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l'année Courbet, 2007
0. tout Courbet XL
1. re bonjour
2. à nous deux, Paris
3. à nous deux, Paris
4. à nous deux, Dole
5. Courbet chez Grévy
6. Courbet à Moissey
7. Courbet à Ornans
8. à nous 2, Ruquier!
9. GC au Gd Palais
10. Courbet Le Texte
11. Artistes Tavellois

pas très loin du village de moissey, à Tavaux, Franche-Comté

re-bonjour monsieur Courbet

10. l'enterrement à Ornans, tableau animé, joué, parlé et chanté

"à nous deux, Paris"

le texte du spectacle (la version longue)

tableau écrit et mis en scène par Patrice Ducordeaux
lire la vie de Gustave Courbet sur wikipedia (web)
lire la vie de Gustave Courbet sur b_flagey (web)
lire le texte de Patrice Ducordeaux (version longue)

page de Patrice Ducordeaux et Flora Mercier

texte de Patrice Ducordeaux-Flora Mercier, la version longue, 2007

 

Un Enterrement à Ornans

 

A nous deux, Paris !

 

Pièce en un tableau de Patrice Ducordeaux, enrichi des textes de Flora Mercier (avec Noémie )

 

 

Mise en place du tableau et scénographie

 

Musique d'entrée : O Fortuna des Carmina Burana (Carl Orff)

 

Gustave Courbet lui-même va inviter le public à se rassembler près de lui et devant le grand rideau noir pour retrouver ses amis d'Ornans, qu'il a peints dans son atelier dès 1849 pour la réalisation de son tableau, Un Enterrement à Ornans. Ils se présentent, arrivant par moitié de chaque côté du tableau. Dans le public, vagabonde Noémie, vieille ornanaise qui a bien connu Courbet dès son jeune âge, et l'interpelle régulièrement, prenant à témoin tour à tour les figurants ou le public.

 

 

Voix off (Musique La Force du Destin VERDI)

 

Nous sommes en 1919. Le corps de Courbet est rapatrié en France, soit un siècle après sa naissance. Transféré depuis le cimetière de la Tour du Peilz (Suisse) où il était décédé le 31 décembre 1877, Courbet va ainsi « renaître » en respirant à nouveau le sol natal. Retrouver son village natal, Ornans, la Loue, les vallées, les arbres, la nature qui l'ont inspiré une grande partie de sa vie. Plus de quarante ans après, le village n'a pas encore oublié les écarts artistiques du peintre, son engagement, même éphémère, dans la Commune et ses positions anticléricales comme ses tableaux provocateurs. Mais il respire Gustave Courbet. Tant d'attentes, tant d'injustice, tant de haine envers un artiste qui a pourtant toujours prôné la paix des peuples, le refus de la guerre et la défense des humbles et son désir permanent d'ouvrir l'Art au peuple. En 1919, un an à peine après la fin de la grande Guerre, il va porter un regard effaré sur ce qui vient de se passer dans le monde. Il avait connu l'enfer en 1871, il découvre que les hommes sont restés les mêmes, qu'ils croient plus facilement au canon qu' à la fraternité, plus à l'affrontement qu'au dialogue.

Il se retrouve à nouveau projeté 70 ans en arrière, l'année où il commence une toile qui va devenir un de ses chefs-d'œuvre, l'Enterrement à Ornans. Très critiqué au Salon, il n'aura alors de cesse de prendre sa revanche, de provoquer et bousculer les Ecoles traditionnelles. Cette renaissance va lui donner l'occasion d' entraîner ses amis dans cette incroyable aventure : rendre le tableau vivant et reconquérir Paris.

 

Courbet arrive du fond du public se présente dans la tenue de son Autoportait à Sainte Pélagie.

 

 

G C : Putain de bordel, mais …par quel miracle ?? Où sommes-nous ? Ornans, ses falaises, la Loue, la Franche-Comté. Mais c'est un monde que j'aime. J'ai senti la campagne, entendu les journaliers, respiré les champs, admiré les bois. Et puis, je me souviens de cette Franche-Comté, j'ai parcouru Besançon, Dole ….

 

Un spectateur : Oui, monsieur Courbet, on se souvient de vous ici.

 

G C : Chers amis, vous êtes là vous aussi ? Comme le temps fut long de cette séparation avec vous. Enfin réunis ! A nouveau, après cet exil et cette pénible période parisienne, ce piège, je dis bien ce piège et non pas ce siège de 1871 qui fut terrible. Cet hiver de cochon que même le Haut Doubs n'aurait pas supporté ! Comme vous m'avez manqué durant ce temps terrible de l'exil à La tour de Peilz. Bien sûr, les amis de Suisse m'ont recueilli mais je n'ai jamais cessé de penser à vous, à Ornans, à la France.

 

Noémie : Ben dis donc y'en a bien du monde,…….. ça passe, ça passe……On peut pas croire c'qu'on devient !

 

G C : 1919 vous dites ? Alors, je suis mort depuis plus de 40 ans.

 

Un spectateur : Pour un mort, vous vous portez encore assez bien !

 

Noémie : Tiens ! Mais on dirait la Célestine, hum, avec son homme elle n'a pas eu tous les mystères joyeux, c'est pour ça qu'elle boîte tant, elle a bien eu du courage de se traîner jusque là ! Et l'Hippolyte Proudhon, aussi là, avec la visote qu'il a, pas étonnant qui peut se pisser dessus.

