village de moissey et de montmirey-la-ville

"le sénateur Pierre Lefranc"

né à Montmirey-la-ville le 26 novembre 1815 et décédé à Versailles le 16 juin 1877

inhumé à Moissey

page de Christel Poirrier

autres pages sur les bustes de Marianne et du Sénateur Pierre Lefranc

La Fontaine de la République, abreuvoir depuis 1880, puis lavoir depuis 1988 (1996)

la Marianne de Moissey et le Sénateur Lefranc, d' E. Boeglin, 1991

La vie du Sénateur Pierre Lefranc, Gérard Bonet, 1987

image d'Etienne Carjat, photographe, Paris

portait de Pierre Lefranc (devenu sénateur le 30 janvier 1876, à 61 ans)

la vie de Pierre Lefranc par Max Roche

texte de Max Roche et Michel Vernus, dans le Dictionnaire Biographique du Département du Jura, Arts et Littérature sarl-1996.

 page aimablement empruntée à ce dictionnaire, c'est même la page 316.

 

Né le 26 novembre 1815, à Montmirey-la-ville (Jura).

Après avoir été clerc de notaire à Dole en 1832, il étudia le droit à Paris, puis s'y établit comme avocat en 1840. Il collabora en 1844 à la "Revue Indépendante", signat ses articles du pseudonyme Jacques Bonhomme. La famille Arago ayant fondé un journal d'opposition à Perpignan, elle le choisit comme rédacteur en chef. Il devint ainsi journaliste à l'Indépendant des Pyrénées Orientales, à Perpignan. (Ce titre existe encore en 2005 et compte parmi les trois plus anciens journaux de France encore vivants).

Lors de la révolution de 1848, il fut élu, le 4e sur 5, député des Pyrénées-Orientales. Il vota avec l'extrême gauche, et fut réélu à l'Assemblée Législative de 1849. Le coup d'état du 2 décembre 1851 interrompit sa carrière et il fut exilé. Rentré en France, il dirigea ensuite une maison de commerce. La chute de l'Empire (II) lui permit d'être nommé préfet du même département le 5 septembre 1870. Mais il refusa ce poste. Puis il fut élu député à l'Assemblée Nationale le 8 février 1871. Enfin, il fut choisi comme sénateur le 30 janvier 1876 et mourut l'année suivante.

Lefranc fut également poète et écrivain. On possède de lui "la République et les Partis (1851, in-18); le Mariage du Vicaire (1863, in-18); Les Livre d'Or des Peuples, recueil périodique (Paris, 1865-1874, 6 volumes, in-4); Le Rastel électoral (1868, in-8); Le 2 décembre 1851, ses causes et ses suites (1870, in-18); Questions du jour (1873, in-16).

Mort le 16 juin 1877 à Versailles (Seine-et-Oise).

Bibliographie: René Bargeton, Dictionnaire biographique des Préfets (1870-1982), Paris 1994, p. 344 et 345.

Max Roche

image de Gérard Bonet, auteur de la biographie de Pierre Lefranc

buste original du Sénateur Pierre Lefranc (signé Gustave Lefranc) au sommet de sa sépulture, à l'angle nord-est du cimetière de Moissey. Ce bronze a été volé.

la vie de Pierre Lefranc par Gérard Bonet, journaliste

texte issu de l'ouvrage de Gérard Bonet "L'Indépendant des Pyrénées Orientales, un journal dans l'Histoire" édition locale, 1987.

Franc-Comtois, Pierre Lefranc vient au monde le 26 novembre 1815 dans un petit village du Jura, Montmirey-la-ville. En 1846, il a donc 31 ans. Issu d'un milieu modeste, composé de petits propriétaires terriens et d'hommes de loi, il est le quatrième enfant d'une famille qui devait en compter six.

De la prime enfance de Pierre Lefranc, nous ne savons que bien peu de choses. Ses études sont incomplètes. Il ne fréquente aucun collège et c'est le curé du village qui éveille chez lui le goût des études. Adolescent, c'est son frère Victor, séminariste, qui lui enseigne les langues classiques. Plus tard, on dira de Pierre Lefranc qu'il était "doué d'une intelligence assez remarquable et que les sciences et les lettres avaient pour lui un attrait invincible".

Formé intellectuellement par des prêtres, pris entre un père ancien volontaire de 1792 pour qui tous les hommes de la Grande Révolution étaient des héros et une mère très pieuse, pour qui ces mêmes hommes étaient des scélérats, Pierre Lefranc sort de cette éducation première envahi par le doute et une incertitude qui l'accompagneront longtemps. Homme mûr, il se rangera, idéologiquement parlant, du côté de l'ancien volontaire de 1792. Au plan religieux et notamment au crépuscule de sa vie, sa vieille éducation judéo-chrétienne le fléchira sans pour autant totalement triompher. Ce sera une des dualités de sa vie, peut-être la plus importante.

