village de moissey, dans le fief

les misères de la belle Sablière

dite des bois de Moissey

par Christel Poirrier, images de Bernard Chauvin (avril 1980)

Pour voir d'autres belles images de ce site enchanteur, avec plein de gentils petits enfants affamés, voir

le déjeuner sur l'herbe, à la Sablière, niveau supérieur (en 1972) et

les poulets rôtis, à la Sablière, niveau supérieur (1974)

Le front de taille libéral, photo de Bernard Chauvin (avril 1980).

la sablière banale. -dite des Bois de Moissey-

L'administration des Mines et Carrières appelle ce genre d'exploitation des sablières banales, non pas pour dire qu'elles n'ont pas de caractère industriel, mais plutôt pour désigner un usage sinon public, au moins communal. Le mot banal est une survivance du vocabulaire de l'ancien régime, qui qualifiait aussi bien le four, le moulin que le pressoir.

Le territoire de Moissey contient trois sablières, c'est-à-dire trois affleurements triasiques, qui sont naturellement regroupées au même endroit, à l'hectomètre près.

La plus petite, mais peut-être la plus mignonne est au carrefour du CD 37 et du Chemin de Poste. Elle est maintenant tombée dans le domaine privé, c'est-à-dire privé et clôturé, et c'est sur la pointe des pieds, depuis un portail métallique qu'on peut la voir, accueillant des engins de chantier.

La moyenne n'est pas vilaine non plus, elle se tient presqu'en face, à 200 m sur la route en direction du village, et une barrière à automobiles en interdit l'accès, mais il n'est pas compliqué d'y aller voir, à pied. Les habitants l'appelaient "Sablière des Bois Matherot", puis "Sablière Dubuc".

La troisième, la grande, la belle, la vraie, celle qui a son nom dans les archives municipales et dans le cœur des plus anciens, celle dont nous voulons raconter la vie, se présentait sur deux niveaux, à peut-être 300 mètres de la Grotte de l'Ermitage. On note sa présence dans les différents annuaires dès les années 1850 et il faut comprendre qu'avant qu'on rédige des annuaires, nos sablières étaient vraisemblablement déjà là. On appelait cette dernière, en 1920, "Sablière des Bois de Moissey".

Le niveau supérieur présentait des airs de déjà vu pour qui connaît la Grotte de l'Ermitage et les Carrières Meulières. Il faut dire "présentait" car l'autorité municipale a dû faire détruire ce site qui était apparu susceptible d'être dangereux.

Le niveau inférieur, c'est-à-dire la marche du bas de cet escalier à deux marches, donnait du sable meulier comme on en trouve partout dans les constructions du village et dans les enduits extérieurs des demeures. Ce sable, c'est ni plus ni moins que du grès vosgien -de la moulasse- en grains au lieu d'en conglomérats c'est-à-dire à liant très meuble. Il en reste encore de grosses quantités sur les trois sites qui figurent sur la carte d'Etat Major à l'échelle 1/25 000 mais l'exploitation n'est plus autorisée. Il faut dire que les entrepreneurs-maçons d'aujourd'hui ne se fatiguent plus à s'approvisionner en sable dans ces endroits, sable qu'il faudrait tirer de son front de taille, transporter et abondamment laver. Les sables à bâtir, maintenant propres et criblés à la bonne taille, proviennent du fond des rivières voisines, (Doubs, Ognon et Saône) et arrivent directement sur les chantiers et à des prix très intéressants, par exemple la tonne pas plus chère que le kilo d'agneau dans le gigot.

Mais la nature et la conjoncture n'ont pas été toujours aussi prodigues qu'aujourd'hui, et nos aînés, -au temps où ils ne parlaient guère aux étrangers et prenaient conjoint dans le même canton quand ce n'était pas dans la commune-, étaient bien contents et d'extraire du moellon meulier, du sable meulier, de la pierre à chaux, de la glaise tuilière, et de couper du chêne et du sapin sur place pour faire face à tous leurs projets de construction.

