Claude (François Hippolyte)
Simeray, est né à Chaumergy, dans une
maison qui est toujours présente, en 1861,
soit sous le deuxième empire.
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Après des études brillantes
(il a loupé Normale Sup à un quart
de point) comme boursier (ses parents
étaient de modestes aubergistes), Claude
Simeray devient professeur de physique au
lycée d'Alger, puis à Moulins et
enfin à Salins.
Déçu par l'enseignement et
appelé par la médecine, le
professeur se relance dans les
études,
Il épouse à Salins le 5 mars
1886 Lydie Benoît qui lui donnera trois
fils:
- Claude Auguste Simeray,
né en 1886
-décédé à Salins
en 1937-, médecin à Moirans,
marié à Marie Blaise et
père de
-
Jean (1914-2000), technicien radio,
pas d'enfants
- Maurice (1917-1984)
ingénieur chimiste,
père de
-
Jean-Louis né
1953,
- Claude en 1957et
- Françoise en
1961,
- Odile, (1920-1979) assistante
sociale,
- Antoinette, née le 15
octobre 1923, à Moirans,
médecin du travail, à
Lyon,
- Henri Simeray, né à
Salins en 1888, décédé
en 1980, directeur des Chemins de Fer du
Maroc et retiré au Château de
Rans, et père de
-
Claude né en 1920, + en 1978,
célibataire, Militaire au
Maroc, enseignant d'espagnol,
- Alain né 1923,
dermatologue à Châlons,
qui a une fille Françoise
née en 1965,
- Maurice,
né en décembre 1891 et
tué à la guerre en 1914, en
Alsace,
Au cours de ses études, son
épouse Lydie Benoît
décède (le 15 décembre 1892
de phtisie galopante, à Salins). Il fait
ses études de médecin à
Dijon et à Lyon de 1891 à
1895.
Ensuite Claude Simeray devient
médecin de campagne à Chaussin de
1896 jusqu'en 1906. A la suite d'une grave
maladie, il tente de s'installer, pendant une
année, comme stomatologue à
Besançon, mais cette situation
étant éloignée de ses
espérances, il s'installe enfin à
Moissey vers 1908. D'abord
il occupe l'aile sud du château Lasnier AB
270 (la salle à manger était dans
la tour), puis en 1920, il achète la
maison de la rue basse appelée le
Prieuré, AB 50, qui est composée
de deux bâtiments.
Entre-temps, il perd son fils Maurice
(pharmacien et artiste-peintre) qui est
tué au front en 1914 et il remplace son
fils Claude, médecin à Moirans, de
1914 à 1918. A cette occasion, il est
amené à conduire une automobile,
ce qui ne lui plaît pas du tout. Il
épouse en secondes noces Marthe Cour, qui
élèvera les enfants. De 1919
à 1925, il sera le 28e maire de Moissey,
succédant à Louis Viénot et
précédent Ernest Odille.
Sans avoir réellement pris sa
retraite, Claude Simeray décède en
1953 à Moissey, où il est
inhumé dans un caveau dans le même
angle que Marcel Téliet et le
Sénateur Lefranc.
Le Prieuré sera vendu après
cette date à M. Labbé, dentiste
à Besançon, puis à M.
Moreau et enfin, à M. Régis Cabut,
employé à la Poste de Dijon.
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Claude Simeray, sa vie et
son oeuvre, par sa petite-fille
Antoinette.
Nous avons rencontré dans sa maison
doloise, Antoinette Simeray, petite-fille de
Claude le médecin de Moissey, qui nous a
parlé de son grand-père qu'elle a
bien connu, puisqu'elle a
fréquenté le village pendant les
années de guerre (39-45), et puisqu'elle
avait 30 ans au moment de son
décès.
"Mon grand-père
était un homme remarquable, non
seulement il était intelligent et
travailleur, mais aussi il était
très ouvert sur le monde, curieux de
tout, passionné de plein de choses;
c'était un humaniste. Entre ses
théories reconnues sur
l'activité volcanique (nées de
l'observation des gaudes qui cuisent), ses
inventions de bandages herniaires, son jardin
et sa saboterie semi-professionnelle, il
exerçait avec une grande
générosité son travail
de médecin, pharmacien, dentiste et il
partait par tous les temps et sur tous les
chemins sur son vélo. Pas de voiture,
ni hippomobile, ni automobile, mais la
bicyclette, toujours."
"Les gens avaient recours au
médecin le moins souvent possible: en
cas d'accident, mais surtout au moment des
accouchements, et il était très
réputé pour cela. Il
était très souvent
appelé pour les naissances, et bien
après son retrait de
l'activité, on venait encore le
chercher pour faire naître des enfants.
Les patients étaient souvent
très pauvres et ils payaient à
l'occasion ou parfois ne payaient pas, mais
un jour inattendu, arrivaient, lapins,
volailles ou tout autre produit de la
ferme."
"Mon grand-père qui ne roulait
pas sur l'or soignait particulièrement
son jardin et il avait monté un petit
atelier de saboterie, avec une machine et un
ouvrier."
"C'était un homme
sérieux, très strict avec ses
enfants, il aimait raconter, c'était
un bavard, mais pas un amuseur, tout le
contraire de son dernier, Maurice, qui lui
était un vrai artiste, un raconteur,
un amuseur."
"Quand il était à
Chaussin, les 3 enfants de mon
grand-père fréquentaient le
Collège de l'Arc. Mon oncle Maurice a
son nom dans la cour d'honneur du
collège."