C'est bien malheureux tout ça, mais c'est comme ça, ma foi, j'en reviens pas qui soient tous venus. Celui qui nous aurait dit tout ça, on lui aurait dit q' c'était un menteur.

 

G C : Je n'étais pas préparé à tant de soubresauts de la vie, à tant de rancœur d'ennemis que je ne soupçonnais pas. Je ne voulais faire que du bien, rendre la culture au peuple et offrir ma peinture et mon art aux plus humbles, la rendre populaire en peignant la vie tout simplement. Paris m'a accueilli c'est vrai ! J'ai fréquenté les plus grands artistes, de Baudelaire à Manet, de Zola à Cézanne, Rimbaud, Degas, Bizet, Daumier, Monet. Mais Paris m'a trahi, m'a rejeté ! Nom de Dieu de salaud !

 

Noémie - Qu 'est c'tu veux ! Ça s'en croit les Parigots, il a bien des maux c't homme !

 

G C : Même en fuyant Paris en ce mois de mai 1872, je pensais revoir et ressentir cette atmosphère, ces rencontres qui furent autant de plaisirs. Ah ! Le plaisir, nom de Dieu, quel beau mot et comme il faut bien en jouir. Pasteur, un autre gars de chez nous qui a fait son chemin, a bien dit qu'Enthousiasme était le plus beau mot de la langue française, moi je dis  PLAISIR !

 

Noémie : Du plaisir…..on avait beau faire, y fallait trimer jusqu'à point d'heure, la Jeanne Groslambert, elle faisait ses six kilomètres tous les matins pour aller traire à la Baraque et elle repartait pour mener les vaches, elle en a eu des maux.

 

G C : J'ai voulu faire un art vivant, à l'usage du peuple. Un mot qui fait peur : PEUPLE. Voilà que la truandaille, que ce monsieur Thiers appelait la vile multitude, reçoit les honneurs de la grande toile. Le voilà le peuple, les gens d'Ornans. Ils sont ce qu'ils sont, de vrais gens que j'ai peints parce que je les voyais ainsi. Et vous, messieurs les chroniqueurs mondains, critiques foireux ou pious-pious serviles, que reprochez vous à ce brave fossoyeur ? Approche Antoine !

 

Antoine Cassard, le fossoyeur, (17) s'approche

 

On aura tout entendu !

 

Le fossoyeur : Bonjour monsieur Courbet. C'est vrai, les Parisiens ont raillé ma face de brute, ha oui je m'en souviens ! Un fossoyeur au milieu d'un tableau, pensez donc !

 

G C : On a tout entendu vous disais-je ! L'affreuse chose, les laides gens, et quel peuple. Le National a même écrit que  de mes qualités, j'avais fait des défauts, une sorte de sauvagerie toute crue. Plus de 70 articles de journaux parisiens m'ont taillé en pièces pour avoir peint ces  figures triviales, bêtes, plates, d'une vulgarité pour la plupart au-dessous de la brute.

 

G C : Venez, venez tous, approchez. (Les personnages, disséminés dans le public, commencent à se manifester et se rapprochent de G C)

 

Arrivée de Jean Antoine Oudot, grand-père. (1)

 

G C : Mon grand-père est là, un Oudot, vigneron, qui admira Voltaire, et qui bouffa du curé. Il a participé à la naissance des républiques. Il avait 21 ans le 14 juillet 89 !

 

Le grand-père : Bonjour Gustave ! 14 juillet, ha ça oui, c'est une belle date. La République, la République ! Moi qui fut Sans-Culotte, patriote, vous n'en ferez jamais autant que nous et cette République là, avec le freluquet de Bonaparte le troisième, vous ne l'avez pas conservée longtemps.

 

G C : De 1848 à 1852 ! 4 ans, avant qu'un Empire ne s'installe avec le Badinguet. Jusqu'à sa déculottée à Sedan en 1870.

 

Le grand-père : Il nous aura quand même emmerdés presque 20 ans. J'aurais voulu être là, pour sûr  en 1870 à Paris !

 

Noémie : Autant tirer le buffet par la clé,

 

S'approchent ensuite Donalie (31) lingère, suivie de Reine (37) femme de vigneron

 

Noémie : Tiens, c'est'y pas la Donalie avec la Reine ? A 17 ans la Donalie qu'elle a eu son premier gnard : Félix qui s'appelle, celui là, je peux vous dire qu'il n'a pas été bercé trop près du mur.

 

Donalie et Reine : Bonjour monsieur Courbet. On vient avec vous, en vrai !

 

G C : (avisant l'énormité du cadre) Il a fallu être enragé pour travailler dans les conditions de ce minuscule atelier. Je m'en souviens. Je travaillais à l'aveuglotte. Une toile de 20 pieds de longueur sur 10 de hauteur. Il y a de quoi crever.

 

Arrivée de Max Buchon, ami d'enfance (6) avec Jeanne (29) lingère

 

Jeanne : Bonjour monsieur Courbet

 

G C: Salut ma Jeanne. Tiens t'es avec Max. Max Buchon, mon ami, que je connais depuis le petit séminaire d'Ornans. Depuis, on a connu d'autres lieux, d'autres rencontres et les mêmes ennemis. T'es devenu écrivain, pamphlétaire, rebelle, t'es bien dans la lignée des Proudhon et Fourier, toi !

