de près
les travaux archéologiques de la tuilerie
gallo-romaine de Moissey, il a évoqué le
site d'extraction de la pierre meulière (arkose)
avec l'installation de meules sur la place de la mairie,
il a écrit un essai historique sur le camp
fortifié du Mont Guérin, il a écrit
la page "le Combat de Moissey" du 6 septembre 1944, les
soldats morts de Moissey en 14-18, et aujourd'hui, il
vient d'accoucher du dernier de ses grands travaux, en
élaborant et faisant installer le grand
cadran solaire
analemmatique dont il
rêvait depuis toujours.
C'est le 31 août 2009
qu'avec l'entreprise de Marcel Richard, maçon
à Moissey, il a finalisé le projet qu'il
portait en son sein depuis plusieurs années.
L'affaire n'a pas été simple. Il a fallu
d'abord replonger dans le cours d'astronomie pour tracer
la première épure, dont la principale
difficulté était de tenir compte, bien
sûr, de la latitude (position entre le pôle
et l'équateur), de l'altitude et enfin de la
longitude (position est-ouest) pour se
référer au méridien de
Paris.
Ensuite René a
fabriqué les plots qui donnent les heures (24 en
tout). Comme Johannes Gutenberg, il a créé
de gros caractères d'imprimerie en sculptant du
béton cellulaire, qu'il a ensuite enfoncés
dans du béton ordinaire en cours de
prise.
L'intérieur du cadran
est composé de quatre plaques de 50 sur 100 cm, il
résume les corrections à apporter en
fonction des mois de l'année. Ainsi, il n'y a pas
de "style" central puisque celui-ci se doit d'être
mobile. C'est donc le réquérant de l'heure
qui sert de style, c'est lui qui se met debout sur le
mois choisi et c'est lui qui lit la position de sa propre
ombre l'heure qu'il est.
Ce cadran solaire est une
très belle réussite. Objet d'un très
long travail, tant intellectuel que manuel, il montre une
conception très ingénieuse. Au lieu de
faire un cadran qui ne correspond qu'aux heures diurnes,
René Delmas a choisi d'en faire un appareil
nycthéméral, c'est-à-dire qui
contient les heures de jour comme de nuit. C'est pourquoi
il ne consiste pas en un demi-cercle, mais en un cercle
complet (en réalité une ellipse de 6 m sur
4,40), avec 24 plots, espacés angulairement de 20
degrés dégressifs au nord et au sud, de 11
° à l'est à l'ouest. La
présence de ces 24 plots est une belle aide
(pédagogique) à la compréhension:
ainsi si d'aventure, il prenait au soleil la fantaisie de
briller la nuit, on pourrait voir l'ombre du style
marquer minuit.
Plus tard sera installé
un panneau didactique qui expliquera par le menu la
conception de l'appareil et la bonne manière de
l'utiliser.
Christel
P.
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