village de moissey, le passé

Gaston Simonin, mon oncle [1913-1940]

né à Moissey

par son neveu Pierre, né en 1954

page de Pierre Simonin

Pierre Simonin (1954)
Fernand Simonin (1923-2004) par Ch. Poirrier

André Simonin (1911-1965) par son fils Pierre Simonin

Gaston Simonin, (1913-1940) par son neveu Pierre Simonin

Marie Simonin (1864-1944) par Pierre Simonin

Philomène Simonin (1875-1950) par Pierre Simonin

Victor Simonin (1879-1954) par son petit-fils Pierre (1954)

Toute la vie, tome I, 2015, par Pierre Simonin(né en 1954)

voir aussi Groupes d'écoliers

 

Gaston SIMONIN

Mort pour la France

15 août 1913- 16 juin 1940

 

Mon oncle Gaston Louis naît à Moissey d'un père maçon et d'une mère au foyer le 15 août 1913.

Il est le fils de Victor SIMONIN né le 5 novembre 1879 à Moissey décédé en 1954, et de sa mère Fernande Pitot Belin née le 27 juillet 1887 décédée à Moissey en 1968.

Il y a six enfants dans la famille. Il était le deuxième fils de la lignée.

André le premier fils naît en 1911, Georges en 1915, Yvonne en 1920, Fernand en 1923, et Lucienne en 1925.

Il a passé son enfance dans le plus vieux secteur de Moissey «appellé le fort Griffon» situé en bas du village. Rien à voir avec un fort, ce quartier est un «lieu dit» où tous les enfants de Moissey ont couru autour de ce vieux pâté de maison.

La maison est déjà habitée par mon ancêtre Claude SIMONIN vers 1730-1740.

Ses premières années, Gaston les passe à l'école communale avec

M. Edmond Guinchard, son instituteur.

C'est un homme qui est prédisposé pour faire des études et passe son CEP à 13 ans. Il suit des cours complémentaires que lui enseigne son instituteur car les jeunes gens qui présentent des possibilités aux études peuvent faire des cours supplémentaires.

Mais les revenus des parents sont modestes et il décide de partir travailler dès l'âge de 14 ans.

Passionné de moto, il passe son permis en 1936. Pour ses deux garçons, Victor achète une moto 350cc aux chromes rutilants de marque Koehler-Escoiffier sous marque de Monet-Goyon.

Construite à quelques exemplaires par les deux mécaniciens Koehler et Escoiffier le réservoir est chromé ainsi que d'autres parties et le changement de vitesses se fait avec un sélecteur au pied et non pas sur le réservoir comme toutes les autres motos.

Bernard Grebot se rappelle d'une anecdote :

«Sur cette moto d'un beau bleu marine André SIMONIN fait le tour de la place de Moissey, mais mon père freinant brutalement bute le nez dans le guidon ce qui fait rire les conscrits et les copains du village».

Gaston et André ont grandi ensemble en promiscuité, en étant très complices car seulement trois ans les séparaient.

Ma tante Lucienne se souvient également de ce frère gentil qui était proche d'elle.

A cette époque Moissey a 2 fêtes annuelles et il y a un 3 cafés, le café Ardin, le café Grebot et le café de Julie Guillaume.

Au village, au café de M. Arsène Ardin près de la fontaine, il y a un piano mécanique.

Avec 20 centimes de l'époque l'on peut écouter les chansons du moment.

Les jeunes se réunissaient régulièrement aux cafés et tous les copains de Gaston, Marcel Thomas,Virgile Ruisseaux, Serge Sigonnet formaient une équipe.

Bernard Grebot qui était enfant se souvient des chansons que chantaient ces joyeux garçons dans le café pas très large et tout en longueur de son pére.

Ces jeunes chantaient la Madelon, et toutes les chansons du moment,

«La guinguette a fermé ses volets, Le plus beau tango du monde etc... »

Ils dégustaient de la langouste en boîte en buvant le vin du pays de Moissey, le fameux «Baco ou Noah».

Tous ces jeunes gens se retrouvaient à la laiterie qui était Rue Basse et faisaient beaucoup de bruit en riant ce qui créait de l'animation dans le village.

Ils attendaient qu'arrive le «tacot ce petit train qui allait de Dole à Pesmes» et ils chantaient « il est coc…. le chef de gare sur l'air de «Il était un petit navire».

Une douce ambiance régnait.

Gaston est un jeune homme svelte avec les cheveux châtains légèrement frisés et les jeunes filles n'étaient pas insensibles à son charme. Il travaille dès 1927 dans l'entreprise de son père Victor puis quelques temps à la carrière de Moissey.

En 1933, il effectue son service militaire dans le 4ème régiment d'artillerie, il a 20 ans. Vers 1934, il passe le concours pour rentrer à la SNCF et commence sa carrière à Mouchard et part ensuite habiter à l'Isle-sur-le-Doubs, où il rencontrera sa fiancée.

En 1939, la guerre est déclarée et pour la mobilisation il est affecté au 28 RAD EM 3ème groupe secteur postal 13.839 pour prendre part à la 2ème guerre mondiale contre l'Allemagne du 2 septembre 1939 au 25 juin 1940.

Commencée le 13 mai dans les Ardennes, la bataille de France sera la période la plus difficile pour les soldats Français en cette année1940.