 

Max : Hé oui, je fais partie des quarante-huitards. Et la police de Salins ne m'a jamais aimé. Les princes non plus d'ailleurs et c'est la Suisse, comme toi, qui m'a accueilli.

 

G C : La Suisse, oui. J'y ai conservé quelques amis mais bon dieu, quelle était belle la montagne, qu'il était bleu ce lac. Tu as vu mon coucher de soleil sur le Léman ?

 

Max : Bien sûr. Certains y ont vu les signes de l'Impressionnisme. Tu as vu ce que sont devenus Manet, Renoir, Monet, Van Gogh ?

 

G C : Ils ont eu du succès ? Tant mieux, ils ont inventé une peinture d'homme libre. Allez Max, on a tant de choses à se raconter, tant de choses à rattraper, on ne va pas se priver.

 

Max : Gustave, on va à Paris pour toi. Tu es le meilleur et ils vont te redécouvrir.

 

G C : Merci mon ami.

Aïe, je vois la mère Gagey qui s'approche. Qu'est ce qu'elle voulait me mettre après l'exposition de ce tableau. Elle n'avait pas apprécié qu'on dise que les gens d'Ornans étaient laids. On envisagea même de mettre Ornus dans le titre, à la place !

 

Max : Je me souviens de cette polémique…. mais je te laisse à la mère Gagey.

 

La mère Gagey (40), journalière, avec Thérèse (39) femme d'artisan

 

La mère Gagey : Bonjour monsieur Courbet. C'est de l'histoire ancienne tout ça. Chuis contente de r'venir dans vot' tableau maintenant. Et on va leur montrer qu'on est bien vivants.

 

G C : Et toi, Urbain (19) ? Mon compagnon de toujours, compagnon d'absinthe et de cabaret. Quel lieu interdit n'avons nous pas fréquenté, dis ! Hé, tu es avec Alphonse (4)

 

Arrivent ensemble Urbain Cuénot (19) ami d'enfance, et Alphonse Promayet, (4) musicien

 

Noémie: Les deux là, y z'avaient la meilleur eauvotte et la plus bonne eau de cerise du coin, j'te dis pas le jour ou le garde est venu quand y distillaient avec monsieur le curé, eh ben l'Urbain, t aurais vu comme il te l'a embobiné, si bien qu'après, not garde y s'émeillait devant les litrons, fictivement, il a vidé à boire jusqu'à plus, et quand il est reparti il l'avait pas le gosier égrali , et pis y s'est jamais souvenu qu'il était v'nu et il est d'ailleurs jamais r'venu.

 

Urbain et Alphonse s'approchent avec une pinte de bière, en offrent une à Gustave. Ils s'installent à une table et ils trinquent à leurs retrouvailles)

 

Urbain Cuénot : Bonjour Gustave. Et à ta santé retrouvée !

 

Alphonse : On se revoit tout de suite après et devant trois charmantes !

 

G C : Comptez sur moi, je n'ai jamais manqué ce type de rendez-vous. (il boit une grande gorgée) Bordel, ça fait sacrément du bien dans les écoutilles !

 

Après un temps, s'essuyant la bouche du revers de la manche…

 

J'ai bien été obligé d'inviter mes voisins dans mon atelier. Chacun voulant autant que l'autre, en être et ne voyant aucune raison que l'un y soit et pas l'autre. Ils montaient l'escalier de la maison, ils s'installaient et je peignais, un à un. Fallait les voir faire les fiers dans la rue. Tenez ….prenez donc le Guillaume et la Félicité.

 

S'approchent Guillaume Bertin (21) gendarme, et Félicité Colard (44), propriétaire aisée

 

Guillaume Bertin (21) et Félicité Colard (44)  Bonjour monsieur Courbet. On s'met dans le tableau aussi.

 

Noémie : Dis la Félicité, tu t'rapelles quand t'es allée aux Vêpres et q'tes cochons t'avaient suivi sans bruit !

 

G C : Bonjour les amis, entrez dans le grand théâtre du peuple d'Ornans.

 

Entrent Pierre Clément (14), cordonnier et Françoise Garmont (30) fille de propriétaire cultivateur

 

Pierre Clément : Bonjour monsieur Courbet, vraiment ravi de vous rencontrer.

 

Françoise Garmont : Bonjour monsieur Courbet

 

G C : Mon grand-père n'aimait pas la calotte, c'est sûr. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de m'inviter à la table du clergé. Allons, l'abbé, sans rancune et mes offenses m'auront porté en exil.

 

Le curé Bonnet (12), s'approche, suivi de Claude Journet et François Panier dit Fifi Panier (9 et 10)

 

GC : J'ai eu avec vous dans l'Atelier, des conversations morales et philosophiques désopilantes !

 

Le curé : Votre tableau…. Le Retour de la Conférence en a remué plus d'un au presbytère. Le pape lui-même s'en serait étranglé ! (Il se signe)

 

G C : Et alors, c'était pas vrai ce que je peignais ?