Enfant de faible complexion, le jeune Pierre est plus attiré par les livres que par le rude métier de paysan. Toutefois, jusqu'à 16 ans, sa vie s'écoule entre les travaux des champs et l'étude de son père où il fait toutes les écritures. Lorsque l'âge se faisant sentir, celui-ci abandonne, en 1831, sa charge d'huissier, Pierre, alors âgé de 16 ans, part à Dole où il s'emploie comme clerc chez un important avoué de la ville, Me Bey. Pierre y reste jusqu'à un jour de l'année 1835. Il rentre alors chez un notaire de Dole, Me Adeleine, en qualité de premier clerc. C'est à ce moment qu'il commettra quelques excès qu'on lui reprochera plus tard et qui en mai ou juin 1937 lui ferment les portes de son travail.

Cette année-là, Lefranc quitte Dole et gagne Besançon, puis Morteau, dans le Doubs. Vraisemblablement par l'intermédiaire d'un inspecteur d'assurances de ses amis, il est embauché comme agent à la Compagnie de l'Union.

Fin 1838, début 1839, à 24 ans, la tête pleine de projets et les poches probablement remplies de poèmes dans la veine de Béranger, un petit Franc-Comtois nommé Pierre Lefranc s'en va à la conquête de Paris.

Dans la capitale, très rapidement il contacte le célèbre chansonnier. D'abord épistolaires, leurs relations se transforment à partir de 1844 en une solide amitié. Des relations tissées autour d'un goût commun pour la poésie et les chansons, nourries de l'admiration de Lefranc et de l'affection du "sage de Passy", des liens qui ne se distendront pas avec la mort de Béranger et qui entrera dès lors dans le panthéon de Pierre Lefranc.

Le jeune franc-comtois publie son premier article dans la livraison du 10 octobre 1844 de la Revue Indépendante sous le pseudonyme de Jacques Bonhomme; un clin d'oeil à ses origines de français moyen. A cette époque Lefranc est toujours employé à l'Union, non plus comme démarcheur mais dans les bureaux de la société. Cette première collaboration du jeune homme à la revue de Georges Sand suit de près l'amitié qui vient de s'instaurer entre lui et le "poète national". Une coïncidence qui, pensons-nous, ne fut pas fortuite, eu égard aux très bonnes relations qui existaient entre Béranger, Leroux et l'auteur de "Consuélo".

Des premiers articles de Pierre Lefranc dans la Revue Indépendante, le poète se montre très satisfait.

 

à suivre...

image de 1989, à l'occasion du bicentenaire de la révolution ©Hervé Charleux-1989

buste du Sénateur Pierre Lefranc (copie de l'original signé Gustave Lefranc) au sommet de la grande fontaine Attiret, place de Moissey

le mystère Lefranc, par Christel Poirrier

Le mystère Lefranc serait le fait qu'il ait été honoré et inhumé à Moissey et qu'aucune trace publique n'ait été aménagée à Montmirey-la-ville.

 

La statue de Pierre Lefranc sur la fontaine monumentale et centrale de Moissey appartient au décor du village et apparaît sur toutes les cartes postales. En particulier l'une d'elle a été éditée par la famille Lefranc. En 1988, au moment de la réfection de la grande fontaine, le buste de Pierre Lefranc a été déposé et il a été rendu à son descendant Robert Lefranc qui vit dans la maison Lefranc à Montmirey-la-ville, et a été remplacé, par une croix et une olive, comme c'était, dit-on, à l'origine.

Pierre Lefranc a été inhumé à Moissey, dans le coin Nord-Est du cimetière. Sa sépulture est un dôme en calcaire artificiel surmonté de son buste en bronze. Ce buste était connu de bien des passants et des automobilistes puisqu'il dépassait, en altitude, le mur d'enceinte. Il y a une vingtaine d'années, ce buste a été dérobé une nuit. Le buste au pinacle de la grande fontaine était une copie, et après sa dépose, la famille l'a confié au musée des Beaux-Arts à Dole où il doit se trouver encore, en attendant un avenir meilleur.

Dès qu'on essaie de voir plus clair dans cette histoire, on y sent très vite des effluves de bataille de religion, du moins du vieux bras de fer entre la république accommodante et la république qui veut en avoir fini avec le cléricalisme.

Sur le devenir de Pierre Lefranc après sa mort, deux questions se posent, pourquoi pas Montmirey son village natal et alors pourquoi Moissey ?

à suivre...

sépulture du Sénateur Pierre Lefranc, au cimetière de Moissey, le buste a été emprunté, on ne sait pas par qui...

autres pages sur les bustes de Marianne et du Sénateur Pierre Lefranc

La Fontaine de la République, abreuvoir depuis 1880, puis lavoir depuis 1988 (1996)

la Marianne de Moissey et le Sénateur Lefranc, d' E. Boeglin, 1991

La vie du Sénateur Pierre Lefranc, Gérard Bonet, 1987

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