village de moissey, le livre de Pierre Simonin (tome 1)

toute la vie

confidences et anecdotes

village de moissey, quelques chansons de Pierre Simonin et Denis Simonin

La Farandole, sur YouTube, Pierre Simonin et Denis Simonin

Si loin d'elle, Denis et Pierre Simonin

Village d'enfance, Pierre Simonin

Pierre Simonin (1954)
Fernand Simonin (1923-2004) par Ch. Poirrier

André Simonin (1911-1965) par son fils Pierre Simonin

Gaston Simonin, (1913-1940) par son neveu Pierre Simonin

Marie Simonin (1864-1944) par Pierre Simonin

Philomène Simonin (1875-1950) par Pierre Simonin

Victor Simonin (1879-1954) par son petit-fils Pierre (1954)

Toute la vie, tome I, 2015, par Pierre Simonin(né en 1954)

voir aussi Groupes d'écoliers

 Tome 1

 

 

Toute la vie (1)

 

Confidences et anecdotes

Pierre SIMONIN


 (1) Chanson de Claude François

 Préambule

 

L'idée d'écrire la rétrospective de ma vie était enfouie au fond de moi depuis longtemps. Alors pourquoi et pour qui réaliser ce récit  ?

Deux questions que le lecteur pourrait se poser concernant cet ouvrage!

Le premier tome de cette biographie racontera des souvenirs personnels empreints d'anecdotes illustrées d'événements d'actualité qui se sont déroulés en France ou dans le monde entre 1950 et 1980 quand nous étions mômes. Rétrospective de quelques faits dont nous avons été les acteurs ou les spectateurs car nous avons tous vibré pour les mêmes choses livres, musiques, sports, émissions de télévision, motos, voitures.

En rappelant ces moments qui nous ont marqués ou touchés, quelques garçons ou filles (2) nés dans ces années 1950, reverront peut-être des images ou des souvenirs enfouis au fond d'eux-mêmes car tout nous passionnait.

Ce récit est destiné à mes enfants, petits-enfants, familles, amis, et à tous les nostalgiques intéressés par se remémorer les instants vécus ou non de ces belles années passées. Passionné de généalogie en recherchant les traces de mes ancêtres, j'ai constaté que peu d'écrits existaient sur leurs vies, leurs passions, leurs occupations journalières. Les nobles ont laissé des traces de leurs descendances sur des parchemins ou des gravures (arbres généalogiques d'époque), mais ce n'était pas le cas des classes pauvres qui n'avaient pas l'argent nécessaire à cet usage.

Si, dans les siècles précédents toutes les technologies actuelles n'existaient pas, plus près de nous, jeunes et insouciants, nous ne pensions pas à aller interroger nos ancêtres. Avec nonchalance, nous avons côtoyé nos grands-parents et nos parents, mais sans leurs poser les questions fondamentales du passé qu'ils n'aimaient d'ailleurs pas trop aborder.

Souvent il était trop tard pour obtenir des informations sur nos origines et nos familles pour établir une généalogie avec précision car nos proches et nos anciens avaient disparu.

«Ils vivaient à côté de nous  mais on ne les voyait pas ».

Heureusement l'état civil fut instauré et cette institution est aujourd'hui une aide efficace aux milliers de généalogistes ou de gens passionnés d'archives.

(2) Chanson de Françoise Hardy 1962

Inexorablement, tranquillement, posément, la pendule tourne, les heures, les jours et les années passent. Nous avons été appelés gentiment les enfants du  «bapy boom», deux petits mots pour définir les enfants dont la naissance se situe dès 1945 dans cette France récemment libérée. A l'automne de ma vie, cet ouvrage est un petit clin d'oeil en arrière pour retracer  trente années : 

«les 30 glorieuses, termes couramment employés par les  historiens».

Nous avons  brûlé ces jours d'enfance sans considérer cette période grandiose. Mais dans nos mémoires sont gravés des souvenirs que le temps nous rappelle.

Avec le recul, ce fut une superbe époque de contacts humains, de travail, de paix et de bonheur. Bien entendu, tout n'était pas rose mais nous prenions le temps d'écouter, de nous cultiver, d'apprendre et de nous instruire pour exercer un métier et pour réussir nos vies. Nous avions 10,12 ou15 ans, mais ce qui était important on se parlait, on se regardait. En fait on se voyait physiquement sans avoir recours à des machines robotisées ou tout est virtuel et fait pour forger l'individualité. A cet âge quoi de plus beau que de mordre dans la vie ? Quoi de plus beau que de vivre, follement, intensément, librement. C'était un autre temps. Ce fut une autre vie. Non ce récit n'est pas réalisé pour sombrer dans le pessimisme mais il sera sans doute un peu nostalgique. L'âge avançant chaque jour, la mémoire nous place face à nos souvenirs. Pourquoi cela ? Je n'en sais rien, ce sont les méandres de la vie. De temps à autres des images tournent et reviennent régulièrement dans ma tête. «Hier est près de moi».

L'enfance laisse une marque indélébile sur les êtres humains. Chaque jour dès que je me lève, je regarde la nature avec son nouveau paysage et ses nouvelles couleurs. Et puis il y a le monde et les gens qui nous entourent. Je les aborde sans complexe et presque toujours un dialogue s'instaure, mon coté capricorne peut être. De père en fils nous sommes des commerçants et ce besoin de parler et du contact des autres pour nous est essentiel. Cela m'a servi tout au long de cet éclair de vie personnelle et professionnelle. Bien sûr il faut vivre le présent; Mais aussi garder ce passé dans un coin de nos têtes sans le renier, sans l'effacer, car au fond de nous resteront gravées pour toujours les étapes marquantes de notre vie que notre cerveau complexe nous ramène par bribes régulièrement. Paradoxalement nos enfants nous posent des questions sur leur petite enfance et de temps à autre nous disent: «quand j'étais gosse je me souviens de ceci ou cela». Les personnes âgées ou souffrantes se souviennent plus facilement de leurs jeunes années que de certains faits récents, et la maladie les transporte dans leur passé en leur faisant oublier le présent.

Le corps humain est très bien constitué mais aussi très compliqué.

 

Dans ces années d'après guerre, les Français débutaient une ère nouvelle essayant de panser les blessures et les affres d'un conflit grandiose à peine terminé, où de nombreuses cicatrices étaient encore dans tous les esprits. Dans ce pays décimé par la folie meurtrière des hommes, il y avait du travail pour ces toutes ces familles qui sortaient meurtries par quatre années de guerre très dures ou beaucoup d'hommes et de femmes avaient perdu la vie. La France était au travail pour se reconstruire et la population voulait revivre, oui vivre.

Et puis les années s'écoulent, des enfants naissent, la sérénité revient et dès le début de 1960, le modernisme frappe à notre porte avec l'arrivée de nouveaux appareils facilitant et simplifiant la vie de tous les jours.

Les années suivantes seront encore plus rapides et plus techniques.

Tout s'accélère vite, très vite ! Trop vite diront certains. La course aux inventions est lancée et elle avance avec une rapidité fulgurante.

En1968 les années baba-cool arrivent dans beaucoup de pays en apportant quelques libertés nouvelles. Des festivals de musiques grandioses ont lieu en 1969: Woodstock aux USA et Wight en Angleterre où l'on découvre des groupes qui sont encore présents de nos jours. Cette «grande liberté des moeurs» sera de courte durée, marquée pendant deux ou trois années encore mais elle s'éteindra doucement l'esprit Français conventionnel conservateur aidant. L'après 1968 amènera d'autres changements dans notre vie avec une nouvelle prise de conscience d'une partie de la population et surtout de nous "la nouvelle génération". La question suivante peut se poser:  «peut-on arrêter l'évolution  et surtout doit-on l'arrêter?»  Sûrement pas. L'exemple le plus flagrant est celui de la médecine avec ses avancées gigantesques qui permettent chaque jour de sauver des milliers de vies.

Ce sujet est complexe en vérité, car bien sûr il faut toujours aller de l'avant et ne pas régresser en regardant en arrière. Mais il faut laisser le temps au temps. Ne pas aller trop vite car le risque de tomber (chanson de Denis et Pierre «Nous allons tous tomber») et de se ramasser devient important. Les inventions démarrent et les temps changent disent les anciens. Nous étions libres ! mais pas de faire n'importe quoi. Malgré notre jeunesse rebelle, à la maison à l'école ou ailleurs, il n'est pas question de ne pas respecter les règles établies et enseignées. Bien sûr, certains ont essayé de contourner cela en dépassant les limites de la tolérance mais sans jamais basculer dans des situations graves ou de folies meurtrières telles que nous en voyons chaque jour.

 

Tout passe, tout casse, tout lasse dit le proverbe. Si toutes les époques ont connu leurs lots de criminels, de voleurs, de pervers ou de malfaisants tout était très différent dans ces années-là. Il existait des «conventions» entre policiers et voyous et la parole donnée par un malfaiteur était régulièrement respectée observant un «code établi».

Dans ses livres le commissaire Roger Borniche a relaté ce début du vingtième siècle, en donnant de remarquables précisions sur les relations qui existaient entre police et malfrats.

De nos jours, les hommes restent passifs face à des situations que l'on ne pouvait même pas imaginer autrefois. Les valeurs morales sont anéanties.

L'intolérance, le non respect de la personne humaine ou de la propriété se rencontre chaque jour, et cela peu importe l'âge. Ce pays n'est pas l'Amérique  !

Ce n'est pas encore la loi du plus fort réglé à coups de révolver, mais nous assistons à des situations avec le franchissement de barrières et de lignes jaunes que nous n'aurions jamais envisagés de "sauter" autrefois.

Aujourd'hui dans la rue on tue  ! Pour une cigarette, une montre ou pire pour rien  ! Le monde des humains est devenu fou, sans limite, dangereux et grave  !

Les gouvernants et les gouvernements successifs minimisent les faits les plus graves et se perdent en contradictions pour éviter tout embrasement, nous faisant prendre des vessies pour des lanternes. Ce ne sont que des politiciens sordides avides de gloire  personnelle! Le peuple Français est-il un peuple de dupes ? Un peuple de faibles incultes?

Doit-on accepter l'inacceptable et fermer les oreilles la bouche les yeux pour ne rien entendre rien dire ou ne rien voir ? Non ce n'est pas cela les habitants de France.

Le pouvoir a fait venir dans les années 60 une quantité d'émigrés de différents pays d'Europe que le peuple Français a accueillis et qui ont su s'intégrer. Ces gens-là avaient différentes nationalités, ils voulaient travailler et trouver une place dans la société. De nos jours «une  certaine partie de la population» ne veut pas respecter les lois de notre république voulant vivre riches avec de l'argent facile plein les doigts sans rien faire.

Cela engendre des choses terribles! Les pompiers sont tabassés, les médecins qui visitent les cités sont agressés, les commerçants dévalisés, le quidam délesté, sans oublier les forces de l'ordre qui font face à de véritables insurgés.

Et je n'évoquerai pas les voitures brûlées chaque jour aux quatre coins de France.

Chut! sujet tabou!  surtout ne pas en parler!

 

De très nombreux faits sordides sont étouffés, déformés ou accentués par des médias voyeurs qui entretiennent dans leurs journaux une désinformation avec une présentation discutable. Pauvres de nous! Pauvres téléspectateurs que nous sommes  ! Tout cela n'est pas logique!  Et surtout pas ma logique.

Les quartiers de non-droit ne devraient pas exister. Pourquoi rester passifs et dire que nous ne pouvons rien faire parce qu'il n'y a pas de solutions ? Et pourquoi ne pas mettre en place des moyens qui existent pour cela ?

Cette réflexion n'a rien à voir avec quelques configurations politiques quelles qu'elles soient. C'est juste une question de bon sens et de respect pour chacun.

Ce grand pays démocratique d'Hugo et de Jaurès devient n'importe quoi.

L'individualisme et l'insécurité se sont accrus et puis les machines remplacent l'homme dans son travail petit à petit.

Mais que va devenir cette France et que sera-t-elle en 2030  ? 2050?

Comment et de quoi vivront nos enfants  demain? Nos petits-enfants et la suite?

Beaucoup de questions qui restent sans réponses! J'ai vécu certains événements qui m'ont meurtri ou blessé. Le pire de tout sera la perte de mon père au début de ma vie. Je resterai marqué par cela. Parmi d'autres passions, la musique sera «un remède» et un de mes refuges. Elle m'aidera à passer certains caps difficiles. En fonction de l'âge, je découvrirai ses nombreux aspects et je connaîtrai des émotions différentes, sans jamais renier tout ce que j'ai aimé avant et qui a martelé chaque année de mon temps. Peu importe ce que certains pourront dire ou penser de mes idées, de mes choix ou de mes gouts, je m'en fiche; j'assume tout. Chacun bâtit son destin et fait ce qu'il veut ou ce qu'il peut de sa vie c'est ma devise. Chaque personne voit les choses différemment. Détester ou aimer critiquer ou apprécier. C'est cela le respect de l'autre et tant mieux si chaque homme est différent. Dans ce pays des droits de l'homme trois mots sont un leitmotiv: liberté, égalité, fraternité. Mais ces trois mots existent-ils encore «sur tous» les frontons de nos écoles et de nos mairies? J'ai toujours cru à une bonne étoile. D'aucuns naissent avec le pouvoir du père, une cuillère d'argent dans la bouche. Sont-ils plus heureux dans leurs têtes, je ne le crois pas. Car riches ou pauvres nous avons tous un jour la possibilité de saisir une ou plusieurs chances qui passent qu'il faut savoir accrocher.

Oui, il faut saisir cette chance qui se présente, réfléchir un peu et plonger, se lancer. Tout le monde connaît des joies, des peines, des remords dans la vie.

Ce combat de chaque instant, est une lutte permanente ou il ne faut jamais désespérer.

 

Depuis ma petite enfance je n'ai jamais baissé les bras en croyant en chaque jour avec cette envie de me battre. J'espère toujours conserver cette force !

Je n'ai jamais rien demandé. Je ne dois rien à personne.

Surtout pas d'avoir été pistonné ou privilégié.

Mon regard d'aujourd'hui dans le miroir est le même qu'hier: droit, figé.

Peu de personnes nous ont aidés! (4)

Cependant quelques-uns nous ont offert leurs sourires ou nous ont tendu la main en proposant leurs services. Qu'ils soient remerciés.

Pour finir, le titre de ce livre ayant commencé par le nom d'une chanson, je terminerai ce préambule par celui d'une autre chanson  (5):

«Non je ne regrette rien».

 

(4) L'auvergnat, chanson de Georges Brassens

(5) Non je ne regrette rien, d' Edith Piaf.

 

Pierre SIMONIN

 

 


A Madeleine...

 

Quand sur terre tous les hommes accepteront de se respecter en préservant les animaux, la flore et la nature,

le monde sera un jardin d'Eden et les peuples vivront en paix.

 

Pierre SIMONIN

 


Arbre généalogique
 
Hommes
mariage
Femmes
Enfants
Règnes

Pierre Noel SIMONIN 1680 -1727

avec

Anne BOUSSARD 1695-1740

7

Louis XIV

Claude SIMONIN 1718-1772

avec

Anne Claude PALUT 1721-1772

3

Louis XV

Eloy SIMONIN 1764-1831

avec

Jeanne OUDOT 1758-1824

8

Louis XVI

Claude Jean Baptiste SIMONIN 1786-1834

avec

Anne Françoise PORTE 1776-1844

3

Napoléon I

Claude Joseph SIMONIN 1814-1867

avec

Jeanne PICARD 1823-1878

7

Louis XVIII

Alexis SIMONIN 1849-1908

avec

Anne Claude MOUGEOT 1840-1924

4

Louis Philippe

Victor SIMONIN 1879-1954

avec

Fernande PITOT-BELIN 1887-1968

6

Napoléon III

André SIMONIN 1911-1965

avec

Madeleine BECANIER

2

3e République

Pierre SIMONIN 1954

avec

Michèle GUYON 1955

2

4e République


Racines et famille

 

Le nom Simonin se retrouve dans la France entière mais il est particulièrement plus répandu dans la région Est, du Jura à la Haute Saône. Vieille souche de Français, notre généalogie nous informe de notre longue histoire Jurassienne.

Nos racines les plus anciennes se retrouvent en l'an 1650 dans ce joli Jura à Brans où vit Pierre Noël Simonin. Son fils Claude se marie et il est le premier à s'établir à Moissey en novembre 1747. En cette période, règne de Louis XV, notre ancêtre est vigneron dans ce village couvert au deux tiers de vignes. Claude aura un fils nommé Eloy qui décèdera à Dole en 1831. Eloy à Claude Jean Baptiste qui naît le 23 juin 1786. Claude Jean Baptiste aura Claude Joseph en 1814. Il faut souligner que tous les garçons de ma famille sont nés à Moissey. Ils seront tous vignerons, couvreurs ou maçons, professions retransmises de père en fils jusqu'à mon père André Simonin. Claude Joseph Simonin (1814-1867) aura sept enfants, dont une fille Marie née en 1864, rue des Gorges, pas très loin de chez ses grands parents qui habitent dans la rue du fort griffon. Marie est mon arrière grand-tante. Elle part travailler à Paris à vingt et un ans vers 1885, mais revient régulièrement pour voir sa famille. Elle utilise le moyen le plus simple  : le train de Paris à Dole et le tacot «petit train de Dole à Moissey». Elle veille sur Victor son neveu, ses frères, et sa nièce Philomène. Pour le mariage de mes grands-parents elle offre en cadeau un superbe service en argent et envoie souvent des livres ainsi que des albums aux enfants. Philomène a un handicap qui lui procure quelques difficultés pour marcher. Couturière de métier, elle habite Rue Haute avec son frère. Elle se rend de temps à autres à Paris chez Marie qui l'emmène à l'opéra ou au bord de l'océan au Tréport. Mon grand-père Victor est né à Moissey en 1879. Il fréquente l'école où il est très bon élève et obtient son certificat d'études primaire à 12 ans 1/2. Remarqué par son instituteur celui-ci insiste près de ses parents pour qu'il continue l'école. Mais son père refuse et lui fait commencer un apprentissage de maçon à 13 ans. Victor débute ce métier très jeune mais une mauvaise nouvelle va changer sa vie. Alexis son père disparaît fin1899 en laissant ses quatre enfants Victor, Alexis junior, Philomène et Jules ainsi que la mère de mon grand- père. Alexis est parti en laissant derrière lui un mystère et nos recherches et investigations ne nous ont pas donné à ce jour de réponses sur ce rapide départ. A 20 ans Victor reprend l'entreprise. La famille Simonin est semblable à beaucoup de familles, avec ses hauts, ses bas, ses petites histoires, ses petits secrets! En voici quelques uns-racontés et présentés ci-dessous.

