Mercredi 3 avril 2003.
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La réunion de la
Commission Communication et
Informatique s'est tenue en mairie de
17 h 30 à 19 h. La page
historique du Bulletin Municipal sera
assurée cette fois (la
troisième) par Pierre
Pénez, qui nous a donné
un article sur l'eau. C'est un tirage
imprimante A4 que je devrai
dactylographier dès que j'aurai
cinq minutes. Son "histoire d'eau"
occupe une page et demie, et il me
revient à l'esprit qu'il y a
longtemps que je rêve de faire un
opuscule sur l'eau, les puits, les
fontaines, les lavoirs, les abreuvoirs,
les prises d'eau et même les
moulins, enfin "tout ce qui va et tout
ce qui vit" au fil de l'eau. Mon
rêve est ambitieux, puisqu'en
1998, je voulais faire un site internet
sur les pierres "hydrophores"
(conductrices d'eau) de tout le canton
de Montmirey-le-Château.
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Mercredi 23 avril 2003.
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Je reviens vivant de Melay
où j'ai fait un drôle de
malaise. Je suis parti de ma maison
à 13 h 30, avec bottes, gants,
sécateur et mon appareil-photo
numérique. J'ai tapé
(pendant que le soleil, lui, me tapait
inconsidérément) dans
l'impénétrable bosquet de
Melay avec une ardeur telle, que vers
15 h, j'ai rejoint ma voiture sur la
route, je me suis assis à son
ombre et je suis tombé dans les
pommes après avoir eu la vue
tout blanche. Peut-être 10 mn
plus tard, je sommeillais
parallèle à ma caisse.
J'en étais donc sorti vivant.
Puisque vivant j'étais, j'ai
attaqué l'autre bosquet et je
suis rentré à 16 h au
bercail, avec l'idée que j'avais
risqué réellement ma vie
pour faire des photos pour l'article du
bulletin municipal (qui est sur le web,
dans "au jour le jour" "source de
Melay").
Donc, les photos, elles sont
là, je n'ai plus qu'à les
"développer". Je crois que
maintenant, je vais risquer ma vie tous
les jours pour rester vivant.
J'ai à ce jour de bonnes
images du réservoir et du
répartiteur ainsi que de la
tête du puits de l'autre bosquet,
celui que j'ai cru, pendant quelque
temps, être de captage.
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Jeudi 24 avril 2003.
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Je suis allé faire une
petite visite à Robert
Ruisseaux, pour qu'il me parle de la
fontaine de la Rue Basse, "la sienne",
en quelque sorte. J'ai appris
qu'à l'origine, il y avait un
bac en calcaire, 50 cm sur 2 m,
creux d'à peine 30 cm, du moins,
c'est ce que nous révèle
les traces lisibles encore contre le
mur. Ces dimensions sont
évaluées (surtout la
largeur) mais on n'en est
forcément pas loin. D'ailleurs,
les résultats de la recherche
historique sont souvent des
approximations, des fourchettes,
c'est-à-dire des valeurs
comprises entre deux seuils dont on
serait sûrs.
Selon Robert Ruisseaux (né
en 1938, Moissey), il y avait dans la
Rue Basse d'origine ce bac en calcaire,
puis, on a ajouté un bac en
fonte qui venait de la Rue Haute
(autour de 1958), mais le bac en fonte
disposé en premier et celui en
calcaire en second. Il faut dire que le
nombre de bestiaux à faire boire
était énorme dans cette
rue, puisqu'il y avait, en plus des
Ruisseaux, Ferréol Sigonney qui
élevait des bovins.
Robert Ruisseaux m'a confié
des plans sur lesquels on voit,
1. Le réservoir commun
à Moissey et
Montmirey-le-Château (ZB 97,
c'est sur ses terres)
2. La conduite (encore sur ses
terres) de 20 cm de diamètre qui
part de ce réservoir et qui va
au cimetière. Le dessin,
dressé par Bernard Chauvin,
s'arrête hélas au dernier
regard qui est au bord de la route (ZB
101).
J'ai appris que le puits que j'ai
rencontré sur ZB 85 (sur les
terres Ruisseaux) n'est pas la source,
mais un puits de visite. Le captage de
l'eau se fait sur une parcelle à
peine plus loin, exploitée par
Jean-Marie Lormet d'Offlanges, ZB
43.
J'ai invité Robert Ruisseaux
à m'accompagner à ma
prochaine expédition sur Melay,
et nous avons pris rendez-vous pour
vendredi à 10 h.
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Vendredi 25 avril 2003.
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Nos investigations avec Robert
Ruisseaux ont été
très fructueuses. J'ai eu,
après, le sentiment d'en savoir
maintenant bien assez.
Nous sommes partis à 10 h,
Robert Ruisseaux avait emmené
son goui, sorte de serpe de forestier.
Nous sommes allés d'abord sur le
bosquet nord, ZB 84. Robert Ruisseaux a
écarté la dalle du
réservoir (20 cm
d'épaisseur), on a pu voir le
niveau de l'eau et quelques
échelons en tiers de cercle
plantés dans la paroi. Nous
avons ensuite ouvert les deux "pots" de
départ: celui de Moissey,
à l'ouest, est fermé par
trois couvercles métalliques, un
intérieur, un extérieur,
le troisième provenant
vraisemblablement du pot voisin qui
n'en a plus; dans le pot de Moissey,
nous avons vu l'échancrure de la
dalle verticale qui sert à
distribuer 1/3 pour Moissey. Monsieur
Ruisseaux a ensuite ouvert le pot de
départ de
Montmirey-le-Château, en
écartant un dalle de
béton carrée (1 m de
côté) de 10 cm
d'épaisseur. On a vu les deux
échancrures (10 sur 10 cm) qui
permettent de laisser passer 2/3 du
courant d'eau. Ces deux calibres ne
sont plus en service car l'eau est bien
au-dessus de la dalle verticale
distributrice.
L'eau destinée à
Montmirey est entravée par une
carotte de chantier rouge et blanc, et
celle qui va encore à Moissey,
jusqu'au cimetière, semble ne
pas couler franchement, le filtre
visible au fond du pot doit être
encombré, car il n'y a pas de
raison que l'eau du réservoir
soit au-dessus de la barrière
distributrice.
J'ai photographié tout ce
que j'ai pu et nous nous sommes rendus
au bosquet sud.
C'est un joli puits en arkose qui
dépasse du sol de 80 cm, avec un
joli couvercle rond (genre meule) et un
anneau métallique. Nous avons
réussi à ouvrir ce puits:
à ma grande surprise, j'ai vu
une échelle en fer qui
descendait très profond. Robert
Ruisseaux a parlé de 18 m et a
regretté de ne pas avoir pris
une ficelle pour mesurer la profondeur.
Je lui ai dit qu'en mesurant entre deux
barreaux et en comptant les barreaux,
on saurait la longueur de
l'échelle. On a taillé
une baguette de longueur "entre deux
échelons" (33 cm). Seulement, de
retour à la maison, le
"développement" des photos a
montré qu'on ne pouvait pas
compter les barreaux, les photos
n'étaient bien lisibles que pour
les 3 ou 4 premiers mètres. En
extrapolant, il y aurait 52
échelons.
Avant d'ouvrir ce puits, Robert
Ruisseaux et moi avions fait
l'hypothèse que cet aqueduc
avait dû être fait à
ciel ouvert: seulement, après ce
qu'on venait de voir (la profondeur de
ce puits), cette hypothèse
n'était plus guère
plausible.
Au moment de refermer, le couvercle
faisait continuellement de
l'opposition, nous avons donc
décidé qu'on repasserait
à Moissey prendre une barre
à mine.
Enfin, nous avons quitté ce
grand puits de visite pour chercher et
trouver le puits de captage. Ce puits
est situé sur ZB 43. Robert
Ruisseaux a commencé à
chercher, à partir de ses
souvenirs d'enfance, dans un buisson
qui passait par là. Au bout d'un
quart d'heure, il a découvert le
trou qui était tout simplement
en bas de la pâture, nous
étions passés à
côté sans le voir. Ce
puits mesure 2 m de profondeur,
avec des échelons en tiers de
cercle. Deux dalles de 10 cm,
rectangulaires, en béton,
devaient obturer ce puits: l'une d'elle
est à côté,
à un mètre, l'autre est
tombée dedans. On a pas vu d'eau
à cet endroit, ce qui a fait
dire à Robert Ruisseaux que ce
canal souterrain devait être plus
un drain qu'un aqueduc.
C'est ici que l'histoire
moisseyaise dit qu'un sanglier serait
tombé dans ce puits, qu'il n'en
soit jamais ressorti, et que jamais
personne n'en serait tombé
malade (j'ajoute, moi, "personne ne
serait tombé malade", qu'on
croit...)
Nous avons quitté le puits
de captage en comptant nos pas: 145 pas
jusqu'à la route, puis 43 pas
jusqu'au grand puits, soit 187 pas.
L'étude des cartes,
ultérieure, nous a
confirmé que l'aqueduc mesurait
360 m et que le grand puits
était au milieu, soit 180 m
(à peu près, à un
mètre près).
Vers 11 h 30, nous sommes
redescendus au village pour prendre une
barre à mine de ses outils, puis
nous sommes allés remettre le
chapeau du grand puits, bien comme il
faut, avec sur le bord, un bout de
pierre tombale, car ce chapeau, il lui
en manquait un morceau.
Nous nous sommes quittés
vers midi, après que nous ayons
épuisé pas loin d'un
litre d'eau sirupée à
nous deux tellement notre soif
était grande.
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Mardi 29 avril 2003.
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Lettre au Maire, Michel
Delhay.
[...] Je voudrais
[aussi] que vous jetiez un
il sur mon dernier article de
moissey.com, qui s'appelle "l'aqueduc
de Melay" que vous trouverez dans
"hello" puis "Eaux".