 

Noémie : Cqu'y dit pas aussi Monsieur le curé, mais qu'y s'rappelle bien et qu 'à remué le presbytère aussi, c'est quand les p'tiots avec le Claude et l'Alphonse et le Guillaume et les autres étaient allés cueillir les fleurs des champs pour la procession de la fête Dieu dans le jardin de la mère Bon, et y nous avait dit d'aller nous excuser et demander pardon à la propriétaire, et quand on a voulu toquer, personne ne voulait.

- vas-y-toi

- non toi!

Et puis le plus petit le François s'est dévoué, il a toqué il avait à peine dis -madame- qu'il a reçu une de ces taloches, le brave poulot, et pendant c'temps tous les autres y avaient détalé.

 

Fifi Panier : Bonjour monsieur Gustave. C'est y vrai que vous avez fait de la prison ?

 

Claude Journet : Et même tué des prussiens ?

 

G C : Ho les gosses, gardez vous de colporter de telles sottises. La prison oui, mais pour que tu puisses vivre un peu plus libre, p'tit Claude. Et à Paris, j'ai vu des gosses comme toi, Fifi, tomber sur les barricades, comme toi !

 

Le curé salue et houspille les enfants de chœur en train de jouer à la courotte autour de ses jupes. Il va se mettre en place, avec les enfants de chœur

 

Arrivent Zoé (24) et Juliette (35), sœurs de Gustave

 

G C : Mes chères sœurs, Zoé (24), Juliette (35). Les muses de mes débuts. Toi Zoé, qui t'es tant occupée de moi quand je croupissais à Sainte Pélagie. Et toi Juliette, qui m'assistera sans relâche jusqu'à ma mort.

 

Juliette : Gustave, tu n'as pas toujours été sage et nous a causé du tourment. Mais tu as tant donné à l'art, à Ornans et la Franche-Comté. J'aurais voulu faire plus et te ramener en France plus tôt. La France ne le souhaitait pas.

 

G C : Et pourquoi, bon dieu ! Je suis mort à 58 ans et j'ai toujours vécu libre et je crois que dans l'histoire, il sera rare de trouver un homme dans ma position, qui après avoir travaillé toute sa vie, pour tâcher d'établir le bien et les arts dans son pays, ait été persécuté d'une façon aussi épouvantable.

 

Zoé : On le sait tous Gustave, mais reconnaît que tu as un peu cherché les ennuis.

 

G C : Sans doute, mais il faut savoir bouger les choses et suivre sa voie

 

Entrent Eugénie (43), Claude Sage(16) et Alphonse Bon(3) qui saluent Gustave avec un bonjour monsieur Courbet

 

Courbet se retire

 

On va évoquer la Commune et à cet instant, un chant de la Commune est interprété, créant la césure dans le scénario ou environ la moitié des personnages est en place.

 

Musique : Madame Butterfly de PUCCINI (Extrait La Callas)

 

Voix off :

 

Durant la période de la Commune, Gustave Courbet est nommé président de la Commission des Musées et délégué aux Beaux Arts. Il propose le déboulonnement de la Colonne Vendôme, qui évoque les guerres napoléoniennes. La Commune décide le 13 avril, d'abattre et non de déboulonner, la colonne. Après la Semaine Sanglante, au cours de laquelle les Versaillais se sont livrés à d'horribles mesures de répression envers les communards, Courbet est arrêté le 7 juin 1871, et le 3e conseil de guerre le condamne à 6 mois de prison et 500 francs d'amende. En mai 1873, le nouveau président de la République, Mac Mahon, décide de faire reconstruire la Colonne Vendôme aux frais de Courbet, soit pus de 300.000 francs.

 

Interprétation du chant de Ferrat

 

Courbet revient

 

Entrent sa mère Sylvie (46) et sa sœur Zélie (38) avec la petite Teste (47)

 

G C : Ma mère et ma sœur Zélie

 

Sylvie Oudot : Bonjour Gustave. Mais tu es tout pâlichon. Tu es malade ?

 

Zélie : Bonjour Gustave, maître-peintre, maître-râleur, maître-parleur, maître-emmerdeur …

 

Sylvie Oudot : Oh ! Zélie !!

 

G C : Putain de Colonne ! Je ne demandais pas qu'on cassât la colonne Vendôme. Je voulais qu'on l'enlevât de la rue dite de la Paix, ce bloc de canons fondu qui perpétue la tradition de la conquête de pillage et de meurtre.

(s'adressant à sa mère) J'ai été mis à la muraille pour y être fusillé, traîné dans les rues de Paris, la chaîne aux mains, couché à plat ventre dans trois centimètres de vermine à l'Orangerie. Car la viande et la bière furent rares dans les geôles de Thiers ! Et ce Mac Mahon et son parti de l'Ordre Moral, des sots et des fossoyeurs à la rancune tenace.

 

Noémie : Ça mène où les rêves, hein, vain nom, c'est pas possible c'qu'on devient, déjà qu'un homme c'est rien, mais avec les autres qui l'asticotaient; not Courbet y l'était moins que zéro, les sales vioces, les peutes vioces, c'est pas de gloire qui peignait not' Gustave, je vous l'dis les gens connus y sont comme les bœufs du Valdahon, le meilleur ne vaut pas l'autre.