La sablière banale était accessible, c'était notoire, à tous les habitants de la commune et ses capacités étaient telles qu'il vînt à l'idée de quelques-uns d'en essayer le commerce.

oOo

 

Comme la dernière concession arrivée à expiration était celle de M. Téliet, le 13 avril 1939, la commune se voit autorisée en 1952 à accorder une nouvelle concession par l'autorité de tutelle c'est-à-dire les Eaux et Forêts puisque ces territoires sont soumis au régime forestier.

L'arrêté municipal pris par le maire Maurice Besson le 4 avril 1954, sans vouloir dramatiser est déjà restrictif, il y mentionne des règles de sécurité qui sont élémentaires mais qui attirent l'attention de l'Ingénieur des Eaux et Forêts, M. Plaisance, qui lui répond qu'il y a lieu de supprimer les surplombs à coups d'explosifs et aux frais de la commune, afin d'assurer la sécurité des ouvriers.

• En 1955, la candidature de M. Laget est abandonnée par lui-même,

• En 1960, Camille Roussel adresse une demande d'exploitation pour le compte des Sablières de la Serre pour la durée de l'année 1961. (Bail entre Roger Roussel-Riccardo Marcolin et la Commune de Moissey en date du Ier janvier 1961 pour une durée de 3, 6, ou 9 années, c'est-à-dire jusqu'en 1964, 1967 ou 1970, qui leur permet l'extraction de sable.) Mais la Société "Sablières de la Serre" se trouvera dissoute avant d'avoir été définitive.

• Le 9 mai 1966, la Société Socarmo (Société Carrières Ranchot Monnières) d'Orchamps, anciennement Cornu et Bordigoni, retire sa récente candidature parce qu'il a trouvé sa vie dans une sablière voisine à meilleurs prix.

• Le 23 septembre 1969, c'est l'Entreprise Paul Courtot de Chevigny-Saint-Sauveur qui désire exploiter à cet endroit.

 

Puis arrive le tournant de l'histoire de cette bonne sablière le 5 décembre 1978, par une circulaire préfectorale qui affirme la responsabilité des maires des communes en cas d'accident dans de telles carrières.

Le Maire de Moissey, Léon Désandes (1965-1979), répond aussitôt au Préfet, Michel Petit-Uzac, le 26 décembre :

 

« La Commune de Moissey possède une sablière d'une surface de 30 ares environ, sise dans la coupe n° 13 de la Forêt communale de Moissey soumise au régime forestier, référence cadastrale "Bois de la Serre A.C. 52".

Les seuls documents officiels détenus en mairie sont les suivants :

Arrêté municipal du 4 avril 1954 enregistré à la Sous-Préfecture de Dole le 10 avril 1954 fixant les conditions d'exploitation de la sablière, avec, notamment interdiction d'attaquer le banc de sable par la base et obligation d'extraction suivant une pente de 45 °.

Délibération du Conseil Municipal du 28 décembre 1960, approuvée le 16 janvier 1961 qui autorise l'exploitation de la Sablière, donnée à une entreprise tout en réservant gratuitement, une partie de cette Sablière aux habitants de Moissey.

Procès-Verbal de reconnaissance de la Direction Générale des Eaux et Forêts, Inspection de Dole, en date du 27 janvier 1961 concédant l'exploitation de la Sablière à la Société "Les Sablières de la Serre" pour un an.

A la faveur de la liberté donnée aux habitants de Moissey d'extraire, gratuitement, du sable pour leurs besoins propres, il est advenu aussi que des entreprises, travaillant pour le compte de la commune et des communes du Canton de Montmirey-le-Château, soit à l'occasion de l'adduction d'eau, soit à l'occasion du remembrement, ont extrait de cette sablière des quantités encore plus importantes du matériau en cause.

Il résulte de ces extractions, que des mini-falaises et des voûtes de sable endurci ont été créées qui pourraient constituer, avec le temps, un danger.

Sur la demande de la Municipalité et des Agents des Services de l'ONF, la Société des Carrières de Moissey est intervenue, il y a quelques années, pour tenter de désagréger ces falaises et ces voûtes.