 


1954-1964

Les années tendres (5)

Dix années jurassiennes trop rapides…

 

Je suis né au milieu des années 1950 en Bourgogne à onze kilomètres de ce village Jurassien de Moissey où je vivrai "ma tendre enfance".

Ces dix premières années, je les passerai dans ce petit bourg qui a connu une histoire très riche de l'ère gauloise à nos jours.

Nous sommes 2 enfants issus du mariage de mes parents Madeleine et André. Aînée de la famille ma soeur Nicole naît dans le petit appartement que mes parents louent situé au dessus de l'épicerie Guillaume en face de la fontaine du village. Quelques mois avant ma naissance la maternité d'Auxonne vient de se créer et je verrai le jour dans cette petite ville bourguignonne début janvier 1954. Cette année là est particulièrement rude et froide, à tel point qu'en février Henri Grouès (l'abbé Pierre) lance un cri d'alarme afin de mobiliser tous les volontaires ainsi que les partis politiques français pour aider les sans-logis. Il fondera les Chiffonniers d'Emmaüs le 12 mars 1954.

Mes parents se sont connus en1939. Ma mère a rencontré son mari par l'intermédiaire de son frère qui fréquentait Yvonne la soeur de mon père.

André naît au village le 11 novembre 1911, il est  l'aîné; le premier garçon de Victor maçon et Fernande mère au foyer qui auront quatre garçons et deux filles. A cette époque les couples avaient beaucoup d'enfants et les familles nombreuses étaient fréquentes. Ma grand-mère est une fille Pitot-Belin, très vieille famille moisseyenne dont les racines se perdent au règne du roi soleil. Mon père est un homme gentil qui affectionne tous les plaisirs de la vie. Vivant simplement, il est chauvin de son pays, la France et fait sa scolarité à l'école de Moissey où son dernier instituteur, Edmond Guinchard, écrira en 1913, le beau livre:  la Monographie de Moissey. Il effectue son service militaire à 20 ans, classe 1931, dans l'artillerie où il s'occupe de la cuisine et des chevaux.

A la deuxième guerre mondiale, le 6 septembre 1939, il rejoint le 47e régiment d'artillerie pour la mobilisation générale afin de participer à la campagne contre l'Allemagne qui a envahi la France. De septembre 1939 au 25 juin 1940 il est canonnier servant actif.

 

(5) les années tendres, chanson de Denis SIMONIN

 

 

Il sera démobilisé le 17 juillet 1940. De ces cinq années de guerre, il reviendra marqué et il recevra la carte de combattant pour citation à l'ordre de la division qui lui permettra d'obtenir la croix de guerre avec étoile d'argent.

J'ai conservé ces deux documents concernant cette citation.

Il consignait sur un carnet que je garde précieusement quelques faits de guerre de cette vie d'armée. Témoignages de bravoures et vaillances d'hommes courageux qui combattaient en voulant défendre la patrie. Soldats anonymes qui sont tous pour la plupart morts pour leur pays «la Grande France». Ces hommes étaient de vrais patriotes. Ils voulaient refouler l'envahisseur pour la deuxième fois. Malheureusement l'histoire à démontré que les généraux de cette époque étaient des pantins incapables de gérer le conflit et manquaient de stratégie. C'était pour la plupart des fous de guerres qui envoyaient les hommes au «casse-pipe» sans prendre en considération le facteur humain.

Si toutes les guerres sont des absurdités le dicton est vrai: «la guerre est une chose décidée par des gens qui se connaissent et qui restent en vie, et elle est faite par des soldats qui meurent et qui ne se connaissent pas». L'obéissance et la foi étaient des valeurs, pas de vains mots. Aujourd'hui par manque d'éducation, les valeurs morales et les usages ont perdu leurs sens au fil du temps. Car dans la vie chacun a des droits et des devoirs. Nos parents furent élevés par leurs parents dans la rigueur et le droit chemin. Devenant à leur tour parents, ils nous ont retransmis cette éducation.

Nous étions les héritiers et nous voulions retransmettre la même éducation à nos enfants. Mais la réussite finale est discutable trois générations plus tard.

Tout à changé! Tout a trop changé! Le temps présent est à des années lumières de celui de notre jeunesse. C'est bien connu les enfants ne voient jamais les choses comme leurs parents. Cela s'appelle le conflit des générations. Je leur souhaite de tout coeur qu'ils vivent aussi heureux que nous l'avons été. La société a énormément changé il faut tout et tout de suite. Il n'y a plus de place pour l'attente et la réflexion. Vite, toujours plus vite. Dès 1990 cette génération est devenue robotisée et difficile à gérer.

La société est chamboulée et souvent les deux parents travaillent.

Résultat pas le temps de s'occuper des enfants. L'école doit assumer et assurer un encadrement qui devrait se faire à la maison. Mais l'éducation nationale n'est pas faite pour cela et l'éducation par les parents est inévitable.

Quand nous étions enfants, toutes les tentations actuelles n'existaient pas et dans nos têtes tout était clair: école, apprentissage, vie active.

 

Notre voisine se nommait Madame Eulliot. Cette grande dame élancée était veuve et elle passait la moitié de son temps entre Paris et Moissey mais elle possédait une grande bibliothèque et mon père lui empruntait des livres volumineux de grandes dimensions et très épais avec des couvertures reliées. C'était souvent des ouvrages d'histoires, ou traitants des grands conflits de 1870 ou de la première guerre 1914-1918 «surnommée la Grande Guerre».

Mon père était un homme de carrure imposante par son quintal mais avec un caractère à ne pas trop se faire emm…! C'était un peu le Lino Ventura des maçons. A 31 ans il reprend l'entreprise de maçonnerie de son père qui lui passe le relais le 21 décembre 1942.Victor mon grand père a 63 ans et il s'occupera de ses poules et des lapins, de sa vigne à Roche ainsi que de son jardin car il est excellent jardinier. Dans ce temps là les outils mécaniques n'existaient pas, et tout le travail se faisait à la pelle et à la pioche. Le métier de maçon était très dur physiquement et les hommes étaient usés avant l'âge. Peu de gens possédaient des véhicules à moteur avant guerre. Les brouettes, les échelles, le sable et le ciment étaient amenés dans des charrettes tirées par des chevaux. Vers les années 1946-1948 l'on commence à voir les premières voitures à moteur dans les grandes villes. Elles arrivent ensuite un peu plus tard dans les villages achetés par des gens fortunés.

Comme je l'ai écrit plus haut, le dernier conflit avait beaucoup marqué les habitants du village et la guerre était toujours présente dans les esprits mais les gens en parlaient peu. Mon père n'aimait pas les allemands qu'il appelait "les Boches" car ils avaient tué son frère Gaston âgé de 27 ans, le 16 juin 1940, à Guigneville dans le Loiret.

Douloureusement marqué il n'abordait pas du tout ce sujet avec moi jeune gosse. Mes grands-parents habitaient en bas du village au lieu dit du Fort Griffon. Rien à voir avec un quelconque fort du Far-West, c'était une petite impasse d'un des plus vieux quartiers avec des maisons accolées près de la place centrale en bas du pays. Je n'ai pas connu mon grand père décédé en 1954 année de ma naissance. J'allais de temps à autres chez ma grand-mère qui cuisinait des gaudes (farine de maïs) et du lapin. Au mois d'octobre, moment des vendanges, on tirait des raisins "Baco" du marc (appelé la goutte) distillé à la cave dans notre alambic car ma grand-mère avait hérité du droit de "bouilleur de cru" de sa famille.

Pour ces jours-là, mon père prenait trois jours où il n'allait pas chez les clients faire le maçon. La famille et tous les gens employés faisaient des grands repas après ces journées de ramassage et de transfert des raisins ramenés chaque jour à la cave.

Nous distillions dans nos caves personnelles et ce droit sera changé vers 1968 chaque bouilleur de cru devant se servir de l'alambic municipal dans un local destiné à cet usage. Ma soeur aînée a passé du temps chez ses grands-parents qu'elle a mieux connus que moi du fait de notre différence d'âge.

Deux frères de mon père, Gaston et Georges, sont décédés très jeunes avant ma naissance. De la famille, ma grand-mère, mon oncle Fernand, et mes tantes Yvonne et Lucienne seront ma famille la plus proche.

Ma mère consacrait son temps à coudre ou à s'occuper de la maison familiale, des lapins, des poules et du jardin et de trois grands champs:

celui de la Cerise surmontant le Fort Griffon, celui du dessus des vignes et l'autre près de la carrière.

Ce ne fut pas facile pour cette fille qui venait de la grande ville de Besançon de devenir une campagnarde mais elle était courageuse et elle s'est adaptée rapidement en travaillant dur pour piocher, et planter en légumes ces énormes champs et ces jardins. On ne chômait pas chez les Simonin tout le monde travaillait dur très jeune. J'étais petit et elle m'emmenait avec elle. Tout autour de ces grands prés, je jouais pendant ses occupations de jardinage. Elle aimait cuisiner et nous régalait de plats simples, de produits frais cultivés cueillis tôt le matin ou tard le soir. Elle cuisinait des terrines ou préparait des légumes pour l'hiver, qui étaient conservés dans des petits saloirs en ciment que mon père avait fabriqués. Nous les gamins, habitant à la campagne, nous étions forcément proches de la nature, car il n'y avait que cela pour jouer et s'occuper. Nous étions les «écolos» de l'époque ! A chaque saison je ramassais des pissenlits, des pêches, des cerises, des noix, mais aussi des champignons dans les prés ou dans la forêt de la Serre au-dessus de la carrière.

Il y avait toujours du monde à la maison, le dimanche les frères ou soeurs de mes parents avec mes cousins et mes cousines se réunissaient chez nous.

Nous déjeunions tous ensemble sur la grande table dans la salle à manger de notre maison.

Mes parents avaient acheté à une dame âgée une vieille maison au milieu du village, Grand Rue et mon père la retapait de temps en temps. Mais le cordonnier est souvent le plus mal chaussé.  Il aimait construire ou réparer le bâtiment chez les autres mais peu chez lui…

Avec une remorque attachée derrière mon vélo j'allais dans les champs Rue Basse chercher de l'herbe pour nos lapins et des panais (cela ressemble à des grandes feuilles de rhubarbe) que je ramassais sur la route de Frasne.

Dans de grandes gamelles, nous donnions du pain aux poules aux coqs et diverses graines.

La petite entreprise de maçonnerie Simonin tournait bien, et ma mère faisait la gestion et toutes les charges administratives encore simples en ces années 60.

Quelquefois le dimanche mes parents allaient voir des clients pour du travail ou pour rentrer les paiements en retard ce qui était relativement fréquent.

Il n'était pas rare de voir des paysans payer avec de la nourriture, du lard, du jambon, mais le plus fréquent moyen de règlement était le prêt de chevaux et de charrettes! Ces outils permettant de se déplacer avec les grandes échelles les échaffaudages et le reste étaient utilisé pour livrer les chantiers de Menotey, de Rainans ou de Pesmes. Mon père avait quelques passions: le jardin et les champignons des bois qu'il connaissait bien, où je l'ai accompagné deux ou trois fois. Pompier bénévole de 1949 à 1962, il s'occupait des manoeuvres chaque dimanche matin mais également des tombes des gens du village qui décédaient. Ses deux vignes de la «Carrière et de Roche» l'occupaient le dimanche. Le raisin nommé Baco (raisin noir) ou du Noah (raisin blanc) produisaient un vin bourru de qualité moyenne, pas très alcoolisé de 9 à 10 degrés environ. Elaboré entre 1895 et 1900 ce vin rouge ou blanc était produit dans le village. Avant 1895 je ne sais pas quels cépages étaient utilisés mais les maladies du raisin, phylloxera et mildiou, détruisaient énormément la vigne

A Moissey il avait de nombreuses festivités et tous les gens se rendaient service entre eux simplement. Quelquefois nous allions au cinéma à Dole ou au carnaval d'Auxonne une fois par an pour assister au gala des petits pompiers de Dole qui effectuaient un spectacle de gymnastique à Montmirey-le-Château.

Mon père obtient son permis moto en décembre 1936. Passionné de moto, il partage avec son frère Gaston une Kolher-Escoiffier 350cc sous marque Monet Goyon. Il passe son permis voiture plus tardivement en 1953.

Sa première voiture achetée cette année-là est une Citroën C4 à plateau.

Datant de 1930, c'était une «vieille bagnole d'occasion» qui démarrait à la manivelle. C'est seulement vers 1958 que ma mère insista pour que l'on change cette relique pour une nouvelle 403 Peugeot bâchée neuve.

Un petit camion Renault d'occasion arriva vers 1963 que de temps en temps je conduisais très fier en tenant le volant sur ses genoux.

A partir de 3 ou 4 ans nous allions à l'école communale de la maternelle au primaire.

Le certificat d'études primaires se passait à l'âge de 13 ans et demi ou 14 ans. Je vivais dans l'allégresse et l'insouciance sans penser aux difficultés de l'âge adulte qui attend et que rencontre tout homme dans sa vie.

J'ai connu les deux écoles qui se trouvaient tout près de l'église.

De 1956 à 1964 j'ai fréquenté l'école publique.

 

Tout d'abord l'école Joubert (nous disions les Tilleuls) installée en dessous de la mairie et de 60 à 64 l'école Besson qui se trouve au dessus du caveau. Elles étaient entourées d'un très vaste préau où nous courions comme des fous. Nous faisions des batailles de billes en terre cuites, plus tard arriveront les agates en verre. On joue aux osselets et autres jeux d'enfants.

Je quitterai l'école de Moissey en juillet1964. Tous mes premiers instituteurs et institutrices étaient compétents. Ils savaient enseigner aux élèves en sachant se faire respecter et pas question de se plaindre quand nous étions punis et surtout pas à nos parents. Car le double de la punition aurait était appliqué avec peut-être en sus une correction. C'était notre monde: jugulaire jugulaire.

J'allais également au catéchisme avec mes autres copains chez l'abbé Paget, le curé, au presbytère. A cette époque le monument aux morts était placé plus en avant de la rue et il y avait des marronniers énormes. La famille Simonin était catholique mais pas très pratiquante. Mais nous étions baptisés, communiés et les mariages se passaient à l'église. Pas d'autres choix pour nous que d'aller à la messe et au catéchisme et de servir la messe du curé le dimanche. Pour les enterrements et les mariages nous portions des soutanes en rouge et blanc, plus tard remplacés par des aubes blanches. Les enfants de choeur se trouvaient deux devant et deux derrière à droite et à gauche de Monsieur le curé. J'ai servi la messe comme beaucoup de gosses, coté gauche et après à droite car celui de droite sonnait une petite cloche. J'ai dû goûter je crois le vin de messe une fois ou deux peut être… Comme à l'école, chez le curé le respect et l'obéissance étaient de rigueur. L'éducation était stricte sans grande tolérance à l'égard des élèves dont l'époque est aujourd'hui révolue. Nous disions "bonjour, au revoir, merci et s'il vous plaît". Ma première institutrice était cultivée et douce. Elle s'appelait Germaine Guillaume. Je passais mon temps à l'écouter pour les cours de Français, de math, d'histoire et de géographie. Il fallait respecter et obéir en se pliant à la discipline tout en respectant les usages, les bonnes manières. Chaque matin en arrivant en classe le rituel était les leçons de morale suivi d'une interrogation de calcul mental qui faisait travailler la mémoire. Tous les enfants collectionnaient des bons points et dès que l'on avait réussi à en comptabiliser dix nous avions droit à une image.

Malgré cela nous faisions des petites bêtises comme tous les gosses. Les saisons étaient très distinctes et j'aimais ces quatre périodes aux sensations différentes.

 

L'hiver la neige dense et les sapins recouverts de blanc; le printemps (6) avec son parfum de fleurs et la couleur des arbres blancs ou roses et l'été avec ses odeurs de foins coupés. Puis l'automne arrivait avec ses milliers de couleurs et le cycle recommençait.

Pas très loin sur la route d'Auxonne il y avait un petit bois avec du muguet et je ramassais pissenlits et cressons à l'ancien moulin du «père Jacquet».

Fin du printemps les paysans faisaient les regains en coupant le trèfle et de petites herbes comme le serpolet. Quand l'été arrivait, c'était la période de la moisson. Les blés ou l'orge coupée le matin au réveil répandait une odeur qui était un régal. Au mois de juillet nous allions cueillir de grosses mûres à Frasne ou au Mont Guérin pour en faire des confitures.

Elles avaient un goût très parfumé et nous les mangions par gourmandise.

Au champ de la Cerise, voisin de chez ma grand-mère, dans les noyers avec l'aide de grandes perches, nous gaulions ou lancions des bâtons, et de grosses noix de quatre à cinq centimètres de diamètre tombaient dans l'herbe!

Je n'en ai jamais revu de si imposantes depuis ce moment là. On cueillait de la «doucette»,  appelée aussi mâche, qui poussait en-dessous des ceps de vignes. A la période des cerises que de bons moments: nous allions à la maraude et nous revenions barbouillés de rouge, quelle rigolade. A la fin de l'automne noisettes et châtaignes étaient ramassés. Et puis les vendanges arrivaient et c'était une fête dans les vignes où tout le village se retrouvait. Les hivers étaient bien marqués avec de la neige et quelquefois du verglas, car il faisait froid dans le jura de ces années-là. Au milieu de la salle de classe trônait un poêle avec un coffre à bois. Nous étions de corvée de bois à tour de rôle. Gérard Lenorman chantera une chanson "les matins d'hiver" reflet exact de ce que nous avons vraiment connu et vécu. Que de souvenirs marqués au fer rouge pendant ces dix années sublimes. Tout m'émerveillait surtout les voitures; des premières "quatre chevaux Renault", aux Panhard, Simca, et puis la radio, les bandes dessinées, tout cela dans une grande insouciance. En décembre 1958 les Français élisent Charles De Gaulle Président de la République au premier tour.

On entend le nom d'un nouveau chanteur: Johnny Hallyday.

Les anciens ne comprennent pas et disent:  c'est un blouson noir et un zazou! 

Il cassait ses guitares mais remplissait les salles de concert.

 

6) "Et ça sent le printemps"  chanson Pierre et Denis  Simonin.

