la
tuilerie est morte, vive la
tuilerie
C'est
précisément au moment où la
tuilerie gallo-romaine vient d'être
inhumée, pour longtemps, que cet appentis
de mémoire vient d'arriver sur le mur du
presbytère.
L'atelier tuilier
de Moissey, découvert en 2000
après Jésus Christ, par
l'archéologue Luc Jaccottey, au moment du
creusement de la tranchée qui accueille
le gazoduc d'éthylène reliant
Viriat dans l'Ain et Carling en Moselle, a
été fouillé par deux fois
sous l'égide de l'AFAN et plus
précisément par Fabrice Charlier,
éminent tuilologue et maintenant
"Docteur es tegula et
imbrex".
La première
fouille, financée par Atofina
(règle du casseur-payeur), a
commencé le 23 juillet pour se terminer
le 5 octobre 2001, sur la parcelle ZA 49. A ce
moment, le cours du tuyau a dû être
détourné pour permettre de
fouiller la parcelle.
La seconde fouille,
avec des moyens plus légers et des
stagiaires volontaires, s'est
déroulée du 10 juillet au 12
août 2006. Il s'agissait pour Fabrice
Charlier de compléter ses
premières recherches.
La conclusion de
ces travaux nous a appris la présence de
5 fours tuiliers et de 2 fours de potier, autour
du IIIe siècle de notre ère, sur
cette parcelle. Rien n'interdit de croire que
d'autres vestiges dorment sur la parcelle
voisine, exploitée actuellement par le
GAEC de l'Aubépine. Tous ces fours n'ont
pas fonctionné simultanément. L'un
remplaçait l'autre, ou l'un
succédait à l'autre, par
exemple.
Cette année
(2012) la municipalité, sous le mandat du
maire Michel Delhay, a décidé de
profiter du creusement de l'aire de lagunage,
qui faisait de la terre en trop, comme les
taupes, pour recouvrir le champ de fouilles afin
de le protéger et de le réserver
à des fouilles ultérieures.
n'oublions
pas :
Les tuiles qu'on
voit sur cette image aimablement
empruntée à Roland Jean du
Progrès de Lyon ont été
fabriquées par le Docteur Fabrice
Charlier.
La terre, brute,
500 kg, a été donnée par la
Tuilerie Migeon de Lantenne
Vertière.
Elles ont
été cuites dans la Tuilerie de
Bernard Henriot à Corbigny
(Nièvre). Prenez quelques minutes pour
visiter sa
tuilerie post-médiévale qui
fonctionne
encore.
La charpente en
vieux chêne a été construite
et posée par Pascal Lopez et Fils, de
Falletans.
L'appareillage, sur
un plancher de chêne, a été
installé gracieusement par Marcel
Richard, maçon au
village.
Terre brute et
tuiles ont été
véhiculées par Isabelle Perrin,
Adjointe au maire et Permis B.
Cet édicule
n'est pas encore terminé, il doit
recevoir un panneau pédagogique (mode
d'emploi...).
Après la
découverte de 2001, qui a enorgueilli le
village, la question s'est posée de faire
en sorte que tout cela ne tombe pas dans
l'oubli. La conservation du site, mise sous
toiture géante faisait l'unanimité
mais d'un coût pas du tout en rapport avec
l'objet à conserver et les finances
communales et départementales. La
même raison a prévalu lorsque Luc
Jaccottey envisageait d'aménager un
musée de la tuile à
l'entrée du village. C'est finalement
l'appareillage de tégula et imbrex
exposé à l'archéodrome de
Beaune qui a retenu l'attention des aficionados,
qui se comptaient, à Moissey, sur les
doigts d'une seule main.
De plus, la
présence du grand four tuilier de
Villers-Farlay, mis sous cloche, a
contribué à ce que Moissey accepte
l'ensevelissement de son site.
Christel Poirrier
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