Les explosifs utilisés ont été sans effet, ce qui a permis de ne pas considérer ce problème comme particulièrement urgent.

L'occasion du rappel de votre lettre circulaire remet à l'ordre du jour la sécurité de notre sablière communale.

Située en Forêt soumise au régime forestier, il semblerait souhaitable que les services de l'ONF soient informés des mesures à prendre. (...) »

 

Le nouveau maire du village, Bernard Chauvin (1979), fait diligenter études, enquêtes et devis pour démolir ou rendre inoffensif l'étage supérieur du site, celui qui contient trois excavations.

Le conseil municipal décide le 31 août 1979 d'arrêter définitivement l'exploitation de la sablière, puis il se tourne vers ses tutelles pour demander ce qu'il doit en faire.

Le 23 octobre 1980, l'Ingénieur des Mines, Mr Oury écrit au Professeur Chauve, Institut des Sciences Naturelles à Besançon :

 

« […] Après visite des lieux en date du 28 novembre 1980, il apparaît que cette ancienne carrière est située dans une formation intéressante du Trias inférieur.

En effet, le massif granitique de la Serre est recouvert d'une couche de plusieurs dizaines de mètres de formations détritiques à grains de quartz laiteux, emballés dans une matrice arkosique et argileuse de teinte rose, présentant de nombreuses stratifications entrecroisées. Ces niveaux transgressifs sur le sol granitique correspondent à un important épandage sur la pénéplaine ante-triasique. Les environnements géologiques voisins très intéressants incitent à conserver en l'état, la formation du trias inférieur de l'Hermitage de Moissey.»

 

Entre l' attrait géologique et la sécurité des personnes, les cœurs balancent. Les lettres entre la Mairie de Moissey et différents et nombreux interlocuteurs spécialistes ou administratifs sont nombreuses.

Le dossier est lourd et lent, et il est finalement résumé et conclu par une étude du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (B.R.G.M.) de Besançon, présentée par C. Javey, en avril 1981, qui dit  :


« I. Historique.

 

31 août 1979 :

Décision prise par le Conseil municipal de Moissey, d'arrêter définitivement l'exploitation de la carrière dite "La Sablière".

 

22 février 1980 :

Réunion du Conseil municipal au cours de laquelle le maire présente un dossier de remise en état du site, établi par les services de l'ONF, centre de Dole. Après délibération, le conseil municipal demande à la Direction inter départementale de l'Industrie, région de Bourgogne et de Franche-Comté, de présenter le dossier au Comité Directeur gérant la taxe sur les granulats.

 

A cet effet, une fiche de proposition est établie, dans laquelle les travaux de réaménagement suivants sont envisagés :

-briser les mini-falaises de 10 m de hauteur avec talutage à 45°,

-détruire les voûtes de sable formant multiples cavernes,

-recouvrir les talus de terre végétale,

-planter des arbres (résineux) de même espèce que ceux qui environnent la carrière.

 

24 octobre 1980 :

Monsieur le Professeur Chauve, consulté par la Direction inter départementale de l'Industrie sur l'intérêt géologique éventuel du site de "La Sablière", répond par l'affirmative et écrit qu'il serait souhaitable de conserver un front de taille dans la zone où les stratifications entrecroisées sont les plus belles et où les risques d'éboulement sont restreints.

 

26 mars 1981 :

Dans le but de conserver éventuellement en l'état le site de "La Sablière", la Direction inter départementale de l'Industrie demande au Service géologique régional de Franche-Comté du B.R.G.M. d'établir le programme-devis d'une étude de résistance et de stabilité à long terme des secteurs susceptibles de présenter un danger pour la sécurité des gens.