 

 


Moissey et sa longue Histoire (7)

L'église, la fontaine, le château

 

Tout d'abord quand on arrive à Moissey par la route de Dole, on longe pendant environ trois kilomètres une haie d'arbres appelée «les platanes» où l'on aperçoit l'église et le bas du village. Cette église perchée en hauteur fut construite vers 1525 au 16e siècle. Après cette grande descente on arrive au pied de la grande fontaine en grès rose. Dessinée par l'architecte Attiret en1765 elle est inscrite aux monuments historiques.

Ce village existait déjà à l'époque néolithique et bien entendu du temps des gaulois à l'occupation romaine où des tuileries ont été découvertes ainsi que de nombreux vestiges comme le château de la fin du moyen âge. Il existe encore une partie de ce château construit vers le 13e ou 14e siècle bien que les dates exactes de construction soient à ce jour encore inconnues.

Moissey étant le nom d'un seigneur, le nom du village vient sûrement de cela.

Nous savons que ces seigneurs appartenaient à une communauté riche et puissante qui régnait sur les paysans. Ceux-ci étaient exploités et affamés et ils ne vivaient pas très âgés. Le château fut ruiné pendant les guerres sous Louis XI vers1479-1480. Puis arrivent les grandes batailles entre la France et l'Espagne. En 1525 en revenant de sa défaite de Pavie en Italie où il fut capturé le 23 février, le roi François Premier prisonnier aurait passé une nuit au château, avant d'être dirigé sur Valence et Madrid en Espagne où il restera détenu un an. Dole est la capitale de la Franche- Comté, ville sous l'emprise et le contrôle des espagnols. Henri II de Bourbon, Prince de Condé arrive à Moissey en ce mois de mai 1636 et prend sans se battre le château occupé par les paysans.

Après sa défaite à Dole contre les impériaux où il n'arrive pas à prendre la ville, il repart le 14 août 1636 en brûlant  le château qui sera ravagé en partie, et qui sera de nouveau reconstruit au XVIIe siècle. Mais un nouvel incendie en 1963 détruira deux des trois tours restantes.

Ndlr: mon père effectuera des travaux de maçonnerie entre 1958 et 1962 dans les dépendances du château. Viennent ensuite les trois guerres:1870, 1914, 1939.

En 1870  : guerre contre la Prusse nous avons peu d'informations.

En1914-1918 appelée  «la Grande Guerre» Moissey paie un lourd tribu  avec 22 enfants du village tués.

A la dernière guerre mondiale les allemands occupent le Jura, la ligne de démarcation se trouvant à quelques kilomètres de Moissey.

(7) Village d'enfance chanson de Pierre Simonin

 

Les allemands installent une Kommandantur (quartier général) dans la maison Masson réquisitionnée à cet effet. Les villageois aident les résistants et se méfient des "schleuhs" surnom donné aux soldats allemands. Le 6 septembre 1944, deux FFI (Force Française de l'Intérieur = résistance) attaquent un convoi allemand et tuent plusieurs soldats. Les deux résistants sont abattus et les allemands brûlent en représailles la ferme Gilles située près des platanes. Le 9 septembre le village est libéré mais un gendarme veut annoncer trop vite l'armistice. Il sera tué sur sa moto sur la route de Montmirey-la-Ville.

Plus haut en direction d'Amange, l'on entre dans la forêt de la Serre avec sa carrière de pierre rare, l'Eurite dite «le porphyre» dure comme le granit.

Ce minerai que l'on concasse forme des petits cailloux gris que l'on mélange à des additifs devient le goudron appelé l'asphalte des routes.

Outre la fontaine Attiret de la place, il y avait deux autres «grandes» fontaines, l'une en bas du village, l'autre près de la maison Masson au dessus de chez nous à l'angle du chemin qui allait au Mont Guérin. Un petit train appelé le tacot existait de 1900 à 1933, il desservait Dole-Moissey, Pesmes-Gray et d'autres petites gares. Bondé de villageois et de leurs bagages, ce train était quelquefois trop lourd et les gens descendaient pour le pousser. Trop jeune je n'ai pas connu le petit tacot et l'ancienne gare mais quelques décombres subsistaient et mon père avait ses entrepôts de maçonnerie à cet endroit. Vers 1905 Monsieur Bel "papa de la vache qui rit", fond ses premiers fromages et Monsieur Béjean reprendra cette petite fromagerie quand Monsieur Bel partira à Dole pour créer une grande usine, puis à Lons-le-Saunier où elle existe toujours. Je me rappelle de l'abattoir sur la route d'Auxonne où dans ce local près de la gare avant sa fermeture vers 1962-63 j'ai vu les derniers porcs tués pour la boucherie Clair qui se situait dans le bas des escaliers de l'église. De cette petite enfance, il ne me reste que dix ans de bons souvenirs de gamin où j'ai vécu heureux et insouciant.

Fréquemment, nous nous retrouvions un groupe de gosses du même âge, nous allions nous amuser autour du village. Garçons et filles se séparaient après l'école, mais en classe cohabitaient sans problème. J'étais un élève moyen et sur mes cahiers les annotations étaient différentes en fonction des années où je travaillais toutes les matières studieusement.

 

J'adorais lire les livres de bibliothèque que j'empruntais et que «dévorais» rapidement. J'avais d'autres passions, bricoler des morceaux de bois ou de fer. Nos jeux étaient très simples, très basiques.

Avec mon copain Edouard on jouait avec des petites autos militaires Jeep Willis, petits camions en fer de marque Dinky-Toys et quelques soldats de plombs. Toute ma vie à différents endroits je rencontrerai des gens aux sensibilités et aux affinités semblables ou proches des miennes. Ne dit-on pas «qui se ressemble s'assemble». Dès la première rencontre cela se pressent et se remarque et je compare cette attirance à l'amour; nous avons tous connu cela je crois. Beaucoup de copains m'ont entouré, peu sont toujours là, mais quelques-uns sont devenus des amis. Je n'accorde pas facilement ma confiance et celui qui l'a trahie s'en rappellera toujours à ses dépens.

C'était encore l'époque de l'accordéon et des chanteurs d'avant guerre dans l'esprit des gens.

On écoutait les musiques à la radio que l'on appelait  «le poste», sur les grandes ondes et petites ondes.

Les chanteurs Brel, Brassens et Ferrat débutent; on les entend très peu encore sur les ondes. Ils commencent leur carrière chacun de leur côté en galas et petites salles, en connaissant galères et vaches maigres. Je ne m'intéresse pas encore à ces «monuments» qui deviendront de grands noms de la chanson française. Ce n'est que beaucoup plus tard que je découvrirai tous ces artistes qui ont imprégné de leur talent le répertoire français.

Tous les grands artistes de cette génération ont travaillé dur pour y arriver et prouver leurs talents à la France entière et certains au monde entier.

Il n'y avait pas de star académie ou d'autres télés-réalités où dès qu'une chanson est finie on proclame n'importe qui «star».

Quelle manque de culture et d'originalité ces émissions de m… qui se ressemblent toutes.

 


Les commerces du village

 

Pendant ma jeunesse à Moissey il y avait trois épiceries, une boucherie et deux boulangeries. La boucherie Thomszyk a fermé (de mémoire) vers 1956-57 et la boucherie Clair était la seule ouverte avec le camion itinérant de Mme Buisson de Montmirey. Il y avait deux cafés sur la place et le coiffeur Grebot en face du bureau de tabac de Madame Bordiaux veuve de guerre.

Nous achetions en douce à cette vieille dame qui n'était pas dupe quelques gauloises bleues ou P4 que l'on «fumaillaient» dans le bois en cachette en faisant très attention aux parents car cela aurait été terrible de se faire prendre. La poste était vers le bureau de tabac mais je me souviens de la poste temporaire au bord de route avant la fontaine prés de chez Mayeur vers les années 63-65. On se faisait couper les cheveux en brosse, et bien entendu pour mon père ce n'était jamais assez court. Je retournais chez le coiffeur une deuxième fois.

La menuiserie avec le poste à essence d'André Guillaume se trouvait à l'angle de la rue qui part à Peintre et l'entreprise de maçonnerie Simonin «à la gare» en direction d'Auxonne. Les quelques chevaux de la gendarmerie rue basse laissaient la place aux premières voitures noires Panhard avec de grandes antennes radio. La laiterie a changé plusieurs fois d'endroits et nous allions chaque soir chercher le lait dans des bidons d'aluminium ou de fer blanc. Des camions itinérants de boulangerie, boucherie et de fruits et légumes passaient durant la semaine en klaxonnant pour prévenir les femmes du village qui allaient acheter les victuailles pour faire la cuisine. Je me rappelle des odeurs! Comme ça sentait bon dans ces camions remplis de fruits et de légumes. Les tentations étaient moins importantes que de nos jours. A l'épicerie, seuls les bonbons vendus à l'unité étaient en devanture dans des bocaux de verre transparents. On nous envoyait chercher de la moutarde ou de la crème dans des verrines à confiture et l'épicière servait cela au détail. J'allais chercher dans un bidon en fer deux litres d'essence chez Guillaume pour 0,50 francs. Et puis il y avait le pain! Que le pain était bon à la boulangerie Jacquinot au milieu de la grande rue à cinq maisons de chez moi. On rentrait dans ce magasin et l'odeur était… je ne sais pas comment la décrire! Je ne retrouve plus cela! J'allais au fournil voir cuire ces miches, couronnes et baguettes.

Ma mère allait de temps à autre en car au marché à Dole pour acheter viandes et fromages et des choses que les magasins locaux n'avaient pas.

On allait chercher de l'eau dans des brocs en fer blanc trop lourds pour nous les gosses. On appelait cela la corvée, que l'on faisait sans sourcilier.

Folle époque, en short de mai à octobre quelquefois. En 1955 ma soeur suit des cours dans une école religieuse privée et stricte: "la Providence" à Dole. En 1958-1960 elle travaille comme vendeuse de chaussures ou elle se rend en mobylette bleue dans le magasin de Madame Bailly à Auxonne. Tous les deux nous nous sommes peu côtoyés enfants. En 1961 elle se marie et sa première fille naît en 1962, la seconde en 1964 et la dernière en 1968.

Je deviens vite un jeune tonton. Je gardais mes nièces et ma soeur pouvait sortir un peu. Je me souviens de sa première voiture une Dauphine rouge (couleur rubis) une révolution en 1962. Renault fera un carton avec ce modèle.

Nous mangions ce que nous trouvions dans la nature sans contracter de maladies et sans trop faire attention car nous étions immunisés.

Jusqu'en 1960 on chauffe l'eau et on prend notre bain dans une lessiveuse en fer blanc. Et puis mon père avec les ouvriers creuse un puits de six mètres dans notre jardin au bout de la ruelle Penez et limitrophe du jardin de Monsieur Ortiger pour approvisionner de l'eau à la maison par une pompe mais cette eau est non potable. Nous installons un chauffe-eau Chaffauteaux et Mory au dessus de l'évier de la cuisine vers 1962. L'eau courante arrive seulement en 1963, le village sera équipé du réseau terminé un an plus tard. Quelquefois je retrouvais deux frères "fils de bourgeois" plus âgés que moi qui avaient de beaux bateaux téléguidés qu'ils manoeuvraient sur le lavoir du village.

Ces gosses de Paris venaient dans la maison secondaire de leurs parents ou chez leurs grands parents pendant les vacances. J'étais ravi car je pouvais utiliser leurs jouets notamment des beaux bateaux à moteur téléguidés que nous faisions voguer sur le lavoir. Je me souviens aussi de l'épicerie Spar et des Economiques. Je lisais dans la revue Spar une page ou deux des aventures de Sylvain et Sylvette ou d'autres comme Pim Pam Poum.

Madame Eulliot était la grand-mère d'une petite fille qui habitait à Paris et elle venait à Moissey pendant les vacances d'été ou du printemps. J'adorais cette petite gamine de mon âge et nous passions des heures tous les deux assis sur un banc à discuter et à s'écrire des lettres de gosse.

Les soldats de la caserne d'Auxonne passaient devant la maison dans de gros camions GMC pour aller en manoeuvres en forêt de la Serre, et ils nous disaient bonjour en nous faisant de grands signes. Je jouais aux soldats et ma mère m'avait confectionné un petit calot en laine grise.

C'était la guerre d'Algérie et je ne comprenais pas ce conflit.

Nous possédions peu de jouets des magasins car nos parents ne nous achetaient pas trop cela ça coûtait cher. Les jouets à moteur existaient mais nous les regardions dans les vitrines des magasins de Dole.

Nous allions souvent près du ruisseau de la gare, au lavoir ou vers les Gorges pour faire des ponts et construire des cabanes dans les bois.

A quatre heures, le rituel était le pain et le carré de chocolat ou de sucre.

Quelquefois pour changer le quatre-heures on nous donnait de la confiture.

Nous vivions dans un cadre modeste, mais nous n'avons jamais manqué de rien, la table était toujours garnie. A 10 ans je lisais beaucoup car j'avais récupéré toute la collection de livres de ma soeur de la Comtesse de Ségur, une romancière Russe du 19e siècle. Tous ces livres éloquents avaient les titres suivants: les Malheurs de Sophie, les Petites filles modèles, le général Dourakine, un Bon petit diable et tous les autres.

C'est aussi à ce moment là que j'ai découvert les livres d'aventures en bibliothèque rose, puis verte et la bande dessinée Rintintin et Rusty en couleur. Je suis malade, cloué au lit, quand on m'abonne à cette revue pendant quelques temps. Je reçois cette grande bande dessinée chaque mois vers avril 1960.

Notre chat Misou (8)

Mon animal de compagnie était un beau chat noir et blanc avec les poils angora surnommé Misou qui était docile et gentil à la fois. Né d'une portée de chats vers 1950, il vivra heureux 14 ans en liberté totale rentrant régulièrement chez nous pour se frotter dans nos jambes et chercher à manger. Il courait librement dans le village, et je le retrouvais en sortant de l'école pour jouer avec lui. Il ramenait des oiseaux ou des petites souris trouvées dans la cave et il était toujours là à miauler quand mon père dépeçait les lapins de notre clapier. Il vécut bienheureux jusqu'au jour où il commença à être malade. En ce temps-là les chats et chiens n'étaient pas suivis comme aujourd'hui et les visites chez le vétérinaire n'étaient pas coutume. Je le revois vers l'été de 1963 titubant devant notre maison. Je me doutais que quelque chose n'allait pas car il cherchait à se sauver et traverser.

La première fois il traversa la route et je le suivis sans penser au danger.

La deuxième fois, une voiture passa et l'évita de justesse. En le récupérant pour le rentrer à la maison de nouveau il s'échappa, et cette troisième fois lui fut fatale.

Une auto heurta violemment sa tête et il fut tué net projeté sur le bord du trottoir. Je crois qu'il n'a pas trop souffert. Je le pris dans mes bras et pour la première fois dans mon coeur de gosse, je fus blessé et malheureux, pleurant de toutes les larmes de mon corps ce chat mort. Ce fut une de mes premières douleurs. Ce n'était qu'un animal, mais les animaux sont quelquefois plus importants que certains hommes. Ce chat était mon confident, il connaissait tous mes secrets d'enfant et toute ma vie je me rappellerai ce douloureux moment. Je mis longtemps avant de décider d'aller l'enterrer dans un petit coin de jardin, au pied d'un cerisier en plantant une toute petite croix de bois dans la terre. Ce geste était il un reflet du subconscient de ce que je voyais dans les cimetières pour les humains?

Toute la famille fut affectée par la perte de ce beau matou angora qui faisait partie de notre quotidien.

(8) "Ce sont nos amis" chanson Pierre et Denis Simonin

 


Les mais, la fête du village, les cinémas

 

Les mais

 

Au mois de mai les Catherinette (les jeunes filles qui avaient plus de 25 ans et qui n'étaient pas mariées) recevait chacune un mai. C'était un arbre, du hêtre principalement pas très gros mais assez long que les jeunes garçons du même âge «les conscrits» disposaient la nuit devant leurs fenêtres aux volets fermés. Ce rite durait depuis longtemps pour les filles pour qu'elles se marient dans l'année.

Le matin les habitants faisaient le tour du village pour voir ce «spectacle».

 


La fête au village

 

Vers les mois de mai juin sur la place du centre du village il y avait une grande fête qui durait une semaine où tous les adultes se rendaient et surtout les enfants.

Nous faisions des tours de manège et des autos tamponneuses.

Les plus grands tiraient à la carabine ou jouait aux concours de quilles et de boules. Et les adultes en profitaient pour flirter au bal sur des airs d'accordéon ou s'embrasser discrètement un peu plus loin du bal.

 


Le ciné

 

C'est dans le courant de l'année 1960 que ma soeur et mon beau frère m'emmènent au cinéma. Les cinémas à Dole ont pour noms le Vox le modern et l'Omnia. Ils possèdent des fauteuils d'orchestre et le balcon.

Avant chaque diffusion du film il y avait la projection d'un télérama d'actualités en noir et blanc et la publicité de Jean Mineur. A six ans c'est la découverte, de films de capes et d'épées en couleur sur un grand écran.

Pendant trois années environ, je verrai plusieurs longs métrages, j'en ai oublié mais je me souviens de quelques films célèbres: le capitaine Fracasse, le Capitan, le Bossu de André Hunnebelle réalisateur des films de capes et d'épées avec ce très grand acteur bondissant Jean Marais.

 


Premier vélo et jeux d'enfance

 

Premier vélo

 

Un jour mon père me ramena un petit vélo de garçon qu'il avait récupéré dans un triste état chez un fermier voisin et qui n'avait qu'un frein.

Il me dit de le réparer, je me souviens de l'avoir désossé et repeint en rouge, puis bleu. Je connus aussi ma première «grande gamelle» en descendant une pente vertigineuse du Mont Guérin juste avec le frein de devant.

Un peu casse-cou les gosses…dans ces années-là  !

Un an plus tard, je suis rentré avec les cailloux incrustés aux genoux et aux bras. J'ai nettoyé tout cela avec de l'alcool à 90 degrés qui me fait mal encore quand j'y pense !

 


Jeux d'enfance

 

A partir des années 60-63 mon père m'emmenait quelquefois les jeudis avec lui sur les chantiers. Patron d'une petite entreprise de maçonnerie,  il travaillait dur avec son frère Fernand ainsi que d'autres collègues employés.

Je jouais sur les immenses tas de sable ou je l'imitais en faisant du ciment que je transportais dans une petite brouette en acier que j'avais reçu pour Noël.

J'étais content au grand dam de ma mère qui me regardait monter trop haut sur les toits des maisons du village de la grande rue, de la rue haute ou basse.

