village de moissey

la tuilerie gallo-romaine de plus près

extrait de l'Encyclopédia Universalis CD-5. Club Français du Livre, BP 60006, 21096 Dijon cedex 9. tél 03 80 78 48 48

l'archéométrie

par Loïc Langouet, docteur ès sciences physiques, maître-assistant à l'université de Rennes, directeur du Centre régional archéologique d'Alet

Une tegula (une partie)

l'archéométrie

ARCHÉOLOGIE Traitement du matériel - L'archéométrie

L'archéométrie désigne, d'une manière générale, toutes les recherches visant à appliquer des techniques scientifiques au domaine archéologique. De telles applications ont pour but de fournir des données quantitatives et objectives aptes à déterminer la localisation et l'étendue des gisements, à faciliter la datation des occupations, la provenance des mobiliers, la compréhension des technologies anciennes et l'environnement des sites.

En France, l'archéométrie liée aux sciences exactes s'est engagée dans quatre voies principales:

la prospection,

la datation,

l'analyse des matériaux et

le traitement des données.

Ces divers types de recherches, auxquelles s'ajoutent celles qui sont liées à l'environnement (faune et flore), à l'anthropologie, etc..., reposent sur la collaboration d'archéologues et de divers spécialistes au sein d'équipes pluridisciplinaires. Dans une collaboration idéale, l'archéologue définit une problématique: en liaison avec les archéomètres et selon les possibilités techniques, un programme de mesures est arrêté; après sa réalisation, l'exploitation des résultats est effectuée conjointement par les archéologues et les archéomètres, ceux-ci connaissant bien les limites d'interprétation. Il serait tout aussi néfaste à la science archéologique que l'archéomètre définisse seul ses objectifs de recherche ou que l'archéologue assure seul la constitution des échantillonnages ou l'interprétation des mesures.  

Dans le domaine des sciences exactes, même si la quête de techniques scientifiques par l'archéologie remonte à un temps relativement ancien - ainsi pour la préhistoire européenne -, c'est l'avènement de nouvelles méthodes d'analyse, de datation ou de prospection après la Seconde Guerre mondiale qui a précipité l'éclosion de l'archéométrie. D'une part, l'accélération des connaissances des phénomènes radioactifs a débouché, en particulier, sur la datation par le radiocarbone ou par thermoluminescence, sur l'analyse par activation, etc. D'autre part, l'amélioration des techniques radioélectriques et électroniques a permis, entre autres, la conception d'appareils divers de prospection, de traitements des données de base.

Les mathématiques liées à l'archéologie faisant l'objet d'une présentation distincte et les sciences environnementales étant présentées isolément, seules la prospection, la datation et l'analyse seront étudiées ici.


La prospection

La prospection archéologique constitue une phase préparatoire de toute recherche méthodique. Bien menée, elle peut apporter des renseignements assez riches pour permettre l'économie d'une fouille. Depuis une trentaine d'années, avec l'apport de la technologie, l'archéologie fait appel de plus en plus à des techniques modernes pour détecter, à partir de la surface du sol, des vestiges enfouis dans le proche sous-sol. Des mesures effectuées méthodiquement, la plupart du temps selon un quadrillage régulier plaqué horizontalement sur le sol, débouchent sur des cartographies faciles à lire; généralement, on établit des courbes de même valeur de la grandeur mesurée, analogues aux courbes de niveau en topographie. De plus en plus, ces courbes sont tracées automatiquement par suite d'un traitement direct des données enregistrées sur le terrain.

Les méthodes électromagnétiques offrent une panoplie large de détecteurs de métaux - malheureusement utilisés par les pilleurs du patrimoine national - aux méthodes utilisant les sources à grande distance. La plus intéressante est la méthode Slingram qui permet, comme l'a montré A. Tabbagh avec l'équipe du C.N.R.S. de Garchy, de mesurer simultanément la conductivité électrique et la susceptibilité magnétique. Elle est préférable à la méthode magnétique car elle fournit directement une valeur de la susceptibilité apparente du sol. Les radars-sol permettent, quand l'absorption du signal électromagnétique n'est pas trop forte, d'avoir une description fine de la structure verticale des terrains.