 

30 mars 1981 :

Nous avons effectué une reconnaissance du site et de ses environs, ce qui nous a permis de faire les observations suivantes :


II. État actuel de la carrière.

 

La Carrière de "La Sablière" est située au cœur du Massif de la Serre, au lieu dit de "l'Hermitage", à 2 km au sud-est de Moissey. Elle est ouverte dans les formations du trias inférieur, constituées par des sables et des grès grossiers, plus ou moins consolidés. Ces terrains ont été étudiés par C. Pernin qui en donne la description suivante, dans sa thèse de 3e cycle (Besançon, 1978), conforme à ce que nous avons pu observer:

 

"Le quartz et les éléments quartzitiques représentent 80 à 90 % de la roche; les feldspaths 5 à 15 %. La fraction fine contient également quelques paillettes de muscovite. Les données granulométriques obtenues en appliquant les méthodes décrites par J. Periaux en 1961 sont trop partielles pour permettre des conclusions générales, mais elles confirment les observations de terrains. La pente des courbes est forte, donc le sédiment est assez bien trié. La majorité des éléments est comprise entre 0,5 et 0,2 mm (médianes des courbes 0,7 à 1,4) ce qui caractérise une arénite grossière. Mais quelques galets de quartzite, lydienne… peuvent atteindre 5 cm. La matrice, essentiellement gréseuse (< à 10%), est peu colorée en rose par les oxydes de fer. La stratification est assez confuse, les bancs sont mal individualisés, les stratifications entre croisées et obliques sont fréquentes. La puissance de ce niveau est difficile à apprécier car on passe au suivant par de nombreuses récurrences de faciès. Nous l'estimons inférieure à 15 m."

 

A cette description, nous ajouterons que la cohérence de la roche a un caractère souvent lenticulaire et varie rapidement tant verticalement qu'horizontalement : on observe ainsi tous les stades depuis le sable meuble, jusqu'au grès consolidé, assez résistant, en passant par des grès tendres, plus ou moins friables.»

La carrière présente deux fronts de taille séparés par une plate-forme large de 30 à 40 m.

- Le front de taille supérieur, haut de 3 m (jusqu'à 330 cm) forme un arc d'une quarantaine de mètres. Il est constitué à la base, par des grès consolidés, friables, à stratifications entrecroisées bien visibles, au sommet par une assise d'aspect identique mais plus cohérente, formant une dalle épaisse de 130 à 150 cm.

-La plate-forme qui sépare les deux fronts de taille n'a pas été complètement déblayée et un cordon de matériaux en place subsiste au tiers amont de sa largeur.

-Le front de taille inférieur a une hauteur de 4 à 5 m et a une longueur de 80 m. Le talus tient à la verticale, mais la formation est peu consolidée et plus ou moins friable.

 

[NDLR: Certains écoliers du village de Moissey ont bien connu ce cordon - qui a l'aspect d'un remblai de voie de chemin de fer, ou d'une digue de 2 m de hauteur- et ces cavernes puisque c'est sur l'esplanade qu'ils limitaient qu'ils venaient faire cuire et manger des poulets avec leurs instituteurs, à la belle saison, quand l'année scolaire se fait longue et les programmes plus légers.

Ils ont bien connu aussi la plate-forme du bas, puisqu'ils y accédaient sur leurs fesses par un petit sentier qu'ils avaient transformé en tobbogan. Là, il y avait des vestiges des installations, la mare aux têtards, des chemins jolis et bien tassés, des creux, des bosses, des genêts, des mousses...

Pour les petits touristes, la sablière banale est tout autant imprimée dans le souvenir que l'existence de la Grotte voisine, dite de l'Ermitage.]


III. Évaluation du risque.

 

Deux types de risques existent dans la carrière abandonnée, l'un au niveau du front de taille supérieur, l'autre au niveau du front de taille inférieur.

 

3.1. Risque au front de taille supérieur.

 

Depuis son abandon (qui doit être ancien), ce front de taille a été dégradé par des extractions manuelles effectuées à la base du gradin, dans le grès friable. Ce travail de sape a eu pour conséquence de créer des cavités importantes sous la dalle de grès plus résistante.

Il est peu probable que ces grattages aient été effectués par des particuliers pour se procurer du sable, mais plutôt par des promeneurs ou des "pique-niqueurs" du dimanche, adeptes de l'Homme de Cro-Magnon. En effet, le lieu est très fréquenté car il se trouve sur le chemin forestier qui conduit à la grotte de l'Hermitage, site pittoresque qui se trouve 300 m plus loin. Par ailleurs, il est beaucoup plus facile d'extraire du sable à partir du gradin inférieur.