Pas toujours très rassuré, j'avais un peu peur en haut de ces vieilles bâtisses.

Mon père était très occupé et je le voyais peu. Dans sa courte vie je n'aurai pas trop l'occasion de parler avec lui. Il travaillait souvent les samedis et dimanches et puis j'étais souvent couché quand il rentrait le soir tard à la maison.

Je bricolais surtout les vélos avec les outils dans la remise qui était attenante à notre maison.

Mes passions étaient les jeux de sociétés et les petites voitures ainsi que construire des maquettes de mécano. La télévision noir et blanc commence à arriver vers 1950. Nos voisins Monsieur et Madame Aubert qui habitent rue haute en face de chez nous en possèdent une achetée vers 1954 et j'irai voir quelques émissions dans leur salle à manger vers l'âge de 6 ans.

L'événement des journaux:

19 mai 1962: Marylin Monroe chante au Président Kennedy  «happy birthday Mister Président». Elle le connaît intimement bien sûr!

Triste sort final: l'icône du cinéma mondial décèdera deux mois plus tard.

 


1962

"De Gaulle à Moissey"

Cette nouvelle année qui arrive commence par la reprise de l'école après les quelques jours de vacances de Noël. Il neige sur le Jura et les enfants vont en classe emmitouflés dans des petits cabans. Dans nos chaussures nous avons froid malgré nos chaussettes épaisses.

Cela ne nous empêche pas de sortir les luges pour aller glisser au Mont Guérin le jeudi. L'hiver passe, en mars et avril il tombe quelques fortes giboulées, mais le printemps arrive en redonnant un nouvel éclat au paysage.

Ce 15 juin 1962 est un grand jour pour le village. Le président de la France le général De Gaulle se rend en visite dans l'Est. Il se rend de sa résidence Colombey à Vesoul et de Gray à Moissey direction Dole. Charles de Gaulle représente un mythe pour beaucoup de Français car il a participé à la libération de la France. Il fut le Général qui a lancé l'appel du 18 juin 1940. Il est assez populaire dans le pays malgré l'existence de plusieurs partis politiques opposés. En cette période, la guerre d'Algérie dure depuis 9 ans.

Les gens du village s'activent pour recevoir le président le mieux possible.

Tout le village est là ce vendredi vers onze heures. La France du jour est Gaulliste même si tout le monde ne se rallie pas à ce mouvement néanmoins majoritaire. Tous les enfants de l'école sont là en blouses grises et shorts, avec de petits drapeaux bleu-blanc-rouge. Notre maître nous a demandé de dire "Vive de Gaulle". Il y a un grand service d'ordre, mais tout se passe bien

La stature du grand général et sa femme Yvonne sont bien accueillis.

J'ai quelques souvenirs de ce jour me rappelant le maire Besson avec son écharpe tricolore autour de la taille, des sapeurs pompiers dont faisait partie mon père, et de la foule condensée sur la place. Difficile de voir pour nous les petits gosses des écoles. Marcel Daudy capitaine des pompiers précise que le Général a serré la main de tous les pompiers. Mon père étant présent ce jour-là a dû être très fier. Il reste quelques images de ce samedi de juin1962 sur le site Moissey. (9) Deux mois plus tard la DS Citroën noire du général sera mitraillée par un commando et il échappera de justesse à l'attentat du petit Clamart à Paris. La guerre en Algérie est là tout près, de l'autre côté de la méditerranée. Elle va bientôt se terminer par l'indépendance du peuple algérien.

Mais je ne comprends rien et surtout je ne m'intéresse pas à cela à 8 ans.

Heureusement personne de notre famille ne décède dans cette guerre.

 

Monsieur et Madame Aubert ont une télévision noir et blanc depuis quelques temps. Ils habitent rue haute en face de chez nous et j'irai voir quelques émissions dans leur salle à manger vers l'âge de 6 ans. De temps à autre mon père était invité à aller voir le catch le soir.

On écoute la famille Duraton sur Radio Télé Luxembourg. Ce long feuilleton a commencé en 1937 avec Jean Jacques Vital et Noël-Noël fut le narrateur de cette histoire dans le début de l'année 1939.

Je fabrique des lance-pierres et je tire sur des cibles en carton ou en bois, en prenant grand soin d'éviter tous les animaux oiseaux, chats et chiens car je déteste faire du mal aux animaux.

Pour gagner un peu d'argent de poche, dans le jardin de notre voisine j'ôte les herbes des allées ou je retourne à la bêche le carré de terre comme je peux.

A l'école Besson de dresse en décembre un très haut sapin de Noel de 5 mètres que les gardes forestiers ont coupé dans notre belle forêt de la Serre. Nos maîtres et maîtresses offrent des petits cadeaux à chaque gosse. On chante tous en choeur les chants de Noël, mon beau sapin, minuit chrétien. Je reçois un petit parachutiste en plastique gris avec quelques bonbons colorés vert et orange, les copains ont des papillotes, des chocolats, des oranges: chacun a son cadeau.

En cette fin d'année 62 on entend une chanson «Belles, belles, belles» chantée par un certain Claude François.

On passe les fêtes avec la famille, tout va bien.

(9) (site web de Moissey)

Note:

- je retrouverai par hasard de longues années plus tard des images de ma jeunesse. Une nuit me rappelant avoir vu De Gaulle passer (voir chapitre ci-dessus) mes recherches avec internet me permettront de découvrir l'excellent site de Moissey et son auteur.

Quelle joie de revoir toutes ces photos et de retrouver une multitude d'informations.

Je crois que l'intuition due à mon signe capricorne m'a beaucoup aidé tout au cours de ma vie.

(site web de Moissey) www.moissey.com

 


1963

Année riche en évènements

 

Souvent le dimanche matin, j'écoute des chansons à la radio télé Luxembourg sur le vieux poste Sonolor à lampes pendant que ma mère prépare le repas, lapins, poulets ou rôtis.

Quelles bonnes odeurs ces plats mijotés dans leurs sauces succulentes.

A l'école, le maître a des problèmes de santé et il ne me plaît pas trop car il est un peu violent. L'académie le remplace par un jeune maître plus posé.

La photo de classe est réalisée en couleur, quelle chance! Je reverrai cette photo 48 ans plus tard sur le site de Moissey. (9 voir ci-dessus)

Nos instituteurs nous passent de temps à autres des films en noir et blanc de Charlot ou sous titrés de Laurel et Hardy sur le vieux projecteur.

Nous faisons du vélo, allons à la maraude des prunes à Offlanges, des poires vers le Mont Guérin! Nous grimpons sur des arbres qui sont très hauts au risque de nous fracasser les bras ou les jambes.

Les gosses se déguisent en Thierry la Fronde gros succès télévision avec Jean Claude Drouot. En 1963 nous assistons à de très nombreux événements dans le monde entier.

Voici une sélection de quelques-uns:

Visconti a la Palme d'or avec le film le Guépard et un jeune acteur nommé Alain Delon. En juin Jean XXIII "le bon pape décède au Vatican à Rome".

Juillet: Jacques Anquetil gagne son 4e tour.

Août: un des plus grand hold-up du siècle dans le train Glasgow-Londres en Angleterre.  Plusieurs films seront réalisés, tirés de ce casse dont le Cerveau avec Belmondo et Bourvil.

Le 28 août, le pasteur Martin Luther King prononce la superbe et grandiose phrase "I have a dream", "j'ai fait un rêve" suivi d'un magnifique sermon contre l'apartheid. 250.000 noirs défilent pacifiquement pour demander l'arrêt de la ségrégation entre les blancs et noirs.

Le 10 octobre une grande voix de l'après guerre s'éteint: Edith Piaf.

Jim Clark est champion du monde de formule I.

On ferme la grotte de Lascaux superbe endroits contenant des peintures préhistoriques.

L'assassinat de Kennedy au Texas…

Le 22 novembre 1963: coup de tonnerre dans le monde: Président Kennedy killed! Le président Kennedy est assassiné à Dallas. Les télés retransmettent ce meurtre en boucle. Son meurtrier Lee Oswald est assassiné deux jours plus tard par Jack Ruby. Cette affaire sur fond de services secrets restera dans beaucoup de têtes et de nos jours encore des suppositions et interrogations diverses existent à ce sujet.

C'est aussi le début d'un phénomène que l'on qualifiera d'éphémère les yeah-yeah (yéyé contraction du mot yeah)  issus d'un terme anglais car toutes les chansons se terminent par cette ponctuation!

Richard Anthony, Sylvie, Sheila, Françoise, Monty, Franck Alamo et même Adamo sont qualifiés de yéyés.

Et puis une déferlante se prépare avec l'arrivée du rock-n-roll! Johnny, les Chaussettes noires, Danyel Gérard, les Chats sauvages sont tous qualifiés de blousons noirs. Et Gene Vincent compose «Be bop a lula».

Le 22 juin à Paris il y a un gigantesque concert place de la nation …

C'est l'émeute où 150 à 200.000 jeunes en liesse puis les blousons noirs se battent avec la police.

De Gaulle dira «si ces jeunes ont trop d'énergie, qu'on leur fasse construire des routes». A ce sujet il se trompe il ne connaît pas le rock  !

On sait maintenant qu'il était un meilleur stratège militaire que musical.

Le rock 'n'roll est là et il sera là pour toujours qu'on se le dise.

Et puis les quatre Beatles sortent leur premier 33 tours, les Stones leur premier 45 tours

La radio diffuse une quantité de chansons:

Une chanson dansante anglaise "If I had a hammer" chanté par Trini Lopez  reprise en France sous le titre de « Si j'avais un marteau  ».

- Johnny Halliday chante "Pour moi la vie va commencer" et "elle est terrible"!

- Enrico parle des "Enfants de tous pays"

- Et Alain Barrière écrit un beau texte: "Elle était si jolie…."

 


1964

«Année de perturbations, maladie de mon père»

 

Au printemps de 1964 nous avons connu l'approche des mauvais jours qui allaient commencer. Mon père se plaignait de douleurs au ventre et tentait de les atténuer sur les chantiers en appuyant un ou deux agglos de dix kilos sur son corps quand il avait mal. Les consultations commencèrent et les médecins diagnostiquèrent de graves problèmes intestinaux. Une année difficile passa. On me  préservait en évitant de parler de cette maladie devant moi comme savent le faire les grands. Ce n'est pas facile de faire comprendre à un jeune enfant et d'expliquer la gravité des choses. Mais gosse je ressentais cette situation et j'étais perturbé au niveau de mes études en ne manifestant pas grand intérêt aux devoirs et aux cours. Je me renfermais intérieurement sans parler de ma situation familiale. J'habite à Foucherans chez ma soeur en suivant les cours de 6ème tant bien que mal, mais quelque chose se cassait au fond de moi. Je ne me sentais pas bien intérieurement. Je me souviens juste de mon maitre un peu âgé juste et rigoureux qui s'appelle Monsieur Escoiffier. Grand mangeur de noix, il récompensait les élèves brillants en distribuant ses noix qui étaient entassées au fond de dizaine de cageots de son grenier.

 

Les événements en 1964:

 

Cassius Clay devient champion du monde de boxe.

Anquetil «gagne encore le tour» et Poulidor reste deuxième…

Les USA bombardent le Vietnam. Atroce conflit qui s'enlise depuis

des années.

Puis Jean Moulin «entre au Panthéon» en décembre dans un superbe discours de André Malraux dit avec cette voix que l'on n'oubliera jamais.

Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix.

Les chansons de l'année qui passent:

- A présent tu peux t'en aller, Richard Anthony,

- Paris tu m'as pris dans tes bras, Enrico Macias,

- The house of the rising sun des Animals qui devient le pénitencier par Johnny,

- Donna Donna, tiens  une ballade!

- La montagne, superbe chanson de Ferrat,

- Vous permettez Monsieur d'Adamo,

- A hard days night par les Beatles,

- Mathilde par Brel etc.

 

 


1965

"Année noire: mort de mon père"

Je me revois aller avec ma mère à la clinique rue Mont Roland ou du Parc de Scey à Dole. La maladie empirait et la souffrance était dure. Ma mère a soigné son mari du mieux qu'elle a pu avec une grande dignité. Ma soeur était régulièrement présente dans ces moments difficiles. Pendant l'attente je lisais le livre de "deux orphelins qui font le tour de France". Ce livre mélangeant histoire, géographie et morale cm2  de G. Bruno le tour de France que font ces deux gamins abandonnés à eux-mêmes me marque fort car l'histoire est décrite en petites scènes tristes et émouvantes. Début juillet ce fut le vide, notre père disparaît. La dame à la faux avait fini son acte! Nous ne prononcions pas beaucoup le mot "cancer" mais notre vie était bousculée d'un coup. Image atroce pour ce petit garçon que j'étais: la dernière vision du père allongé sur son lit dans notre maison.

Ces mots  cruels:  «embrasse ton papa pour la dernière fois» résonnent toujours en moi aujourd'hui. Je me souviendrai toujours du haut de mes dix ans passés de cette rage contre tout ou contre tous. Mais je ne montrais rien, tout restait à l'intérieur. Alors je me suis fais la promesse de me battre dans cette vie future que je trouvais injuste. Je devais grandir vite… très vite… et en finir avec cette enfance en devenant rapidement un homme. Petit je n'aimais pas la violence et j'évitais toute forme de provocations que les gosses connaissent à l'école. J'esquivais sans trop répondre ! Mais à partir de ce jour-là, j'ai compris que la vie de chaque jour, de chaque heure serait un combat et une carapace se formera en durcissant d'années en années.

Le temps met du temps pour forger un homme  mais plus les années passeront moins je ne me laisserai écraser ou manipuler.

Je pense que cette disparition m'a donné la force de me forger ce caractère de battant que je garderai "toute la vie… toute ma vie".

Toujours ne rien devoir et ne jamais baisser les yeux devant personne.

Ma mère décida de vendre l'entreprise, tous les ouvriers furent reclassés dans des entreprises proches. Elle voulu déménager de cette maison où tous nos souvenirs étaient gravés, c'était son choix car elle devait finir de m'élever seule pour démarrer une nouvelle vie en ne consacrant son temps qu'à son travail et sa petite maison. Je ne la jugeais pas et je la suivais sur son nouveau chemin.

 

Au deuxième semestre nous partîmes en Bourgogne près de Dijon, près de la petite ville d'Is-sur-Tille pour aller vivre et habiter dans un petit hameau où il y avait un café, une école, et notre petit magasin d'épicerie de 25 m2. Dans notre famille, nous avons toujours affronté et combattu les embûches que nous a tendu la vie. Ma mère gérante d'une petite épicerie semblait mieux en travaillant beaucoup tout en s'occupant de moi le mieux possible. Mais ma vie était triste et j'étais renfermé sur moi-même, vu que je n'avais pas beaucoup d'amis pour m'amuser dans ce village étranger.

Le magasin était bien achalandé et je mangeais de petits morceaux de jambon découpés à la machine ou je suçais des glaces à l'eau. Difficile de nous adapter dans cette Bourgogne rude, l'accueil étant froid et les gens se refermant sur soi. L'école ne me passionnait plus, je la subissais. L'hiver arrivait et il faisait froid dans cet appartement humide sans toilettes et sans douche!

Ce manque total de commodités et de confort était un frein de plus pour nous.

Seul le souvenir de ma communion solennelle en mai 1966 me reste en mémoire. De temps à autres ma soeur et mes nièces passaient nous voir le dimanche avec leur voiture, je crois que c'était une Renault R10 blanche.

Il y avait du travail pour les gens et des petits boulots à foison et l'on parlait moins de chômage.

Les jeudis, je les passais à livrer à pied aux gens du village les caisses de boissons diverses ou des bouteilles de gaz dans une petite remorque et je ramenais des pièces de monnaies pour la récupération des consignes en verre des bouteilles de vin ou d'eau. Quand c'était fini je devais remplir les rayons du magasin ou achalander la cave. Je faisais la navette entre la remise et le magasin en l'aidant du mieux possible. Quelquefois j'apportais les journaux chez les gens du pays en recevant des petites pièces en échange et le soir nous découpions ces journaux invendus pour se les faire créditer.

L'on nous avait inculqué la valeur de l'argent que nous manipulions de mains en mains. Chaque fois que nous donnions ou recevions de l'argent «des sous» nous touchions les pièces et plus rarement les billets. Ce rapport physique était psychologique et très différent d'aujourd'hui car la valeur était dans nos mains C'était complètement différent d'une carte ou d'un chèque bancaire.

Comme tout le monde quand on est jeune, on a des envies ou des objectifs.

A 12 ans je pensais au vélo pour m'évader! J'allais à pied ou avec le vieux vélo de fille de ma mère qui était de couleur marron.

J'essayais d'économiser par mes petits boulots pour commander un vélo à une boutique d'Is-sur-Tille.

Les gens se disaient bonjour ou au revoir avec des discussions dans les petits magasins, chez l'épicier le boulanger ou le boucher. Pas de téléphones portables, pas d'ordinateurs rien de technique, l'âge de la pierre en somme. Je bâtissais ma vie sans père, ma mère me couvant un peu plus peut-être. Certainement comme le font toutes les mamans se retrouvant seules avec leurs enfants. Fin juillet je commande une bicyclette demi-course couleur bleu roi, le bleu que j'affectionne particulièrement avec des pneus très fins que l'on appelait des boyaux et un guidon en forme de s. Depuis juillet une place est faite dans la remise à coté du magasin et chaque jour j'attends l'arrivée de ce joyau des vélos. Et puis arrive les grandes vacances. Sans vélo et sans poste de radio  les vacances d'été sont dures et les copains sont tous partis à la mer ou à la montagne.

Assez patient mais cela changera par la suite, fin septembre mon rêve de gosse devient réalité et avec ce premier vélo tout neuf qui arrive enfin je m'évade un peu plus sur ces routes de Bourgogne serpentées. Mais nous étions nostalgiques de notre Jura et le blues pour moi était régulier.

Cette année-là des chansons marqueront l'été et particulièrement deux titres devenant des énormes succès:

- Aline de Christophe,

- Capri c'est fini de Hervé Vilard.

Le 5 décembre De Gaulle est réélu président. Mitterrand est battu.

Il reviendra tard, 15 ans plus tard.

Quelques chansons tirées du hit parade:

N°1 Même si tu revenais, suivi de la Nuit d'Adamo, Satisfaction par les Stones, Aline et les Marionnettes de Christophe, chez Laurette de Delpech etc.

Musicalement les dix années qui arrivent de 1966 à 1976 seront riches et intenses en France et outre Atlantique notamment avec toutes les tendances rock, blues, rythme and blues, soul, hard rock et la musique progressive.

