village de moissey

l'un des meilleurs porphyres de France

est extrait de la carrière de Moissey

texte Jean-Claude Bussière, photos Christel Poirrier

article du Progrès de Lyon du 25 mai 1971

 Monsieur Bogillot, le chef-carrier, jette un dernier regard circulaire pour s'assurer qu'aucun imprudent ne s'est aventurer sur le chantier. D'ailleurs, des hommes ont été postés sur les chemins qui y conduisent avec la mission d'en interdire l'accès. Il y aurait grand danger à passer outre! Les puissantes trompes ont retenti à plusieurs reprises. Leur mise en garde a été respectée, Monsieur Bogillot peut accomplir sa besogne.

Il actionne le détonateur qui est placé devant lui. Aussitôt, une série de déflagrations déchirent le silence, une pluie de rochers s'abat s'abat sur cette partie du chantier désertée par les ouvriers, un nuage de poussière s'élève lentement... Là-bas, sur le flanc de la carrière dévoré par la dynamite, 10 à 12000 tonnes de rochers se sont effondrés. La blessure béante qui ronge le vieux massif de la Serre s'est agrandie un peu plus. Les ouvriers peuvent reprendre leur travail. Il en est ainsi deux fois par mois depuis des dizaines d'années.

Le maître de la dynamite, André Bogillot. ©Poirrier

Production annuelle : 250 000 tonnes.

 

Située au pied même des premières pentes de la Serre, la carrière de Moissey s'étend sur une une surface de 16 à 18 hectares, en bordure de la route qui mène à Amange. Elle a été mise en exploitation au cours de la première guerre mondiale par l'armée française et c'est la Société d'exploitation et de transport Pernot et la SCREG qui en a la charge depuis onze ans.

Nous avons rencontré M. Camille Pernot qui a bien voulu nous faire visiter ce chantier, qui est l'un des trois qu'il possède.

Nous nous sommes d'abord rendus au fond de la carrière, sur le front de taille, où s'amassent d'énormes éboulis de porphyre. Le porphyre est une jolie roche, très dure, tantôt rougeâtre, tantôt verdâtre et celui de Moissey est l'un des cinq meilleurs de France! Ici, on en extrait actuellement 250 000 tonnes chaque année qui seront presque entièrement utilisées par les services des Ponts et Chaussées; 80% entreront dans la composition des enrobés routiers et 20% serviront de gravillons de revêtement.

Mais avant de revêtir nos routes, la roche doit être travaillée.

Le P1 en 1971 (photo Le Progrès, Christel Poirrier).

- Le poste 2, qu'on pourrait appeler P 2 a été construit sur les Bois Besson en 1949/1950.

le P2 en 1971, (photo Le Progrès, Christel Poirrier).

Son installation comprend en particulier le P 110, deuxième poste de concassage construit par Cogénor en 1956. C'est l'entreprise Bourachot qui en a fait toute la maçonnerie.

le P110, en fonction (photo Le Progrès, Christel Poirrier, 1971)

du concasseur au chantier des Ponts et Chaussées

Lorsque les explosifs ont accompli leur besogne (on en utilise environ deux tonnes et demie par mois), lorsqu'un pan du massif a été disloqué, les milliers de fragments de porphyre sont entassés par des chargeurs "carterpillar" dans trois gros camions, les "dumpers", qui font la navette entre le front de taille et un tamis qui opère une première sélection. Les cailloux qui ont été suffisamment broyés sont alors livrés à des concasseurs de tailles différentes qui produisent des graviers de 8 à 12 mm, des gravillons de 4 à 8 mm et du sable de moins de 4 mm de diamètre. Un dernier crible élimine ce qui ne répond pas aux granulations désirées pour le renvoyer aux concasseurs.

Un nouveau voyage des "dumpers" est maintenant nécessaire pour conduire les gravillons et les graviers dans les trémies qui s'élèvent tout près de la route. Ces trémies effectuent un lavage, dernière phase des opérations que le sable, lui, n'aura pas à subir.

Ce travail achevé, la production sera stockée puis livrée aux chantiers des Ponts et Chaussées par une dizaine de poids lourds.