La première image de cet
article montre le puits de
départ qui est sur la parcelle
Lormet d'Offlanges (ZB 43). Ce puits
m'appelle deux réflexions:
1. Il n'est pas
sécurisé, et il faudrait
qu'il le soit. Nous avons
exploré tout ça avec
Robert Ruisseaux. Il était jadis
fermé par deux
dalles-béton, l'une est
tombée dedans et l'autre est
posée à côté
(ce n'est pas profond).
2. Je voudrais savoir s'il y aurait
moyen de mettre de l'ordre dans ce
puits, c'est-à-dire le nettoyer
un peu, faire une photo du
départ de l'aqueduc, pour enfin
reboucher avec les deux dalles.
Alors, il faudrait s'adresser
à qui, à Jean-Marie
Lormet, à vous, et en
parlerais-je à Robert Ruisseaux
qui peut-être serait partant
(avec moi) pour la demi-journée
de boulot que ça
nécessite ?
Si vous en êtes d'accord, et
Robert Ruisseaux aussi (je ne l'ai pas
consulté avant vous), je serais
partant pour faire ce travail avec lui:
il suffit de repêcher la dalle
dans le puits avec une fourche de
tracteur et une chaîne, d'enlever
une ou deux brouettes de
saletés, de photographier et de
remettre les deux dalles. Je pense que
nous serions plus efficaces que si on
demandait à Jean-Marie
Lormet.
Si besoin, je vous conduis sur le
lieu quand vous voulez.
Bien cordialement à vous.
Christel P.
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Mercredi 30 avril 2003.
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Afin d'illustrer l'article
"histoire d'eau" de Pierre
Pénez, j'ai mis en route un
montage A4 sur fond de plan cadastral
avec toutes les images que nous avions
sur les débits d'eau. A cet
effet, j'ai fait trois dessins
reconstitutifs de l'abreuvoir de la Rue
Basse. J'ai retenu le plus
étroit qui semblait faire
l'affaire. En même temps, je me
suis souvenu que Jeanne Zocchetti
m'avait dit en 1996 que c'était
son père qui avait construit
l'abreuvoir de la Rue Haute, au
carrefour. C'est à ce moment que
l'abreuvoir de fonte avait
été
transféré à la Rue
Basse. Jean Zocchetti a construit un
abreuvoir, une vrai piscine, de 4,50 m
sur 2,20, qui aurait été
démonté par l'entreprise
Vuillet en 1970. 1970, nous dit Didier
Thomas, j'avais 14 ans et pas de
mobylette, c'est donc cette
année-là.
C'est au cours de la fabrication de
cette planche illustrative que j'ai
cherché l'orthographe de Meley.
Edmond Guinchard, dans sa Monographie
de Moissey (1913) écrit Melay,
la carte géologique (IIIe
République) indique "Creux de
Melay", et Bernard Chauvin, maire au
long cours, dans un extrait cadastral
écrit "Melée".
A l'heure qu'il est, je ne
comprends pas encore bien pourquoi les
CastelMireymontois sont venus chercher
l'eau si loin de chez eux, et pourquoi
le diviseur est à 360 m de la
source...
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Vendredi 2 mai 2003.
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Quand les époux Brischoux se
sont installés Rue Haute
à Moissey, en 1958, l'abreuvoir
de fonte était (encore)
là, à sa place, au
carrefour, et Lucienne Brischoux,
née Rovet, se rappelle bien de
l'affluence des bêtes qui
venaient boire.
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Dimanche 4 mai 2003.
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En fin d'après midi, nous
sommes allés, Nicole et moi,
voir où on rinçait
exceptionnellement la lessive, au bas
de la Montée Rouge, comme me
l'avait appris Pierre Pénez le
mercredi 3 avril 2003, en
réunion de préparation du
Bulletin Municipal. L'endroit en
question a été
déboisé et l'eau qui
occupait quelques
mètres-carrés sans
profondeur (en 1974) n'y est plus.
Nous sommes allés voir les
trois points de l'aqueduc souterrain de
Melay, et j'ai fait une très
belle photo du crible "partageur".
Enfin, nous avons cherché et
trouvé, sur Offlanges, la
construction déjà bien
entamée du relais de SFR
(Société Française
de Radiotéléphonie), le
socle est achevé.
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Lundi 5 mai 2003, le matin.
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Ce matin-là, j'ai encore
risqué ma vie pour la cause qui
me préoccupe. Avec des cisailles
à lames courtes et à
longs mancherons, j'ai nettoyé
autour du réservoir, à
tel point que j'ai réussi
à prendre une photo de tout le
côté Est de
l'édifice. Seulement, j'ai
sectionné pendant au moins une
heure (de 10 à 11 h 15) et je me
suis retrouvé avec les
avant-bras en compote. Cette fois, j'ai
arrêté mon industrie avant
d'avoir un malaise, mais je n'en
étais guère loin.
Comme je ne suis ni citadin ni
rural, ce genre d'efforts
m'épuise assez vite, et j'aurais
pensé plus efficace et moins
fatiguant de jeter deux arrosoirs de
désherbant. Mais du
désherbant autour d'une
source... tous les gastriteux du
village m'auraient accusé de
tous leurs maux. Pourtant, une partie
de la matinée, j'ai bien vu un
tracteur, toute tuyauterie
déployée, "nourrir" la
parcelle d'à côté
(en vrai, à côté
d'à côté, plus loin
que le nouveau chemin de
Beauvernois).
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Lundi 5 mai 2003,
l'après-midi.
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A 14 h 15, j'étais avec mon
cabas, mes plans bien serrés
dans un carton à dessins et mon
ordinateur portable (iBook, d'Apple
bien sûr), installé
à la table de la cuisine d'
André Roy (né en 1928) et
Henriette, son épouse. Avec
l'ordi, j'ai pu montrer toutes les
photos récentes des lieux.
André Roy, frère de
Robert (maire depuis longtemps à
Montmirey-le-Château) m'avait
confié, en 1997, qu'il avait
travaillé à l'entretien
de cet aqueduc. J'ai donc appris chez
lui des choses plutôt
inédites. D'abord, pour ce qui
est des archives municipales,
André Roy m'a fait savoir que
les Allemands en avaient emporté
quelques-une en 1944, puis, que le
Maire Joseph Garnier avait fait bien du
ménage lorsqu'il était
arrivé à la Mairie.
Comprendre par ménage,
expédition aux Archives
Départementales de
Montmorot.
Malgré cela, André
Roy sait que l'architecte de cette
réalisation s'appelait Massot et
qu'il était venu de Lyon. Il
sait aussi que la canalisation est en
grès, en modules de 1 m de long
sur 10 cm de diamètre, que la
jonction de deux modules se faisait
avec des manchons de 14 cm sur 40 et
que tout ce matériel provenait
de Rambers-Villers dans les
Vosges.
Surtout, il m'a expliqué
pourquoi cette source fonctionnait tout
en étant tarie. Son explication
rejoint l'hypothèse de drain de
Robert Ruisseaux. Pour attaquer
l'aqueduc, il a fallu détourner
la source le temps des travaux...
seulement, après avoir
été sollicitée, la
source du Creux de Melay n'a jamais
voulu revenir, elle avait dû
découvrir toute seule une autre
destinée. Entre temps, à
quelques 30 ou 40 m du départ,
les ouvriers ont rencontré,
au-dessus d'eux, un passage d'eau,
disons, une rivière souterraine,
et c'est elle qui alimente l'aqueduc.
Voilà comment on a pu croire que
cet aqueduc était un drain.
Le profil de l'aqueduc est bien
plus compliqué qu'il n'y
paraît. Ce n'est pas un simple
arc de cercle qui part du diviseur pour
arriver à la poste de Montmirey.
A Montmirey chacun sait que
l'horizontale qui part du diviseur
arrive au niveau du chéneau de
l'église, donc une bonne
altitude pour alimenter le
réservoir de 70
mètres-cubes, accessible d'une
grosse plaque métallique au pied
de la poste.
La réalité
(André Roy) nous dit qu'il
existe sur ce circuit 5 points de
vidange, ce qui nous fonde à
penser qu'il existe 5 points bas, donc
5 arcs de cercle.
L'altitude de la captation, selon
la carte ONF à 1/10 000,
serait de 285 m (282 pour l'eau). La
bouche du puits du milieu serait
à 296 m (- 15 = 281 pour l'eau).
Le fond du diviseur serait à 282
- 2 = 280. Apparemment la pente du
premier tronçon serait de 1
m/180 m et celle du second de 1
m/180 m. Je dis bien apparemment,
car pour certaines cartes, un CAP ne
serait pas inutile (c'est fonction de
la précision des mesures sur les
courbes de niveau). Finalement,
à partir de cette carte, j'ai
fait une coupe des courbes de niveau,
comme j'avais appris à le faire
au CM1 de Tavaux, en 1953.
Pourquoi 360 m ? La coupe que
nous avons dessinée
d'après le plan 1/10 000 de
l'ONF nous indique que pour un
dénivelé de -3 m, il
fallait aller jusqu'à 360 m du
captage. Cette distance peut donc
être considérée
comme minimale pour obtenir les 2 m de
différence, et aussi comme
maximale pour que le diviseur reste
au-dessus de son client,
Montmirey-le-Château. Le diviseur
s'est ainsi trouvé à une
position de compromis entre le point de
captage et le point de livraison, tous
ces points restant
hiérarchiquement disposés
pour un trafic optimal de l'eau. A 5 m
près, ce fut le point
idéal.
L'ingénieur-architecte Massot
avait aussi décidé que
cet aqueduc traverserait les deux
routes, pensant que ce qui serait fait
ne serait plus à faire. Ajoutons
que le diviseur est aussi sur une
crête, ce qui permet de nourrir
deux villages qui sont dans des
directions exactement
opposées.