Quoi qu'il en soit, on observe maintenant trois cavités, sortes d'abris sous roche, dont la profondeur varie de 3 à 6 m et ne fera qu'augmenter si les grattages (dont on peut voir des traces très récentes) persistent.

La cavité la plus occidentale est la plus importante : elle montre une ouverture haute de 250 cm, large de 700 cm et s'enfonce de 500 cm en moyenne sous la dalle gréseuse; elle s'étend latéralement sur une longueur de 12 m et sa hauteur varie de 250 cm à l'entrée à 100 cm au fond de l'excavation.

La cavité médiane, séparée de la précédente par un pilier large de 5 m, est haute de 2 m. Son ouverture est longue de 8 m et sa profondeur maximale [horizontale] de 450 cm.

La cavité la plus orientale, séparée de la précédente par un second pilier large de 5 m, est la moins importante : longueur 7 m, hauteur 2 m, profondeur [horizontale] maximale, 3 m.

Malgré son aspect massif, la dalle qui constitue la voûte des cavernes n'est pas très cohérente et présente, en outre, deux sortes de discontinuité  :

-des stratifications entrecroisées, bien visibles au plafond des cavités et qui déterminent un écaillage de celui-ci, avec, comme conséquence, un amincissement progressif de la dalle,

-des grandes diaclases subverticales, orientées Nord-Sud, qui traversent toute l'épaisseur de la dalle.

 

Les gens qui fréquentent ces cavernes, et a fortiori ceux qui en grattent les parois, sont exposés à deux risques :

-un risque quasi permanent de chutes de pierres sous forme de petites écailles qui se détachent du plafond,

-un risque, beaucoup plus grave quant aux conséquences, d'effondrement du toit, consécutif à une rupture par cisaillement de la dalle gréseuse soit au niveau d'une diaclase, soit au niveau d'un amincissement de celle-ci.

 

3.2. Risque au front de taille inférieur.

 

Le front de taille inférieur fait l'objet d'une extraction sauvage, localisée à son extrémité occidentale. A cet endroit, sur toute sa hauteur (de 3 à 4 m), le talus est taillé dans un sable à peine consolidé, très friable. L'extraction provoque un sous-cavage et la mise en surplomb de la partie supérieure du talus qui risque de s'écrouler et d'ensevelir les personnes imprudentes creusant au pied.


IV. Intérêt Géologique du Site.

 

Pour le géologue, un affleurement qui permet d'observer une formation sur plusieurs mètres d'épaisseur est toujours intéressant et c'est le cas pour la carrière de "La Sablière". Cependant, en toute objectivité, nous pensons qu'ici, l'intérêt géologique est très relatif et qu'en tout état de cause, il ne mérite pas la mise en œuvre de moyens de réaménagements coûteux qui permettraient à la fois de sauvegarder l'affleurement et d'assurer la sécurité des personnes. Pour justifier cet avis, nous avons trois arguments :

 

-les sables et grès du Trias inférieur sont visibles dans deux autres carrières ouvertes sur le territoire de la commune de Moissey, à quelques centaines de mètres de la carrière de l'Hermitage, de part et d'autre du CD 37 (x = 842,65 ; y = 247,6 et x = 842,60 ; y =247,30). Ces deux affleurements sont d'ailleurs pris comme types de la formation par Monsieur C. Pernin (page 32).

 

-il aurait été intéressant de d'observer, dans la carrière, le contact des sables et des grès du Trias inférieur, et du socle cristallin sur lequel ils sont transgressifs. Or, ce n'est pas le cas et C. Pernin signale dans sa thèse, page 38, qu'il n'a observé nulle part ce contact, dans le Massif de la Serre.