 

G C : Ma très chère mère ! Sans nouvelles, loin de cette Révolution, tu as cru au pire, et tu en es morte. Je suis revenu à Ornans, en mai 1872, tu n'y étais plus. Je n'ai jamais pu t'expliquer ce qui avait conduit mon action et mes actes. On a voulu me salir et me faire passer pour un jeanfoutre, un mécréant. Tu es là ma mère. Je peux te le crier, je n'ai pas failli et j'ai appliqué les préceptes de ton père, mon grand-père : Marche droit, la tête haute !

 

(Ils s'enlacent longuement puis la mère s'efface)

 

S'avancent Hippolyte Proudhon (22 ) juge de paix et Jean-Baptiste Cardey (25), vigneron

 

Jean-Baptiste Cardey : Bonjour monsieur Courbet

 

Hippolyte Proudhon (22) : Monsieur Courbet, vous avez eu maille avec la justice et moi, substitut du juge de Paix, pourrait vous en faire grief. Merci d'être revenu nous voir, vous nous avez manqué. J'aurais voulu vous défendre à Paris au procès de la colonne. Car ce Lachaud …un avocat qui cherchait avant tout la gloire et une fortune sur votre dos

 

G C : Lachaud, un salopard, oui ! Il a bien profité du procès.

Hippolyte Proudhon. Vous portez un nom qui m'est cher, monsieur le juge de Paix. Proudhon ! Il m'a longtemps servi de guide, et sa pensée m'a souvent inspirée. Je l'ai peint. J'ai cru à sa conception d'un travail libéré, d'une activité créatrice libre, pour que l'art et le travail puissent être assimilés. Oui, Proudhon, tu pensais que l'homme est travailleur, c'est à dire créateur et poète. Je crois qu'on en parlera encore longtemps.

 

Noémie : mon premier amoureux y s'appelait aussi Hippolyte, Hippolyte Pourchet, et un jour qu'on avait mêlé pour jouer aux tatos y s'est mis en tête de grailler sous les racines des saules pour y trouver des grabeuses et on s'est mis à gavouiller et volà que je m'étale dans la gadoue et comme j'avais pas de pantalon y voit ma fente et y me dit :

- c'est par là que tu pisses!

- j'suis pas une poule, je fais pas tout par le même trou!

- t'as pas de zizi ?

- mais si c'est ça mon zizi

- ben tu dois t'en mettre plein partout!

- bécile, j'écarte les cuisses

- fais voir

- alors là, je t'envoie un de ces jets, pire que la source de la Peuce en Octobre

- tu pisses dru, mais moi je pisse plus loin que toi quand même!

Ah ! Mon Hippo, faut toujours qu'il ait le dernier mot, d'ailleurs c'est tout comme aujourd'hui encore.

 

Arrive lentement François Pillot-Secrétan (26) dit le père Secrétan

 

G C : Le père Secrétan ! Un vieux de 93. Tu l'as aimée ta République, père Secrétan. Elle a défendu les petits paysans. Dis donc, tu portes le bicorne bien fier !

 

F Pillot-Secretan : (26) : Le petit Gustave a bien grandi, oui ….bien grandi. J'aurais bien voulu en être moi, de la Commune. Pour sûr, les Prussiens, on les aimait pas.

 

G C : Thiers les a aimés, lui ! Je me souviens de la nouvelle et de la colère des Parisiens quand ils apprirent la capitulation à Versailles. 28 janvier 1871 ! La honte et l'abandon. Et Paris qui se soulève et la Garde Nationale qui rejoint les Parisiens ! Et Ornans aussi a bien résisté m'a-t-on raconté ?

 

(Mouvements d'approbation du public, entraîné par Noémie)

 

Arrivée de Célestine Garmont (27) la boîteuse célibataire et Jean-Baptiste Muselier (15) vigneron

 

G C : Ma pauvre Célestine, moi, j'ai été emmerdé toute ma vie par mon cul en croûte et son chapelet d'hémorroïdes. Toi tu l'auras traînée cette patte folle et tu aurais bien mérité un bon mari. Ça aurait pu être le Jean-Baptiste, avec ses vignes, c'était du bon parti ! Et toi Jean-Baptiste, comme tu es beau !

 

Jean-Baptiste Muselier : C'est pas ce qu'ont dit les Parisiens, pourtant, en 1850 !

 

G C : Que n'a-t-on raillé ton pif rouge comme une cerise et ta trogne pantagruélique.

 

Célestine : Bonjour monsieur Courbet. Dites moi, la prison vous a changé !

 

G C : Oui, tu vois ! Résultat de six mois de prison. Ce qu'il y a de terrible dans la chute d'un homme, c'est qu'on ne sait jamais quand ça va s'arrêter. On s'accroche, on sort la tête de l'eau, on se remplit les poumons et on recoule ! Et quand on est dans le malheur, loin de tout, personne n'ose plus s'occuper de vous. Tous les hommes de France que je connaissais, où étaient-ils ? Personne ne bougeait et tremblait comme une feuille.

 

Mouvements de foule, rumeurs, chuchotements. Quelqu'un s'approche de Courbet. On reconnaît Victor Hugo. Une haie finit par se former autour du grand homme dont la popularité était immense.

 

L'échange entre les deux hommes est enregistré en voix off. Tous les acteurs se figent durant ce dialogue.

 

V Hugo : Gustave Courbet est parmi vous ?

 

G C : Je suis là, monsieur Hugo. Très, très honoré de vous accueillir

 

V Hugo : Voilà l'Homme par qui naquit le scandale ! Quelle audace, mais quel prix à payer !