En 1946, R. J. C. Atkinson eut le premier l'idée de recourir au contraste des résistivités électriques pour localiser des fossés préhistoriques. Désormais, plusieurs appareils permettent de réaliser méthodiquement ces mesures, avec différentes dispositions quadripolaires des électrodes. Un courant électrique est injecté par deux électrodes, et la différence de potentiel, liée à la résistivité du sous-sol, est enregistrée aux bornes de deux autres électrodes. La mise en œuvre est longue et les résultats influencés par les conditions climatiques. La méthode est cependant d'une grande efficacité depuis que l'enregistrement automatique des données est pratiqué sur des quadripôles roulants en contact permanent avec le sol; l'utilisation d'électrodes électrostatiques (sans contact) ouvre de nouvelles prospectives d'application.

Dans les années cinquante, le développement des magnétomètres à protons atteignant la sensibilité de 0,1 nanoTesla, soit 2 millionièmes du champ magnétique terrestre (C.M.T.), M. J. Aitken s'en servit pour l'étude de structures archéologiques enfouies. En effet, l'hétérogénéité des susceptibilités magnétiques du sol et du sous-sol, étudiée préalablement par F. Le Borgne, modifie localement le C.M.T. La mesure précise et systématique du champ total local permet de détecter ces anomalies, liées aux structures. Les interprétations des cartographies sont souvent délicates; mais les structures d'argile cuite possédant une forte susceptibilité magnétique, telles que des fours, sont très localisables avec ces magnétomètres. Certains appareils performants atteignent une sensibilité de 0,2 milliardième du C.M.T.

La vulgarisation de l'aviation de tourisme et la mise au point d'émulsions photographiques très sensibles dans les domaines visible et infrarouge sont à l'origine du développement de la prospection aérienne. Elle trouve un prolongement plus technique dans la prospection thermographique. À l'aide d'un scanner analysant le rayonnement infrarouge du sol, la présence de structures archéologiques peut être mise en évidence dans certaines conditions pédologiques, climatiques et horaires.

La prospection chimique, encore pleine d'avenir, n'a guère connu de succès que pour la détermination de zones habitées ou d'aires de nécropole à partir des cartographies de sels de phosphore. Des essais ont été tentés en vue de la prospection gravimétrique, mais la faible différence des masses spécifiques et la faible sensibilité des appareils de mesure limitent son extension au domaine archéologique.


La datation

Dans toute étude archéologique, la nécessité de situer une civilisation, une production mobilière, des monuments sur l'échelle continue du temps passé s'impose fondamentalement. Le classement chronologique établi à partir de comparaisons typologiques ou d'observations stratigraphiques répondait déjà à cette préoccupation. Les nouvelles méthodes de datation en laboratoire permettent de vérifier ces classements, ce qui est d'autant plus important que les civilisations étudiées sont « sans texte ».

Pour ce faire, les scientifiques utilisent des matériaux archéologiques, d'une part marqués par un fait humain (chauffage, cassure, mort, etc.), d'autre part révélant l'évolution interne d'une grandeur physico-chimique. Deux possibilités existent: ou la grandeur datante a été autrefois figée par le fait marquant dans son évolution, ou elle évolue depuis ce même fait à partir d'une valeur initiale, selon une loi mathématiquement formulable. Ainsi, soit la date de ce fait, soit le temps écoulé peuvent être retrouvés avec des précisions inégales, souvent liées à l'état d'avancement de la technique.

Dans la datation archéomagnétique, on utilise les variations séculaires du C.M.T. Ce champ, superposition d'un champ dipolaire et d'un champ non dipolaire à caractère local, présente en effet des variations aléatoires de son intensité et de sa direction, caractérisées par les angles d'inclinaison et de déclinaison. Dans les argiles cuites, l'hématite et la magnétite, oxydes de fer, sont capables, au-dessus de leur température de Curie (respectivement 675 0C et 565 0C), de conserver une aimantation thermorémanente colinéaire et proportionnelle au C.M.T. Si l'objet n'a pas été déplacé (four, foyer), la direction du C.M.T. est directement retrouvée. À partir des courbes d'étalonnage établies sur du matériel bien daté, on détermine la chronologie d'un autre matériel; il s'agit typiquement d'une méthode de datation relative.