Comme je
réfléchissais
intensément à cette
question, lorsque je suis arrivé
chez André Roy, je lui ai
proposé mon explication:
Cet aqueduc prend l'eau sur une
pente qui ne va pas dans la direction
utile, la source de Melay lâche
ses eaux vers le Pré des Veaux,
c'est-à-dire vers la
Carrière de Porphyre,
c'est-encore-à-dire sur le
bassin fluvial (la Vèze de
Brans) issu de l'Ermitage, qui arrosera
Offlanges, puis Brans avant de se jeter
dans l'Ognon. La route "Voie communale
n° 2 d'Offlanges au CD 37"
représente une crête et
l'aqueduc représente un col, ou
disons, une cluse. La présence,
à mi-parcours, d'un regard libre
de 18 m de profondeur prouve qu'il
s'était bien agi de traverser la
colline.
L'opération a
consisté d'abord à
changer l'eau d'origine de place, lui
faire traverser la colline, en somme,
la faire changer de vallée. Une
fois sur la pente "Au chêne",
l'eau de cette source,
déportée,
translatée, est en bonne
position pour être
expédiée, soit sur
Moissey, soit sur un ou plusieurs
Montmirey. André Roy voyait les
choses exactement ainsi.
Nous avons ensuite
évoqué la construction,
il s'agissait d'une conversation entre
supposeurs, bien sûr.
L'idée de travailler à
ciel ouvert nous paraissait
vraisemblable dans les deux
extrémités de l'ouvrage,
là où le radier pouvait
se trouver à un ou deux
mètres de profondeur. Pour le
reste, il a dû falloir travailler
comme dans la mine. L'aqueduc est (en
coupe) un arc sur jambages, avec des
pierres en plein cintre, comme tout bon
Romain avait appris à faire
à tout bon Gaulois. Comme pour
faire les caves voûtées ou
tout ouvrage approchant, il a fallu
mettre un moule en bois dans le boyau,
tailler au large tout autour, puis
approvisionner en pierres, puis
appareiller les pierres, puis recombler
tout autour. Il a fallu respecter la
pente, il a fallu déplacer le
"berceau", il a fallu enfin
évacuer les déblais. Je
pensais bien sûr à un
système de voie Decauville,
chemin de fer de 40 cm
d'écartement. André Roy a
ajouté que le grand puits avait
pu être, à un moment
donné, utilisé pour
l'extraction et l'évacuation des
déblais. C'est un ouvrage qui
selon nous deux a dû coûter
une somme pharaonique. Il a
ajouté aussi qu'il avait fallu,
à un certain endroit, travailler
sous l'eau qui "pleuvait" puis dans
l'eau qui inondait.
Enfin, André Roy m'a
révélé le
tracé de l'ouvrage, mètre
par mètre, que j'ai
reporté sur ma carte.
André Roy sait où sont,
chaque ventouse, chaque regard libre,
chaque point de vidange.
Ainsi, du diviseur de Moissey
à la réserve de
Montmirey-le-Château, le trajet
de la conduite peut se
décomposer en 8 segments:
segment a:
du diviseur jusqu'au coude
routier d'Offlanges,
1070 m,
segment b: de ce coude
jusqu'au croisement des 9
fontaines avec traversée
du CD 475, 370 m,
segment c: de ce croisement
jusqu'à la Croix
(pattée et son emplacement
actuel) du Guetti, 530 m,
segment d: de cette croix
jusqu'au carrefour "les 4 vents",
avec traversée du CD 15,
480 m,
segment e: des 4 vents
jusqu'à l'Olivier (autre
croix pattée),
210 m,
segment f: le faubourg de
Brans, 380 m,
segment g, entrée dans
les maisons, 200 m,
segment h, rue principale,
100 m,
segment i, le dernier
raidillon compté pour 100
m,
soit, en adoptant ces mesures, une
conduite de 3440 mètres.
André Roy, de
mémoire, compte, en partant de
la source bien sûr,
sur le segment a, une vidange, un
regard libre, une ventouse, un regard
libre (au murger), encore une vidange,
et un regard libre (au coude),
entre b et
c, une vidange,
entre c et d (au Guettis), un
regard libre,
entre e et f (à
l'Olivier), une vidange,
au milieu de f, (chez
Christian Mielle), une
ventouse,
entre f et g, au
départ de "la Ruelle", une
vidange.
Entre l'Olivier et le
cimetière, l'abreuvoir en fonte
est un poil sous le niveau
"atmosphérique" (en pression),
son bec est à 1 m du sol et
pourrait être classé dans
les regards libres.
De cette configuration parmi les
souvenirs d'André Roy, il
restera à faire correspondre
avec les courbes de la carte des
chasseurs ( ONF 1/10 000), que les
regards libres sont à la
même altitude
(c'est-à-dire, celle du
récepteur de Montmirey, soit
+ 250 m), suivant le principe
des vases communicants, pour que ce
principe soit pleinement
appliqué, et on peut supposer
qu'il l'était, que les vidanges
occupent les différents points
bas, les fonds des 5 cuvettes qui
constituent l'ensemble et enfin, que
les ventouses sont au sommets des
différents dos.
En résumé, depuis le
diviseur, la conduite tire au plus
court à travers champs, et
dès que c'est possible, elle
suit la route D 475, puis la D 15
depuis le carrefour des Quatre Vents
jusqu'à la poste de
Montmirey-le-Château.
Pour faire mes dessins, j'ai
dû me créer une
nomenclature. J'ai baptisé les
éléments du souterrain en
chiffres romains, soit,
I. le puits
initial,
II. le grand puits de
visite,
III. le puits de fin de
souterrain,
IV. la chambre
diviseuse,
V. les deux pots de sortie et
d'expédition sur chacun
des deux villages.
La branche ouest du tuyau, qui va
du diviseur au village de Moissey, a
deux tronçons en rase-campagne,
a' et b', jusqu'au cimetière...
puis c' et d'... (à
suivre).
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Vendredi 9 mai 2003.
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Au jour qu'il est, j'ai
pratiquement tout saisi de
l'opération et j'ai dû
imaginer l'aspect moral et financier de
l'entreprise. Je sais qu'à
Moissey, en 1880, on devait être
un des villages les plus pauvres du
coin, et on avait déjà
des sources en quantité
satisfaisante.
La question de l'adduction d'eau
à Montmirey-le-Château a
dû, logiquement, être
supportée par la commune de
Montmirey-le-Château, seule ou
avec une aide du Département et
de l'Etat, mais sans Moissey. Dans sa
Monographie de Moissey (1913), Edmond
Guinchard parle d'une association entre
Moissey et Montmirey-le-Château.
Il est plausible de penser que la
commune demandeuse ait couvert
entièrement la dépense,
et qu'à titre de
récompense ou de loyer, Moissey
ait reçu "ad vitam
éternam" un tiers de l'eau
domestiquée. Tout au plus, on
pourrait imaginer que Moissey ait
participé pour moitié
à la construction du diviseur et
peut-être du réservoir, ce
qui ne représente pas un
investissement exorbitant en regard du
coût de la fabrication d'un
souterrain maçonné de 360
m de longueur.
L'étude d'archives
survivantes devrait nous dire à
quel point nous sommes proches -ou non-
de la vérité
historique.
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Dimanche 11 mai 2003, jour de la
fête de Moissey.
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Ce matin, je suis allé faire
des images de situation de l'aqueduc
souterrain (en fait, des deux bosquets,
celui du grand puits et celui de la
station partageuse), et vers 10 h, en
redescendant, je suis allé
photographier l'auge en arkose qui a
longtemps servi, Rue Haute, au chevet
de l'église, adossée au
mur de l'ancien cimetière. Cette
auge trône aujourd'hui devant la
maison des époux Marcelle et
Marcel Daudy, à la sortie nord
de Moissey. J'en ai profité pour
prendre un mot à Marcel Daudy
qui m'en appris de bien bonnes.
Marcel Daudy est né à
Moissey en 1931, il est bien au fait de
mon propos, d'autant qu'il en avait eu
vent, jadis par son grand-père
Victor Daudy, né en 1870, soit
10 ans avant la fin chantier qui nous
intéresse. Victor est le
père d'Ernest, que nous avons
connu lorsqu'il était encore
paysan. Marcel Daudy connaît bien
son village, sa géographie et
son histoire. Il a été
toute sa vie paysan, une partie de sa
vie Pompier bénévole et
aussi conseiller municipal. Les paysans
de Moissey savent bien toutes les
questions d'eau; forcément: sans
eau, pas d'élevage, pas de
culture. Pas de vie.
Il m'a d'abord confirmé ce
que m'avait dit Pierre Pénez:
certaines femmes de lessive, brouette
aux bras, se rendaient effectivement en
bas de la Montée Rouge pour y
rincer la lessive dans une eau qui
allait très très
bien.
L'affaire du sanglier, ce n'est pas
une légende puisque c'est
à Marcel Daudy qu'elle est
arrivée. En hiver 1949, il avait
18 ans, l'eau était trouble
(Jean Zocchetti avait pensé
à un effondrement du tunnel) et
lui et Michel Jardel, (né en
1933) ont découvert un sanglier
qui était dans le diviseur et
déjà depuis un moment. La
bête, un animal de 60 kg,
était tombée dans le
puits de captage et avait dû
faire de nombreux allers et retours le
long de cet aqueduc avant de
périr. Marcel et Michel l'ont
enterré dans les buissons
d'à côté. A ce
propos, Babert Patin leur a fait
observer qu'ils auraient pu l'inhumer
plus en contre-bas, mais à 18
ans, on ne sait pas tout (pas
encore).
C'est à la suite de
l'exploit du sanglier que Marcel Daudy
et Michel Jardel ont voulu en faire
autant. Selon Marcel Daudy, ils avaient
trouvé le temps long, ils ne
voyaient pas bien clair. Il nous a dit,
en guise de conclusion, qu'il ne
recommencerait pas. Selon Marcel Daudy,
ce chantier d'aqueduc souterrain a
connu, des morts, au moins un de
sûr. Il pense que l'essentiel des
travaux a été
supporté par
Montmirey-le-Château, en toute
logique.