Concasseurs, cribles, trémies, camions et engins de toutes sortes doivent représenter un investissement considérable... "Ce chantier, entièrement équipé de matériel neuf; reviendrait à environ 300 millions d'anciens francs", nous précise M. Camille Pernot. On ne s'improvise évidemment pas carrier.

les ouvriers

La carrière de Moissey fait vivre 25 personnes. Parmi celles-ci, quelques ouvriers d'origine portugaise, qui pour la plupart, ont choisi de s'installer à Offlanges.

village d'offlanges

la cantine d'Offlanges

résidence ouvrière pour les carriers de M. Téliet

photos ©Christel Poirrier-1987

Le fondateur de la carrière moderne, Jean-Marcel Téliet, avait des idées utopistes francomtoises pour loger ses ouvriers. Cet immeuble construit sur Offlange contenait plusieurs appartements, et une "cantine" pour les ouvriers. Elle accueillait un grand nombre d'ouvriers-carriers avec leur famille, souvent d'origine portugaise.

le P1, par Elisabeth, peintre à Offlanges

La carrière, huile sur toile de Elisabeth Le Gros, automne 2001.

moissey.com

autres articles sur le porphyre de Moissey

textes de:

Christel Poirrier

1. La carrière ballastière des Gorges de 1920 (recherche de 1971)

2. La carrière ballastière des Gorges, vue aérienne militaire (1925)

Christel Poirrier

3. L'entreprise Jean-Marcel Téliet, (en 1931)

4. Images de la "Cantine d'Offlanges" des années 30, avant la réhabilitation (2003)

Le Progrès-Les Dépêches

5. La carrière porphyrique, la reprise par la famille Pernot, en 1960

6. La carrière porphyrique, vues aériennes DDA/IGN (1953 et 1962) et plan IGN (1979)

7. Le poste d'enrobé de la SCREG sur place (1971)

Le Progrès

8. L'un des meilleurs porphyres de France est extrait à Moissey, le Progrès (1971)

Jérôme Cornéglio

9. L'Eurite de Moissey, par Jérôme Cornéglio (1991)

Christel Poirrier

10. Avec Jean Nicolin, carrier au long cours (1996)

Christel Poirrier

11. L'Eurite de Moissey, par Charles Mignot (1996)

Peinture de ELG et FM

12. Le Poste UN, par le peintre Elisabeth Le Gros (2001) et son papa (1968)
12bis. Le Poste UN, par le peintre Fabrice Martin, aquarelle de 2008

Christel Poirrier

13. les témoins de la carrière porphyrique (1996 et plus tard)

14. Cartes Postales aériennes la carrière de Moissey au long du temps (en attente d'autorisations)

15. Vues aériennes des Carrières de Moissey en 1999

les Moisseyais

16. L'image de couverture, mais en entier (vue aérienne de 1999)

Christel Poirrier

17. La carrière de Moissey, état des lieux, avec Jean-Louis Dengerma, le 15 avril 2004

Christel Poirrier

18. La dynastie "carrière" des Pernot (27 avril 2004)

Christel Poirrier

19. Entretien avec Jean-Paul Campanato, comptable au long cours (13 mai 2004)

Serre Vivante

20. Une visite de la carrière de Moissey pour la Journée du Patrimoine de Pays (20 juin 2004)

Foyer rural Moissey

21. Expo sur la pierre au FPA, le résumé de l'ensemble en images, le 15 juin 2004

Foyer rural Moissey

22. Expo sur la pierre à Moissey, inauguration au Foyer-logement, le 15 juin 2004

Le Progrès, 2009

23. La carrière de Moissey continue

Jean-Marcel Téliet, 1942

24. Mémoire sur la création d'un groupe agricole dans le cadre d'une exploitation industrielle par Jean-Marcel Téliet, entrepreneur TPE, maître-carrier à Moissey, ancien des Arts et Métiers de Cluny, 1942

25. Le parcours d'un gravier depuis le front de taille de Moissey jusqu'au revêtement routier. (attente d'un gravillon candidat)

Christel Poirrier, 2010

26. Jean-Marcel Téliet, maître-carrier à Moissey de 1930 à 1954, sa vie son oeuvre

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