Dans la dendrochronologie, la croissance irrégulière, liée aux conditions climatiques, des cernes des arbres est exploitée. Chaque cerne correspond à une année. Pour tout morceau de bois retrouvé, une séquence peut être précisée. Si par ailleurs une courbe d'étalonnage établie à partir d'autres morceaux bien datés existe pour la même zone géographique, la datation revient à chercher la coïncidence de la séquence avec une partie de cette courbe.

La datation par le radiocarbone a été élaborée par Libby en 1946. Le carbone 14 provient de la transformation de l'azote par les rayons cosmiques dans la haute atmosphère. Ce carbone, radioactif, ayant une période de 5 730 ans, est assimilé dans une certaine proportion, en plus du carbone 12 stable, par les matières vivantes. Après la mort de ces matières, faute de nouvelles assimilations, la concentration du carbone 14 diminue exponentiellement, par suite des désintégrations spontanées. La concentration relative restante du carbone 14 permet de déterminer la date de la mort de la matière organique (bois, cuirs, ossements, etc.). La concentration initiale de carbone 14 n'ayant pas été constante dans le temps, des corrections peuvent être apportées (calibration) en combinant des études de dendrochronologie avec la date apparente qui est donnée par le carbone 14. La concentration du carbone 14 est mesurée par comptage des radiations ou, depuis peu, des atomes dans des accélérateurs.

La thermoluminescence doit son nom au fait que des minéraux (par exemple le quartz et le feldspath dans les argiles cuites) peuvent, lorsqu'ils sont réchauffés, restituer sous forme de lumière une énergie stockée. Or tout chauffage archéologique a ainsi annulé toute énergie stockée. Depuis ce moment, une nouvelle énergie a été emmagasinée, proportionnellement au temps, par suite des rayonnements internes alpha, bêta et gamma dus aux désintégrations naturelles des traces radioactives d'uranium, de thorium et de potassium. De plus, les rayonnements gamma ou cosmiques de l'environnement ont contribué au stockage de cette énergie. La dose énergétique globale stockée depuis le fait marquant est déterminée dans un premier temps; ensuite, à partir de mesures des rayonnements internes ou des concentrations chimiques, la dose énergétique stockée annuellement est calculée. Par une règle de trois, on peut alors retrouver le temps écoulé depuis le dernier chauffage ayant atteint 4000 à 500 0C. Dans la méthode D.A.T.E., les différences de stockage d'énergie dans deux pièges du quartz sont utilisées.

Pour les obsidiennes, on fait intervenir la pénétration de la couche hydratée, proportionnelle au temps, à partir d'une fracture archéologique. Pour ce même matériau, mais aussi pour des verres, le dénombrement des traces de fission spontanée débouche sur une datation. La racémisation des acides aminés est employée pour retrouver la date de vie des ossements. Quant aux minéraux très anciens, on emploie la méthode du potassium-argon.


L'analyse

Les premiers outils de l'homme préhistorique ont été des pierres dont la dureté permettait d'entamer des matériaux plus tendres. Avec l'apparition du feu, il sut utiliser les argiles, les dégraisser avec d'autres minéraux, pour obtenir des poteries. Des pierres lui servirent à confectionner les foyers, élever des monuments, bâtir des édifices. À l'époque historique, divers minéraux servirent à l'aménagement des habitats, à leur décor. Pour couler des métaux tels que le bronze, le sable fut employé. On comprend dès lors l'intérêt d'identifier les matériaux minéraux archéologiques, d'autant qu'ils sont le mieux conservés. Parallèlement, les objets métalliques, outils ou monnaies, offrent un domaine d'étude similaire, plus limité chronologiquement mais comportant d'intéressants problèmes technologiques et économiques.

Il est possible de mettre en évidence des migrations de populations, des contacts entre des habitants, des courants de diffusion ou d'influence, des phénomènes économiques, des données technologiques, etc., d'autant que les méthodes les plus récentes d'analyse atteignent de très grandes sensibilités. Le développement de l'archéométrie se relie ainsi à la révolution due aux méthodes d'analyse physique en chimie.

Pour l'identification d'une provenance, théoriquement, un matériau élaboré est comparé à un échantillon, absolument nécessaire, de la source présumée. Parfois, à partir d'une cartographie de certaines données analytiques, une origine approximative peut être retrouvée.