La fontaine de la Rue Haute
était alimentée par Melay
et il était convenu entre M.
Masson et la Commune que M. Masson
récupérerait le trop
plein gaspillé de cette fontaine
pour alimenter une citerne faite dans
une de ses caves,
étanchéifiée, et
un jeu de cascades dans son parc. La
collaboration entre la Commune et M.
Masson était telle que M. Masson
a pris sur sa terre personnelle pour la
construction des deux
mètres-carrés de la
Fontaine de la République, route
Nationale (N 475). Pour finir, cette
fontaine était alimentée
par deux "sources", celle de Melay et
celle des Prés d'Amont. A
côté de cet abreuvoir, et
perpendiculairement, M. Masson avait
installé un vivier de
mêmes dimensions que l'abreuvoir,
et couvert d'une grille.
Sortant de chez Marcel Daudy, j'ai
voulu photographier l'abreuvoir en
fonte qui siégea dans la Rue
Haute, puis dans la Rue Basse, enfin
dans la parcelle aux vaches Salers,
parcelle de Julien Ruisseaux, juste en
face de la tuilerie gallo-romaine; les
vaches n'y étaient pas, alors
j'ai voulu faire vite et je me suis
tordu le gauche dans un pas de vache.
Découragé et souffrant,
j'ai quitté l'endroit sans les
images espérées.
Ça fait trois incidents de
santé que je me goinfre sur ce
chantier, et je me demande si les dieux
ne me signifient pas que je dois
m'éloigner d'un domaine qui
serait sacré...
Reste à voir, la
construction et la question hydraulique
entre le partage et la commune de
Montmirey-le-Château.
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Vendredi 16 mai 2003.
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En portant les tuiles
gallo-romaines confiées à
l'école au Caveau, où se
tient une expo
archéo-historique, j'ai
rencontré René Delmas qui
m'a dit que les regards libres de la
conduite en grès ne devaient pas
être aussi libres qu'on le dit,
car menaçant les vases
communicants.
J'ai aussi rencontré
Jean-Marie Lormet, l'exploitant de la
parcelle ZB 43. Il veut bien qu'on
"range" le puits de captage, mais
après la moisson de ses
blés.
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Samedi 17 mai 2003.
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Je viens de terminer la coupe des
terres traversées par la
conduite d'eau qui va du diviseur de
Moissey jusqu'au pied de la poste de
Montmirey-le-Château. On va de
+ 280 m à +
250 m, soit une
déclivité terminale de 30
m pour 3,440 km.
J'ai rencontré encore plus
de difficultés que pour la coupe
du tunnel de 360 m. En effet, les
courbes de niveau de la carte du Massif
de la Serre (ONF 1/10 000) ne sont
pas toutes bien identifiées et
j'ai dû parfois laisser ma
rigueur être relayée par
mon flair et mon bon sens, ce qui fait
que cette coupe peut comprendre
quelques petites erreurs; de plus, je
me suis appuyé
aveuglément sur le tracé
rapporté de mémoire par
André Roy. Ce travail ne peut
donc pas s'ériger en document
scientifique, mais il donne une
excellente idée de ce que sont
les choses.
Là ou l'imagination laissait
penser qu'on avait (je parle de la
coupe de la conduite) une cuvette, on a
en réalité 5 cuvettes
l'une au bout de l'autre, ce qui
concorde bien avec le fait qu'on ait 5
points bas (donc 5 points de vidange).
Cette portion de l'adduction est
enterrée entre un mètre
et deux et par conséquent suit
le relief du terrain.
L'adduction de Melay-Montmirey
comprend deux ouvrages bien distincts,
et de "philosophies" bien
différentes:
le premier est un tunnel à
taille humaine (accroupie),
voûté en berceau,
rectiligne avec une
déclivité faible et
régulière,
pénétrable par l'homme
(pour l'entretien) et long de 360
m,
le second est une conduite en
grès, qui suit la route tant
qu'elle peut et qui donc suit le
relief, enterrée peu profond
(avec de multiples regards, pour
l'entretien) et qui fonctionne sur le
principe des vases communicants et
longue de 3440 m.
Entre ces deux, un petit
château d'eau reçoit l'eau
captée et la répartit
entre ses deux communes clientes selon
un rapport défini (1/3 et
2/3).
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Samedi 24 mai 2003.
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A l'occasion de l'inauguration de
l'expo archéologique au caveau
de Moissey, j'ai eu l'occasion de
rencontrer Robert Roy, maire de
Montmirey-le-Château et Jean
Michaud, Président de
l'Association de sauvegarde des Croix
Pattées. Robert Roy m'a fait
savoir que je pourrais consulter le
registre des
délibérations qui
évoque la construction de cet
aqueduc et Jean Michaud m'a dit qu'il
avait des photos de sa visite du
même souterrain en 1996.
Puisqu'il était là,
j'ai aussi interrogé Bernard
Grebot qui se rappelle bien que sa
grand-mère et Hortense Durot,
toutes deux veuves avec cinq enfants,
allaient rincer le linge du notaire
Besson (propriétaire de la
maison bourgeoise devenue école
communale en 1956) en bas de la
Montée Rouge, sur l'ordre de
leur employeur.
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Mardi 27 mai 2003.
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Mon entretien avec Jean Michaud, de
14 à 16 heures m'a encore bien
fait avancer dans ma quête. Il
m'a montré qu'une fois de plus,
il ne fallait pas se fier aux
apparences: en effet, le puits de
captage I ne mesure pas deux
mètres de profondeur, mais
trois. Il a été
comblé de façon à
ne montrer que 40 cm de hauteur du
boyau adducteur; la
réalité est tout autre,
le boyau mesure 1,80 m de hauteur (on
s'y tient debout). Le comblement n'a
pas 50 cm de hauteur, mais un
mètre de plus. Cette nouvelle
dimension me semblait incroyable, aussi
Jean m'a sorti une série de
photos qui prouve que mon doute n'est
pas possible.
Un jour de printemps, en 1996, Jean
Michaud (né en 1936 et
retraité de l'agriculture,
à Brans) a répondu
à la demande de deux de ses amis
spéléos à
Fraisans, Michel et Jean Demesmay et il
les a conduits dans le tronçon
qui va du puits I au puits II. Jean
Michaud ne s'est pas senti
l'élan de faire tout le boyau,
car à partir de 15 à 20 m
du puits I, ce boyau oblige à se
déplacer à quatre pattes.
Ses amis spéléos ont fait
les 180 m et sont ressortis au puits
II. Jean et ses amis ont fait
suffisamment de photos pour qu'on
comprenne bien la maçonnerie des
lieux. Le boyau n'est pas une ogive (en
coupe) mais une belle ellipse, du moins
au départ. La partie
inférieure est masquée
par des pierres et 20 cm de vase.
Cet aqueduc a été par
le passé, curé par Jean
Laplante, Robert Roy et Henri Viennot,
que je devrai rencontrer, pour les deux
premiers, afin d'accueillir leur
témoignage.
La borne-fontaine en fonte, encore
visible au pied du bel immeuble
mairie-école de
Montmirey-le-Château, est
datée en chiffres romains de
1879. Selon Jean Michaud, le chantier
aurait commencé vers 1870, ce
que les vieux écrits pourront
nous confirmer.
Enfin, Jean Michaud pense qu'on a
utilisé une voie Decauville
(rails et wagonnets) pour
évacuer les déblais et
avitailler en matériaux de
construction; il pense aussi
qu'à part le tuyau
"diviseur-cimetière de Moissey",
toute l'opération aurait
été
réalisée aux frais de la
commune de
Montmirey-le-Château.
Le segment "a", sur notre dessin
d'après André Roy, long
de 1070 m, ne serait pas rectiligne,
mais courbe, la courbe empruntant sur
la montée, pour donner de
l'élan à l'eau (ce qui
serait en contradiction avec
l'idée des vases communicants...
sauf pour la mise en eau)
En marge de notre conversation,
pour rester dans le domaine de l'eau,
Jean Michaud m'a indiqué la
présence de belles auges en
arkose, en bas d'Offlanges,
alimentées par des drains dans
le terrain contigu, et au nombre de
trois. Nous irons voir ensemble et
faire des photos, un jour de beau
temps. Il m'a aussi affirmé que
les différents bacs de la
fontaine dite romaine avaient
été bullés
(massacrés au Bull Dozer).
Jean Michaud est très
intéressé par la dalle
diviseuse: j'en ai déjà
une belle image, mais sous-marine
(disons sub-aquatique). A mon
idée de vidanger au seau
jusqu'à ce qu'elle "touche"
l'air, Jean m'a dit qu'il participerait
volontiers à cette
expédition.
En rentrant de Brans par Offlanges,
j'ai vu, -compère qu'as-tu vu-
érigé, le pylône
grelu de la SFR.
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Jeudi 29 mai 2003. Jour
férié de l'Ascension.
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Après la grosse chaleur de
l'après-midi, nous sommes
allés, Nicole et moi, voir les
auges du Chemin des Auges, en
contre-bas d'Offlanges, en face de la
Croix Pattée n° 32, selon
l'inventaire Michaud, dite croix de la
Chaux. Nous avons immédiatement
été renseignés par
Mme Rolande Buatois, la veuve
d'André, Offlangeaise depuis 40
ans, qui se trouvait justement sur
place.
C'est un bel ensemble de six auges
en arkose, taille cercueil, avec,
surplombant chacune, un fort bec de
distribution, en calcaire. Ces auges
sont appuyées contre un mur en
pierres sèches d'une dizaine de
mètres de longueur et de 1,80 m
de hauteur. Les auges I et VI manquent
à l'appel. Ce spectacle
impressionnant est accessible à
tous, depuis que la récente
municipalité (arrivée en
mars 2001) a décidé de
débroussailler l'endroit.
Dans la foulée, nous sommes
allés voir la fontaine dite
romaine (un édicule de la IIIe
république je pense).