 

G C : Nous avons un point en commun, l'exil. Vous à Guernesey, moi en Suisse.

 

V Hugo : Vous souvenez vous de votre déclaration sur les Etats Unis d'Europe à l'Athénée en octobre 70 ? « Le devoir commun est donc d'abolir les frontières et partant, les armées, afin d'établir les Etats Unis d'Europe »

 

G C : Oui, c'était votre vœu depuis longtemps

 

V Hugo : Le hasard de l'histoire a voulu que je pénètre à Paris le 18 mars, jour de l'insurrection. Je menais mon fils Charles au père Lachaise, mais je désapprouvais déjà la méthode. On n'entre pas en guerre civile sous les yeux de l'ennemi victorieux. La Commune fut une bonne chose mal faite. Mauvais choix du moment, mauvais choix des hommes.

 

G C : Votre influence fut immense dans la période qui suivit. Et on n'oubliera pas l'accueil fait aux fuyards dans votre maison.

 

Noémie: C'est pas rien tout ça, c'est pas rien, quel bazar la vie, j'me dis que c'est comme la chanson du rouge Poulot

 

Arrivée de Claude Promayet, professeur de musique (13) avec Louisette (33) femme de vigneron

 

Louisette : Bonjour monsieur Courbet

 

Claude Promayet : Mais il y avait Jules Simon, Jules Ferry et Jules Grévy, un pays pourtant pour te défendre!

 

G C  Salut  mon Claude!

Ferry, Grévy, Simon ? Bernique, je les ai appelés à l'aide, leur ai rappelé leur devoir de soutien d'un ami, franc-comtois, comme eux. Ils allaient me sortir de ce foutoir de merde ! Fallait il que je sois à ce point un danger pour eux et leur carrière politique ! Quand tu es dans le camp des vaincus, les vainqueurs se foutent pas mal de toi. Vallès n'a pas été si con, lui. A Londres ! Il m'avait prévenu que les choses tournaient mal « La cage s'ouvre, envoles toi bien haut, mais méfie toi des chasseurs, communard » Et Pissarro et Monet, à Londres aussi. Zola à Marseille, Sisley envolé lui aussi ! Moi je suis resté.

 

Noémie : Sur dix lapins t'en as toujours neuf pour corner au cul

 

Jules Grévy : Allons monsieur Courbet, un peu de calme ! En cette période très troublée, il était difficile d'agir.

 

G C : Monsieur le président Grévy. Car vous avez fini par être élu et même réélu. Président de l'Assemblée Nationale en 1872, vous auriez pu me soutenir lors de l'affaire de la colonne Vendôme. Vous, le républicain convaincu.

 

Jules Grévy : J'étais contre la Commune bien que nous partagions certaines valeurs, de paix, de solidarité et de démocratie. Avec Gambetta et Thiers, nous nous sommes opposés à la Déclaration de guerre à l'Allemagne en 1870.

 

G C : Sans doute mais ça ne m'a pas sorti de la vermine et de la fange de Sainte Pélagie. Vous avez réalisé de belles nobles choses ensuite. Allons, Pays, serre moi la main ! Et va saluer tes compatriotes francs-comtois. Ils te sont gré de se que tu as accompli pour le peuple.

 

 

G C : Mais, Claude, tu étais bien dans l'Après-Dînée. Ce tableau, bon sang, tu y étais aussi Adolphe, dans l'Après-Dînée ?

 

Entrent Adolphe Marlet (20), avocat, accompagné de Joséphine Bauquin (28) propriétaire moyenne

 

Adolphe : Bonjour Gustave (ils s'enlacent) C'était en 1849 ce beau tableau, un an avant que tu ne commences cet Enterrement.

 

Joséphine Bauquin : Bonjour monsieur Courbet

 

G C : 1849, Belle année ! 8 œuvres au salon, une médaille d'or et le triomphe à Ornans pour l'enfant du pays. N'est-ce- pas monsieur le maire ?

 

Entrent Prosper Teste, le maire (24) suivi de Françoise Roncet, femme d'ébéniste (32)

 

Prosper Teste : Le triomphe oui, et quelle fête. Le vin blanc des vignerons ornanais a coulé frais., Bonjour Gustave

 

Noémie : Et ça tétait sec , j'vous dis pas comme ça piquait des larmes

 

 

G C : Pas la même musique après la Commune. J'voudrais pas remuer le linge sale, mais à part quelques amis fidèles, à Ornans, on a eu vite fait de me foutre au caniveau.

 

Prosper Teste : On m'a enterré 3 ans avant, en 1868.

 

G C : Et bien moi, j'aurais voulu être là, à Ornans, pour faire la peau à ces salopards qui étaient allés se servir dans mon atelier, après les Prussiens. Et mon Pêcheur de Chavots, que j'avais offert au village et qui trônait fièrement sur la place ? Qui c'est qui l'a foutu par terre ?

 

Noémie : Moi, j'aurais bien une idée ? Mais on va pas faire se battre tous les gens qui s'retrouvent après 70 ans !

 

Arrivée de Jeanne Etevenon, (41) dite Fifi Caillot, ouvrière en robes

 

Fifi Caillot (41) : dites monsieur Courbet, c'est vrai qu'on monte à Paris ?