Pendant tout le mois de Juin, le commandement Français est complètement débordé avec des manques de stratégies, et les pauvres soldats combattent dans la pagaille en face d'allemands déterminés.

Cette période sera appelée «la débâcle».

Gaston fera son devoir contre l'ennemi pas très loin de Sully-sur-Loire à côté de son copain Marcel Saget de Pointre.

L'armée française fera sauter le pont suspendu le 18 juin pour couper la retraite aux «boches».

Il sera très gravement blessé près de Pithiviers, vers le village de Guigneville ou Greneville en Beauce (lieu exact inconnu) dans le département du Loiret, canton d'Outarville, arrondissement d'Orléans, le 16 juin dans l'après-midi vers 15 heures.

PS : par décret en avril 1939 Grigneville s'est appellé Greneville en Beauce.

Dans la confusion, le blessé est dirigé sur Melun alors que la ville d'Orléans est plus proche.

Il décédera à l'hôpital de Melun le 16 juin quelques jours avant l'armistice qui sera signé à Rethondes le 22 juin 1940.

Un copain aumônier sera proche de lui jusqu'à la fin.

Il décrira dans une très longue lettre, l'agonie de ce garçon qui sera courageux dans la souffrance.

La dernière lettre de Gaston envoyée aux proches est datée du 14 juin.

Depuis Londres, le 18 juin 1940, le Général de Gaulle lance son appel à combattre l'Allemagne après la capitulation Française. .

La famille sera très marquée par ce décès et mon père André à un énorme chagrin.

Il sera marqué toute sa vie, la cicatrice ne guérira jamais.

A l'âge de comprendre vers 8-9 ans, je pose des questions à mon père qui me décrira mon oncle comme un homme gentil et aimant la vie, mais ce sujet était difficilement abordé.

Il était fiancé à une jolie jeune fille se prénommant Adèle qui était coiffeuse à l'Isle-sur-le-Doubs, village situé près de Baume-les-Dames.

L'armistice a été signé en juin 1940, mais la guerre va continuer et 22 enfants du pays seront tués avant la libération de 1944.

Mon grand père Victor et mon grand père Paul Bécanier dès le mois de juin 1940 vont tout faire pour entreprendre des recherches et avoir des nouvelles car dans ces temps difficiles peu d'informations remontent aux familles. Pendant deux années pas de nouvelles.

Des lettres à la croix rouge et au ministre seront envoyées, et mes grands parents arriveront à connaître quelques renseignements complémentaires seulement après deux ans.

Ma tante Lucienne et mon père ainsi qu'une autre parente Marie de Paris, se rendront en train au cimetière de Melun en juin 1942 pendant l'occupation.

La tombe est entretenue par la mère d'un jeune soldat qui fut tué dont le corps est inhumé à côté de mon oncle.

Gaston recevra la croix des combattants et la croix de guerre à titre posthume.

Son corps sera rapatrié dans son village de Moissey en 1948, le curé André Paget fera un long discours qu'il lira en présence de la famille, du maire et des habitants du village avant son inhumation dans le cimetière où se trouvent aujourd'hui toutes les sépultures de la famille SIMONIN.

 

 

NB : les faits et anecdotes qui sont décrits ci-dessus émanent des récits de mes proches ou des amis qui ont connu ou côtoyé Gaston, ainsi qu'aux documents d'archives que j'ai pu recueillir.

Merci à tous pour ces témoignages des années antérieures.

 

Pierre SIMONIN Janvier 2012

Carte des combats en juin 1940.

La France en 1940.

Gaston Simonin, au 3ème rang, au service au 4ème Régiment d'Infanterie. Au-dessus du soldat qui tient le tableau, un soldat à casquette penchée, et au-dessus, c'est Gaston...

Gaston Simonin, au 4ème RAD

Gaston Simonin, 2ème rang, 4RA, fenêtre

Gaston Simonin RA, Gaston est celui qui a le bras posé sur un autre, au centre de la photo.

Gaston Simonin, en haut et à droite

Gaston Simonin

Guigneville dans le Loiret, carte Michelin

Pithiviers, dans le Loiret, carte Michelin.

Sully-sur-Loire, carte postale ancienne (vers 1910).

Sully-sur-Loire, carte postale semi-moderne (autour de 1950).

La moto Koehler-Escoiffier, PS 47, 350 cc

La tombe de Gaston Simonin, au cimetière de Moissey, son village natal.

Pierre Simonin, fils d'André, neveu de Gaston, petit-fils de Victor, à Moissey en 2011.

Pierre Simonin (1954)
Fernand Simonin (1923-2004) par Ch. Poirrier

André Simonin (1911-1965) par son fils Pierre Simonin

Gaston Simonin, (1913-1940) par son neveu Pierre Simonin

Marie Simonin (1864-1944) par Pierre Simonin

Philomène Simonin (1875-1950) par Pierre Simonin

Victor Simonin (1879-1954) par son petit-fils Pierre (1954)

Toute la vie, tome I, 2015, par Pierre Simonin(né en 1954)

voir aussi Groupes d'écoliers

village de moissey, quelques chansons de Pierre Simonin et Denis Simonin

La Farandole, sur YouTube, Pierre Simonin et Denis Simonin

Si loin d'elle, Denis et Pierre Simonin

Village d'enfance, Pierre Simonin

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