C'était un ensemble très
luxueux de plusieurs bassins, le
puisard, un "lave-pieds", et
vraisemblablement, un lavoir et un
abreuvoir; ces deux derniers
éléments ont disparu,
enterrés sous un mètre de
terre depuis le remembrement (autour
des années 60). Mme Rolande
Buatois nous a confirmé que ce
qu'on ne voit plus a été
brisé puis recouvert.
Il faudra rétablir la peine
de mort pour les "bulleurs" de
fontaines.
La distribution de l'eau à
Offlanges a l'air d'être aussi
une fine application des vases
communicants.
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Vendredi 30 mai 2003.
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A 10 heures ce matin, le soleil
donnait pile sur le train d'auges
d'Offlanges, aussi ai-je ramené
de bonnes images. J'en ai
profité pour faire quelques
fontaines et quelques croix
pattées, pour une collection
future, placée sous le signe de
l'arkose. J'ai pris contact avec
l'épouse de Jean Tabard, ancien
maire, à qui je voudrais
m'adresser pour qu'il me raconte la
captation des sources de la Serre qui
alimentent toujours le village
d'Offlanges.
Ce village est reposant,
baigné dans une belle
lumière jaune, les gens vaquent,
pas de voiture, un tracteur
égaré pas plus. En
quittant ce village, j'ai aperçu
Jean-Marie Lormet à qui j'ai
parlé du puits de captage qui
est sur sa parcelle. Il nous autorisera
à y aller, lorsque la parcelle
sera moissonnée. Il me
préviendra le moment venu.
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Mardi 24 juin 2003.
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Il a fallu que j'attende le retour
de Jean Laplante, éclipsé
en cure jusqu'au 15 juin.
On a bien raison de tout
vérifier. Jean Laplante (1931),
son frère Charles (1923) et
Michel Mallier (#1918) sont ceux qui,
victorieux d'une adjudication, ont
curé l'aqueduc souterrain, en
1949, pendant environ deux semaines.
Robert Roy faisait partie d'un autre
groupe d'adjudicataires (enfin, de
soumissionnaires).
Jean Laplante m'a d'abord dit:
«tout ce réseau appartient
à
Montmirey-le-Château». A ma
première question (le profil de
la coupe transversale du tunnel), il
m'a répondu que le fond du boyau
comportait un rebord de chaque
côté, encadrant une
cuvette en béton. Ils ont
fabriqué une caisse sur deux
patins pour sortir les gravats, chaque
patin glissant sur un rebord. Quand ce
traîneau était plein, il
était évacué par
une corde de traction. Ils ont
procédé par mi-longueurs,
c'est-à-dire que chaque fois
qu'ils pouvaient, ils évacuaient
par le segment le plus court. C'est
ainsi qu'au cours des travaux, ils ont
été amenés
à évacuer par le grand
puits (17 m dit-il), à l'aide
qu'une bique plantée au dessus
de la bouche du puits (une
chèvre: une construction
à trois pattes et une
poulie).
Montmirey avait toujours eu un
problème d'eau, malgré la
source couverte en toit de maison
(près de la croix Jean Drenner),
malgré la source Charles
Vuillemin et malgré le grand
puits de la Ruelle (avec une
chaîne à godets), la vie
d'ici était continuellement
sous-hydratée. Malgré
aussi la source de Mat, là
où allait laver
l'arrière-grand-mère de
Jean Laplante (pas loin du
Guetti).
L'adduction de Melay a pu se faire,
à partir d'une étude
extrêmement fine du terrain (on
le verra dans l'étude du profil)
et aussi grâce à une belle
quantité de chênes,
arrachés lors d'une
tempête, et qu'il était
temps de "monnayer". Avec la vente de
tous ces arbres (de qualité
marine, donc chers), on aurait
procédé, dans les
années 1870 à 1880,
à des rénovations sur la
mairie, l'église et le
cimetière. Sans pouvoir le
préciser, Jean Laplante pense
que ce chantier a dû
requérir beaucoup d'ouvriers
pendant plusieurs années.
La cuvette "vase communicants"
n'affecte pas toute la longueur du
tuyau (inhumé à un ou
deux mètres, selon le terrain et
selon la pente qu'on lui avait
assigné), car autour du lieu
Jean Drenner, on trouve un abreuvoir en
fonte qui est à ras du niveau,
mais surtout, il y a là un
regard libre, donc pas sous pression.
Le réseau alimente ensuite la
Vénus du carrefour pour
s'achever dans le grand
réservoir communal. Le splendide
Lavoir de la Goulotte -ou Goulerotte-
(à deux toitures) était
jadis alimenté par une source
venant de la ferme Vuillemin (au fond
d'un tunnel taillé dans la
roche) et a été
raccordé au grand
réservoir, par gravité,
à partir de 1880. La coupe du
tracé de l'adduction depuis le
réservoir diviseur est tout en
nuance: il faut distribuer en certains
endroits sans faire déborder le
réservoir central.
En 1954, la conduite de grès
a été
réparée et, en 1960, un
usager de Moissey aurait agrandi le
"crible Moissey" du diviseur pour avoir
plusse d'eau... «On sait qui
c'est, mais on ne dit pas son nom car
on est pas sûr» (comme quoi,
savoir n'est pas une chose
sûre...).
Au moment où j'allais
prendre congé de Jean Laplante,
il m'a confié un duplicata de La
Notice de Montmirey-le-Château
rédigée par E. Belvaux,
ancien maire, en 1906. Certaines pages
de cette notice doivent nous sortir de
nos hypothèses sensorielles (ce
qu'on désigne par l'expression
"au pif").
En effet,
[Après avoir
évoqué l'occupation
prussienne qui s'éteint,
coûteusement en 1871] ...Mais
la question principale d'avoir de l'eau
dans la commune reprend le dessus et,
le 10 janvier 1877, le Conseil
décide de faire des recherches
à Meslay, territoire
d'Offlanges, pour savoir s'il serait
possible de capter et d'amener à
Montmirey la source existante. A cet
effet, il vote une somme de 2 200
fr pour faciliter les études et
les recherches préliminaires.
[...]
Les recherches aboutissent, et, le
15 mai 1877, M. Sautrey, architecte
à Dole, présente un
projet pour l'établissement de
la conduite à Montmirey, se
montant à 50 000 fr, y
compris ses honoraires, que le conseil
accepte. Les travaux sont rapidement
conduits, malgré le rigoureux
hiver de 1879, et le village de
Montmirey se voit enfin pourvu de
fontaines fournissant une eau saine et
abondante, même pendant les plus
grandes chaleurs.
Que n'avait-on commencé plus
tôt par là! (E. Belvaux
page 45)
Pour mieux comprendre ces chiffres
(E. Belvaux page 43), rappelons que la
belle mairie de
Montmirey-le-Château avait
coûté, en 1851:
2 600 fr d'acquisition du
terrain,
29 295 fr de
construction,
1 474 fr
d'architecte,
puis l'aménagement de la
salle de justice de paix et de
l'école de garçons,
1 000 fr,
un total de
34 369 fr.
Cette adduction a donc
coûté les 3/2 de la maison
commune.
NDLR. En
1845, un ouvrier touchait 450 F et un
instituteur 500 F, par an.
En 2004, un
ouvrier touche 12 000 Euros et un
instituteur, 14 400 Euros, par
an.
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Lundi 30 juin 2003.
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Au message que j'avais
laissé hier, Mme Monique
Vuillemin (1951) m'a répondu
qu'elle me ferait visiter
l'installation, genre tunnel, qui passe
sous sa maison. On n'y voit pas clair
et il faudra des bottes. C'est bien
cette source qui alimente la
Goulerotte, ce magnifique complexe
balnéaire qui sert à
abreuver les bêtes et laver le
linge.
Son père Charles avait
installé sur ce circuit une
pompe à bras pour son besoin
(Charles était
agriculteur).
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Mardi 8 juillet 2003.
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Avant 11 h, j'ai fait un
périple photo à
Montmirey-le-Château, pour
fabriquer les images manquantes:
l'abreuvoir en fonte de l'Olivier, 3,50
m de long, ensuite le Puits de la
Ruelle, équipé d'une
mécanique à godets, et
enfin, le grand lavoir municipal. Au
grand lavoir, la présence de
deux voitures a gêné mon
entreprise, alors je reviendrai la
semaine prochaine. Le premier bassin,
carré à sommets
tronqués, est tout vert et tout
gélatineux (pas lui, son
eau).
J'ai vu Robert Roy, le maire, qui
s'apprêtait à aller faner
et qui est sur la piste des plans du
tunnel d'adduction, par le biais de
Claude Terrier. J'ai rencontré
aussi Jean Laplante qui m'a
montré le dernier regard sur la
Goulotte, derrière sa
maison.
Dans le livret de Emile Belvaux on
écrit la Goulotte. Mme Vuillemin
nous dit "Goulerotte" et Jean Laplante
m'a ajouté que certains disaient
la "Gourlotte". Il faudrait donc
compter, selon moi, dans
l'évolution du langage, avec la
paresse des uns et la dyslexie des
autres.
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Samedi 12 juillet 2003.
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Monique Vuillemin et moi
étions parfaitement à
notre rendez-vous, et quelques minutes
après 10 h 30, nous entrions
elle et moi dans la galerie qui part
d'un trou d'homme dans le sol de sa
grange, au pied du mur
extérieur. Le souterrain est
constitué de trois segments
consécutifs (a, b et c).
Depuis l'entrée, un segment
de 5 à 6 m ("a"), praticable
accroupi dans son début, puis
(à cet endroit présence
d'une ventouse) on tourne à
gauche (120 degrés = angle des
deux segments) puis après 4 m
("b"), on tourne à droite, du
même angle pour entrer dans le
boyau terminal ("c") d'environ 8 m,
à l'extrémité
duquel on trouve le bassin de source,
d'environ 1 mètre-carré
et d'environ 60 cm de profondeur.