 


1966

Notre première télé en noir et blanc

Le premier Teppaz et les disques vinyles 45 tours et 33 tours

 

J'ai 12 ans et à cet âge la curiosité incroyable d'un gamin qui veut tout savoir.

Pour éviter de trop nous morfondre au fond de ce pays Bourguignon austère ma mère décida d'acheter une télévision, notre première télévision en noir et blanc.

C'est l'époque de l'ORTF (office public de radiodiffusion télévision Française) avec qu'une seule chaine, la une.

C'était le paradis car nous n'avions jamais eu d'appareil comme cela chez nous.

Les seules rares fois que j'ai vu la TV c'était chez des voisins à Moissey.

C'était l'époque des feuilletons télévisés d'une demi-heure ou d'une heure.

Les cinq dernières minutes avec Raymond Souplex, Maigret avec Jean Richard, Zorro, et une série les Globe-trotters ou les acteurs passent de pays en pays avec Yves Renier et Edward Meeks.

Beaucoup de variétés aussi étaient diffusées: télé dimanche, la piste aux étoiles avec Roger Lanzac, le palmarès des chansons de Guy Lux.

Emissions sympathiques. J'étais aux anges en regardant la télé le plus possible mais pas assez à mon gré. Mais malgré tout cette idée de revenir dans le Jura nous taraudait de plus en plus.

En1966 on écoute beaucoup de succès sur les radios  :

- La poupée qui fait non, l'amour avec toi, une chanson censurée de Polnareff

et love me please love me où Polnareff compose au piano une plus belle musique.

- Ton nom d'Adamo, les élucubrations d'Antoine

- Et moi et moi et moi de Dutronc avec les playboys

- Kilimandjaro de Pascal Danel,

- Céline d'Hugues Aufray

- Black is black qui devient noir c'est noir repris par Johnny et une quantité d'autres succès.

 

 


Dole  ville natale de Pasteur

Ville de mon adolescence

 

Et puis l'occasion se présente un jour pour nous, une société doloise recherche une vendeuse de commerce en gros. Ma mère n'hésite pas et prend ce boulot qui lui plaît et qui nous rapproche de la famille, de ma soeur et de mes trois nièces.

Pour ma mère et moi c'est un autre tournant. Une nouvelle ville avec une nouvelle vie et l'on se retrouve dans un petit appartement au premier étage d'une rue calme, rue Bernard à Dole en septembre 1966.

Dole est une superbe ville avec le Doubs qui la traverse au pied du Pasquier.

Une ville animée avec ses usines et qui bouge à ce moment-là.

Jacques Duhamel le Député-maire proche d'Edgar Faure travaille pour rajeunir cette ville car certains quartiers sont très vétustes.

Dole est une ville architecturale avec vestiges du temps de Vauban.

Ville de naissance de Louis Pasteur, la vieille ville et les ruelles sont pittoresques. Années musique et beaucoup de cinés où je découvre des films policiers, ou des westerns américains.

Le film La grande vadrouille sort: un triomphe national.

J'écoute de nombreuses émissions de radios recevant des chanteurs et des groupes sur RTL et Europe N°1.C'est l'époque des tourne-disques et des électrophones et ma soeur écoute Enrico Macias ou Salvatore Adamo.

Ma passion pour la musique grandit de jour en jour.

J'écoute de la variété mais pas trop le rock n roll qui devient de plus en plus présent sur les radios avec toutes les versions originales traduites en Français.

Les chanteurs et chanteuses se battent pour avoir l'exclusivité des hits anglais. Donc Je choisis sur un catalogue de commander un tourne-disque Teppaz grande marque réputée du moment en faisant un colis épargne achetant les points et les collant sur un carnet et payant chaque mois un produit que l'on obtient une fois tout les points soldés.

C'est long d'attendre 6 mois ou plus un colis  !

Oui nous étions patients en ce temps-là.

 

 


Les chanteurs yéyés

Et les chansons de variétés

 

Comme cité dans les pages précédentes, la musique fut présente tout au long de mes jours. Nos parents écoutaient de l'accordéon car ils dansaient valses et tangos ou du Tino Rossi, Trenet ou Piaf, mais ce n'était pas notre génération.

Les chanteurs de variétés arrivent dans les années 60-65.

Bifurcation fin 1969 avec les années "flowers and power" et "peace and love".

En 1975 arrive le hard rock suivi du rock progressif.

Des disques 45 tours des chanteurs et chanteuses les plus importants sortaient régulièrement et tous les jeunes se les procuraient chez les disquaires. Les nouvelles chansons des chanteurs en vogue sont attendues comme le père Noël. De nouveaux chanteurs en 64-65 comme Christophe ou Polnareff, Fugain, Sardou débutent. Ces gens-là bousculent les Yéyés car ce sont des auteurs-compositeurs. J'achète en mai 66 mes premiers 45 tours et quelques 30 cm. J'écoute particulièrement un chanteur un peu survolté nommé Claude François.

En décembre 1966 j'achète le premier 33 tours "Belles belles belles" avec la pochette bleue, qu'il avait enregistré trois ans auparavant en début d'année 63 et comprenant douze chansons. A part un titre: "pauvre petite fille riche", tous les autres morceaux de "belles, belles, belles" à "si j'avais un marteau" sont des reprises anglaises ou américaines sur des paroles de Claude travaillant avec Evelyne Buggy, grande parolière des années 60-70, qui composait pour plusieurs artistes: Hugues Aufray, Les chats sauvages, Johnny ou d'autres.

Je lisais le magazine salut les copains et j'avais entendu quelques chansons de ce nommé Cloclo à la radio. Attentif il était venu voir chez elle une petite fille Lisette très malade et cela m'avais ému. Avec une énergie débordante je décide de commencer la collection de ses disques. J'avais un besoin de me raccrocher à quelque chose. Dans mon parcours musical qui débute, j'écoute du yéyé et je ne renierai jamais cela. C'est comme çà. Il y avait les adeptes de Johnny et les autres, chacun avait le choix. Cette jeunesse n'était pas stoïque et les chanteurs bougeaient beaucoup leur corps.

Nous étions dans une société qui changeait et nous n'utilisions pas de substances pour nous éclater donc chacun trouvait une solution pour passer ses nerfs, pour certains en sport, pour d'autres en musique.

Il y a eu une quantité de musiciens amateurs doués ou non, des batteurs, des chanteurs et des guitaristes en surnombre! La musique était un défoulement.

Je n'aimais pas le sport à part le handball que je pratiquais au lycée et le vélo que je faisais seul ou avec un copain.

 

Je ne me suis intéressé qu'aux groupes rock que vers 1967-68 que j'ai connu grâce aux "boums" chez des copines. Epoque Beatles, ou les Pink Floyd que j'aimais bien mais sans plus. Les groupes anglais marchaient forts dans cette période qui sera marquante jusqu'en 1975 en France. Je passais et repassais mes 33 tours et 45 tours tout en augmentant ma discothèque par troc car je n'avais pas beaucoup d'argent. Certains de mes copains achetaient tous les nouveaux disques. Je leur empruntais pour les recopier en les enregistrant sur des mini cassette (K7) ce qui évitait de les acheter. Il y avait un disquaire Dalloz à Dole qui avait un choix très important avec toutes les nouveautés et ou j'ai passé des heures. Je dépensais beaucoup d'argent dans cela car ce plaisir était cher et ma mère râlait beaucoup .Mais pour moi elle n'avait pas raison.

J'ai toujours aujourd'hui mes disques et mes livres et j'y attache beaucoup d'importance! Esprit conservateur sans doute. Nous achetions tous "Salut les copains" le mensuel des jeunes et nous écoutions l'émission de radio à 16 h sur Europe N°1. Il y avait aussi la revue rock et folk et des bd américaine qui furent importantes, j'y reviendrai. La grande période dite yéyé était là. Les bourgeois avaient nommé la précédente celle des "blousons noirs" jeunes mal vus des bourgeois «bcbg».

En fait, une jeunesse en mal de s'éclater mais pas méchante. Bien sûr des bagarres étaient fréquentes et comme toujours il y a des débordements divers par des garçons qui sont des têtes brûlées.

Je n'ai pas fréquenté trop jeune cette période dite blousons noirs, mais par contre j'ai bien connu les yéyés et celle plus proche de 1968 les années baba cool. Excellentes années et que des bons moments.

A la télé, on regarde un feuilleton en septembre et octobre qui s'appelle les compagnons de Jéhu sur fond de batailles du directoire d'après l'oeuvre d'Alexandre Dumas avec Claude Giraud, batailles de capes et d'épées et duels dans les bois que les scénaristes tournent souvent en décors naturels.

Et des petites scénettes ou mini séries: la séquence du spectateur, les saintes chéries.

Une émission culturelle me branche  : cinq colonnes à la une des trois Pierre: Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet assisté d'Igor Barrère.

Et de nombreuses autres émissions.

 


1967

De "Comme d'habitude" à "âme câline"

Année de travail un peu plus soutenue à l'école avec la préparation au CEP

 

(certificat d'études primaires) car je suis les cours à l'école Pointelin avec quelquefois des cours supplémentaires. Ma mère décide de faire construire une petite maison pour être plus libre. Il faudra attendre un an que tout soit terminé  car la location n'est pas le mieux et dans cette maison elle aura son petit jardin avec des roses et un potager. J'aurai à tondre le gazon  mais ça ne me passionne pas du tout de jardiner. Ma tête pense à tout sauf à faire des travaux d'extérieur. Je lis des petites bandes dessinées que j'achète chaque semaine, Buck John, Kit Carson. En juillet nous visitons la capitale Paris en bus pour la première fois. Je trouve cette ville déjà survoltée. En octobre 1967 j'achète l'album blanc n°5 Claude François avec le titre «j'attendrai » la version originale anglaise " Reach out ill be there" tube des Four tops.

 

 

Les événements de l'année 1967

 

En mars le Torrey Canyon, un pétrolier, coule au large des côtes anglaises ce qui entraine une énorme marée noire en Bretagne.

En juillet de Gaulle à Montréal prononce la phrase " vive le Québec libre "

En octobre Che Guevara meurt exécuté en Bolivie sur ordre de la CIA.

Le 1er octobre la télévision couleur débute en France avec la première et deuxième chaîne. En décembre sortie de l'album «Comme d'habitude» chanson qui fera le tour du monde quelques années plus tard sous le titre de "my way". Le 3 décembre première greffe du coeur par le Professeur Barnard en Afrique du sud. Puis l'on réalise la greffe en France. Barnard forme un jeune Docteur qui deviendra le Professeur Champsaur et qui lui-même formera à Lyon le Docteur Ninet qui opèrera notre fille en 1989 à l'âge de 6 jours. Ce médecin deviendra lui aussi professeur de cardiologie.

Le hit parade ou chart (mot anglais) est le suivant:

- "A whiter shade of pale", Procol Harum, superbe slow à l'orgue Hammond,

- "Inch Allah" d'Adamo, retrace la guerre Israélo-Palestinienne.

- "Hey Joe", chanson de Hendrix un des plus beaux rifs de guitare du monde,

- "Le pauv' guitariste" et "ta ta ta ta" de Michel Polnareff

- "Sergent Pepper" des Beatles: ce 30 cm sera considéré comme le must des albums des Beatles. Je sors un peu en allant à la MJC de Dole où tous les jeunes se retrouvent. Je ne rate pas "au théâtre ce soir" de Pierre Sabbagh émission qui a débutée en 1966. C'était pépère, mais bien, ces émissions.

 


1968

«Année révolutionnaire»

"Le temps des boums, les disques, les bandes dessinées"

 

J'ai 14 ans et ce début d'année n'est pas très agité. Début avril l'on commence à entendre le ras le bol des Français.

De Gaulle est au pouvoir. La politique de l'après guerre bascule doucement. Les événements à Paris débutent en mai et sont importants mais moins marqués dans les petites villes et les usines de province Je survole les événements sans plus car je ne suis pas encore dans le monde du travail comme ces ouvriers qui réclament un peu plus de pouvoir d'achat. C'est le conflit patrons ouvriers

Il n'y a pas de grandes bagarres à Dole. Dans la capitale il y a des centaines de blessés. A la télé sur la première chaîne on diffuse toutes les interventions de Charles De Gaulle et de ses discours musclés. On déménage vers septembre et l'on arrive dans notre nouvelle maison des hauteurs de la Bedugue à Dole.

En passant mon certificat d'études j'ai la surprise de croiser un garçon de mon âge et homonyme, Denis Simonin habitant Villette, petit village à 7 km de Dole.

Nous avons le même nom et nous ne nous connaissons pas. L'on a juste évoqué cette similitude en échangeant quelques mots ensemble à cet examen. Le 18 juin diplôme en poche (le 18 juin est aussi une date mémorable de l'appel de De Gaulle depuis Londres en 1940 pour continuer de se battre contre l'envahisseur germanique) je fête ce CEP à mon café habituel près de l'église Saint Jean avec compétitions de baby foot et flipper. Pour Denis et moi, le hasard nous fera nous retrouver quelques années plus tard et ces retrouvailles seront importantes dans notre vie à tous les deux.

(voir passage le temps des sam).

Nous allons aux spectacles à la nouvelle salle des fêtes de la ville place Barberousse voir les galas de Gilles Dreu, des Compagnons de la chanson, d'Albert Raisner. Septembre arrive avec la date de rentrée au collège. J'avais choisi de me diriger dans la section mécanique du lycée les Mesnils Pasteur de Dole, car plusieurs choix étaient proposés dans trois sections crées: électricité, mécanique industrielle ou menuiserie. L'électricité ne me plaisait guère et la menuiserie pas du tout. De plus deux ou trois de mes bons copains avaient choisis la section mécanique donc je vais aller dans cette voie-là évidemment.

Je passerai ces trois années au lycée à apprendre un futur métier de mécanicien d'usinage qui comprend trois métiers: tournage; fraisage et ajustage.

C'est à ce moment-là, à l'arrivée au lycée que je commence à fumer des cigarettes. Des gauloises bleues avec filtre en balançant mon argent de poche dans des paquets à dix Francs.

Mais l'année d'après j'arrête de fumer juste par la volonté sans patch ou autres additifs, pendant plus de vingt ans.

Travaillant toujours mes matières préférées français, histoire, dessin et les deux technologies: générale et spécialité ainsi que la pratique sur les machines-outils j'apprends un métier dit valorisé. Mais la chose principale pour moi est toujours la musique l'écoute des disques sur le juke-box des cafés et sur mon nouveau pick-up (électrophone) Philips flambant neuf.

Nous échangeons des photos entre copains. Chacun a un groupe ou un chanteur préféré. Je collectionne les bandes dessinées et les disques et c'est aussi à ce moment là que je participe aux premières boums chez Martine qui est la soeur d'un bon copain. Un peu plus âgée que moi de deux ans elle est très branchée musiques anglo-saxonne et c'est elle qui me fait découvrir tous les disques anglais du moment l'album des Pink Floyd, "my year is a day" des Irrésistibles et enfin toute la pop anglaise. J'écoute toujours les variétés françaises en regardant les shows télévisés qui s'appellent le palmarès des chansons de Guy Lux ou numéro 1 des Carpentier.

En 1968 je suivais la mode comme tous les autres, look cheveux longs et jeans, achetés à la Ville de Roubaix, grand rue à Dole. Pantalons pattes d'éléphant en jeans ou en tergal, veste et boots en cuir. Look de fou!

Trois ans de formation me permirent d'apprendre un métier pour mon CAP (certificat d'aptitude professionnelle) et puis mon copain Thierry Pierre me fait découvrir deux bandes dessinées américaines: le fantôme et Mandrake tout en couleur. Ces petites revues ne coûtaient pas excessivement cher dans les bureaux de tabac-presse. Je me procure ces BD chaque semaine en débutant une collection que je vais reprendre 35 ans plus tard.

L'événement: le Pasteur Martin Luther King est assassiné à Memphis.

On écoute :

- Rain and tears des Aphrodites Child l'intro est celle du Canon de Palchebel

- Hey jude et Lady Madona des Beatles

- Baby come back des Equals

- Night in white satin ce super slow du groupe Moody Blues

- Cours plus vite Charlie de Johnny - My year is a day des Irrésistibles

- Jumpin jack flash des Stones-

- Il est cinq heures Paris s'éveille de Dutronc avec un contrechant de flûte magique… et d'autres!

 


1969

Georges Pompidou élu Président

"On marche sur la lune"

 

Nous avons tous un vélo et d'autres un cyclomoteur et les tours de la ville de Dole avec mon copain Clerget ne se comptent plus. Il possède toute la collection des Saluts les copains depuis le début et on lit et relit cela le jeudi.

Il aime les mêmes chanteurs que moi passant de Cloclo à Johnny mais cette année là il découvre Elvis Presley que notre pote Thierry Pierre adore.

Il a tous les disques de ce chanteur américain par son oncle un peu plus âgé.

J'écoute toujours de la  «variétoche» mais en prêtant une attention à tous ces anciens et nouveaux venus en musiques anglo-américaine.

Je vais de plus en plus au cinéma qui devient une passion qui me plaît.

Vers mai ou juin, j'assiste au concert public en plein air de Michel Delpech au stade du Pasquier à Dole. N'ayant pas d'argent je me suis "faufilé " et malgré une pluie battante je trouve ce gala pas mal. Delpech cheveux longs pantalon pattes d'éléphant blanc et chemise blanche, chante Wight is Wight, chez Laurette et tous ses tubes. Je suis très impressionné par cette ambiance live des shows avec tous les instruments, les projecteurs et le reste. Pour gagner un peu d'argent je travaille comme aide à tout faire au magasin de commerce en gros pour coller des étiquettes sur des objets textiles, les chapeaux et les chaussures. J'ai travaillé comme apprenti dans une fabrique de ballons en cuir Pickball et fus employé à tout faire chez un entrepreneur local de bâtiment et travaux public dans le sanitaire et chauffage, charpente

Plus tard je vais voir un gala de Sardou en bal monté. Ce sont ses débuts.

Il chante bien mais je le trouve froid avec le public! Il interprète plusieurs chansons dont "les bals populaires" et "mourir de plaisir" et l'album «le rire du sergent».Je vois d'autres groupes dans ces bals de villages: Variations, Zoo… oui beaucoup de concerts.

Le 15 juin 1969 Pompidou est élu Président. Le Gaullisme est en baisse mais la doctrine Gaulliste est forgée, la France est à droite.

