village de moissey, l'histoire de l'art

"le château de Moissey"

quelques précisions par Claude Preney

à l'occasion des journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre 1999

autres articles sur l'histoire du patrimoine

Le cadastre dressé en 1824 montre une curieuse "silhouette" du château de Moissey

Du temps où le château avait trois tours.

par Claude, fils du Dr Paul Preney

 

château de Moissey


Origine et description

 

Au IXe siècle, selon la tradition locale, un ouvrage fortifié existait déjà à l'emplacement du château actuel.

En effet, un ancien propriétaire effectuant des travaux en 1865 aurait découvert une pierre de cheminée portant la date de 830.

Aucun élément ne permet de confirmer ce dire.

En revanche, selon Rousset, dans son dictionnaire des communes de Franche-Comté, un Etienne Boujon, Sire de Moissey, apparaît dans des actes franc-comtois en 1318.

Il apparaît donc raisonnable d'estimer qu'un édifice important existait déjà à Moissey à cette époque.

Pourquoi ne pas penser qu'il s'agissait bien du château actuel, tout au moins de son plan d'ensemble comprenant les fossés, les tours, la porterie ?

 Retenons donc, sans preuve, l'origine du château de Moissey à partir des années 1200.

Au XVIe, Gollut, historien comtois, le cite comme étant une des meilleures places fortes de la région.

En 1636, au moment du terrible siège de Dole, Boyvin (président du parlement de Dole) écrit ceci:

"Le chasteau, foible et en assiette commandée de tous côtés, fut livré par les paysans au Prince de Condé sans aucune résistance".

La première description détaillée du château et de ses dépendances se trouve dans le texte de "la reconnaissance faitte au Seigneur de Moissey par les habitants du dit lieu, en datte du 29 décembre 1699".

"Ascavoir le chasteau et la maison forte du dit Moissey où il se voit quatre tours aux quatre coins d'iceluy bien couvertes de thuilles consistant en grand corps de maison, les galleries autour avec deux ponts-levis à l'entrée du chasteau. Les fossés étant alentour dudit chasteau sont à fond de cuve, s'abreuvant de plusieurs fontaines...".

 

En 1856, Rousset dit:

"il se cache au fond d'une vallée dominée de tous côtés par des hauteurs et n'a qu'une échappée qui plonge sur les plaines de Bourgogne. Il se compose d'un bâtiment d'habitation flanqué de deux tours circulaires, de deux ailes à double portique se terminant par deux autres toures circulaires, d'une tour octogonale ayant servi de chapelle et prison, appuyée contre l'aile orientale, d'une cour bordée par l'ensemble de ces constructions et d'une enceinte de larges et profonds fossés".

 

En 1913, selon la description d'Edmond Guinchard, instituteur à Moissey, les fossés sont comblés en partie.

La tour Nord-Ouest est déjà démolie.

 

Quelques événements

 

La première construction est bien antérieure à l'usage des armes à feu.

La situation, en contre-bas des collines avoisinantes, ne constituait pas un handicap. Elle assurait au contraire une excellente protection, grâce aux profonds fossés remplis d'eau. Ils interdisaient toute progression à des hommes revêtus d'équipements lourds et porteurs d'armes encombrantes efficaces seulement à très courte distance.

Sa situation permettait de surveiller l'itinéraire de Dole à Montmirey-le-Château et Pesmes.

En 1479, Chaumont d'Ambroise, aux ordres des Louis XI, dévasta le comté appartenant alors à l'Empire Autrichien. Il ruina le village de Moissey, et son château, ainsi que la ville de Dole. Les pierres sculptées retrouvées dans les déblais des fossés laissaient supposer l'existence d'un somptueuse construction.

Après sa restauration, il fut certainement assiégé à plusieurs reprises et partiellement détruit, comme arbois et Fontaine française en 1592 par les troupes du roi de France Henri IV, commandées par le terrible Tremblecourt.