"Selon lui (mon grand-père),
Claude Simeray était né d'un
père très intelligent et il a
adorait sa maman. Petit, sa vie était
très dure, il partait en champ les
vaches avec un morceau de pain et un bout
d'ail ou un bout de lard. Heureusement, la
campagne regorgeait de fruits..."
"Mon grand-père adorait son
jardin. Il y était toujours
fourré. Quand ma seconde
grand-mère (Marthe Cour) est morte,
c'est l'Adélaïde, "la
Laïde", qui était employée
de maison, qui s'est occupée de lui.
La Laïde habitait grande-rue, dans la
maison renfoncée à
côté de la villa des
Marguerites. Au jardin, c'est là
qu'elle lui criait "docteur, il y a quelqu'un
pour vous".
"Mon grand-père élevait
des poules et des lapins. Il n'aimait pas
tuer les poules, alors ça faisait des
vieilles poules qui ne pondaient plus. Quand
je lui disais "tes lapins, il ne sont pas
gros", il répondait "mes lapins, ils
sont comme tout le monde" (c'était
pendant la guerre)."
"En 1953, mon grand-père est
décédé en laissant
derrière lui la formule d'une pommade
extraordinaire (anti-psoriasis), de son
invention et de sa fabrication, elle soignait
presque toutes les pathologies
dermatologiques. Ma mère a
retrouvé la formule et l'a
confiée à un pharmacien.
Hélas, le résultat ne fut pas
du tout celui escompté, il y avait
aussi un secret de fabrication que mon
grand-père n'avait pas
laissé."
"Il ramassait aussi toutes sortes
d'herbes dont j'ignore le nom, avec
lesquelles il prescrivait la consommation du
"bouillon blanc"."
la maison dite le
Prieuré, aux 15 & 17 de la Rue
Basse
"La maison de mon grand-père,
acquise après la guerre de 14-18
était en deux parties. Un
bâtiment allongé, au sud-est,
qui servait de dépendances, avec,
à son extrémité, une
tour carrée, à deux niveaux.
"
[En 2005, c'est le
numéro 15 de la Rue Basse,
occupé par la famille Huguet]
"L'autre bâtiment, plus
important, en L, avait un
rez-de-chaussée
surélevé. Une fois
passée la porte cochère de la
rue basse, on gagnait cette maison par une
double volée d'escaliers aboutissant
à un perron et une porte
d'entrée à deux battants. Le
hall d'entrée qui servait de salle
d'attente (il y avait peu de gens qui
attendaient, le docteur Simeray était
toujours sur les chemins,
particulièrement pour des
accouchements), donnait, sur la gauche
à la cuisine et une vaste salle
à manger (plafond à la
française, deux fenêtres sur le
jardin), et sur la droite, le cabinet
médical qui contenait la pharmacie et
surtout, chacun le garde en mémoire,
le fauteuil de dentiste et le mobilier de
cabinet dentaire qu'il avait acquis à
Besançon avant de s'installer à
Moissey."
[En 2005, c'est le
numéro 17 de la Rue Basse,
occupé par la famille Cabut]
"Au-delà du cabinet, dans la
partie de la maison qui fait l'angle de la
rue basse et de la rue de la gare, l'atelier
de saboterie. Mon grand-père faisait
des sabots de toutes sortes, des petits, des
gros, des fantaisies: il y a de l'or à
faire, aimait-il à dire, pourtant, il
ne s'est jamais enrichi. Pour ses sabots, il
avait acheté un machine et avait un
ouvrier."
"Dans cette maison, j'ai l'impression
qu'un temps, il y avait un bureau de
perception ou de réception de
l'enregistrement. Au décès de
mon grand-père, le Prieuré a
été vendu à Monsieur
Labbé, dentiste à
Besançon, puis a été
acquis par Monsieur Moreau, qui enfin l'a
revendu à la famille de Monsieur
Cabut, son actuelle propriétaire en
2005."
les
guerres
Mon
grand-père disait:
"j'ai vu
trois guerres, mais je n'ai participé
à aucune".
"«Pendant
la guerre de 70 (1870), alors que j'avais
neuf ans, à Chaumergy, un Prussien m'a
tendu une bouteille vide pour que je la lui
ramène pleine. Naturellement ma
mère a refusé, aussi, lorsque
que je lui ai rapportée vide, il s'en
est saisi et me l'a lancée dessus. Je
me doutais du geste et je l'ai
esquivée»."
"En 1914, il a
vu ses trois fils partir, mais Maurice, le
plus jeune a été porté
disparu le 11 septembre 1914, au Pont
d'Aspach près d'Altkirch. Les deux
autres sont revenus glorieux, couverts de
médailles."
"En 1940, il a
vu partir 3 de ses petits-fils. Mon
frère Maurice a été
prisonnier en Allemagne et mon cousin Alain
(fils d'Henri, médecin après)
appartenait à la 2e Division
Blindée du Général
Leclerc, les libérateurs de Paris.
"
"En 1940, mon
grand-père a été
obligé de loger quelques Allemands
pendant l'occupation. Pendant cette
période, j'ai beaucoup
fréquenté Moissey. En effet,
mon père Claude, médecin
à Moirans, est
décédé en 1937 et toute
ma famille est revenue s'installer à
Dole (maman, née Marie Blaise,
était doloise). Nous venions à
bicyclette et nous restions parfois plusieurs
jours au Prieuré."
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propos recueillis par Christel Poirrier à Dole, les
lundis 31 janvier, 7 et 14 février
2005.
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