 

G C : Tiens, Fifi Caillot, à la bonne heure ! Mais bien sûr qu'on monte à Paris ma fille, on va leur montrer aux parisiens qu'ils avaient bien tort de nous refuser. Ils ne voulaient pas de nous en 1859, ils nous verront au Grand Palais.

 

S'avance François Colard-Chaulamne, le porte-croix (11), vigneron

 

GC : Approche, François !

On est en 1919, et on a séparé les laïcs et les curés depuis 20 ans. Mais on va encore se mélanger, car on est du même pays. Porte bien haut ton Christ, va ! S'il pouvait rassembler les hommes et la paix. Mais rien n'a changé, tu as vu le carnage entre 14 et 18 ? C'est à se taper les roustes sur les pavés. Va, François, porte le ton étendard, mais j'y crois guère !

 

F Colard-Claudamne : Bonjour monsieur Courbet. Vous savez, les hommes finiront sans doute par devenir raisonnables.

 

Entrée de Jean-François Crevot (2) artisan cordonnier et Suzanne (34 femme d'artisan

 

G C : Hé le cordonnier, Jean-François Crevot. Voilà un homme qui aurait fait bonne figure à Paris. Tu sais, tu en aurais eu des chaussures à remettre d'aplomb dans l'hiver 1871 !

 

J F Crevot : Bonjour monsieur Courbet, content de vous revoir. Je suis venu avec Suzanne, ma payse.

 

Suzanne : Bonjour monsieur Courbet

 

G C : Une payse, j'ai jamais réussi à en accrocher une à Ornans mais les parisiennes qui sont venues dans ma couche m'ont appris bien des choses ! Je te raconterai mes nuits avec Jo, ma belle irlandaise, et mes tripatouillages avec Adèle, qui a fini pas en avoir marre d'un gars qui savait pas aimer. Mes femmes, ce sont mes tableaux désormais. Ma maîtresse, ma peinture.

 

Suzanne : Justement, à propos de Jo, on a retrouvé son portrait que vous avez peint en 1866

 

G C : Non, ne me dites pas que ….

 

Suzanne : Non, pas l'Origine du Monde, l'autre … avec la tête, quoi !

 

A ce moment, on ferme le rideau afin que les personnages commencent à se mettre en place.

 

Musique : Le Trouvère (Verdi) 1'30''

 

Gustave revient par le côté, accompagné de Louis Pasteur

 

Pasteur : Monsieur Courbet, ravi de vous connaître. Nous avons traversé les mêmes belles vallées sans nous rencontrer.

 

G C : Monsieur Louis Pasteur, quel bonheur effectivement. Votre activité et vos voyages ne l'ont pas permis. Je vous ai tant admiré

 

Pasteur : Et moi vos tableaux ! Vous y êtes allés fort quand même avec votre Origine du Monde ! Savez vous que nous avons des choses en commun ? A part notre amour pour le pays franc-comtois ?

 

G C : Non, pas vraiment ?

 

Pasteur : Notre caractère entier. Vous avez refusé la Légion d'Honneur, ce qui provoqua un beau scandale ! Moi, j'ai renvoyé mon diplôme de la Faculté de Bonn après l'invasion et le siège parisien des prussiens. J'étais à Strasbourg lors de la déclaration de guerre, j'ai voulu prendre rang dans un bataillon de la Garde Nationale jusqu'à ce qu'on me rappelle q'un homme paralysé est un invalide !

 

G C : Mes amis vous attendent.

 

Entrent Jean-François Cauchye, cordonnier, le sacristain (7) avec Alexandre (8) petit vigneron

 

J F Cauchye : Bonjour monsieur Courbet, vous reconnaissez Alexandre ?

 

Alexandre : Bonjour monsieur Courbet

 

G C : Décidément, je me rappelais plus que j'avais invité tout le diocèse dans mon atelier. Mais ce tableau, après tout, c'est une cathédrale. La cathédrale du maître-peintre Courbet, remplie d'Esmeraldas et de Quasimodos. Entrez monsieur Cauchye, la messe va commencer !

 

Entrent Jeanne Sevré, femme de Claude Promayet (42) et Etienne Nodier, propriétaire cultivateur (5) et Tony Marlet, ami d'enfance (23)

 

Tony Marlet : Bonjour Gustave, mon frère Adolphe est là ?

 

G C : Oui, tu le trouveras en bonne compagnie.

 

Jeanne : Bonjour monsieur Courbet, comment vous portez-vous ?

 

G C : Tiens, nos gens de Salins. Je me porte à merveille, chers amis. Je crois que le départ est proche, montez dans notre convoi et rejoignez nos gens d'Ornans. Vous n'avez pas vu mon père ?

 

Jeanne : Je pense l'avoir aperçu, il avait rajeuni de 20 ans quand il a appris votre retour !

 

Etienne Nodier : J'ai amené quelques fines et de notre vin blanc d'Ornans.

 

G C : Va servir nos amis qui attendent.

 

Noémie : Tout pique son père celui-là.

 

Entrées de Régis Courbet, père de Gustave (17) et Victorine, journalière (45)

 

Régis Courbet : Je ne peux y croire ! Tu ne fais décidément jamais les choses comme les autres, Gustave !

 

Victorine : Bonjour monsieur Courbet. Pour un Enterrement, ça va êt' joyeux !