Les premiers examens visuels se prolongèrent par l'usage du microscope optique. Après les recherches de quelques pionniers, parmi lesquels on compte S. W. Dugdale en 1656 et Stukeley en 1740, l'analyse pétrographique s'est développée depuis le début du XXe siècle. Parmi les grands succès des études fondées sur l'emploi de lames minces figure l'identification, en 1951-1952 par J. Cogne et P. R. Giot, d'un important lot de haches armoricaines, taillées dans une dolérite définie de type A. Consécutivement, l'atelier de débitage de ces haches fut identifié à Plussulien (Côtes-du-Nord), puis fouillé. Devant un problème d'identification, toute technique d'analyse suffisamment discriminante peut convenir; ainsi, les courbes de thermoluminescence ont été utilisées pour classer en groupe des pierres marbrières. Depuis une décennie se dessine une évolution très nette vers des techniques d'analyse de plus en plus fine. Cependant, le microscope optique, avec ses actuels perfectionnements, garde tout son intérêt.

Une seconde voie consiste à faire appel aux techniques d'analyse chimique. Par exemple, pour les obsidiennes où des variations de concentration des éléments alcalins ou alcalino-terreux sont observables, l'emploi combiné des analyses chimiques, des densités et des indices de réfraction a permis d'obtenir des classifications significatives. Par ailleurs, l'analyse chimique des métaux ou de leurs alliages apporte beaucoup à la connaissance de la métallurgie antique.

Assez rapidement, les chercheurs passèrent à l'étude des éléments à l'état de traces pour une meilleure caractérisation des matériaux, minéraux ou métalliques. Désormais, des concentrations de quelques parties par million (ppm) peuvent être mesurées.

L'identification d'un objet lithique homogène à une source géologique constitue le problème le plus aisé, aucun mélange ou alliage ne venant compliquer l'interprétation des analyses. Cependant, il est plus facile de disposer d'un objet élaboré posant un problème que d'une mine ancienne reconnue. Dans les identifications, tout dépend de la dispersion ou de la concentration des éléments chimiques à comparer et du nombre d'éléments examinés, le nombre variant généralement de 8 à 38. Les recouvrements, plus ou moins importants, donnent plus ou moins de signification à la conclusion, encore que l'archéomètre se méfie des coïncidences malencontreuses.

Actuellement, diverses techniques, dont l'ancienneté varie, sont employées pour résoudre des problèmes archéologiques. Dans la spectrographie optique d'émission , l'échantillon réduit en poudre est vaporisé dans un arc, l'émission de chaque élément se traduit par des raies. Depuis le milieu des années quatre-vingt, des améliorations viennent de l'emploi de lasers ou de sources à plasma. La spectrométrie d'absorption atomique  est fondée sur l'absorption sélective spectrale de la lumière par des atomes libres de l'échantillon. Quant à la spectrométrie de fluorescence X , ses limites de détection atteignent 1 à 6 ppm pour presque tous les éléments allant du fluor à l'uranium. Cette méthode est non destructive, mais il faut des échantillons de grande taille; les microscopes électroniques et les excitateurs protoniques permettent toutefois de réduire les tailles des échantillons. Enfin, dans l'analyse par activation , l'échantillon est soumis à un intense faisceau, neutronique ou protonique, durant un certain temps, ce qui produit des isotopes instables de beaucoup d'éléments. Le spectre de rayons gamma émis durant la décroissance radioactive de ces isotopes peut être comparé à des tables d'émission de référence; les concentrations décelables sont parfois inférieures au ppm. Cette méthode n'est pas destructive.

L'activation neutronique, la méthode la plus sensible, et la fluorescence X, d'une sensibilité fort acceptable, sont très utilisées. Certains chercheurs exploitent les éléments majeurs, d'autres les éléments mineurs. C'est la problématique archéologique qui permet éventuellement d'opter pour telle ou telle technique, au vu des discriminations nécessaires. La disposition d'échantillons étalons est absolument nécessaire pour pouvoir comparer les résultats obtenus avec différentes techniques d'analyse.

Loïc Langouet, docteur ès sciences physiques, maître-assistant à l'université de Rennes, directeur du Centre régional archéologique d'Alet

Coupe de la route Moissey-Frasne

village de moissey

la tuilerie gallo-romaine de plus près

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la datation

par Roland Martin, membre de l'Institut

la datation

DATATION, archéologie 

En archéologie, le problème de la datation est essentiel, puisqu'il s'agit d'intégrer les découvertes de tout genre dans une suite historique, soit relative (succession sur un site), soit absolue (relation avec les dates historiques). Trouver les repères de datation et définir des «fossiles» chronologiques a toujours été la préoccupation fondamentale de l'archéologue.

