Sur le bassin dolois, deux (au
moins) façons théâtrales
s'affrontent, du moins co-existent pacifiquement. D'un
côté les résolument contemporains qui
ont tourné la page des théâtres
nationaux mais régionaux d'antan, de l'autre ceux
qui font du théâtre narratif et à
l'ancienne, et pour cause, les histoires du temps
passé se disent mieux sur une scène avec
cour et jardin, costumes d'époque, carrosses,
chevaux et même guillotine.
Cette façon classique
est le parti qui a été pris par Patrice
Ducordeaux et ses fidèles, tout comme la
réalisation de Courbet en 2007, dont on peut
considérer que l'un est l'enfant de l'autre, avec
comme dénominateur commun un texte écrit
par le metteur en scène, une mise en scène
faite par l'auteur, des chants qui émaillent le
spectacle, et des comédiens qui ont
re-signé pour un deuxième tour.
Afin de ne pas
déboussoler son public, le réalisateur a
même recruté les deux enfants de choeur de
l'enterrement d'Ornans... l'un pour faire Nodier enfant,
l'autre pour en faire un Arlequin.
C'est une partie seulement de
la vie de Nodier qui est retracée là, en
allant de son enfance jusque vers son mariage. Charles
Nodier enfant est incarné par Vincent Perrin et
l'adulte est joué par Silvère Ducordeaux,
vraisemblablement un membre de la famille de l'auteur ou
du metteur en scène. Toujours est-il que si cette
troupe (Alter Ego, née des oeuvres de Courbet en
2007) se vante d'être une troupe d'amateurs, il en
émerge pas moins des comédiens qui ont
déjà du métier ou des dispositions
bien assises. Le comédien qui est dans la peau de
Nodier est "à fond dedans" comme on dit
aujourd'hui, tout comme Jacques Roux, Pascal Vaubourgeix,
Flora Mercier, les Villar mère et fils (2),
Sylvain Sauce et bien d'autres dont le jeu est
mûri.
Pour qui s'intéresse
à l'Histoire, aux salons littéraires et
l'oeuvre prolifique de Nodier, à la
Franche-Comté, au XIXe siècle, cette
pièce en un acte leur fera le plus grand bien
d'autant qu'elle roule dans un décor sobre mais
suffisant, avec des fumées d'artifice qui
symbolisent la frontière entre la
réalité et l'imaginaire, une partie
filmée au château de Salans et une surprise,
l'auteur qui monte sur les planches, un peu mais pas
beaucoup, mais quand même.
Les spectateurs qui ont
adoré Courbet y retrouveront tous leurs petits et
ceux qui ont trouvé que Courbet n'était
qu'un moment à passer (90 mn) seront et resteront
dans le même état d'esprit.
Cette pièce qui vient
d'être jouée deux fois au CE Solvay pourra
être vue ou revue au Château de Salans le 5
juillet, et à Gredisans pour la journée des
Arts Locaux, puis encore ailleurs, c'est-à-dire on
ne sait guère où et on ne sait peu
quand.
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