canton de Montmirey-le-Château: le XXe siècle des eaux sauvages et domptées

sur la commune de Montmirey-la-Ville

la grande fontaine (vers 1806)

au profit de ses habitants

explications de Florian Buisson et images de Christel Poirrier

Documents fournis (des archives départementales du Jura) par Renée Sintomer, Conseiller Municipal et militante pour la réhabilitation des fontaines (ADJ, SE 192/45).

les deux lavoirs

L'abreuvoir-lavoir "Buisson" (du nom de la propriété voisine), vers 1900

A gauche mais au fond, le grand lavoir "Buisson" avec sa couverture en tuiles mécaniques anciennes, au centre, Saget père et fils, à droite le grand lavoir-abreuvoir "Müller", aujourd'hui enterré, la photo est prise depuis le Sud.

L'abreuvoir-lavoir "Buisson" (du nom de la propriété voisine), vers 1900

L'abreuvoir-lavoir "Buisson" (du nom de la propriété voisine), vers 1900

L'abreuvoir-lavoir "Buisson" (du nom de la propriété voisine), vers 1900

par Florian B., CM2.

La Grande Fontaine de Montmirey la Ville.

Dans nos villages de Franche-Comté, il y avait une église, une mairie et un ou plusieurs lavoirs. Ces derniers, durant le siècle dernier et la première moitié de notre siècle, avaient une énorme importance. Car chaque foyer n'avait pas l'eau. Les femmes se retrouvaient là-bas pour laver le linge et échanger les nouvelles. Nous y menions le bétail pour qu'il boive.

A Montmirey-la-Ville, il existe deux lavoirs presque l'un à côté de l'autre, l'un visible à côté de chez mes grand-parents, Robert et Jacqueline Buisson, l'autre enseveli sous un talus de terre qui se trouve en face de chez mes grand-parents. Mon grand-père, qui a 91 ans, se souvient d'avoir vu fonctionner celui qui est enseveli: il a été construit dans les années 1806, mais un jour la source a été asséchée. Ils décidèrent d'en construire un autre qui serait alimenté par d'autres sources. Le lavoir en chômage aurait été comblé par des gravats et de la terre lors des travaux de mise à l'eau et à l'égout du village durant les années 1960, seules sont visibles quelques margelles; il est néanmoins possible de voir le puisard qui est encastré dans le mur en forme d'arc de cercle, l'eau se déversait ensuite dans le rinçoir où les femmes rinçaient leur linge. Cette même eau allait ensuite dans les bacs du lavoir ou les femmes savonnaient le linge, il faut savoir que dans certains villages comme chez moi à Montmirey-le-Château, le puisard communiquait avec des abreuvoirs où venait le bétail pour se désaltérer. Ainsi allait la vie au rythme de l'eau et des saisons.

Après plusieurs années où ils n'ont pas servi, les village les ont remis en valeur: pour Noël à Franay et à Jallerange, on a installé une crèche dans leur lavoir.

Le grand lavoir-abreuvoir enterré (à la fin du XXe siècle).

La lecture de cette image (prise depuis le Nord) sera facilitée par l'examen du plan de 1793, publié ci-dessous.

Plans de 1793, an II de la République.

Le plan (projet) de la Fontaine Principale 1793. Et la toiture dont la construction a été toujours remise à plus tard. Elle jouxte le mur du verger de la "citoyenne Martinet" (en 2000, Mme Müller). Tout l'ensemble est dallé ou pavé pour éviter les étendues de boue qu'on peut imaginer.

Plans de 1793, an II de la République.

Le lavoir se reconnaît au chant du mur, qui est incliné d'environ 30 degrés. Il se reconnaît aussi à son allée piétonne interdite aux chiens, il y a des portillons, et enfin, c'est lui, le lavoir, auquel on destine une couverture (ici à 4 pans) pour tenir les lavandières à l'abri des caprices du ciel.

Plans de 1793, an II de la République.

L'abreuvoir se reconnaît au fait qu'il est accessible aux bêtes, depuis la route. Aucun couvert n'est prévu.

Explication provisoire (Christel Poirrier).

 

Ce lavoir (enseveli) est en face d'un autre lavoir, plus beau, plus grand, plus riche, couvert et fermé, en contre-bas de la route (Buisson). Le lavoir du bas semble bien antérieur à l'autre, et il nous semblerait privatif.

Puisque les plans de celui du haut, datent de 1793, et la réalisation à moindre frais de 1806, une bonne hypothèse serait celle-ci:

Au moment de la révolution, la population aurait renoncé à l'usage du lavoir du noble d'à côté (ou en aurait été exclue) et aurait décidé la construction de l'autre, qui serait dorénavant "le" lavoir de Montmirey, le lavoir "public".

Le caractère public de l'édifice dont nous parlons est avéré par son emplacement dans le village, contre une voie de circulation importante, et offre les trois "bienfaits" de l'eau: pour puiser, pour laver et pour abreuver le bétail.

L'interrogatoire de M. Robert Buisson, riverain, pourra nous renseigner sur le caractère privatif de la construction du bas, et peut-être nous confirmer dans ce que nous croyons. Car enfin, la logique paysanne, l'utilisation parcimonieuse de l'argent commun n'aurait jamais permis que cohabitent aussi près l'un de l'autre deux constructions aussi importantes (je dirais vitales), sans qu'elles aient ce caractère concurrentiel (privé/public par exemple) que j'imagine.

Aux avant-dernières nouvelles, cette explication n'est pas du tout la bonne. Le mystère du jour n'est plus la présence de deux lavoirs, puisque nous avons appris que l'un était venu suppléer l'autre, bizarrement tari. Celui du bas, le beau, aurait été construit ensuite, mais on ne sait pas encore quand. On dit vers 1850, mais celui du haut est encore en eau autour de 1900, on le voit sur les cartes postales.

Donc, le mystère demeure. Vive le mystère.

Aux dernières nouvelles, celui du bas aurait été construit après que celui du haut fût tari, tari provisoirement, car les cartes postales nous le montrent plein d'eau autour de 1910.

l'abreuvoir-lavoir "Muller", enterré, suite

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 1900.

A gauche le grand lavoir-abreuvoir "Muller", aujourd'hui enterré, la photo est prise depuis le Sud.

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 1900.

L'abreuvoir-lavoir "Muller", image grossie. On voit l'eau, et l'accès au puisoir, et au premier plan, le lavoir.

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 1900.

à droite le grand lavoir-abreuvoir "Muller", aujourd'hui enterré, la photo est prise depuis le Sud.

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 1900.

La même image, encore plus grossie.

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 2008.

Le 19 juin 2008, nous avons appris par voie de presse que des bénévoles du village avaient entrepris de fleurir leur village. Pour ce faire, ils ont commencé à gratter puis creuser afin d'obtenir la restitution du monument.

Le puisoir-abreuvoir-lavoir "Muller" (nom de la propriété qui le jouxte) en 2008.

Au premier plan, bien lisible, l'abreuvoir.

autres pages sur l'eau à montmirey-la-ville

auteurs

Marion C., CM2

le lavoir de la rue du moulin

Florian B., CM2

le grand lavoir Buisson

Christel Poirrier

le lavoir enterré (Muller)

Christel Poirrier

l'égayoir sur la Brizote

Christel Poirrier

visite le long de la Brizote

Brigitte Laffage

la rénovation du lavoir "Buisson" en 2004

Christel Poirrier

la résurrection des lavoirs

Christel Poirrier

réhabilitation du lavoir "Muller" en 2008

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