village de moissey

l'apprenant face au chinois

par Pierre Marchionini, professeur des Ecoles à Dole

Rapport effectué dans le cadre de la préparation

au Diplôme Universitaire de Français Langue Etrangère

à la Faculté des Lettres de Dijon

Travail à fournir : rendre compte de l'attitude de l'apprenant face à une langue rare : le chinois (phonétique et écrit)

PREMIERS ELEMENTS DU RAPPORT D'APPRENTISSAGE

Les expériences variées que j'ai pu mener dans le domaine des langues étrangères concernent : mes origines familiales, mon passé scolaire, les voyages que j'ai faits, les stages de langues dans le cadre professionnel, les stages de langues dans le cadre personnel, par simple goût.

Les remarques qui suivent tentent de rendre compte d'une situation d'apprenant, des acquis qui en découlent et de mes acquis didactiques sur le plan de la formation professionnelle continue, des essais de réinvestissement qui en découlent en tant que simple utilisateur de la langue et en tant qu'enseignant dans les classes primaires.

 

VECU PERSONNEL EN LANGUES

Origines familiales

Je suis d'origine italienne. Dès l'enfance, mon oreille a été "dressée" à différencier les conversations en patois piémontais de mes ascendants de celles de mon entourage francophone (voisins, camarades de classe, habitants de la région, médias...)

J'ai rapidement été amené à une reconnaissance automatique des locuteurs et à mémoriser des éléments revenant fréquemment dans les énoncés étrangers (Ciao, salve, grazie, purtroppo, vergogna ! ...)

Ce qui me paraît frappant avec la distance dans le temps, c'est que ces éléments allaient de pair avec des situations d'énonciation et qu'il n'était pas besoin de traduction terme à terme pour en approcher le sens. Il était possible de les restituer oralement, accompagné de la mimo-gestuelle, par simple jeu. En grandissant, je demandais des précisions sur la signification de tel ou tel mot ou élément de la chaîne parlée. A ce moment-là, la mémorisation était assurée et je pouvais donc, en écoutant des conversations retrouver ces mots, ces structures et construire par enchaînement une compréhension plus large de ce que j'entendais.

Simultanément, je devenais capable de restituer, en situation, ces structures.

Mon premier contact avec une langue étrangère a donc été oral et a formé ma capacité d'écoute. Inconsciemment dans un premier temps, puis consciemment, j'ai pris le réflexe de l'écoute auquel s'est ajouté par la suite l'écrit lors de mon entrée au collège et mon premier contact avec une langue enseignée, en l'occurrence l'allemand.

Rôle de l'écrit dans la culture française de l'apprentissage des langues

A la différence de ce qui précède, l'écrit a été d'emblée associé à l'apprentissage de l'Allemand. C'est un contact avec la littérature qui s'est établi par le biais des contes et légendes allemands (Jens der Frosch, die Schildbürger, die Lorelei...) Les acquis de ma première année de travail en vue du DUFLE m'ont montré que la caractéristique de ce type d'apprentissage était de travailler sur des supports d'écrit "oralisé", n'ayant pas d'objectifs de communication orale. Faut-il y voir là, le constituant principal de l'idée répandue que les élèves français éprouvaient de la peine à entrer en communication avec leurs correspondants allemands ou à guider leurs parents dans les rues de Hambourg ?

Depuis les années 1970, la situation a considérablement évolué avec l'entrée en jeu des apports didactiques du Français Langue Etrangère : prise en compte des besoins langagiers et des objectifs des apprenants, situations orales privilégiées.

Cet apprentissage, en milieu scolaire, est très similaire à celui de la seconde langue qui fut l'anglais dont les objectifs langagiers étaient cependant plus "pragmatiques" et cherchaient à se rapprocher de la vie quotidienne. Là encore, une langue aux entrées écrites débouchant sur un oral artificiel, fait de questionnements aux réponses fermées. (exemple : Is it red ? Yes, it is.)

Pour des questions de goût personnel et d'affinité avec les langues étrangères, j'ai suivi des stages dans deux domaines différents : initiation, perfectionnement et pour des besoins professionnels.

Un stage extensif d'espagnol de cinquante heures, un autre intensif de deux semaines d'anglais tous deux au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon ont été pour moi l'occasion d'éprouver des approches orales de la langue. Basées essentiellement sur la conservation, ces méthodes mises en oeuvre par des professeurs de langue maternelle laissaient à l'écrit le rôle de simple trace chronologique des notions abordées.

De nombreux voyages à l'étranger (Etats-Unis, Grande-Bretagne, pays germanophones, Italie, Espagne, un séjour à Munich d'un an, etc.) m'ont permis de mettre en pratique ce que je savais des langues, d'actualiser, de confronter ces connaissances à des réalités précises.

 

CONTRAINTES LIEES A L'ENSEIGNEMENT A DISTANCE

Travailler seul

Ce genre de démarche nécessite de se fixer en priorité des objectifs méthodologiques tant sur le plan du volume de travail que sur celui du temps à y consacrer et à organiser. Il faut sérier les objectifs : définir le temps imparti à l'écoute, à la lecture des documents écrits et sonores, à la parole, à la rédaction des devoirs.

 

Gestion du temps

C'est d'abord se ménager des périodes de disponibilité pendant lesquelles les contraintes de vie personnelle seront mises entre parenthèses (activités quotidiennes, vie familiale...) et pendant lesquelles un rythme sera établi : fréquence des séances d'étude, nombre de ces séances, durée de chacune d'elles.