À ses origines (du XVIIe au XIXe s.), l'archéologie a procédé par analyse stylistique et esthétique, en relation avec les données des textes anciens pour établir de grandes périodes de classement. Mais, bientôt, les textes épigraphiques, les inscriptions pour la Grèce et Rome, les tablettes pour les civilisations mésopotamiennes et assyriennes, les hiéroglyphes en Égypte ont permis de fixer des repères qui, par recoupement, ont donné les points de référence nécessaires (succession des pharaons, succession des archontes athéniens, des consuls et des empereurs romains).

Ce qui donnait des résultats intéressants pour les périodes historiques n'avait pas de valeur pour les périodes des civilisations sans textes. On a cherché à établir les datations par la succession des couches de civilisation, suivant la méthode dite stratigraphique. Si une chronologie relative est assez facile à établir, les datations absolues sont soumises à la nature des trouvailles et aux indications fournies par les objets, en particulier la céramique. Des concordances ont permis de trouver les passages d'une civilisation à l'autre, d'une série à l'autre. Ainsi, des objets égyptiens bien datés ont été trouvés dans le mobilier des tombes minoennes en Crète dès les ~ XVIIIe et ~ XVIIe siècles. La date absolue se trouvait ainsi approximativement fixée, et un mobilier nouveau était daté. De référence en référence, les séries chronologiques étaient alors bien définies. On sait toute l'importance des séries de vases corinthiens pour la chronologie du monde grec et de l'art grec des ~ VIIIe et ~ VIIe siècles.

Mais, en préhistoire surtout, les limites des périodes chronologiques peuvent rester très incertaines. On a donc cherché et on cherche toujours à mieux interroger les objets eux-mêmes en interprétant leurs caractères physiques et chimiques et en ayant recours aux analyses de laboratoire.


la radiochronométrie

La radiochronométrie est une technique de datation fondée sur la propriété des isotopes radioactifs de se désintégrer avec le temps: en particulier le carbone 14, qui a une demi-vie de 5 730 années, et le potassium, qui a une demi-vie de 1,4 million d'années. C'est ainsi que la méthode du carbone 14 est devenue célèbre. Le principe en est simple. Les végétaux, absorbant le gaz carbonique de l'atmosphère, le transforment et retiennent dans leurs tissus un isotope du carbone 12, le carbone 14; tous les êtres vivants consommant des plantes absorbent aussi du carbone 14, corps radioactif qui commence à se désintégrer après la mort, alors que le carbone 12 reste fixé. C'est la mesure de cette désintégration qui permet de fixer la date de vie du témoin, par la mesure du rapport existant entre la quantité de carbone 12 et celle de carbone 14 et par comparaison de ce rapport à celui qui existe dans un exemple actuel. Des résultats fort importants pour la préhistoire ont été ainsi obtenus.


 la dendrochronologie

Citons aussi la dendrochronologie, particulièrement importante pour les datations des bois protohistoriques. Elle repose sur le compte des cernes de croissance à partir du cœur de l'arbre, et sur l'évaluation de la largeur et de la dureté des couches qui dépendent des variations climatiques. Des tables de variations ont été établies pour certaines régions et certaines périodes, et les éléments découverts dans les fouilles peuvent trouver leur place dans les séries ainsi définies.


 la thermoluminescence

Pour la datation des céramiques et des silex brûlés en particulier, une technique a été mise au point, c'est celle de la thermoluminescence fondée sur la composition des éléments radioactifs contenus dans les poteries, éléments qui, sous l'action de la chaleur, libèrent des électrons dont l'énergie provoque l'émission de photons. Le comptage de ces éléments permet des évaluations chronologiques assez précises.


 le magnétisme rémanent

Citons enfin le magnétisme rémanent. La méthode est fondée sur le fait que le magnétisme terrestre varie (en France, par exemple, de l'ordre de 6' à 8' par an): connaissant ses variations passées, on peut leur comparer les valeurs qui se trouvent enregistrées (aimantation rémanente) dans des objets ayant subi une (ou plusieurs) cuisson(s) en place  (four, mur de brique crue incendié...) et en déduire une datation approximative  de la dernière (ou unique) cuisson.