Et puis l'homme marche sur la lune grand reportage que je n'ai pas manqué: c'est magistral et impensable Neil Amstrong et Buzz Aldrin marchent sur la lune  !

Je suis resté réveillé une partie de la nuit pour voir cela. Le monde entier est devant les télévisions.

 

Beaucoup de belles chansons à écouter  :

"Que je t'aime"  d'Halliday énorme tube N°1chanson osée pour l'époque!

"Tous les bateaux tous les oiseaux" de Polnareff,

"Eloise" de Barry Ryan,

"Wight is wight" de Delpech

"Obladi oblada" et "get back" des Beatles

"Daydream des Wallace Collection

"I want to live", des Aphrodites Child avec Demis Roussos

"Laissons entrer le soleil" extrait de la comédie musicale Hair  avec un nouveau chanteur Julien Clerc

"Venus" de Shocking Blue

"Proud Mary" des Creedence

"Adieu jolie Candy" le slow de Jean François Mickael avec intro à l'orgue

Et l'excellente musique du film  "il était une fois dans l'ouest"

de Ennio Morricone,

C'est aussi l'époque des westerns spaguettis (westerns italien).

Un beau film passe au cinéma à l'Omnia: les Grandes gueules de José Giovanni avec Bourvil et Lino Ventura tourné dans les Vosges près de Gérardmer en décors naturels.

Et puis c'est le début de nouvelles séries télévisées  américaines en couleur à la télévision:

- "les envahisseurs" et "l'homme de fer" dont je regarde tous les épisodes attendant la suite en haleine chaque semaine.

 


1970

Première mobylette

(La fin des Beatles)

 

Belle année de mes 16 ans car j'organise ma vie et je fais comme je veux.

Je continue mon CAP de mécanique qui se fait sur 3 ans. Je reçois une tige en acier sur l'épaule car le professeur a mal réglé la machine, c'est la baraka (chance) qui m'évite d'être tué. Je travaille au lycée mais je m'éclate beaucoup avec les copains. J'en ai toujours un ou deux, selon les années avec qui je traîne. Et des copines, quelques flirts (10) mot du moment.

J'allais aux boums de plus en plus et fit la connaissance de nouveaux copains et des soeurs des copains. En mai le groupe Magma chante au tumulus ces musiciens sont issus d'une formation jazz et je retrouve par hasard Denis qui assiste à ce concert. Ce mois de juillet j'ai trouvé un job et je fais chaque jour le trajet pour aller travailler chez un boulanger, Monsieur Petit, un papy sympa qui me montrera comment se fabrique le pain. J'adorais ces odeurs au fournil et le travail m'occupait de quatre heures du matin à midi. Je me lève à trois heures, et je fais huit kilomètres à vélo dans la nuit sur la route de Besançon pour arriver à Rochefort à 3 h 45 et être prêt à bosser jusqu'à midi. C'est un travail fatiguant dans la chaleur du fournil mais ça me plaît. J'apprends à couler l'eau du pétrin à la bonne température pour ne pas détruire le pain, à peser et mettre la pâte dans la façonneuse. Je farine et coupe le dessus des baguettes. J'en garde un bon souvenir surtout à la remise de l'enveloppe avec quelques billets en Francs. Le transistor est branché en permanence sur (RTL ou Europe N°1). Les mêmes chansons passent et repassent sans arrêt. A midi je rentre à Dole en pédalant de nouveau huit kilomètres.

En septembre je veux arrêter l'école et aller travailler mais ma mère insiste pour que je continue mes études de mécanique. Que serait devenue ma vie  si j'avais suivi la boulangerie? Forcément différente, mais le destin en a décidé autrement. J'ai regretté de n'avoir pas continué en direction d'un métier manuel.

(10) "Pour un flirt" chanson de Michel Delpech

 

Cette idée-là a couru très longtemps dans ma tête, envisageant à plusieurs reprises de créer un commerce. Le goût pour le vélo s'estompait et un autre rêve me tenait en haleine: les mobylettes qui étaient très à la mode.

Les fameuses bleues, (encore le bleu) nous faisaient rêver les copains et moi. Ma mère me dit d'aller travailler pendant les vacances car je la bassinais pour avoir une mob trop chère. Tant pis j'économiserai. Je travaillais comme aide à tout faire au magasin pour coller des étiquettes sur des objets textiles, les chapeaux et les chaussures. Arrive la première mobylette avec de nouvelles aventures. Comparé à une bicyclette ce moyen de locomotion permet de faire de plus longs trajets dans un meilleur confort. Que de kilomètres parcourus sur ces routes jurassiennes cheveux au vent sans casque pas encore obligatoire! Sensations de liberté et de pouvoir aller quand on veut où l'on veut; que de bons souvenirs. En septembre je commence ma troisième année CAP qui est importante dans le domaine que j'ai choisi.

 


Les événements de 1970

 

- coup de tonnerre sur le monde:  les Beatles se séparent!

Les quatre garçons dans le vent groupe mondial mythique s'en vont chacun de leur côté après une route de dix années très constructives. Créé par Paul et John le groupe laisse en héritage douze albums et près de 200 chansons.

Quoi que l'on pense ou que l'on dise les fab-four laisseront une trace dans l'histoire musicale et des chansons qui sont pour la plupart des chefs d'oeuvres musicaux repris par tous les artistes autour du monde et par des orchestres symphoniques pour certaines de leurs chansons. Jamais un groupe ne s'est autant diversifié. C'est mon point de vue chaque chanson était complètement différente de la précédente. Les albums Sergent Pepper et Abbey Road sont considérés les meilleurs mais je préfère Abbey Road.

En mai 1970 sort l'ultime et dernier album Let it Be des quatre de Liverpool.

Les Creedence sortent leur cinquième album Cosmos factory considéré par les connaisseurs comme le meilleur des neuf albums.

Quelques chansons du hit parade de l'année :

Johnny: "Ceux que l'amour a blessés", ""on me recherche" et "Jésus Christ",

Polnareff : "Dans la maison vide" et "Gloria".

 


1971

Corse et Palavas les flots

«Concerts publics aux arènes de Claude et Johnny»

 

Ce début d'année passe très vite. CAP en juin. Et dès le 20 juillet un nouveau travail m'attend dans une petite société de mécanique pour un job de tourneur. Pour 10 jours seulement car en juillet départ en vacances en Corse avec le groupe Aéroven de Besançon pour une découverte de Corse, pays superbe. Nous arrivons à Marseille. Etant le plus âgé du groupe l'on me demande de donner un petit coup de main et de veiller toute la nuit sur le bateau qui nous emmène à Calvi. Il y a beaucoup de filles de 15-16 ans dans notre groupe et les quelques monos sont débordés. Il faut sans cesse garder l'oeil sur nos copines car ce bateau ramène une quantité de légionnaires à Calvi. Pas que des belles gueules et pas des tendres ces gars-là qui se font les ongles avec des poignards effilés qu'ils sortent de leurs treillis. Nous on ne parade pas mais tout se passe bien sur le bateau où nous passons la traversée de nuit sur le pont du rafiot sur des chaises longues que nous avons louées. L'on passe 3 semaines à l'Île rousse entre mer et montagne.

Nous faisons l'ascension du Monte-Cinto connu pour son GR 20 à 2710 m d'altitude à grimper entre les cascades sur des pierres roulantes, enfin assez dur si l'on n'est pas très sportif. Et puis des excursions avec nos sacs à dos et tout le reste et des journées au bord de la mer avec ce sable blanc fin et divin.

L'on revient à Nice en 3 heures par le Comté de Nice un beau bateau.

Les filles sont sympas et cool et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. En août, je prends le train à Dole pour Marseillan avec un copain Gérard pour deux semaines de vacances à Marseillan Plage avec tout le matériel tentes, gamelles. Arrêt à Montpellier ou l'on fait des photos.

Polnareff sort   "Nos mots d'amour" et l'excellente chanson "Qui a tué grand Maman" en hommage à Lucien Morisse patron d'Europe N°1.

Joel Dayde qui fait aussi partie du groupe Zoo chante "Mamy blue"

"Viens avec nous" du groupe Triangle (anciens musiciens des artistes en vogue)

"Wild world" de Cat Stevens

"The fool" premier succès de Gilbert Montagné

Et Joe cocker "Cry me a river" et "Hight time we went" sont deux 45 tours que je me procure de suite. Déjà, quelques copains fument de l'herbe qu'ils appellent drogues douces mais je ne les suis pas.

 

Apparté

Sex drug and rock n roll

 

Je n'ai jamais voulu rentrer dans ces daubes. Je pense qu'un homme doit savoir et pouvoir gérer sa vie et en décider comme il veut sans utiliser de produits stupéfiants ou dérivés divers. Tout cela n'est qu'une question de volonté et d'intelligence et la force et l'esprit du corps. Fuir devant la vie, ne rien vouloir affronter est sûrement une faiblesse! Les «psy, médecins de l'âme» n'existaient pas. Je conçois que certains individus aient besoin d'avoir recours à ces gens-là. Personnellement, jamais je ne pourrais m'asseoir sur un divan pour parler pendant des heures de choses qui ne les regarde pas. Je pense que pour guérir une tête c'est impossible. La thérapie d'un cerveau doit se faire par sa propre volonté, sa propre force. Mais je comprends et respecte les gens qui ressentent le besoin de consulter une tierce personne, puisque ma philosophie est de dire chacun fait comme il veut. Pour revenir aux drogues pourquoi essayer des paradis artificiels si on est bien dans sa tête… pas besoin! Mais à cette question posée les gens concernés répondent qu'il faut essayer, tout essayer! Je mourrai idiot, c'est sûr! En 1970 drogues douces ou dures étaient à portée de main, je n'y ai pas touché. Des millions d'hommes ou de femmes hier et d'aujourd'hui se refugient dans cela. Ce sont leurs problèmes. Certaines gens ne veulent pas ou ne peuvent pas régler leurs vies par eux-mêmes sans additifs extérieurs. Quel manque de volonté  ! Il y a tant d'autres choses à voir et à faire pendant une vie sur terre. Nous avions aussi nos déboires que l'on réglait différemment, par le sport ou la musique, il n'y avait rien… pas d'autres solutions. Sommes-nous ringards d'avoir vécu comme ça  et de dire que ce qu'il se passe actuellement est fou ou débile ? Posons les bonnes questions  et regardons en face toutes les choses actuelles. Le monde est un enfer télécommandé par des machines. Qu'y a-t-il de bien aujourd'hui  ? Que des gamins finissent étranglés au jeu du foulard  au lycée? De boire un litre d'alcool à 45 degrés avant d'entrer en boîte pour finir bourré sur un trottoir ou tué à 20 ans sur la route?

D'écouter du bruit en se dodinelant tout seul dans la boue devant des amplis qui diffusent sur des enceintes des centaines de milliers de décibels ? (11)

Est-ce que vivre comme ça est merveilleux  ?

Non basta! Il n'y a plus grand chose

 

(11) chanson de Denis et Pierre du bruit en tête

 

Parfois nos enfants disent «vos années furent les plus jolies». Oui sûrement.

Nous devons essayer de comprendre ces jeunes. Mais comprendre quoi  ?

Est ce que le 20ème siècle était pire que le 21ème ? Et comment sera le vingt-deuxième ? Tout le monde peut manger aujourd'hui même sans ressources car l'assistanat est devenu monnaie courante et des associations pleuvent à chaque coin de rue.

Etre ou ne pas être disait Shakespeare ? Danser tout seul, manger seul, faire la fête seul, faire l'amour seul ? Est ce cela vivre ?

Nos enfants ont des centaines d'amis dans leurs téléphones (12) mais en fait ont-ils un seul ami  ? Tout cela n'est que du virtuel.

C'est complètement démentiel de raconter sa vie intime ou de montrer tout de soi sur internet à des inconnus qui exploitent ce filon. Le web est une grande avancée, tout peut être trouvé mais il faut exploiter la toile rationnellement. Les jeunes ne nous comprennent pas et inversement. La vie est mal faite car simplement chacun voit les choses différemment.

Regarder et voir ces garçons et ces filles mourir dans leur tête  «tout seuls» pour la daube est affligeant. Nous ne désirons qu'informer pour protéger, mettre en garde en disant que la vie n'est pas faite pour se détruire.

Mais l'écoute de nos jeunes est impossible, ils ne nous entendent pas…

Si penser comme cela est ringard alors oui je suis ringard et nous sommes sûrement beaucoup de parents ringards dans ce cas-là.

En pensant aux risques que prennent nos enfants ou nos petits enfants, nous sommes simplement des parents, juste des parents.

 

(12). chanson  de Denis et Pierre: un ami dans tes amis

 


1972

La plus belle année, celle de mes 18 ans

 

J'ai 18 ans en janvier et je pense que c'est le plus bel âge de la vie.

Malgré la majorité encore à 21 ans, cela ne me dérange pas du tout car j'ai pris ma vie en mains depuis plusieurs années en décidant de chaque jour, et de chaque heure, permis de conduire, musiques, sorties, copines, tout va bien. Le groupe musical que j'écoute est le Creedence Clearwater Revival ce qui signifie: foi, eau claire, revisité. J'achète quelques disques  de ces quatre américains issus du sud ouest des USA. Ma passion musicale amorce un changement avec ce groupe qui revisite les rocks et country US. Le leader John Fogerty écrit ses plus belles créations Proud Mary, Wholl stop the rain, Lodi de grands succès. Je bascule vers d'autres découvertes dans le domaine musical avec une autre vision qui m'emporte dans des musiques moins commerciales et différentes de ce que j'écoutais avant.

En mars-avril, je traîne beaucoup avec Alain un copain qui travaille avec moi.

Nous sommes tous deux mécaniciens-tourneurs sur métaux. Enfin je débute dans une petite société de mécanique doloise. Mes premières pièces à tourner sont des pales en acier, pour les bateaux, assez impressionnantes, sur un gros tour parallèle assez âgé. Alain a un an de plus que moi et il a son permis de conduire avec l'avantage de posséder une R8 major Renault, jantes larges, petit volant, cette auto a la cote en 1972. Chaque jeudi nous allons à Besançon à la grande surface Mammouth pour draguer des filles et chercher des disques nouveaux. Travaillant d'équipe c'est-à-dire, une semaine de matin ou une semaine d'après midi, nous avons une semaine sur deux nos après-midis de libres. Cette situation durera de mai à décembre. Vers janvier je passe mes premières leçons de conduite automobile à l'auto école Thielley rue Wilson à Dole. J'ai choisi une voiture pas trop pop: une Ami 8 Citroën break couleur marron clair avec une particularité: les vitesses sont au tableau de bord.

Notre préoccupations du moment? Les filles! On passe l'été à Parcey au bord de la Loue avec les copains en mangeant des frites et des sandwichs chez «le cowboy  le patron du café, je ne sais même pas son vrai nom». Nous écoutons sur le juke-box Polnareff qui chante Holidays et on ira tous au paradis, ou Christophe avec le tube: Oh mon amour! Et puis il y a les bals locaux toutes les semaines avec chaque samedi soir et le dimanche après midi des groupes qui se produisent. Mon salaire passe en partie à la petite pension versée à ma mère, le reste brûle en fringues et en essence, disques, cinés, boums!

 

Les orchestres de bals «  montés  »

Des Talismans à Michel Balland

 

Comme dit précédemment je suivais de temps à autre en fonction de la voiture des copains depuis plusieurs années un orchestre de Dijon qui s'appelait «Les Talismans». Formation de huit musiciens de haut niveau, dont certains viennent du conservatoire. Ils jouaient les «tubes en vogue Français et étrangers» avec quelques prédilections pour le groupe Chicago Transit Authority, mais leur répertoire était un programme de bal avec la variété Française du moment «mis à la sauce pour les danseurs c'est-à-dire avec des tempos soutenus pour les rocks et plus lents pour les slows ». C'était la loi des séries 5 rocks-5 slows.

Chansons de variétés de Gérard Lenorman, Martin-Circus, Triangle, Gilbert Montagné Fugain et j'en passe. Le chanteur maîtrisait très bien l'anglais et le groupe comportait des cuivres, orgue Hammond, guitare Gibson, Basse Fender et les très bons amplis à lampe du moment Ampeg ou Marschall. L'été ils allaient sur la Côte d'Azur jouer dans les casinos ou donner des concerts publics. Cet orchestre était considéré comme des professionnels. Je connaissais tous les musiciens que j'ai enregistrés en live à la Pentecôte de Dole avec mon magnéto Philips, un gros poste très lourd. A force de les suivre en tournées j'étais connu et je faisais des photos au polaroid. Les filles se chamaillaient pour avoir ces photos surtout celles du chanteur beau gosse.

Bizarre! Je n'en ai gardé aucune… des photos  bien sûr!

 

Michel Balland and co

 

J'ai vu chanter Balland à Chaussin ou aux Hays et je vais voir de plus en plus régulièrement ce groupe qui passe dans les bals locaux proches de chez moi. Formation bien huilée, le guitariste Paulo un grand sec, assure sur sa Gibson SG suivi des autres musiciens et Michel fait le show avec les reprises des morceaux du moment quatre heures durant avec sa voix inimitable grave-médium. Presque tous mes samedis soir et quelquefois le dimanche, je me rends dans les bals de la région Doloise ou en Bresse pour écouter ce groupe.

J'étais conquis par ce répertoire fort en couleur et aussi par la musique des ces cinq musiciens. J'allais régulièrement à Besançon chercher des disques dans le magasin de Michel à la galerie marchande et mon seul regret est de n'avoir pas pu conserver de traces audio des bals de ces moments-là.

Michel est également auteur-compositeur il sort son premier 45 tours comportant deux chansons «dites à textes»: "et moi je l'aime" et "les raisons de vivre". Un album très bien réalisé intitulé «la dérive» suivra comportant 10 titres signés Balland.

 

Note

 Ecrire et composer est un art. Je porte une admiration pour les auteurs ou les compositeurs pouvant se permettre de poser des notes sur une portée avec des paroles en rimes, en vers ou en prose pour écrire et inventer une histoire sensée…

Il existe dans ce monde des milliers d'anonymes qui ont du talent dans chaque domaine des arts mais qui resteront des inconnus par malchance.

Tout le monde ne peut pas être artiste mais certaines personnes que j'ai rencontrées au cours de ma vie mériteraient d'être connus ou reconnus dans leurs arts respectifs.

Autrefois il existait des découvreurs de talents qui aimaient l'art avant l'argent. Les Jacques Canetti ou Eddy Barclay, Lucien Morisse et d'autres ont disparu. Un grand merci pour les grands noms que ces gens-là ont découverts et fait connaître.