 

G C : Père, quelle joie. Rappelle toi, notre dernière rencontre à Bon Port en Suisse, j'étais mal en point déjà en cette année 1877. Tu te doutais de la fin.

 

Régis : Oui, quand je t'ai vu j'ai compris. Je me rappelais alors ma visite à Paris, dans la prison de Sainte Pélagie où je croyais ne jamais te revoir. J'en ai eu gros sur le cœur, quand tu es mort, de ne pouvoir te ramener à Flagey et te mettre au repos près du moulin.

 

G C : Tu m'avais gardé la place. Tu vois, les hommes sont bizarres. Ils craignent même les morts. Allez, on y retourne à Paris et bien vivants.

 

Voix off : (Extrait de l'hommage de Jules Vallès)

 

Après tout, ne le plaignons pas ! Il a eu la vie plus belle que ceux qui sentent, dès la jeunesse et jusqu'à la mort, l'odeur des ministères, le moisi des commandes. Il a traversé les grands courants, il a plongé dans l'océan des foules, il a entendu battre comme des coups de canon, le cœur d'un peuple, et il a fini en pleine nature, au milieu des arbres, en respirant les parfums qui avaient enivré sa jeunesse. Il dut fuir de son pays, non par la loi, mais la peur, la haine et la bêtise. Alors, cet Enterrement à Ornans, quel beau cadeau fait à l'Art, quel pied de nez aux conventions et aux lécheurs de tableaux. Merci monsieur Courbet !

 

Noémie: C'est pas rien tout ça, c'est pas rien!

 

Musique : Carmina Burana, O Fortuna (2.44 mn)

 

Le rideau se lève progressivement et apparaît le tableau.

 

Les figurants restent immobiles environ une minute, puis lancent ensemble à l'adresse de Courbet :

 

Bonjour monsieur Courbet, à nous Paris !

 

Puis, un air lointain se fait entendre, s'approchant jusqu'à devenir audible et reconnaissable.

 

G C : Ecoutez, écoutez bien ! On dirait … oui, c'est ça, c'est bien ça ? C'est le Temps des Cerises. Oui, c'est ça, vous vous rappelez ? (il fredonne doucement et la voix va s'amplifiant)

 

Les figurants s'approchent peu à peu et commencent à accompagner Courbet jusqu'à ce que le chant se structure. A cet instant, Courbet va inviter le public à chanter cette chanson de Jean-Baptiste Clément, symbole de la Commune.

Après « Une plaie ouverte » dans la dernière strophe, les comédiens s'écartent de Courbet et ce sont les membres de sa famille qui viennent à ses côtés (grand-père, père, mère, sœurs, petite Teste)

 

Le Temps des Cerises

 

Quand nous chanterons le temps des cerises

Le gai rossignol et merle moqueur

Seront tous en fête...

Les belles auront la folie en tête

Et les amoureux du soleil au coeur

Quand nous chanterons le temps des cerises

Sifflera bien mieux le merle moqueur

 

Mais il est bien court le temps des cerises

Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant

Des pendants d'oreille...

Cerises d'amour aux robes pareilles

Tombant sur la feuille en gouttes de sang

Mais il est bien court le temps des cerises

Pendants de corail qu'on cueille en rêvant

 

Quand vous en serez au temps des cerises

Si vous avez peur des chagrins d'amour

Evitez les belles..

Moi qui ne crains pas les peines cruelles

Je ne vivrai point sans souffrir un jour

Quand vous en serez au temps des cerises

Vous aurez aussi vos peines d'amour

 

J'aimerai toujours le temps des cerises

C'est de ce temps là que je garde au cœur

Une plaie ouverte...

Et Dame Fortune, en m'étant offerte

Ne pourra jamais fermer ma douleur

J'aimerai toujours le temps des cerises

Et le souvenir que je garde au coeur

 

 

Salut des comédiens

 

Rideau final

 

l'année Courbet, été 2007 (hors cadres)
0. re bonjour Monsieur Courbet, tout Courbet, fichier long et lourd, mais large (hors cadres)
1. re bonjour Monsieur Courbet, une répétition à Tavaux (hors cadres)
2. à nous deux, Paris, le filage du 2 juin 2007, à Tavaux (hors cadres)
3. à nous deux, Paris, la seconde, 1er juillet 2007, à Tavaux, en vrai cinémascope (hors cadres)
4. à nous deux, Dole, bas-de-ville, la 3e, 7 juillet 2007 (hors cadres)
5 . Courbet chez Grévy, la 4e et la 5e, 14-15 juillet 2007, en grand format (hors cadres)
6. après François 1er et De Gaulle, Courbet s'arrête à Moissey, 7 sept 2007, à 20 h, au château (hors cadres)
7. enfin G. Courbet de retour chez lui, à Ornans, 8 septembre 2007, à 17 h, Place Gustave Courbet (hors cadres)
8. Cette fois, à nous deux Paris, et pas pour rire, le 11 oct 2007, chez Ruquier & Barma (hors cadres)
9. L'enterrement à Ornans, au Grand Palais, à Paris, le 28 octobre 2007 (hors cadres)
10. Le texte de la représentation, Patrice Ducordeaux et Flora Mercier-2007 (hors cadres)
11. Les Tavellois courbetophiles et tous les autres artisans de la Victoire (hors cadres)

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