Ce ne sont là que quelques exemples des recherches poursuivies pour établir les bases scientifiques des datations, travaux valables plus pour les périodes préhistoriques et protohistoriques que pour les civilisations classiques.

Roland Martin, membre de l'Institut

Un mur, évidemment pas gallo-romain (peut-être du XIXe siècle).

voir la découverte initiale, en octobre 2000.

village de moissey

la tuilerie gallo-romaine de plus près

extrait de l'Encyclopédia Universalis CD-5. Club Français du Livre, BP 60006, 21096 Dijon cedex 9. tél 03 80 78 48 48

la topographie

par Raymond D'Hollander, Ingénieur diplômé de l'Ecole Polytechnique. Ingénieur Général géographe Professeur à l'Ecole nationale des sciences géographiques et à l'Ecole spéciale des travaux publics

image extraite de l'Encyclopédia Universalis CD-5. Club Français du Livre, BP 60006, 21096 Dijon cedex 9. tél 03 80 78 48 48

la topographie

TOPOGRAPHIE

Étymologiquement, la topographie (du grec topov, «lieu») consiste à représenter graphiquement un lieu sur le papier; l'opération correspondante est le levé topographique et le support en est la minute de levé. Deux cas sont à envisager.

Dans le premier cas, le levé topographique est destiné à l'élaboration de plans topographiques (plans cadastraux pour la délimitation de la propriété foncière, plans d'urbanisme, plans pour l'implantation d'ouvrages du génie civil, etc.) qui couvrent en général une surface limitée et sont à grande échelle (de 1 : 500 à 1 : 2 500), de sorte que tous les détails du paysage peuvent y être représentés rigoureusement à l'échelle: à ce titre, le plan topographique conserve partout une valeur métrique .

Dans le second cas, le levé topographique sert à l'établissement d'une carte couvrant une vaste étendue (un pays entier par exemple): il est effectué alors à une échelle plus petite (de 1 : 5 000 à 1 : 100 000), selon le développement économique du pays considéré. La carte à plus grande échelle issue de ces levés est la carte de base (au 1 : 25 000 en France, achevée en 1980); de celle-ci on peut déduire, sans autres opérations de terrain, toute une série de cartes dérivées [cf. CARTOGRAPHIE].

Le levé effectué entièrement sur le terrain, soit au tachéomètre, soit à la planchette, s'appelle le levé direct . On l'oppose au levé photogrammétrique  [cf. PHOTOGRAMMÉTRIE], où la plupart des opérations s'effectuent en atelier en restituant des photographies aériennes ou des images spatiales à axe vertical et à recouvrement stéréoscopique. Le levé photogrammétrique a supplanté entièrement les levés directs effectués à la planchette en vue de l'établissement des cartes à moyenne et petite échelles (1 : 20 000, 1 : 50 000), mais les levés directs à très grande échelle (1 : 500, 1 : 1 000, 1 : 2 000) concurrencent encore les levés photogrammétriques en raison surtout de leur plus grande précision altimétrique.

Le levé photogrammétrique fait toutefois appel à des topographes expérimentés pour le contrôle aux appareils de restitution, lors de la photo-identification en atelier et lors des opérations de complément. Celles-ci consistent sur le terrain: à ajouter sur la minute (placée sur une planchette, cf. Le goniographe , in chap. 2) tous les détails invisibles sur les photographies aériennes ou les images spatiales, parce que de trop faibles dimensions ou parce que cachés par la végétation; à reconnaître toute une série de détails restitués mais non identifiables en atelier; à ajouter les limites administratives et la toponymie.


1. Le levé topographique

Tout levé topographique, qu'il soit direct ou photogrammétrique, s'appuie:

- sur le canevas géodésique [cf. GÉODÉSIE]; en France, celui-ci présente une densité d'environ un point géodésique tous les 10 kilomètres carrés, dont les coordonnées rectangulaires sont publiées par feuille au 1 : 50 000 dans le système de projection Lambert;

- sur le canevas du nivellement général de la France, ensemble de quelques centaines de milliers de repères de nivellement, scellés sur des bâtiments et ouvrages dont les altitudes ont été déterminées avec une grande précision à partir du repère fondamental de Marseille, et dont la cote est elle-même issue du niveau moyen de la Méditerranée, mesuré au marégraphe.

