Le goulet
d'étranglement de a jusqu'à
z
D'abord, parlons peu mais parlons
bien. Surtout bien.
Un goulet d'étranglement est
tout simplement un pléonasme. Car un goulet est
déjà, à lui tout seul, un passage
étroit, comme par exemple un vagin au moment d'un
accouchement, du moins pour une primipare. Je parle chez
les vaches.
L'idée d'étranglement
n'évoque évidemment ni le paradis terrestre
(l'acquis) ni l'autre (le promis). Mais plutôt le
36, quai des Orfèvres. Ce mot devrait être
proscrit.
On ne peut guère faire le
procès de nos ancêtres qui ont bâti un
peu trop près de la route. Route qui n'existait
guère car on n'allait pas de Moissey à
Menotey par la RD 475, mais par une route qui passe par
le "chemin des vaches". On allait à Frasne par le
chemin de Frasne et non pas par la route d'Auxonne, on
allait à Montmirey-la-ville par la route qui coupe
de Mont-Guérin en son est (Est, on prononce le
"s"). Pour aller à Offlanges, rien de
changé, c'était comme ça depuis des
siècles.
Ceux qui ont tracé la Nationale
475 ont fait dans l'équidistance soignée
afin de desservir tous les villages du canton du mieux
possible. C'est d'ailleurs ce même souci qu'ont eu
ceux qui ont tracé la ligne du Tacot.
Ainsi, la Route maintenant
Départementale 475 était, avant
l'automobobile, bien assez large pour y faire passer une
paire de boeufs le lundi, douze vaches le mardi et des
charrettes à bras le mercredi et ainsi de
suite.
La naissance de l'automobobile est
restée longtemps sans conséquences sur la
largeur de la route. Dans les années 30 (1930),
ils étaient trois ou quatre à avoir une
voiture, un transporteur, deux maquignons, un notaire.
Ils ne les sortaient pas trop, quand même
suffisamment pour montrer au pople "c'est qui qu'a une
belle bagnole" (On a les noms).
La voiture a pris de l'ascendant, le
petit chemin de fer a dû fermer ses gares, et les
années 50 et 60 restaient prospères autant
que propices au trafic automobile. C'était sans
compter avec le jaillissement soudain de la camionnerie*.
Aujourd'hui, et ça fait
déjà deux ou trois décennies que
ça dure, un camion pèse 35 tonnes et mesure
une dix-huitaine de mètres de long.
Aujourd'hui, sur les segments
rectilignes qui sont les entrées nord et sud du
village, deux bahuts peuvent se croiser en y mettant du
sien et du soin, mais dans le "S" du centre-village, la
chose n'est pas aisée. Pas aisée, dire avec
la liaison.
Jadis au Conseil
Général, on avait parlé de faire un
pontage qui partirait bien avant les platanes pour
aboutir au-delà des cerisiers. (Je sais, les
cerisiers, il n'y en a plus. Mais
il y en avait, la DDE en louait la cueillette aux
amateurs, nous avons les
noms). Ce pontage passerait
par l'Est ou par l'Ouest. Selon l'un ou l'autre, la
dépense aurait été du simple au
double.
Le temps passe et repasse, si bien
qu'un jour de 1988, on a guillotiné l'immeuble
Clair, devenu Massy, puis devenu Epicerie Thirion et
Cibil (actuellement entreprise Magno) et on a
consolidé la maison Clément. La maison
Clément, c'étaient deux immeubles
adjacents: le plus gros, la boulangerie Bordiaux
[ceux qui s'en souviennent gardent un bon souvenir de
Madame Bordiaux, la femme du boulanger] et le plus
petit, c'est l'atelier où le Noël Cointot
faisait des sabots. Il n'était d'ailleurs pas le
seul, le Docteur Simeray en faisait, le père
d'Ernest Daudy aussi (le grand-père de
Marcel).
Le temps continuant à passer et
à repasser, les 35 t n'ayant ni maigri ni
rétréci ni raccourci, la question de la
cohabitation camionale* dans le "S" du centre-village
devint de plus en plus aigüe (et même en vrai
aiguë) et les choisis-municipaux inventèrent
un sens unique alterné au moyen de panneaux et de
bons sens, quand tout à coup, d'autres
choisis-municipaux décidèrent de
guillotiner à son tour l'immeuble Clément:
c'est là où nous voulions en venir, c'est
donc là où nous en sommes
aujourd'hui.
Bientôt, ce sera un plaisir de
naviguer dans le centre du village, tellement la largeur
de la route aura crû.
On vous tient au courant, bien
sûr...