 

-restent les stratifications entrecroisées qui sont bien visibles sur le front de taille supérieur de l'exploitation. Mais cette particularité s'observe également dans les deux carrières citées ci-dessus. Elle n'est d'ailleurs pas propre aux grès du Trias inférieur et on l'observe fréquemment dans d'autres formations secondaires (Bajocien supérieur, Callovien par exemple).


V. Réaménagement de la Carrière.

 

Dans son état actuel, la Carrière de "La Sablière" représente un danger pour la sécurité des personnes et, ne serait-ce que pour cette raison, elle doit être réaménagée.

Si on décide de conserver le front de taille supérieur, il n'y a que deux solutions :

-ou bien, on trouve un moyen efficace pour interdire totalement l'accès au front de taille et, du même coup on supprime le risque

-ou bien on maintient le libre accès. dans ce cas, il faut protéger les parois de façon qu'on ne puisse plus y effectuer de grattages et le seul moyen serait de recouvrir celles-ci d'une couche de béton projeté. Dans ces conditions, c'est l'intérêt géologique du site qui disparaît, sans préjuger de l'effet esthétique.

 

Si l'on décide de réaménager la carrière sans tenir compte de l'intérêt géologique, le plan de réaménagement prévu dans la fiche de proposition établie début 1980 (cf paragraphe I) nous paraît tout à fait satisfaisant car il permet, dans des conditions financières acceptables, de supprimer les risques d'accident et d'intégrer le site dans son environnement naturel.


VI. Conclusions.

 

Dans son état actuel, la carrière de "la Sablière" à Moissey, représente un danger réel pour la sécurité des personnes.

L'intérêt géologique du site perd beaucoup de sa valeur quand on sait qu'à quelques centaines de mètres de là, deux autres carrières, ouvertes dans la même formation, permettent de faire les mêmes observations. Ce critère ne nous paraît donc pas déterminant dans le choix d'un plan de réaménagement dont l'objectif essentiel doit être de supprimer tout risque d'accident.

 

En conséquence, nous pensons que le plan de réaménagement, tel qu'il a été défini par les services de l'ONF est tout à fait valable et mérite d'être retenu. Actualisé, le coût de cette opération devrait s'élever à 72 000 F TTC environ. »

 

Le 20 mai 1987, le Maire de Moissey, Bernard Chauvin, rédige un rapport de fin de travaux dans lequel on peut lire :

 

-que les travaux de terrassement ont été réalisés en 1983 par une entreprise locale, avec un brise-roche puissant et sans explosifs,

-que le montant des travaux est resté dans l'enveloppe arrêtée en 1981,

-que les services de l'ONF ont effectué en 1984 et 1985 les plantations décidées, et poursuivent tous les ans le complément de plantations.

-que cette opération de réaménagement s'est déroulée sans problème majeur, si ce n'est quelques réflexions agressives de la part de certaines personnes (deux) regrettant la disparition des cavernes s'apparentant à des grottes naturelles.

 

oOo

 

Au cours de cette longue aventure, on a pu remarquer que le nœud du débat était de texture géologique, à savoir, cette sablière qu'on voulait raser faisait-elle double emploi avec les deux autres ? Oui et non.

Oui à l'époque des études du cas. Non aujourd'hui, puisque les deux autres sont sur le domaine privé et interdites d'accès.

 

Il semble, avec du recul, qu'on ait peut-être un peu surestimé le danger que présentaient ces sablières, mais n'est-ce pas là la définition de la sécurité ? C'est à dire admettre une marge de protection supérieure à la normale pour gagner la certitude que le danger est complètement écarté.

christel poirrier, 1993.

L'esplanade de la Sablière, là où les écoliers mangent des poulets en papillotes. Photo de Bernard Chauvin (avril 1980).

Le niveau inférieur, où des particuliers tiraient du granulat jusque vers 1970. Photo de Bernard Chauvin (avril 1980).

Le niveau inférieur au premier plan, le niveau supérieur plus loin. Les habitants grattaient en haut et en bas. Le front du haut avait rendu tout ce qu'il pouvait, donc vers 1970, on tirait encore du sable en bas (photo précédente). Photo de Bernard Chauvin (avril 1980).

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