Le segment "a", qui contient
l'accès des hommes, continue de
l'autre côté, en direction
de la cour des Vuillemin, et sur la
partie qu'on voit, il continue à
perdre de la profondeur, puis se
termine à vue, comme victime
d'un éboulement.
Le boyau est large, au moins 80 cm,
haut de 1,90 m, il faut marcher pieds
éloignés pour respecter
le tuyau de 10 cm de diamètre
qui convoie une eau qui n'est pas sous
pression, en effet, le départ
d'eau est le trop plein du puits de
source, aussi s'interroge-t-on sur la
présence d'une ventouse à
10 ou 12 m du départ.
Le boyau semble taillé dans
la roche, mais son chapeau est un
appareillage en berceau de rayon plus
court ou plus long selon les sections.
Ces murs, sont parfaitement plats et
verticaux, à l'examen, il s'agit
d'appareillages de pierres
taillées. Il donne l'idée
des allées sous les tumulus
bretons.
Le tracé, qui consiste en un
"z" étiré (ou en
baïonnette), ne nous dit
guère si c'est pour des raisons
de facilité de creusement ou si
on a voulu éviter un obstacle.
Aussi, rien ne nous dit si ce boyau
"abc", n'est pas, au départ, une
construction à ciel ouvert, et
qu'on aurait choisi de couvrir un
jour.
L'eau est belle et fraîche,
le fond de la source est tapissé
de jolis petits graviers. On ressent
à cet endroit tout les bienfaits
procurés par la "sous-terre" et
la présence de l'eau, dont il
nous revient à ce moment,
qu'elle est fondement de vie, comme
l'oxygène et la
lumière.
Après notre odyssée
souterraine, Monique Vuillemin me remet
à son père Charles
(1912), et nous bavardons sur la
terrasse couverte. Charles Vuillemin
n'est d'ici que depuis 1946... (il est
très vif et plein
d'humour).
A côté de la ferme
Vuillemin trône une belle et
gigantesque maison de facture à
mi-chemin entre le manoir et le
château. Le hobereau du lieu de
l'époque avait fenêtre sur
lavoir, puisque ce lavoir était
contre le mur, en contre-bas de la cour
de Charles Vuillemin. Le nobliau (M. de
Mayrot ?), fatigué de la
vision quotidienne des
lavandières caquetantes avait
proposé de donner l'eau, (dont
il était propriétaire) en
échange de l'extinction de ce
lavoir. C'est ainsi que l'eau de la
Goulotte a vu son chemin
prolongé jusqu'à la rue
principale, et que la commune a acquis
cette source. C'est Joseph Garnier, qui
la tenait de son père, qui a
rapporté cette explication.
Donc, il conviendrait d'admettre
comme sûr, que la source, le
tunnel et l'ancien lavoir ont
joué dans la même
pièce.
Charles Vuillemin évoque
aussi un épisode qui aurait fait
du bruit un certain temps au village
(entre 1960 et 1964): il avait
branché une pompe à bras
sur la source, avec l'autorisation du
Conseil Municipal (sous Léon
Poncelin), lequel lui aurait fait
cadenasser cette pompe un jour de
sécheresse. Cette anecdote
montre comme les esprits peuvent
s'échauffer, car une pompe
à bras ne représente pas
quantité susceptible de
d'appauvrir le débit d'une
source qui coule jour et nuit et en
toute saison depuis peut-être des
millénaires (disons au moins
six).
Enfin, le mur du lavoir Vuillemin
est toujours présent, avec une
baie carrée, qui devait bien
correspondre avec le tunnel
déjà cité. Est-ce
que la Goulotte ne serait pas la source
initiale du village, celle qui aurait
fixé et encouragé
l'installation des hommes à cet
endroit ?
Arrivé en 1946, aux Quatre
Vents, Charles Vuillemin raconte
volontiers le chemin de croix que fut
l'adduction d'eau par le Syndicat
Intercommunal présidé par
André Détot.
Entre débats
passionnés et périodes de
silence, la commune de
Montmirey-le-Château a
été branchée,
enfin, en 1964. «La conduite qui
va à Montmirey-la-Ville passe
par chez nous, nous dit Charles
Vuillemin, mais notre mauvaise
volonté a fait dire à
André Détot: "vous n'en
vouliez pas et maintenant vous en
voulez, alors, vous passerez
après les
autres" ».
Dans de nombreuses communes du
canton, la bataille de l'eau a
été longue et rude. A
Moissey, Henri Lépeule m'a
dit : "J'ai bagarré 17 ans
pour avoir l'eau, dont je n'ai
profité que 17 jours" (H.
Lépeule a
déménagé juste
après). Les arguments habituels
étaient que de l'eau, on en
avait, et qu'elle était
gratuite. A Montmirey-le-Château,
la bataille a été
d'autant plus acharnée que les
partisans du passé voulaient
recommencer une "adduction
Melay-modifiée". Mais un bon
sous-préfet aurait
déclaré que l'état
ne subventionnerait pas un tel projet
alors que les conduites du Syndicat des
Eaux étaient déjà
lancées.
En 1964, Montmirey-le-Château
(sous Henri Viénot) a ENFIN
résolu ses problèmes
d'eau...
En prenant congé de la
famille Vuillemin, j'ai demandé
si je pourrais revenir avec un
mètre, un rapporteur et un autre
passionné comme moi, pour faire
un relevé précis: Monique
m'a donné l'adresse d'un vieux
fouilleur de sous-sol, de mines, de
tunnels, qui habite à Brans et
qui est habité (et même
possédé!) par les Croix
Pattées...
puis je suis repassé par le
bi-lavoir (disons le lavoir bi-bacs),
il n'y avait pas de voitures, j'ai donc
fait toutes mes images, et Ô
surprise, le puisard était tout
neuf, l'eau était toute claire,
la belle eau, superbe, justement celle
que j'avais vue sous terre une heure
plus tôt.
Ô surprise, ou bien, Ô
miracle ?
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Mardi 19 août 2003.
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Sur le soir, Monique Vuillemin
m'accusait réception de mon
message pour me dire que vendredi 22
à 14 h, ça n'irait pas
pour nous accueillir avec Jean Michaud
car elle serait absente. Alors je n'ai
eu qu'à lui dire que nous
n'avions pas besoin d'elle pour qu'elle
soit d'accord avec notre projet.
"Oui mais, j'aurais voulu
être là pour
témoigner de l'émotion de
Jean", alors, j'ai proposé que
je témoignerais à sa
place...
Donc, Si Jean est libre, ce sera
vendredi à 14 h.
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Mercredi 20 août 2003.
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Je n'ai que de la chance, Jean
Michaud n'a que deux heures de libres
dans la quinzaine, c'est justement
vendredi de 14 à 16 h. Je lui ai
dit "bottes, jeans et gants".
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Jeudi 21 août 2003.
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A 14 h, en accompagnant des
théâtreuses de Dole pour
emprunter une charrette à bras
chez Robert Roy, le maire du chef-lieu,
je me suis muni de l'autorisation
magistrale pour pénétrer
dans le souterrain de la Goulotte.
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Vendredi 22 août 2003.
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Il était 11 h quand Jean
Michaud m'a proposé de venir
avec un comparse. Il s'agirait de Jean
Chenillot, le frère de Marcel,
enfin bref, un Chenillot que je ne
connais pas. Donc ça me ferait
deux gens de Brans au lieu d'un. Je
n'ai pas osé lui dire que il ne
s'agissait pas d'une visite
guidée, mais de faire des
photos, prendre des mesures, au moins,
repérer les appareillages
etc...
A 14 h, Jean Michaud arrivait dans
une 2 CV camionnette du siècle
dernier, suivi peu après par
Jean Chenillot, fontainier cantonal,
que je connais... depuis une trentaine
d'années!
Nous avons pris le temps de nous
équiper, de nous brancher sur la
grange de Charles Vuillemin, puis j'ai
laissé les deux Brantais passer
devant. Jean Chenillot connaissait bien
les lieux, puisque son métier
l'avait amené à
travailler sur cette portion
d'aqueduc.
Aux deux angles importants du
conduit, j'ai posé deux lampes
de chez camping-gaz, puis Jean Michaud
a installé son hallogène
au bord du bassin de source.
C'était une féerie,
c'était le Parthénon
éclairé par le dessous,
c'est là que nous avons fait nos
plus belles images.
Ensuite, nous nous sommes
déplacés à la
reculons et avons photographié
tous les segments l'un après
l'autre (seul le segment
d'entrée a été
photographié à contre
sens, c'est-à-dire en allant
vers la sortie). Jean Michaud
véhiculait les éclairages
et mesurait les longueurs, pendant que
Jean Chenillot m'assistait pour
écrire sur mon carnet; il avait
apporté avec lui deux
projecteurs autonomes, mais dont les
lumières étaient trop
concentrées (faisceau en
pinceau) pour arroser tout le champ
photographique.
Il a fallu mesurer les longueurs et
aussi les angles: j'avais fait un
compas géant avec deux lattes,
boulonnées avec un écrou
à oreilles, et j'avais
emprunté le gros rapporteur
jaune de l'école de Moissey. Les
angles ont été
mesurés au degré
près (et d'une manière
collégiale) et les longueurs au
cm près, grâce à
Jean Michaud qui est encore plus
maniaque que moi.
Nous avons mesuré la paroi
Sud du conduit, celle qu'on a à
sa droite quand au va, et sa gauche
quand on revient: (je dis, quand on va
tout droit, qu'on est à 180
degrés)
la longueur du puisard est de 280
cm, puis après un
décrochement de 15 cm, le
segment de conduit mesure 90 cm, puis
angle à gauche de 175
degrés (disons 180-5), puis un
segment de 400 cm et angle à
droite de 160 (ou 180-20), puis une
ligne droite de 551 cm, puis un angle
à gauche de 140 (180-40), puis
une ligne droite très longue de
940 cm pour arriver au coude initial,
fait d'un petite chambre pentagonale
dont les deux côtés de 126
et 135 forment un angle de 125
degrés. Cette chambre contient
la ventouse, c'est-à-dire, comme
l'a expliqué Jean Chenillot:
soupape automatique pour chasser l'air,
car nous sommes sur un point haut de la
conduite, à rapprocher des
robinets de vidange sur les points
bas.