 En 1636, Louis XIII, sous l'influence de la politique d'expansion de son ministre Richelieu, entreprend une nouvelle invasion de la Franche-Comté alors dépendante de la couronne d'Espagne.

Dole est assiégée par des effectifs nombreux: 20 000 hommes à pied et 8 000 chevaux.

Le château de Moissey devait être excellent puisque le Prince de Condé, qui commande les troupes françaises, quittant le camp d'Auxonne pour aller diriger le siège de Dole y séjourne à compter du 27 mai 1636.

Selon les écrits de Boyvin, "le château fut livré sans résistance aux troupes de Condé sous les assurances d'un favorable traitement".

 

Ce qui n'empêcha pas le Prince de Condé, quittant Moissey "où il trouva force vivres et munitions, qu'il utilisa contre nous" de piller et incendier village et château.

 

En 1638, reprise des hostilités autour de Moissey avec la troisième campagne de Longueville, commandant l'une des trois armées envoyées en Franche-Comté par la France.

Le 1er août, Longueville s'empare des châteaux de Chevigny et de Moissey, le 3 août, de la ville de Pesmes. Il investit les châteaux de Balançon et d'Ougney.

La paix de Westphalie en 1648, le traité du 1er avril 1949, enfin la paix des Pyrénées signées le 10 décembre 1659 ramenèrent le calme dans la région.

Pas pour longtemps.

 

Louis XIV ne renonce pas à s'emparer de la province.

Il lance une nouvelle opération en février 1668, commandée par un autre Condé, fils du précédent, qui conquiert la Franche-Comté. Louis XIV la restitue à l'Espagne par le traité d'Aix la Chapelle.

En janvier 1674, c'est la conquête définitive et l'annexion de la Comté à la France. Les combats durent être rudes: Dole fut prise après 11 jours de canonnade.

 

Nous ne possédons pas de document sur le sort de Moissey à cette époque.

 


Etat actuel

Le château actuel, inscrit à l'inventaire complémentaire des monuments historiques, présente beaucoup d'analogies avec la description de 1699.

La tour Nord-Ouest [celle qui est absente de toutes cartes postales anciennes] a été rasée en 1865, et ses matériaux ont été utilisés pour ériger une cuverie dans le fossé Nord, accessible par le chemin descendant des vignes alentour.

Cette tour a été rétablie, dans la moitié de sa hauteur en 1963, par le Dr Paul Preney.

La destruction des ruines de la cuverie a permis la restauration du fossé.

Quant à la tour Sud-Ouest, minée parles infiltrations de pluie et par le gel, elle s'est effondrée en 1963 et fut également remontée à mi-hauteur en 1963 (par le Dr Paul Preney).

 

Le double "pont-levis", cité dans la Charte de 1699, désignait probablement un ensemble constitué par un pont charretier et une passerelle piétonnière. Il a été remplacé par une arche maçonnée. Les arches suivantes, restaurées, conservent les mesures exactes du pont dormant d'origine.

Les arcades de la cour, en "anses de panier" sont construites selon une technique répandue dans l'empire de Charle-Quint.

On peut voir les mêmes au Palais Granvelle à Besançon, au château Wawel de Cracovie, ainsi qu'en Espagne à Tolède.

[Les documents reproduits ici montrent l'évolution de la bâtisse de 1961 à aujourd'hui -1999-. Elle est passée tout près de la ruine. D'autres châteaux de l'époque médiévale ne sont plus, hélas, qu'à l'état de vestiges comme ceux de Balançon ou d'Ougney par exemple.

Certains plus heureux, semblent renaître, tel est le cas du château de Chevigny.

Ils constituent une part importante du patrimoine architectural de la Province et sont les témoins passionnants de l'histoire de la Franche-Comté].