Aujourd'hui money is money ! L'art on s'en fiche; c'est triste  !

L'argent a tout tué…

 

Cette année-là est une riche explosion dans le monde dans le domaine  des disques: 100 tubes  !

What I am to be du groupe Zoo

Harry Nilsson: Without you, superbe mélodie

Polnareff écrit Holidays

Mort Schuman: Le lac majeur 

Gerard Lenorman chante Les matins d'hiver et De toi

Led Zeppelin: Black dog

Johnny interprète: comme si je devais mourir demain

 

Au printemps, mon copain Alain m'annonce que son frère joue dans un petit groupe de musique pop qui démarre.

Il m'emmène un samedi après midi voir une répétition…

L'époque des Sam débute à ce moment-là.

 


1973

300 chansons

 

Passionné de la langue française et de ses subtilités, j'essaie de débuter en écrivant quelques textes. J'avais commencé à écrire il y a un an ou deux en notant quelques mots sur des papiers. Je veux écrire des textes oui c'est sûr, surtout des mots qui racontent quelque chose de la vie, le monde, l'amour, la joie, la peine mais surtout faire des paroles en rimes sur des musiques qui collent à cela. Pas facile! Il faut un sujet et le travailler. Alors quelques chagrins d'amour ou des séparations m'aident. Et ça me calme de poser des mots et des phrases. La musique adoucit les moeurs dit-on ? C'est elle qui fut sûrement ma psy. Denis ayant aussi cette passion musicale a déjà écrit quelques chansons complètes. L'idée d'écrire ensemble se concrétise, l'on en parle et l'on démarre ce binôme en faisant chacun un job qui débutera vraiment cette année-là. Il composera des musiques sur mes paroles principalement et nous sommes tous les deux sur la même longueur d'onde. Les premiers se ressemblent tous: drames d'amour et d'autres moins tristes. Il y a quelques corrections mais la trame est faite.

Eternel insatisfait, je corrige sans cesse un mot une phrase, une rime. Pour ne pas oublier les mélodies qui ne sont pas encore sur portées, l'on note tout en enregistrant systématiquement toutes les musiques sur mes différents magnétos à cassettes Philips ou Grundig.

Les premiers essais dont difficiles et les montages des chansons aussi du fait de notre manque de savoir dans ce domaine. J'apprendrai de texte en texte et de musique en musique comment bâtir cela. Notamment en lisant un grand auteur, Pierre Delanoé, auteur de 3000 textes et des livres faits par des musiciens célèbres. Il faut de la rigueur dans les rimes ou les pieds d'un morceau, je corrige toujours et encore, un mot ou un accord. J'apprends. Pour ces débuts, nous mettons le pied à l'étrier écrivant toujours ensemble, fidèles à nos idées. Pour faire des chansons il y a des astuces mais la vraie alchimie c'est de trouver la bonne inspiration.

Voici ci-dessous la méthode que nous choisirons  :

1) J'écris les paroles du texte complet,

2) Denis écrit la musique sur ce texte et sur portées quelquefois,

- Nous procéderons comme cela pour la plupart de nos 300 chansons.

J'ai fait quelques musiques sur des paroles de Denis mais c'est plus rare.

On finalise comme des alchimistes de façon à ce que le nombre de pieds soient respecté et il m'est arrivé de changer un mot ou une phrase 4 ou 5 fois ou plus. Pour ce qui est de mes propres compositions paroles et musiques, la plus grande partie a été faite en écrivant le texte et la musique en même temps.

L'idée de base existe toujours dans ma tête. Comme un peintre, je m'inspire de ce que j'entends ou de ce que je vois autour de moi, rien de plus.

Comme font certainement tous les auteurs ou compositeurs, certaines de mes chansons seront écrites d'un trait, l'histoire sortant du stylo, mais d'autres ont été faites par paliers.

Mon premier texte mis en musique par Denis s'appelle «la séparation» fait en janvier 1973 avec musique en avril. Peine de coeur, ce texte relate mon départ au service militaire et une rupture avec une fille en novembre 72.

Nous ne nous prenions pas la tête avec ces petites chansons qui pour certaines auraient pu être tout à fait présentables bien arrangées avec des instruments.

Quelques morceaux que nous avons écrits passaient bien comparativement à certains morceaux de ce moment-là. Notre violon d'Ingres était né. (13)

Nous serons les Souchon-Voulzy de l'Est (rires).

Cette collaboration dure encore aujourd'hui et ils nous arrive de jouer quelques premières chansons.

Et la troisième chaîne couleur arrive au soir du 31 décembre 73.

Les disques de cette année sortent par dizaine chaque semaine…

Là encore 100 tubes dont voici quelques titres  :

"La maladie d'amour" de Sardou

"Angie" des Rolling Stones

"Money" Pink Floyd

"Can the can" Suzie Quatro

"Belle": slow doux de Christophe

"I love you because" de Polnareff 

Denis m'a fait découvrir Michel Polnareff qui est un musicien qui à fait le conservatoire et qui est un très bon pianiste. Ses chansons les moins connues, mes regrets ou jour après jours et beaucoup d'autres sont presque les plus belles harmoniquement.

On écoute ce qui est considéré par tout le monde son meilleur album

Polnareff's enregistré à Londres avec des musiciens d'orchestre symphonique.

Sur cet album figure une chanson très peu connue appelée "l'homme qui pleurait des larmes de verre" c'est la plus belle de ses chansons.

 

(13) Document Radio plastic vallée de 1990

 


L'armée «ce service» militaire! 

(décembre 1972 décembre 1973)

(Ou comment passer douze mois en restant enfermé dans une caserne)

 

Dans les années soixante-dix beaucoup de garçons de 18-20 ans se disaient antimilitaristes. Les appelés qui avaient passé 18 mois d'incorporation rentraient avec dégoût de cette armée qui leur avait pris ce temps civil.

La guerre du Vietnam avec ses atrocités faisait rage depuis de longues années et ce dédain était entretenu par des groupes antimilitaristes dits pacifiques qui s'étaient formés. Des groupes célèbres, des chanteuses ou chanteurs américains de folk Song comme Joan Baez, ou le plus virulent Bob Dylan entretiennent avec la protest song cette hargne contre l'armée.

En France quelques uns écrivent des chansons comme Christophe : cette vie là () relatant ses mois passés au service militaire, Johnny chante une mélodie non violente retiens la nuit. Nous ne savions pas de quoi était faite cette vie de caserne et le service militaire était un passage obligatoire. De nombreux futurs soldats devant quitter leurs familles à 20 ans avaient principalement cette réaction négative. Je suis parti pour faire mes douze mois le 30 novembre 1972 prenant le train de Dole direction Verdun dans la Meuse. J'arrive au 54ème régiment d'artillerie où pendant deux mois je fais mes classes en B11 où je subi les corvées comme tous les copains. Pendant deux mois pas de permissions de sorties; je trouvais le temps long en côtoyant toutes les couches sociales et en croisant toutes sortes de personnes dans cette caserne. De suite un petit noyau de 4 bons copains se forme parmi 20 appelés de la chambrée. En février, après avoir passé les permis poids lourds, moto et véhicules à chenilles, on me dirige comme chauffeur de jeep du capitaine de la batterie B2 pendant les dix mois restants.

Bonne planque  que j'ai eu par hasard n'ayant rien demandé et une place intéressante pour le deuxième classe que j'étais car ça m'évitait marches et corvées. (Ce ne fut pas forcément la même chose pour tous mes copains).

J'ai donc évité un maximum de contraintes et tout ce que je pouvais. Effectivement au contact de différents individus j'ai rencontrés des gens très bien mais aussi de parfaits fadas, des durs et des mous, des forts et des faibles, des intelligents et des dégénérés, des objecteurs de conscience (truc à la mode), enfin de tout.

Nous étions deux chauffeurs pour assurer un roulement pour véhiculer notre capitaine en nous relayant pour partir en permission chacun notre tour.

J'avais besoin de revoir les copains et comme j'avais la voiture depuis quelques temps j'envisageais de repartir à 200 km de la caserne dans mon Jura nostalgique.

Malgré le club musique où je gratouillais quelques morceaux sur une guitare électrique, je trouvais les permes trop rares et je me morfondais de ne pas voir les amis durant des semaines. Quelquefois je grattais malhabile sur une guitare sèche d'un copain des chansons pour la chambrée que reprenait les appelés.

Le pénitencier de Johnny ou des chansons de Le Forestier comme Parachutiste, très engagée, ou d'autres comme  «le Galérien» ou le déserteur, de Boris Vian, pas du tout apprécié des (crocs) les gradés.

Texte majestueux cette chanson reprise par les Compagnons, Reggiani, Montand et d'autres, fut écrite en 1942 pour les paroles par Maurice Druon (futur académicien) et par Léo Pol le père d'un certain Michel Polnareff pour la musique.

Dans cette caserne j'arrive avec le grade de 2ème classe. Eh bien je sortirai  2ème classe  et ce sera bien ainsi. Après les classes, j'ai refusé de faire les élèves gradés (EG) pour avoir un mini grade de caporal ou caporal-chef et pour éviter d'emm… mes copains car souvent ces petits caporaux s'y croyaient! Les adjudants choisissaient à notre arrivée les futurs élèves gradés du contingent et prenaient les plus mauvais pour former les sous-officiers.

Je me décide de partir en faisant le mur un samedi. A 20 ans pour un garçon, les filles manquent loin de chez soi et j'avais une petite copine à Besançon. Tout était dit "organisé" en cas de contre-appel c'est-à-dire qu'en pleine nuit si un officier de garde vient compter les consignés, ils doivent tous être présents. Bref organisation bidon qui ne marchait jamais et nous le savions. Nous étions environ 20 par chambre et au moins 10 soldats manquaient à l'appel. Parti avec ma voiture en rentrant à la caserne dans la nuit du dimanche au lundi j'appris de suite qu'il y avait eu un contre appel.

Nous fûmes convoqués tous en tenue de ville chez le capitaine de batterie le lundi. Même si je le conduisais, j'écoperai du même nombre de jours que mes copains pour qu'il n'y ait pas de favoritisme. Je crois que presque chaque fois que l'on a fait le mur l'on s'est fait prendre, et je reste persuadé que quelques petits copains jaloux caftaient au responsable de chambre, un appelé comme nous caporal-chef frustré qui n'était pas de ma classe et qui était un enfoiré de première.

 

Ce parfait imbécile a frôlé plusieurs fois que je l'empoigne, mais je voulais éviter les arrêts de rigueurs qui repousseraient la date de sortie finale de cette caserne. Il existe sur cette terre des  «vrais traîtres» que nous croisons chaque jour sans le savoir. Je n'ai jamais accepté la délation ou les lèche-bottes.

Le capitaine avait besoin de ses chauffeurs et mon binôme faisait régulièrement le mur pour aller voir sa copine en ville et notre officier avait des difficultés pour avoir ses deux conducteurs à sa disposition car quelquefois nous étions tous les deux consignés. Nos journées se passaient en batterie normalement, et le soir après dix-huit heures nous rejoignions les arrêts simples avec une couverture sans ceinture et sans lacets.

Nos soirées s'organisaient entre quatre et cinq copains, à préparer et à manger des victuailles tard le soir à la bougie car la cuisine de la cantine pour les appelés n'était pas bonne et pas copieuse et à vingt ans la faim tenaille.

L'on ramenait chacun de nos régions en revenant de permission diverses nourritures. Au supermarché nous achetions des boîtes de corned-beef (du boeuf) appelées singe et du thon ou autres conserves dévorées autour de la table de la chambrée. Nous allions les après-midis ou le soir au foyer de la caserne et nous consommions bières ou cafés.

De permanence avec une jeep une fois par mois derrière le poste de garde à l'entrée de la caserne, j'avais une chambre seul pendant une semaine avec l'accès aux cuisines et mon rôle était d'emmener les deux gradés en courses en ville ou ailleurs mais la majorité du temps à ne rien faire, glander, lire, jouer ou écouter de la musique.

L'adjudant et le sergent chef se trouvait de l'autre coté dans le poste de garde. J'amenais leurs repas en profitant d'aller aux cuisines pour voir un appelé de ma classe cuisinier.

Nous coupions nous-mêmes dans les demi-quartiers entiers de boeuf quatre ou cinq steaks énormes d'un kilo que je cuisais avec des petites échalotes sur un réchaud camping gaz bleu dans ma chambre de garde en invitant deux ou trois bidasses proches pour partager ce repas non frugal. Rien à voir avec les steaks des appelés de la cantine. Cette viande-là de parfaite qualité était tendre et réservée au mess des officiers… et pour nous. C'était divin ces repas avec un bon vin rouge. Et puis les gardes de nuit d'octobre à décembre 1973 commencèrent au Fort des Roseliers près de Bar-le-Duc. Celles-ci, pas question de les éviter. Seul au milieu des bois par étape de deux heures en novembre à se les geler par moins 10 ou 20°.

 


1973

Rupture

 

Apparté

Une chanson

Une chanson doit accrocher à la deuxième ou troisième écoute pour rester dans les mémoires. Cela s'appelle un tube, mot barbare commercial employé par les hits parade et les faiseurs de tubes de l'époque.

Mais un tube ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval et les découvreurs se trompaient souvent. Espérant le tube sur la face A du disque, il se trouvait sur la face B.

Michel Sardou chante la maladie d'amour. Dès que j'entends ce titre je sais que ça va cartonner, car bien écrite avec une jolie ligne harmonique, cet air populaire se retient de suite et je déchiffre les accords à l'oreille juste en écoutant le disque.

Johnny, Mike Brant, Dassin sortent des tubes récurrents.

Les Rolling Stones sont impressionnants.

Angie morceau lent est diffèrent et change du répertoire rock n roll des Stones, c'est doux, c'est musical et les filles adorent! J'achète le 45 tours.

Cette chanson est superbe avec la sonorité de la guitare acoustique Gibson Hummingbird.

J'apprends ce titre en la mineur que je passe à tout va en voiture et partout. Mais j'écoute de plus en plus le groupe Creedence Clearwater Revival dit CCR. Ces quatre musiciens du sud-ouest des US John et Tom Fogerty, Doug Clifford et Stu Cook jouent du rock n roll, du country, du cajun, avec leur style farmer. Cette sonorité et ce style me branchent beaucoup et surtout le leader auteur compositeur John Fogerty qui écrira au sommet de sa gloire huit albums.

Le neuvième et dernier Mardi gras est le moins bon, étant un mélange des trois Creedence restants et Tom Fogerty ayant quitté le groupe.

Cela me servira quelques années plus tard pour faires des reprises avec mon groupe mais j'y reviendrai dans le prochain volume.

 

 

A Belfort, je travaille environ 45 à 48 heures selon les semaines en équipe de matin ou d'après midi. Je fraise les rings qui sont des anneaux qui ferment la partie du rotor ou l'on engage les ailettes qui ont une forme de queue d'aronde et qui sont fermées par des goupilles matées. Bien entendu dès le vendredi soir ou plutôt l'après midi du samedi une semaine sur deux je rentre à Dole où je retrouve tout le monde. 300 à 400 km chaque week-end du fait des sorties qui augmentent les kilomètres. J'emmène Denis quelquefois voir le groupe de Michel Balland (voir plus haut) un chanteur local à Bellevesvre, Chaussin ou aux environs de Dole. C'est la période des rocks et des slows langoureux.

Denis et moi écrivons morceau sur morceau et l'on commence à composer des chansons individuellement. 1974 est l'année où l'on écrira le plus de chansons ensemble, soit 31 titres contre seulement 23 en1975.

Effectivement notre collaboration est accrue et j'essaie d'écrire des musiques mais mon trip reste les textes et mes nouvelles chansons sont écrites sur des feuilles bien proprement avec les accords. Sans écrire les partitions il faut arranger les textes en fonctions des musiques. Nos copines respectives passent beaucoup de temps avec nous et nous sortons moins le soir!

Le 8 mai 74 on décide de partir à Paris au studio Europa Sonor avenue de Wagram pour faire une maquette d'un titre qui s'appelle "rêve d'enfant" écrit par Denis. Un camarade d'armée nous hébergera à Montreuil.

L'on est peu fortuné avec quelques sous en poche.

Nous partons avec ma petite Fiat de l'époque, complètement insouciant sans emporter d'instrument. Denis enregistrera à Paris le jeudi 9 mai 1974 la chanson «rêves d'enfant» au studio avec une guitare aux cordes de nylon que l'on louera dans un magasin de brocante en laissant nos cartes d'identité en caution! Car bien sùr on est partis comme des citadins! Deux mois plus tard on recevra un disque d'une face ou plus exactement la maquette de la chanson.

Cette maquette souple 45 tours s'efface quand on l'essuie c'est fou.

Le 27 mai 1974, Giscard d'Estaing est le 20ème Président élu de la République pour sept ans. A 38 ans c'est le plus jeune président de la cinquième république.

En juillet je réserve un petit logement meublé rue Hoche à Belfort, une cuisine, une chambre et des toilettes en prévision pour ma future qui viendra bientôt me rejoindre.

Pourtant il n'y a rien de confortable dans ce meublé. Evier en pierre, eau froide, chauffage avec un vieux fourneau au bois et charbon, mais les toilettes sont chez nous à l'intérieur et pas sur le palier.

La fabrication Alsthom turbines de Belfort se dirigeant à Bourogne à vingt kilomètres, je décide de rester à Belfort. On essaie de vouloir me diriger vers d'autres ateliers qui ne me plaisent pas.

Mais j'affirme ma personnalité en résistant contre tous les arguments ou les manoeuvres des «petits chefaillons» qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas.

Et je suis muté comme tourneur, mon premier métier, à la petite mécanique.

C'est un atelier difficile car la moyenne d'âge est élevée mais j'arrive à faire ma place. en travaillant d'équipe (une semaine du matin de 4 h à 12h et une semaine d'après midi de 12 à 20 h. On bosse mais on bricole aussi pour nous sur nos machines. Je suis très copain avec Jeannot, en fait de son vrai nom Jean Herriot, qui a une dizaine d'années de plus que moi et qui est un bon ouvrier professionnel. Nous bossions ensemble à l'atelier des turbines et nous nous sommes retrouvés tous les deux dans ce nouvel atelier, nos autres copains disséminés ailleurs ou à Bourogne. Je me lie d'amitié avec ce collègue qui décèdera d'une pneumonie à l'achèvement de sa maison.

Le 18 juillet l'on part en vacances avec ma tendre sous tente à Saint Sorlin en Haute Savoie près de Saint Jean de Maurienne. On visite le col de la Croix de Fer, très beau paysage.