La dernière ligne droite
mesure 375 cm pour arriver au trou
d'homme, au bord d'une dalle qui n'en
est pas une, mais une plaque de
cheminée où Jean Michaud
s'est mis deux fois le front dedans. Il
a ainsi examiné la coupable pour
constater qu'elle remontait à
l'Empire.
Après le trou d'homme, une
section qui continuerait sur
l'extérieur, mais qui est
murée, à trois
mètres de là.
Au cours de toutes ces mesures,
Jean Chenillot avait connecté
notre deuxième hallogène,
afin qu'on se croie sur les
Champs-Elysées.
Vers 15 h 30, nous avions
terminé, et même
photographié les deux
cheminées d'aération,
l'une sur la chambre pentagonale,
l'autre, bien plus haute, je ne sais
plus où, sûrement au bout
de conduit de 940.
Vers 15 h 31, avec la boussole de
Jean M, j'ai retrouvé le
méridien nord-sud qui passe
à 90 degrés du boyau
d'accès, à deux trois
degrés près.
J'ai oublié de sortir mon
thermomètre, mais Jean M m'a dit
qu'on était entre 14 et 16
degrés (Celsius, cette
fois).
Nous avons aussi omis de faire des
mesures de déclivité, je
ne m'en sentais pas le courage, mais,
il faudrait bien, un jour...
Sans mes deux camarades, j'aurais
mis au moins le double de temps pour
mes travaux, et l'arrivée
inopinée de Jean Chenillot nous
a apporté une aide de premier
plan.
Rentré à Moissey,
j'ai trouvé un rapporteur,
dessiné mon affaire sur une
feuille A4 où l'ensemble tient
à peine à
l'échelle 1/100.
A en croire la paroi Sud de
l'aqueduc, du trou d'homme à
l'extrémité (Est) du
bassin de captage, le boyau mesure
28,87 m. En mesurant la paroi Nord, on
pourrait trouver 7 ou 8 cm de moins.
environ.
L'heure des hypothèse
sonne.
Pourquoi ce tracé en "z" de
l'eau de la Goulotte, de sa naissance
jusqu'à l'immeuble
Vuillemin ? Cette Goulotte ne
serait-elle pas la source fondatrice du
Château de l'agglomération
qui l'entoure ?
L'eau sourd d'une petite falaise:
est-ce qu'elle empruntait ce curieux
canyon sur 30 m depuis longtemps ?
Est-ce qu'on a maçonné le
long de parois calcaires ? Est-ce qu'on
a profité du chantier de Melay
pour construire ce conduit d'une
façon bien voisine ? Est-ce
qu'on a travaillé à ciel
ouvert ou est-ce que ce conduit
était déjà
à l'état de tunnel avant
les pierres de soutènement et de
garniture ?
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Jeudi 28 août 2003, 14 h.
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Notre intervention sur l'aqueduc
avec Nicole a duré tout compris
une heure et quart.
J'ai posé une lampe à
gaz au premier coude, de 125
degrés, celui qui a fait l'objet
d'une chambre pentagonale, un ouvrage
à part entière. J'ai mis
l'hallogène sous le trou d'homme
afin de faire une bonne photo du
premier segment. Ensuite, nous avons
retrouvé les deux
cheminées d'aération, la
petite sur la chambre pentagonale et la
grande (+ 260 cm) qui est à 500
cm du puisard.
Enfin, nous avons mesuré la
longueur du boyau mort, celui qui part
du trou d'homme et qui est muré,
sur l'aval, à 460 cm de
l'entrée. Le tuyau hydrophore
d'environ 10-12 cm de diamètre
est composé de segments de 2 m,
qui s'emboîtent comme c'est
l'usage dans le transport de
l'eau.
Mon dernier travail a
été de reconnaître
sous quel angle démarre le
souterrain par rapport au mur Nord de
la maison Vuillemin (c'était 60
degrés, entre le bord du trou et
le mur, donc 30 degrés de
déviation par rapport au mur de
la Maison Vuillemin) je l'avais vu
à l'oeil -le mien. Après
une dizaine d'images argentiques au
flash, Nicole et moi avons
regagné la surface, pleinement
satisfaits.
Pour moi, c'est une satisfaction en
sursis jusqu'à ce que j'aie
transféré mes images
numériques (je dis maintenant
"développé") sur mon
ordinateur. Et là, ô Joie,
elles étaient toutes
bonnes.
Je vois maintenant le bout de ma
quête, il ne me reste plus
qu'à mettre la main sur le plan
cadastral pour chercher les
cheminées d'aération dans
la nature, qu'à attendre les
images de Jean Michaud, et à
trier toutes les photos en leur donnant
un ordre géographique et
chronologique.
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Jeudi 4 septembre 2003.
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Tiens, nous voilà en
septembre, le temps passerait plus vite
que nous ?
Je préparais mon accession
au plan cadastral de
Montmirey-le-Château, pour situer
le siège de la source et
évaluer la distance entre la
Goulotte et le lavoir, quand, Caroline
Tignolet, secrétaire de mairie,
m'a fait savoir que le Plan
était interdit de reproduction.
C'est donc le service des impôts
à Lons qui me fera le travail,
à raison de 3 Euros le A4. Le
saut que j'ai fait à la mairie
du Chef-lieu m'a tout de même
appris que la maison Vuillemin
s'appelait AD 124 et le beau lavoir AD
81 et qu'ils étaient distants de
18,1 cm soit, en vrai, 181
mètres.
A 13 h, mon ancien collègue
de RPI Christophe Ramaux, que j'avais
entr'aperçu le matin m'a fait
savoir au téléphone qu'il
s'intéressait à l'eau
dans sa commune, et principalement aux
sources, vivantes ou oubliées.
Il m'a aussi appris qu'il savait faire
le sourcier, et que je pourrais, s'il
le fallait, profiter de son talent. On
va donc grâce à lui,
savoir peut-être ce qu'est
devenue la source initiale de Melay, et
aussi celle qui nourrissait le lavoir
-aujourd'hui enterré- de
Montmirey-la-Ville, en face de la
maison Buisson (en face et non pas
à côté).
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Samedi 3 janvier 2004.
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Bonne année à
tous nos lecteurs, du moins ceux qui
ont le même amour de l'eau que
nous. J'ai appelé le maire de
Montmirey-le-Château, qui m'a
d'ailleurs déclaré qu'il
n'était plus maire depuis le 23
décembre 2003.
Robert Roy m'a confirmé que
le réservoir en forme de "chalet
tout en pierre", à
proximité de l'Olivier
n'appartenanit pas à l'adduction
"Melay", mais venait d'une petite
source du vieux château. Il m'a
dit aussi que le puits de la ruelle
faisait 22 m de profondeur, mais qu'on
trouvait, aujourd'hui, l'eau à 4
m du sol. Ce puits était
exploité à l'aide d'une
chaîne à godets.
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Mardi 6 janvier 2004, 14 h.
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Je suis allé en visite chez
Robert Roy, qui a 45 années de
conseil municipal à
Montmirey-le-Château. Il m'a dit
que les deux aérateurs du
souterrain de la Goulotte se trouvaient
sur une parcelle de la
propriété Vuillemin, mais
que la source d'eau pouvait être
au bout de cette parcelle, sur le
domaine du vieux château,
appartenant maintenant à la
commune. Il pense que chaque
aérateur est muni d'un chapeau,
c'est-à-dire une dalle
simplement posée sur le sommet
de la cheminée. Il m'a
suggéré de
vérifier tout cela, avec un
humain dans le souterrain, qui
frapperait par dessous avec une grande
tige et un humain dehors qui
réceptionnerait les sons. Selon
lui, le changement de rayon de courbure
du plafond du souterrain correspondrait
à la masse de terre
supportée, voûte en plein
cintre pour la partie lourde et la plus
lointaine de l'entrée, arc
très plat pour la partie proche
et légère.
Le Puits de la Ruelle était
un vrai gros puits, de gros
diamètre (au moins 2 m) avec une
margelle assez haute, d'environ 1,50 m.
Robert Roy m'a dit que la
mécanique à godets n'est
arrivée que plus tard, c'est son
frère André qui est
allée la chercher chez Wiltz
à Brans. André Roy avait,
selon son souvenir, autour de 17 ans
(comme il est né en 1928, on
peut dire, autour de 1945). Ce puits
était exploité par un
gros cylindre et une manivelle qui,
avec une chaîne, agissait sur un
seau montant et un seau descendant:
quand on voulait de l'eau, il y avait
toujours un seau en haut et un seau en
bas, donc toujours, était
réalisée
l'économie d'une manoeuvre sur
deux. Le seau sortant était muni
d'un crochet au cul, qui le faisait
automatiquement se renverser au sortir
du puits, dans une grande auge
métallique, posée comme
un diamètre sur le fut du puits,
mais plutôt au bord (donc, pas
comme un diamètre, mais
parallèlement à un
diamètre). Cette auge, au moment
d'une sortie (goulot) alimentait une
grande auge (2 m de long, 0,50 de
large et 0,25 à 0,30 de
profonfeur) en pierre où venait
s'abreuver le bétail.
La Vénus au carrefour qui
donne sur Champagnolot n'était
pas alimentée directement par la
conduite venant de Melay, contrairement
à l'abreuvoir en fonte de
l'Olivier, mais recevait son eau du
réservoir central du pied de la
Poste.
Quant à l'abreuvoir de
l'Olivier, il avait une petite porte
sous le "robinet", pour avoir de l'eau
quand même lorsque le niveau du
système baissait de 30 à
40 cm.