 

Moments privilégiés

Ce sont ceux où la motivation devra être la plus forte et la disponibilité la plus grande et ils peuvent avoir lieu de manière non prévue dans l'emploi du temps.

 

PERSPECTIVES D'APPRENTISSAGE : DEMARCHE

Quelle démarche adopter en vue de s'approprier le matériel, d'en connaître son esprit et d'atteindre les objectifs d'apprentissage ?

Bain oral

Tout d'abord, le premier geste est de lire les documents de la "méthode" puis de regarder la première cassette plusieurs fois pour une première familiarisation et une première imprégnation orale.

J'ai évité de recourir à la partie écrite et à la partie traduite dans un premier temps, ceci dans le but de d'habituer mon oreille à des sonorités inconnues sans chercher à "faire du sens". La cassette vidéo permet d'observer les mouvements de la bouche des personnages des scènes et d'écouter les intonations.

Je me suis imposé des exercices de répétition en effectuant des retours de bande autocorrectifs, des enregistrements et des comparaisons sur ce que je répétais.

 

Discerner les structures

Au fur et à mesure que je progressais dans les activités et les exercices, j'ai utilisé les structures écrites dans les pages de la brochure pour les retrouver dans les dialogues joués. (Wo shi faguo ren, par exemple.)

 

Mémorisation

C'est le but à atteindre pour constituer les premières bases de l'appropriation de la langue et du réinvestissement des notions acquises en vue d'aller vers l'expression autonome.

 

Ecoute active

Chaque fois que l'apprenant se trouve face à un document sonore, son objectif sera d'avoir une oreille attentive pour retrouver ce qu'il sait ou a déjà appris ou ce qu'on lui demande d'apprendre.

 

Reproduire / réutiliser

C'est le fait de réinvestir les acquis linguistiques dans des situations de communication nouvelles, différentes de celles de l'apprentissage.

 

OBJECTIFS PARTICULIERS D'APPRENTISSAGE

Objectifs linguistiques : se présenter, décliner son identité, décrire des situations de la vie quotidienne, savoir questionner et répondre en utilisant des éléments des questions posées pour reformuler ce que l'on a à dire, savoir enjoindre, donner des consignes, des conseils, des ordres, savoir relater un fait vécu etc.

 

OBJECTIFS METHODOLOGIQUES

Conflit sociocognitif

Le principe en est que chacun peut apprendre à l'autre et par l'autre, en utilisant ce qu'il sait déjà, ce qu'il a appris de manière différente et pourra lui transmettre une aide, une donnée qui lui fait défaut. En cas de blocage, il sera fait appel à un tiers, enseignant, ressource matérielle, etc. Cependant, en situation d'apprentissage solitaire, cette circulation ne peut se faire de manière immédiate et l'apprenant devra se tourner en priorité vers les moyens matériels mis à sa disposition par les enseignants.

 

Travail par groupes

Sur des objectifs communs, chacun fera valoir ses compétences et mettra ses erreurs au service de la progression des apprentissages. Dans la situation de travail à distance, cet aspect ne se retrouve que lors des regroupements, des stages, des communications entre étudiants dispersés géographiquement. Ces rencontres ne permettent pas toujours des confrontations d'expériences sur des objectifs et des besoins ponctuels mais plutôt sur des points généraux : à quel stade de l'apprentissage en sont les apprenants, quels sont les problèmes généraux rencontrés...

 

Recours à l'enseignant (ressource, référent)

Celui-ci se fera sous diverses formes : apports notionnels et didactiques de celui-ci, reformulation.

Dans le cas d'un apprentissage à distance, le recours au professeur se fait par les moyens de communication les plus divers : courrier, téléphone, télécopieur, courrier électronique. La contrainte du temps de réponse est alors une composante à prendre en compte dans le travail.

 

Appropriation :

Elle se fait de manière autonome pour l'apprenant seul face au matériel et aux documents pédagogiques. Un temps de découverte est nécessaire et est plus ou moins long selon les besoins de chacun. Par quel support commencer l'apprentissage ? Le document vidéo, audio, écrit ? Combien de séances d'écoute et de répétition seront nécessaire pour "entrer dans le document" ?

A quel moment le recours à l'écrit, en tant qu'aide-mémoire, mode d'auto-évaluation, se fera-t-il ?

 

MOYENS

Utilisation des supports pédagogiques

Dans le cas d'un apprentissage à distance, il convient d'être correctement équipé du matériel audio-visuel nécessaire : magnétophone à cassettes, magnétoscope... Ces moyens matériels sont les fournisseurs des notions linguistiques et l'apprenant doit y faire référence constamment selon ses besoins : réécouter, répéter, écouter puis écrire une partie, un élément sonore, enregistrer sa propre manière de parler, la comparer avec celle des acteurs des scènes de la cassette.

 

EVALUATION

Elle peut se faire sous deux formes : autonome pour l'apprenant ou effectuée par les enseignants.

Elle pourra être sommative en fin d'un cycle de cours, formative pour avoir une vision ponctuelle à un moment donné de l'apprentissage et corriger d'éventuelles difficultés de compréhension. Cette dernière prendra en compte le statut de l'erreur comme facteur de progrès.

 

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