Le 2 août 1974, j'emménage dans ce meublé rue Hoche à Belfort. La propriétaire loue trois ou quatre appartements à des jeunes. On s'entend bien tous mais sans vraiment se fréquenter. Fin août ma future vient habiter à Belfort avec moi. Octobre premier frigo qui coûte 700 francs, une fortune, je gagne 1800 francs. On paie en 3 fois. Puis en octobre nos allons ramasser du bois pour allumer le poêle. En décembre janvier on va chercher du charbon, un sac ou deux transportés dans ma voiture, une galère car il pleut et l'entrée de cave est toute noire. On a froid, mais l'amour réchauffe. La vieille télé de ma mère lâche. Nous n'avons pas beaucoup d'argent et nous achetons une nouvelle télé d'occasion à Xicluna Dole, pas vraiment une affaire cet achat. Le tube lâche, on tape dessus, l'image revient et repart, la galère et la télécommande n'existe pas encore.

 

Les événements:

On écoute des chansons qui sont un peu moins des grands crus mais il y a

- "rock and roll man" de Johnny,

- "oh les filles" par le groupe déjanté "au bonheur des dames",

- "San Francisco" de Maxime Le Forestier,

- "Le premier pas" de Schönberg,

J'ai préféré les créations et les disques de 68 à 72.

Après je trouve qu'il y a moins de bonnes chansons.


- 1976 Année solfège,

 


- 1977 "Nora",

 

Les premiers magnétoscopes à cassettes VHS arrivent sur le marché et je me procure un appareil avec une camera achetée d'occasion à mon coiffeur. Toujours mes cours de solfège. J'apprends les rouages et le plus important mais cela devient contraignant avec les cours de deux autres CAP que je fais en candidat libre en pensant à attaquer le Brevet Professionnel. Le 14 juillet, ma soeur nous amène à Offemont une toute petite boule grise argentée, une chatte demi-chartreuse grise que l'on prénomme Nora qui se joint à notre couple. Cette chatte est très intelligente et maligne avec un caractère mi-figue mi-raisin. Elle ouvre les portes en sautant sur les poignées, mange du melon et des oeufs qu'elle lèche sur sa patte. Nous prendrons grand soin d'elle pendant 19 années jusqu'en 1993 où nous l'emmenons une nuit chez le vétérinaire car elle fait une hémorragie interne dans la tête. Elle mourra d'une piqûre par euthanasie: une difficile séparation (14)

Août: décès de Presley le King of rock-n-roll et du comique Charlot-Chaplin.

Le 8 novembre concert de Maxime le Forestier au centre Benoit Frachon.

C'est ma période d'écoute des chanteurs à textes et pour lui ses deux premiers albums avec ses premières chansons San Francisco, Parachutiste, Février de cette année là… Je vais lui parler après le concert. Par la suite il changera de style et aura moins de titres engagés ou politiques. Le CE de notre usine invite Serge Reggiani. Ce concert avec son pianiste Raymond Bernard reste dans ma mémoire. Cet homme vit ses chansons c'est un vrai acteur qui sait manier le geste et l'émotion. Malgré tout Brel reste le meilleur pour vivre en vibrant ses chansons .J'écris un texte d'un trait pratiquement appelé la part du rêve (15).

Les événements: le France le plus gros bateau du monde est vendu a un saoudien après une longue polémique entre 1974 et 1977. Triste fin pour ce fleuron Français. Sardou avait écrit sa chanson en 1975 et quatre années plus tard ce bateau devient Norvégien: le Norway  !

On écoute: Rock collection de Voulzy un panachage des chansons anglaises compressées, Ma Baker de Boney M et Lettre à France que Polnareff écrit depuis les USA sur des paroles de Jean Loup Dabadie.

- "Magnolias for ever" et "Alexandrie Alexandra" de Claude François

- Hôtel California un monument musical super morceau du groupe Eagles,

- "We are the champions" des Queens, "Je pars" de Nicolas Peyrac,

- "S'asseoir par terre" de Souchon.

(14) chanson Denis et Pierre "Histoire de chats", 15 chanson Denis et Pierre "La part du rêve"


1978:

Et Cloclo s'en va…

 

J'obtiens une classification  «méritée non sans mal à l'usine».

Je compose un morceau sur ma guitare qui s'appelle "une petite mélodie".

Cette chanson je la considère comme une des meilleures que j'ai écrite musicalement. Mon but est de l'enregistrer en studio. Avec 4 dièses en clé de sol cette musique pourrait très bien passer en orchestre acoustique avec piano violon cuivre etc. Quand j'ai entendu cette mélodie jouée au piano par mon professeur de solfège je l'ai trouvé si mélodique et nous avons décidé de l'écrire sur une portée afin de l'inscrire à la Sacem. L'aide pour les arrangements d'orchestre en clé de sol, clé de fa et clé d'ut que m'apporte Joseph Zemp est importante et l'on termine cette partition le 12 janvier. Finalement quinze ans plus tard on l'enregistrera dans un studio près de Dole et je ressortirai ce titre en 2014 par un enregistrement de ma voix en studio à Montbéliard. En mars la France prépare les élections législatives. Aux premiers rayons de soleil printanier ce samedi 11 mars nous flânons dans les prés de Dorans à la recherche de quelques pissenlits. Vers quinze heures les chansons de Claude en boucle relayée par toutes les radios attirent mon attention et puis on annonce sa mort en pleine gloire, il a trente neuf ans.

Ses chansons populaires et dansantes ont imprégné la jeunesse et passent encore chaque jour à la radio ou en boîtes!

En août l'on va au Camping de Valras. C'est super sympa le camping, détente et oubli des soucis quotidiens. On fait excursion à Lunel chez Denis qui campe dans une petite bicoque de son père. Fin Août je reprends mon boulot avec des idées plein la tête. Du 25 novembre au 2 décembre Belfort et la région sont bloqués sous des pluies verglaçantes qui entourent les arbres, les fils électriques et tout ce qui est à l'extérieur. Les routes sont impraticables .Tout l'Est et une partie de la France sont sous les glaces. Les arbres cassent et la centrale électrique en face de notre appartement prend feu, du jamais vu pour moi  !

Le sept décembre diplôme de solfège.

Les disques français et étrangers à écouter  :

- Johnny: "elle m'oublie"

- Brel son dernier 33 tours avec "Orly",

- Julien Clerc: "ma préférence",

- Police: "Roxanne",

- Bob Seger: "old time rock n roll",

- Stones: "Miss you".

 


1979

«La grande grève du centenaire Alsthom» 

 

Début mars j'investis dans une «bonne» chaîne américaine Scott pour avoir des sons optimaux.

Mon copain Jean-Luc est équipé en Akaï avec une pièce complète pour le son.

Je vais souvent chez lui et on écoute beaucoup de musiques surtout des Beatles car il est très fan et il me fait découvrir toute «leur oeuvre». 

Ce groupe est sans doute un des meilleurs du monde. Il a su musicalement toujours se diversifier sans sombrer dans les mêmes choses. Simples au début, les mélodies se sont enrichies énormément avant l'éclatement de Let it be.

Je conseille à mon copain d'apprendre la guitare basse. Il n'est pas intéressé.

Il a des jumeaux à élever et cela devient sa priorité.

Je le reverrai en 2009 à Belfort où il m'apprendra qu'il joue de cet instrument depuis dix ans dans plusieurs groupes de la région, en me précisant que c'est grâce à ma remarque qu'il a appris cet instrument. C'est sympa. Mon copain qui est le voisin de Brézovar m'enregistre son album anglais 33 tours rue du Salbert. Rien à rien à voir avec la musique d'Ange un des groupes les plus connus de France du moment. Les «Ange groupe Belfortain» cartonne mais leurs musiques sont particulières et ne me passionnent pas.

En musiques je crois avoir fait le tour de ce que j'aime. De la variété, du rock, du rythme N blues, des musiques progressives au hard rock. Après 1990, plus rien vraiment ne m'accroche. Des compagnons de la chanson  à Enrico, de Sacha aux yéyés, des beatniks, de Polnareff aux Beatles, d'Elvis à Pink Floyd, des groupes rock aux groupes hard rock, de la soul au blues, de Scorpions jusqu'au classique: j'ai fait le tour.

Je termine le solfège en mai. En août, retour en camping à Valras-Plage.

Du 27 septembre au 26 novembre la grande grève Alsthom à Belfort fait mal.

Deux mois de lutte de 8500 salariés avec occupation de l'usine, défilés, blocages et pas de salaires.

On essaie de vivoter avec ce que l'on a, on n'est pas les plus à plaindre car ma moitié a son salaire mais certains ont des jours difficiles.

Tous les médias s'emparent de ce conflit qui prend une ampleur nationale. Mitterrand premier secrétaire du PS vient à Belfort à la rencontre des syndicats et des grévistes. Il sera président deux ans plus tard.

Tous les politiques défilent pour soutenir le fleuron Français «Alsthom» qui a une renommée dans le monde entier. Notre maire Chevènement se démène. Peu importe les critiques, il a fait de bonnes choses pour la ville de Belfort.

Je n'ai pas de favoritisme pour untel ou untel mais je pense qu'il faut savoir apprécier le travail d'un maire pour sa commune par rapport aux mandats politiques de député ou de ministre. Le bord m'importe peu. Que ce soit sous l'égide de n'importe quel parti, il faut savoir reconnaitre les actions faites ou les engagements des élus qui défendent leurs communes. Rendre à César ce qui appartient à César! A l'origine de la grande grève de 1979 pour fêter les 100 ans de l'usine, le directeur Mr Dufour propose aux 8000 salariés, à la place d'une prime ou d'un treizième mois, un stylo ou un décapsuleur (découpé en tôle inox à la chaudronnerie de l'usine).

Alsthom dégage des dividendes importants mais ne veux pas mettre la main au porte-monnaie pour les ouvriers. Les salaires sont bas bien que l'usine tourne à plein régime. La goutte d'eau fera déborder le vase et les ouvriers s'enflamment.

Premières expérience pour moi et le côté prise de conscience. J'ai 25 ans.

En fait je participe aux actions et aux défilés, mais je joue surtout de la guitare autour des feux de bois avec les salariés qui occupent l'usine.

Il y a 5 ou 6000 manifestants dans les rues, du jamais vu. Les commerçants, les sous-traitants les élus sont tous solidaires. Il y a cinq syndicats représentés dans l'usine et trois véritablement importants et bien sûr, des tendances différentes, ce qui crée des tensions évidemment.

Il faut maintenant oublier les loisirs et se consacrer à la reprise des études car en septembre je démarre la première année du brevet professionnel; c'est une autre chanson.

Le hit parade: Supertramp joue Good bye Stranger

Aline de Christophe ressort en 45 tours. Accusé par Jacky Moulière et Salvador de plagiat de la chanson romance Christophe gagne le procès après 15 ans de tribunaux.

Cabrel  compose: "je l'aime à mourir",

Johnny reprend la chanson de Bob Seger  qui devient "le bon temps du rock n roll".

 

 
1980 Belfort: les cours professionnels

 


1981Mitterrand président

On vote et ça ne change…rien (16)

 

Je continue à employer du temps pour aller à la commission juridique et pour aller aux prudhommes. Les gens veulent un changement de société. Depuis longtemps la gauche cherche à accéder aux fonctions suprêmes. Mitterrand têtu et tenace ayant subi précédemment des défaites se présente avec beaucoup de promesses électorales. Cet homme austère mais intelligent et fier, accède au pouvoir en mai: c'est le 21ème président. Giscard se retire par la petite porte.

On croit que tout va changer, on espère le meilleur! Personnellement je ne suis pas euphorique et j'attends de voir. Erreur tragique! La tradition capitaliste est ancrée, trop bien ancrée. Quelques avancées sur des sujets sociaux sont quand même à reconnaître mais peu de gros changements. Mitterrand s'est dit homme de gauche en ayant proposé 81 mesures mais il pratique une politique de droite.

Note: il faut reconnaître que tous les présidents gouvernant depuis de Gaulle ont évité la guerre et ont su gérer la politique extérieure,  c'est déjà ça.

Depuis longtemps, on a vu défiler différents présidents politiques de tout bord qui amènent peu de choses au peuple. Le riche s'enrichit, le pauvre s'appauvrit, la couche sociale moyenne se balade entre deux. Le peuple a le pouvoir dans ses mains mais le peuple doit être mené et les politiques en profitent.

Dans ma vie professionnelle rien à attendre d'une hiérarchie qui est corrompue.

Seul choix: continuer les cours de formation aux brevets professionnels de niveau bac et me diriger peut-être après vers la préparation d'un bac F1. Je bosse les maths qui me serviront à l'usine et ailleurs. Pas facile de travailler et d'aller aux cours. Moins de musiques, j'ai moins de temps et ça m'altère.

Et des devoirs en plus des cours; ce côté m'ennuie mais je n'ai pas d'autres choix.

Avec le recul, il me semble que j'étais courageux car si c'était à refaire ce n'est pas sûr que je referais ce même parcours  !

Le 4 juin: on va voir le gala rock de Valérie Lagrange à Valentigney.

La comédienne qui tournait des films de capes et d'épées avec Gérard Barray en 1964 a un disque 30 cm qui cartonne "faut pas me la faire". Elle reprend aussi des titres de Dylan.

En août, repos à Argelès-sur-mer en camping, mariage de Denis à Chaussin.

Changement d'auto, j'achète avec un crédit une Renault 18 neuve et chère d'un collaborateur de l'agence Renault de Dole. Une folie que je paie par un prêt de 4 ans. Je me rappelle de cette douleur du premier au dernier centime.

Ce sera fini, plus jamais ça. 16 chanson Denis et Pierre  : nous allons tous tomber

 


Epilogue

 

Les années de référence citées dans ce volume furent de belles années pour la prospérité. Quand le pays est prospère tout va bien. Les gens consomment.

Dans notre belle Franche Comté toutes les technologies étaient présentes. Filatures, machines-outils, fabrication de voitures et de cycles avec Peugeot, fabrication de trains et fabrication de turbines pour l'énergie avec Alsthom, d'informatique avec Bull ou fabrication d'armes avec la société Manhurin proche et d'autres entreprises moins connues mais performantes.

Nous étions baignés depuis des générations par ces grandes usines qui ont permis de générer des milliers d'emplois en faisant vivre de nombreuses familles de la région ainsi qu'une quantité de petites entreprises de sous traitance.

Un siècle plus tard le bilan est catastrophique car de très nombreuses sociétés sont fermées et le travail délocalisé.

Il n'y a plus de textile, plus de machines, de moins en moins d'automobiles et la valeur ajoutée d'un pays issu de ses ressources et ses fabrications est terminée!

La mondialisation est ouverte à outrance et les donneurs d'ordres des grandes entreprises ne pensant qu'à la bourse ont oublié qu'ils auront aussi un jour des petits enfants.

Mais consolons-nous: il nous reste les spécialités régionales:

-  le vin, le Comté et la saucisse!

Ce récit se termine avec une note pathétique mais ne dit-on pas que les Francs-Comtois gardent toujours leur bonne humeur  ?

Nous en reparlerons.

Cela sera une autre histoire racontée dans mon prochain tome!

 

 


Influences musicales
De 1960 à 1966

Enrico Macias

Salvatore Adamo

Claude François

 

 

De 1967 à 1975

Michel Polnareff

Christophe

Hugues Aufray

Maxime Le Forestier

Serge Reggiani

Creedence clearwater revival

Les Beatles

Johnny Hallyday

 

 

De 1975 à 1980

Barclay James Harvest

Jacques Brel

Serge Lama

Pink Floyd

Deep purple

Status Quo

Francois Bernheim

Francis Cabrel

Jean-Jacques Goldman

François Feldman

 


Crédit photos

 

Michéle Simonin, Josette Simonin, Denis Simonin, Jean Luc Oriat

 

Studio Hattiger Mireille Viard,

 

Christel Poirrier pour l'accord photos du Site web moissey.com

 


Remerciements

 

Ma soeur Nicole pour le rappel des anecdotes oubliées,

Ma tante Lucienne pour sa grande mémoire et l'aide apportée sur la famille Simonin,

Denis Simonin pour l'aide apportée en généalogie,

Ma cousine Mireille pour l'aide à la réalisation de ce livre,

Ma douce et tendre pour le rappel de  «certains faits oubliés»

Bernard Grebot,  l'homme de la mémoire de Moissey,

Christel Poirrier pour son écoute et son aide et ses conseils…

 

Et je finirai par le titre d'une chanson «Et tant pis si j'en oublie» (15)

 

(15) Album Samourai 1976 de Christophe.

 

 


Table des matières

Préambule et avant propos page 3

Arbre généalogique page 11

 

Racines et famille page 12

«  1954-1964  »les années tendres  page 13

Moissey et sa longue Histoire page 20

Notre chat Misou page 25

 


Nous connaissons tous des peines ou des souffrances!

Mais la musique peut guérir en chantant à nos oreilles.

Un musicien ne peut pas vieillir.

Tant que je pourrai j'écrirai des mots, des phrases…

des paroles et des musiques.

Encore et encore  … toujours.

Pierre SIMONIN

 

Photo  : Jean Luc Oriat

 

 


Ecrire l'autobiographie de sa vie incombe à utiliser

un article défini qui se nomme «  je  » ou le pronom personnel «  moi  »

Pour ce récit le lecteur pardonnera les répétitions

de ces mots issus de notre belle langue Française.

Pierre SIMONIN

 


 adresses de chansons sur le web

 

https://www.youtube.com/watch?v=EYFezfZ0ULE&feature=youtu.be

 

https://www.youtube.com/watch?v=RfHSPU97j6U

  

https://youtu.be/rDTyFBA9xcY

village de moissey, quelques chansons de Pierre Simonin et Denis Simonin

La Farandole, sur YouTube, Pierre Simonin et Denis Simonin

Si loin d'elle, Denis et Pierre Simonin

Village d'enfance, Pierre Simonin

Pierre Simonin (1954)
Fernand Simonin (1923-2004) par Ch. Poirrier

André Simonin (1911-1965) par son fils Pierre Simonin

Gaston Simonin, (1913-1940) par son neveu Pierre Simonin

Marie Simonin (1864-1944) par Pierre Simonin

Philomène Simonin (1875-1950) par Pierre Simonin

Victor Simonin (1879-1954) par son petit-fils Pierre (1954)

Toute la vie, tome I, 2015, par Pierre Simonin(né en 1954)

voir aussi Groupes d'écoliers

portail de moissey.com
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