village de moissey

le chemin du lait
est rendu aux piétons

page [texte et images] de Christel Poirrier

 
le chemin du lait est rendu aux piétons

Ce chemin est comme tout, il est né, il a vécu et il a mouru.

Né en 1967 pour les besoins de la cause, il vient d'être "désarmé" pour raison de sécurité publique et surtout enfantine.

En 1966, lorsque la laiterie, plutôt, le dépôt de lait, était là où on a longtemps hébergé les tapis de judo, les paysans de la rue haute traversaient la cour de récréation pour ne pas être obligés de faire tout le tour, tout comme le canal de Suez a économisé tout le tour de l'Afrique.

Seulement, les habitudes sont vite prises et même les moins bonnes: des piétons traversaient cette cour même pendant les heures de classe, et il est arrivé que quelqu'un se trouve là pendant les récréations, où il aurait pu prendre en pleine tête le ballon des joueurs de balle au prisonnier, et peut-être s'effondrer sous des tirs puissants et nourris.

Ce jeu était très en vogue et nous nous préparions plusieurs fois par jour, pas plus de quatre, pour les jeux olympiques qui ne l'ont jamais inscrit à leur menu.

Les maîtres se saisirent des événements pour demander au maire, Léon Désandes, de prendre un arrêté d'interdiction. Léon Désandes, ancien commandant de l'armée de l'air, était maire depuis le printemps 1965, et s'il reconnaissait le bien fondé de cette requête, il fut pas moins dans l'impossiblité de satisfaire tout le monde, en particulier Virgile Ruisseaux qui était son adjoint et son beau-frère, qui habitait 7 rue haute. Marcel Mignot était aussi dans le coup, il apportait plusieurs bouilles dans une remorque à main.

Le maire prit donc très rapidement la décision d'ouvrir un chemin parallèlement au mur de la cour de récréation, ce qui fut fait en trois ou quatre jours grâce à la brigade des Ponts et Chaussées de Moissey conduite par René Chauvin.

La cour de l'école avait deux entrées, donc deux sorties. Le passage officiel était le portillon de la grosse porte cochère. Puis quand arriva le regroupement pédagogique -1992- , il fallut créer une sortie sur l'Esplanade pour rejoindre le service des autobus. Le chemin du lait fut abandonné par les paysans, qui pour les uns, prirent leur retraite, pour les autres furent ramassés par la fromagerie de Chevigny.

Il n'en demeura pas moins que des dizaines de voitures empruntèrent ce passge, en particulier les Offlangeais, qui avaient la paresse de prendre le bon chemin, qui est celui de l'épingle à cheveux du CD 37. Ce chemin subissait de la circulation -inappropriée- automobile dans les deux sens.

En 2018, le Conseil Municipal décida de fermer cette route aux véhicules afin d'assurer une réelle protection pour les écoliers. En effet, aux heures de bus, aux heures d'école, la population scolaire fourmille tout ce qu'elle peut entre la grille de l'école et l'Esplanade, ainsi que les parents d'élèves, et leurs pompes et leurs oeuvres. Tout ça, ça fait du monde et bien sûr la proximité du trafic routier et son intensité sont tout ce qu'il y a de plus risqué pour les bipèdes qui s'y trouvent.

Un panneau, amovible, indique cette décision qui n'est pas loin d'être définitive. Le chemin du lait n'est pas interdit aux cyclistes. Le panneau reste amovible, avec de l'outillage, afin de permettre l'intervention exceptionnelle d'engins qui assurent l'entretien des immeubles et voies communales.

 moissey, septembre 2018.

christel poirrier

A gauche, pas de chemin du lait, en 1965. A droite, création soudaine du chemin du lait, en 1967

le même chemin en 1969, avec des enfants du patronage municipal

le dernier dépôt de lait, que les paysans alimentaient matin et soir

le chemin du lait, 50 ans après sa création

le nouveau barrage pour interdire le passage des voitures

image pour les myopes

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