Rédaction de Claude Preney, fils du Docteur Paul Preney qui fut le restaurateur de la bâtisse depuis 1961,

avec des extraits des publications suivantes:

- Rousset: le dictionnaire des communes de Franche-Comté,

- Camille Guinchard: monographie de Moissey, ré-édition en 1958 de l'ouvrage de 1913 de son père Edmond Guinchard,

- Jean Rousseau: présentation en 1987 de "J'étais au siège de Dole",

- Gérard Louis: "La guerre de dix ans" 1998.

lire aussi: François Premier de passage à Moissey (le 23 février 1525)

La troisième tour s'est effondrée au milieu du XXe siecle.

Le château, vu de la fontaine monumentale. La tour chapelle au-dessus et prison en dessous.

La partie postérieure, avec une passerelle moderne, en bois. Le pont d'accès, dit le pont des canards.

images faites ou récoltées le 20 septembre 1998

On voit bien ici les restes de la cuverie bâtie avec les pierres de la 4e tour, celle qui serait tombée en 1865. images de 1998 (le 20 septembre)

Le fossé sud un jour d'hiver. images de 1998 (le 20 septembre)

La façade au moment de l'acquisition par le Docteur Paul Preney. A droite, la troisième tour sans son chapeau. images de 1998 (le 20 septembre)

Là étaient des petits meublés entre 1930 et 1950, du temps d'Albert Lasnier. images de 1998 (le 20 septembre)

L'intérieur de la chapelle. images de 1998 (le 20 septembre)

L'intérieur de la chapelle. images de 1998 (le 20 septembre)

L'intérieur de la chapelle. images de 1998 (le 20 septembre)

Le fossé nord, réhabilité par le Dr Preney. images de 1998 (le 20 septembre)

La galerie nord. images de 1998 (le 20 septembre)

La charpente de la galerie sud. images de 1998 (le 20 septembre)

Une jolie petite porte Louis XIII, comme on trouve dans le village (hospice des Antonins). images de 1998 (le 20 septembre)

Le fossé sud lui aussi a repris visage humain. images de 1998 (le 20 septembre)

La façade est ainsi depuis 1966. images de 1998 (le 20 septembre)

Sur la tour sud-ouest, celle qui s'était écroulée en 1963. images de 1998 (le 20 septembre)

autres articles sur l'histoire du patrimoine

auteurs

autres pages sur le château de Moissey

Christel Poirrier, 2007

François Premier dort au château de Moissey, 1525

Editeurs indiqués

Cartes Postales Anciennes, autour de 1900

Marcel Poisot

plaques photographiques du château, autour de 1900

Maurice Simeray

deux huiles sur toile du château, avant 1914

Ecole de Moissey

un tournage au château de Moissey, 1971

Anthony Generet, écolier de Moissey

images du château Lasnier, 1998

Claude fils de Paul Preney

le château de Moissey, journées du patrimoine, 1999

Editions Atlas ©2004

fiche extraite de "Châteaux Passions", Ed. Atlas-2004

Editions Atlas ©2004

villages de France, la fiche de Moissey, Ed. Atlas-2004

Christel Poirrier, 2008

entretien avec les nouveaux propriétaires, 2008

Les Dépêches, 1963

La chute nocturne de la Tour du Château Lasnier, 1963

Christel Poirrier, 2010

la cuverie du château, essai de restitution, 2010

Odette Vuillet, Claude Preney

Travaux des frères Vuillet de 1962 à 1965

Odette Vuillet, Claude Preney

La tour Est, côté Nord, images de Claude Preney

Odette Vuillet, Claude Preney

La Tour Ouest, l'unique en façade, images de Claude Preney

Odette Vuillet, Claude Preney

Le pont d'entrée, images de Claude Preney

Christel Poirrier, Isabelle Debreuille

souvenirs de Marinette Lasnier-Debreuille, 1996

René Delmas

le vieux Moissey, dans la nouvelle monographie de Moissey, tome I, 2014

portail de moissey.com
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