chez Olga
Londe, luthière à
Moissey
Tel est le parcours
d'une jeune luthière, au jour d'hui à
Moissey.
Olga Londe, 27 ans, fille
de ses parents, l'un et l'autre facteurs d'orgues
à Frasne-les-meulières (Denis
Londe et Marie
Réveillac),
est devenue luthière à part entière,
malgré la
mise en garde parentale, une simple
réserve.
En bons parents, Denis
et Marie soulignaient l'éventuelle
difficulté de pratiquer un métier
sûr, sûr au sens qui la ferait vivre
tranquillement.
En 2006, à 17
ans, bac littéraire en poche, elle fait un
peu de science du
langage à la Fac de
Lettres, à
18 ans, une année d'ébénisterie,
pour à 20 ans, sûre de son coup, partir 4
années en Angleterre, à Newark, dans une
école de lutherie, une parmi les plus
renommées.
A 24 ans,
la
voilà luthière à part
entière,
diplômée et tout et tout, et elle commence
à voler de ses propres ailes. Du travail, il y en
a, il en aura, quitte à aller le chercher
là où il se trouve. Ou même le faire
venir. A elle de se faire connaître.
A 25 ans, la
voilà qui installe ses outils et ses gabarits dans
la maison Grebot, ancienne "succursale" de
l'hôpital de Dole (voir les illustrations qui
suivent).
Aujourd'hui, à
27 ans, elle construit, et aussi répare, et donne
la main à une luthière de Dole,
Annette
Osann, dans la
rue des vieilles boucheries, qui a une
spécialité parmi d'autres: le nickelharpa.
Olga se consacre maintenant
à la fabrication d'instruments modernes et
anciens, en privilégiant l'utilisation de bois
européens et plus particulièrement
jurassiens.
Quelques secrets de
fabrication, que nos lecteurs sont priés de ne pas
ébruiter... [Ce n'est d'ailleurs pas qu'ils
sont bruyants.]
Le bois. Le
bois de violon, pour les bois non-noirs, est en
érable sauf la table qui est en
épicéa. Le bois noir, la touche et les
chevilles sont en ébène. Voilà pour
ce qui de la tradition. Olga a dans l'idée
d'utiliser des bois très locaux et pour ce faire,
achète sa matière première chez
un
scieur qui est spécialisé dans le bois de
lutherie (un
"bûcheron polyphonique", qui parcours l'Europe
à la recherche de bois de résonance-
Bernard Michaud, c'est lui, il dit "qu'il part en
chasse"), à Fertans (25). Le bois de lutherie,
outre qu'il est d'une essence choisie, doit être
scié d'une certaine façon. Ainsi peut-on
dire sans se tromper que le Monsieur Michaud est un
Scieur de Lutherie. On coupe le tronc non pas en lames
parallèles, mais comme on coupe une tarte...
ça fait des "quartiers" sur la section de
l'arbre.
Bernard
Michaud, l'homme de Fertans, bûcheron
polyphonique
écrit ceci:
à
partir d'une idée basique: pour se fournir en
bois, les luthiers devaient se rendre souvent en
Allemagne. Or la France possède de grandes
ressources et les allemands d'ailleurs viennent se
fournir en France. Nous avons simplement
simplifié les choses...
La colle.
Traditionnellement, la colle est un corps froid qu'il
convient de faire chauffer. Elle se présente sous
forme de grains, genre lentilles, et on la fait chauffer,
donc fondre, en ajoutant de l'eau, ni trop, ni pas assez.
Cette colle est souvent faite avec de l'os, de la peau,
du poisson. Pour l'heure, Olga ne fabrique pas sa colle,
elle l'achète chez un spécialiste
allemand.
La
compétence. Pour s'inscrire dans une
école de lutherie (école
évidemment internationale comme celle de
Newark), on
n'est pas obligé de savoir jouer d'un instrument.
Olga jouait du violon depuis déjà bien
longtemps et elle n'a eu aucun mal à tâter
de la contrebasse.
Un truc que
personne ne sait. Le violon est fait de 71
pièces, rigoureusement. Ce qui n'est pas comme le
squelette humain, qui compte 206 os, "en
moyenne".
Pour se
résumer, Olga travaille sur le quatuor à
cordes, c'est-à-dire les (deux) violons (deux
violons qui jouent des partitions différentes),
l'alto et le violoncelle. La contrebasse, née
après tout le monde, n'est pas du quatuor (du
moins pas habituellement). En fait, son champ est
beaucoup plus vaste puisqu'elle peut créer ou
réhabiliter (surtout créer) n'importe
quelle sorte d'instrument à caisse-et-cordes,
violes, violoncelles, violons, contrebasses,
mandolines...
Alors tout est
bien ? Olga répond, oui, presque, mais il y a
l'industrie chinoise qui est entrée en piste...
Pour l'heure, il s'agit d'industrie, pas vraiment de
lutherie.
Les images qui suivent
ont été fournies par Olga Londe. Parmi
elles, une contrebasse de toute beauté, construite
à l'école de lutherie du Collège
Lincoln à Newark, une belle viole de gambe en bois
clair...