Il reste sur la place du village
une borne fontaine, datée de
1879, au coin de la maison commune, et
à peine plus bas, une belle auge
en arkose avec la trace, disons le
socle d'un appareil à pomper.
Robert Roy pense qu'il a pu s'agir
d'une mécanique à godets.
La belle auge a une tige, au bout, qui
sert à fixer le sapin de
Noël annuel.
De retour à la maison, j'ai
examiné les cartes postales
anciennes, et surprise, il y avait sur
la place en 1900, deux bornes
fontaines, on les voit très
bien, et contre la belle auge en
arkose, était tenu un poteau
électrique, en sapin.
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Jeudi 22 janvier 2004.
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Après quelques images faites
sur la nouvelle école maternelle
de Montmirey-la-Ville, je suis
allé faire un petit tour
à Pointre, photographier le
lavoir à deux couverts, au fin
fond d'un treije. De béton et
d'agglos, il semble être
né au début du XXe
siècle, peut-être en
même temps que la construction
des gares de la ligne du tacot. J'ai
rencontré le maire, Emmanuel
Saget, qui m'a appris que le grand
complexe hydraulique de l'entrée
(par Montmirey-la-Ville) avait
été cassé pour
raisons de sécurité
(celle des enfants)
En faisant le tour du village, pour
voir le puits d'Irma, j'ai atterri chez
Monique Saget, par erreur de maison,
mais là, Jean-Baptiste Saget m'a
parlé de la fontaine
d'entrée, à pavillon
à deux pans, en pierre, qui
était composé d'un
immense abreuvoir (comme celui de la
Saint-Michel à Frasne) et d'un
lavoir. En me rendant sur place, j'ai
pu voir les crêtes de ces
bassins, qui, ça se trouve, ne
seraient qu'enterrés, comme ceux
du lavoir Müller à
Montmirey-la-Ville.
En rentrant par Frasne, j'ai vu
l'abreuvoir de la Saint-Michel,
penchant du côté de la
descente, mais ici, aucune trace de
lavoir, malgré un bel espace
pour son emplacement.
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Mardi 27 janvier 2004, 17 h.
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Un simple coup de fil chez
André Roy m'apprend qu'il a une
photo du grand puits de la Riotte,
cette photo est petite, mais on voit
toute la mécanique.
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Lundi 2 février 2004.
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J'ai consacré cette belle
journée à me rapprocher
des fontaines du nord du canton.
D'abord, j'ai découvert la
fontaine-et-lavoir de Marpain, sous la
protection d'un saint sans tête,
Saint Symphorien. Ce lavoir est une
belle pièce entretenue du mieux
qu'on a pu, mais aurait besoin d'une
réhabilitation plus
cohérente. En particulier, la
toiture refaite semble trop courte pour
protéger comme il faut la
rangée de lavandières qui
s'installaient sur le côté
nord.
Puis à Mutigney, j'ai
découvert encore une belle
petite pièce qui m'était
inconnue, le troisième lavoir de
ce village, à l'écart et
au pied d'une colline: il est
formé de deux bassins de source
(ou d'un bassin double) qui abritent
l'un la Vierge et l'autre le Christ.
Michel Lecomte, qui habite la maison la
plus proche de ce joli petit bassin,
m'a dit qu'il se rappelait bien que sa
mère et d'autres personnes en
usaient. Michel est né en 1945
et l'eau du syndicat est arrivée
après 1960.
Michel et un de ses voisins m'ont
dit que le lavoir de Chassey avait
été "bullé"
(tué au bull-dozer) au moment de
l'adduction de l'eau.
Mon chemin m'a ensuite conduit
à Champagney où j'ai
photographié l'un des plus
grands lavoirs que je connaisse. En
plus de sa grande taille, il est
magnifiquement entretenu.
J'ai terminé mon
périple par la Tuilerie de
Champagney qui offre un lavoir
semblable à celui de la
commune-mère, mais beaucoup plus
petit. A proximité, j'ai cru
voir un égayoir à chevaux
de très grandes dimensions.
Ça ferait le troisième
égayoir que je rencontre dans ce
canton, après celui de Peintre
et celui, fraîchement
exhumé, de
Montmirey-la-Ville.
Je suis rentré avec une
moisson de 130 images, que j'ai
dû traiter avec patience, car la
bonne moitié d'entre elles
étaient inclinées de 3
degrés sur l'horizontale du
lieu.
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Mercredi 4 février 2004.
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J'avais à peu près
tout le canton, et à 14 h, pour
jouir de ce printemps en avance sur son
âge, je suis allé
"refaire" Peintre et Chevigny.
A Peintre, j'ai croisé le
maire Dominique Pernin qui m'a
annoncé la réfection
prochaine du magnifique égayoir
communal, sis entre le cimetière
et le CD 37. Ce sera en juillet 2004
qu'on refera le pavage, une bande de 2
m de large selon lui.
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Vendredi 6 frévrier 2004.
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J'ai décidé de
retourner là où mon pied
s'est tordu dans un pas de vache, le 11
mai 2003, là où
règne l'abreuvoir en fonte de la
rue haute (jusqu'en 1958, puis parti
à la rescousse de la rue basse
jusqu'à l'adduction de 1963). Il
dort gentiment dans une pâture en
face de la tuilerie gallo-romaine, qui
elle, est carrément devenue la
belle au bois dormant.
J'ai photographié le noble
récipient de façon
à pouvoir le recoller, avec
l'ordinateur, sur la grosse
borne-fontaine en pierre qui survit
contre chez Robert Ruisseaux.
Passant par la rue basse et la
gendarmerie, j'ai fait la stèle
du gendarme Michel, mort au moment de
la libération.
Puis, enchanté par mon
travail, j'ai mis le cap sur la
fontaine romaine d'Offlanges. Romaine
comme moi, c'est sûr. Le pavillon
de source ressemble comme trois gouttes
d'eau à celui de Pointre et
celui de Frasne (St Michel). C'est
vraisemblablement une construction du
XIXe siècle, disons, entre 1830
et 1880, à moins qu'un peu,
qu'à peine plus tôt.
Il paraît que le bull-dozer a
tout écrabouillé: il y
avait un abreuvoir et un lavoir, des
pierres sont témoins. On ne sait
pas ce qu'il reste, mais ce qui est
certain, c'est que si vestiges il y a,
ils reposent sous 1,50 m de terre, sous
un chemin. Si on voulait y aller voir,
il faudrait une belle équipe de
piocheurs.
En quittant Offlanges, le coeur et
l'aorte un peu gros, je suis
allé saluer le diviseur de
Melay, que, heureusement, Robert
Ruisseaux a rasé d'un peu
près, puisque ce monument est
sur ses terres culvitées. Ainsi,
on y voit bien plus clair.
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Lundi 9 février 2004.
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A 11 h, j'ai rendu une courte
visite à Marcel Daudy pour qu'il
me confirme et l'emplacement du
sanglier mort pour sa patrie, (le puits
III) et la forme du gros abreuvoir
Zocchetti. Ce serait un
trapèze-rectangle, la largeur
dévoyée serait le
côté qui longe le virage.
Je lui ai montré mon bac en
pierre de la rue basse, que j'ai
dessiné avec l'ordinateur et il
l'a trouvé trop large.
A 11 h 30, je suis allé chez
André Roy et Madame (Henriette
Bachelut) emprunter une photo du grand
puits de la Riotte, avec toute sa
mécanique faite aux Forges de
Pesmes, prise avant la guerre (en tout
cas, avant 1945).
J'ai appris aussi que Henriette
Bachelut avait été la
famille fermière de la maison
Vuillemin, de 1935 à 1950 et
qu'elle connaît le souterrain de
la Goulotte mieux que quiconque. Cette
ferme était
propriété du "baron",
elle appartient aujourd'hui à
Monique Vuillemin, fille de
Charles.
J'ai appris aussi que le
réservoir de l'Olivier
s'appelait en réalité,
réservoir du Poiset et qu'il
avait environ 1 m de profondeur selon
André et 1,50 m selon son
épouse. Et enfin, que la
mécanique qui a remplacé
le gros puits de la Riotte provenait
non pas de chez Wiltz à Brans,
mais de chez Ecarnot, à Brans
(transport assuré par
André vers 1945). A ce moment,
l'arasement du puits et la confection
de la dalle ont été
assurés par le maçon
Hippolyte Vuillet, le père des
(trois) triplés de la
maçonnerie Robert, Michel et
Daniel Vuillet.
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Mardi 10 février 2004.
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Le soleil d'hiver m'a
été propice, je suis
retourné à Marpain
refaire les deux abreuvoirs qui se
succèdent.
Avant d'atteindre Champagney, je
suis allé faire à
Dammartin quelques puits et le vieux
lavoir en rase-campagne qui n'a pas
grand-chose pour lui.
Puis j'ai mis le cap sur
Champagney, pour faire un lavoir,
petit, dont j'ignorais l'existence.
Piloté par René Gauthier
et Denise, j'ai couvert l'affaire en
dix minutes, quand pour avoir plus de
recul, j'ai sauté dans un jardin
mitoyen. Là, j'ai
été accueilli par un
Monsieur avec qui je me suis entendu
très rapidement, il s'agit de
Paul Veuriot, qui m'a montré son
album de CPA (cartes postales
anciennes) sur Champagney: on voit
même des lavandières du
cru, pas anonymes, en train de taper la
lessive. Paul Veuriot m'a aussi
parlé d'un égayoir
à chevaux, entre grand lavoir et
pont, dont on voit encore les
pavés.
Cette rivièrette qui fait
-aussi- le charme de ce village
s'appelle le "Nacey". Il naît
à Dammartin.
En repartant, je suis passé
par Champagnolot qui a un complexe
hydraulique de toute beauté:
pavillon de puisage comme celui de
Moissey, mais sans chapeau, puis trajet
de l'eau en "s" très
ingénieux, abreuvoir,
rinçoir, lavoir, tout inscrit
dans un adorable rectangle.
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