Marcel Pitot-Belin est né le 3
octobre 1913, à Moissey,
dans la maison dite de la Parisienne, rue Belle
Orange,
- de son père Joseph
Pitot-Belin né à Moissey en 1858
(+1947), et
- de sa mère Anasthasie Guyot née
à Tourmont en 1870.
Le petit Marcel a fréquenté la salle
d'Asile, (AB 436), l'école maternelle, avec Mlle
Marie-Justine Digrado,
puis, il a passé et obtenu son certificat avec
M. Edmond Guinchard à l'école des
garçons (AB 191).
Du certificat d'études jusqu'au
régiment, il s'est mis au travail avec son
père, comme ouvrier journalier de culture, puis
comme employé à la Scierie Béjean,
puis à la Saboterie du même nom, et enfin
à la Carrière Téliet.
Après son service militaire commencé
à 21 ans, il se voue à la carrière
militaire. En 1939, il rencontre son épouse au bal
à Choisy-le-Roy avec laquelle ils auront deux
enfants,
- Serge né en 1941
et
- Lionel né en 1946.
Il rejoindra Dole pour sa retraite en 1973,
après avoir bâti son chalet de campagne,
dans le quartier industriel de Moissey, en 1969, (permis
de construire signé le Léon
Désandes, maire à ce
moment-là).
La grande
guerre.
J'étais petit
à l'époque, mais je me rappelle bien du
jour du 11 novembre 1918, l'institutrice nous a
montré les dessous de la fête de la
victoire : un quartot de vin avait été
installé sur un chevalet à l'entrée
de l'église pour réparer les forces des
sonneurs de cloches qui n'arrêtaient pas de sonner.
Ils ont aussi brûlé un Guillaume II en
paille.
J' ai fait ma communion sous
la férule du curé Faustin Tournier, qui
n'était pas un commode.
Puis j'ai travaillé
avec mon père comme journalier. Quand le
père et le fils, nous travaillions chez les
maquignons pendant un mois ou deux, nous gagnions 10 F
chacun, nourris, par jour. Mais nous faisions des
journées de 15 heures.
La Scierie Béjean
était dans le bâtiment en dur, en
deuxième rang par rapport à la
route.
Vers 1929, je suis
entré à la scierie. Je chauffais. C'est
à dire que je m'occupais de la machine à
vapeur qui fournissait toute l'énergie
mécanique de l'entreprise, et plus tard de la
Saboterie. C'était une vieille
machine.
Marguerite s'occupait de
l'administration et de la finance, son fils Marcel
dirigeait la boutique. Monsieur Fichot conduisait une
équipe de 3 ouvriers. J' étais payé
1,50 F de l'heure. On sciait des grumes de la
région que André Barbier (le mari de
Blanche, la future jolie laitière) allait chercher
avec l'unique camion de la maison. Ce camion avait des
roues pleines à l'arrière et des
pneumatiques à l'avant.
Il y avait un cheval qui
tirait un diable pour amener les arbres du
dépôt au sciage. Le cheval s'appelait
César, c'était une vraie carne; comme il
était conduit par tout le monde et par personne,
il fallait s'en méfier. Un jour que je
transportais un cageot de copeaux, il m'a culbuté
et je suis tombé sur mon derrière, sur une
pointe de hache. C'est le vieux Docteur Simeray qui s'est
occupé de moi.
Une fois, mon père
était allé en vendanges chez Arsène
Ardin, il avait été piqué. Il ne
pouvait plus parler. Le sang n'a pas coulé. Il a
eu une éruption de boutons puis tout est
rentré dans l'ordre. Était-ce une
vipère, on ne l'a jamais su. C'est le Dr Simeray
qui le soignait.
La
Saboterie.
Vers mes 17 ans, je suis
entré à la Saboterie. C'était un
bâtiment racheté du Camp des Gorges qui
avait été monté contre le flanc
"Est" de la Scierie. (Ce bâtiment n'y est plus, il
y a, à la place, le hangar métallique qui
abrite les camions Béjean-Kayser.
La
Saboterie était
toute mécanisée. Il fallait
préparer, régler et surveiller les
machines.
Marcel Cointot faisait le
dégrossissage, c'est à dire il passait du
brut de sciage à l'ébauche, moi
j'étais au tour, pour affiner la forme, un autre
était à la creuseuse, pour ménager
l'espace pour le pied, puis la paire de sabots passait
aux finitions. C'étaient les femmes qui
finissaient, un petit motif sculpté avec une
espèce de gouge, et de la peinture. Du noir pour
les champs, du jaune "or" pour aller à la messe.
La Marcelle Simon, elle y était.
En novembre 1930, j'ai eu
mon accident sur le tour, je me suis fait dévorer
la main par les outils tournants, un morceau du pouce,
deux phalanges de l'index, et tout le flanc du majeur.
C'est Marcel Béjean qui m'a pris en charge, dans
son automobile. Il n'y en avait pas beaucoup des autos,
chez Thomas, chez Besson. Il m'a emmené à
Dole à la clinique Jennessaut, rue Bernard. C'est
le Dr Mignot, qui était aussi maire de
Montmirey-la-Ville qui m'a soigné. Marcel m'a
ramené, j'ai mangé avec eux à midi,
chez eux, autour de la grande table, la table
d'hôtes. Marcel Béjean, c'était
quelqu'un de bien.
J'ai été
arrêté 2 mois, puis j'ai été
mis au chantier, c'est à dire à la
manipulation des bois, puis au chauffage. Le chantier,
c'était attacher les grumes avec des chaînes
et les déplacer avec un essieu et une
flèche. Quand la grume était à peu
près en équilibre sur les deux roues, on
pouvait atteler et déplacer.
La Carrière
Téliet.
Plus tard, je suis allé m'embaucher
à la Carrière Téliet.
On mettait des gros blocs sur des wagonnets
Decauville, voie de 60 ou à peu près, on
les poussait jusqu'au concasseur qui siège tout
contre la route, puis on basculait la benne et on
recommençait.
Je suis entré chez Téliet en 1932 ou
1933. A mon avis, cette carrière était
toute récente, un an ou deux d'âge.
A ce moment-là, les Béjean n'avaient
pas encore attaqué dans les bois Besson.
moissey, le vendredi 19 juillet 1996, au
chalet.
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