Les deux canevas de base qui précèdent sont insuffisants pour assurer un levé topographique, et il est alors nécessaire d'établir un canevas complémentaire à la fois planimétrique et altimétrique, à partir duquel on procède au levé des détails.

 

Le levé topographique comprend:

- la planimétrie, ensemble de lignes ou de détails ponctuels provenant en général d'une intervention de l'homme: cultures ou zones de végétation, voies de communication, clôtures, bâtiments, arbres, bornes, croix, etc.; la planimétrie est représentée par des signes conventionnels  noirs, ou verts lorsqu'il s'agit de végétation;

- l'hydrographie, comprenant des surfaces d'eau (mers, lacs, étangs, etc.), des lignes de l'hydrographie naturelle (fleuves, rivières, ruisseaux) ou de l'hydrographie résultant de l'intervention de l'homme (canaux, fossés d'écoulement, de drainage), des détails «ponctuels» (sources, puits, etc.); l'hydrographie est représentée par des signes conventionnels bleus;

- l'orographie ou représentation des mouvements de terrain par des courbes de niveau équidistantes; l'équidistance est fonction, d'une part, de l'échelle, et, d'autre part, du caractère plus ou moins accidenté du terrain; c'est ainsi que pour un levé à l'échelle de 1 : 2 000 on choisira une équidistance de 2 mètres en terrain accidenté et de 0,50 m en terrain plat; pour un levé à l'échelle de 1 : 20 000 on choisira une équidistance de 5 mètres (10 m en montagne); le figuré du terrain peut être complété par des courbes intercalaires (équidistance moitié des courbes normales); les courbes de niveau sont en général représentées en bistre, couleur utilisée aussi pour les signes conventionnels de l'orographie: talus, marnes, sables, etc.

Les opérations topographiques se décomposent en deux parties: d'une part, une phase topométrique , constituée par des mesures de distances, d'angles ou de tracés de direction, de dénivelées et, d'autre part, une phase topographique , où le topographe trace les lignes de la planimétrie, de l'hydrographie et les courbes de niveau en s'appuyant sur les mesures; ce tracé est effectué sur le terrain même, lorsqu'il s'agit de levés à la planchette, et au bureau pour les levés tachéométriques, d'après des croquis pris sur le terrain.

Les levés à grande échelle comportent une épure géométrique du terrain quasi parfaite, les détails planimétriques pouvant être tous mis en place par des mesures, et la représentation des formes du terrain faisant peu intervenir l'appréciation du topographe. Il n'en est plus de même aux petites échelles où le nombre de mesures par unité de surface diminue; le topographe doit y remédier par son expérience à propos de figuré du terrain et ses connaissances de géomorphologie.


2. Mesure des angles

La figure schématise un goniomètre, instrument permettant de mesurer des angles dans le plan horizontal. La lunette topographique, mobile autour de l'axe des tourillons, possède un réticule réglable qu'on amène dans le plan conjugué de l'objet visé par rapport à l'objectif de la lunette. L'image obtenue est observée au moyen de l'oculaire. Le centrage du goniomètre au point de station S demande d'amener l'axe principal PPH du goniomètre sur la verticale de S.

La mise en station consiste à rendre au moyen de la nivelle l'axe principal PPH vertical. L'index est remplacé soit par un système de deux verniers diamétralement opposés, soit par des systèmes de lecture variés dont certains reviennent à prendre la moyenne des lectures en deux points diamétralement opposés du limbe; on élimine ainsi l'erreur due à l'excentricité de l'axe principal par rapport au limbe. Pour mesurer l'angle correspondant à deux points A et B du terrain, il suffit de bissecter successivement A et B, c'est-à-dire d'amener le fil vertical du réticule à passer par l'axe de l'objet visé et à effectuer les lectures correspondantes IA, IB sur le limbe. La différence IB _ IA = ASB mesure le rectiligne du dièdre des deux plans passant par la verticale de S et contenant A et B. En général, le goniomètre comprend, en plus, un cercle vertical; le réticule de la lunette comporte, outre les deux fils en croix, deux systèmes de fils stadimétriques permettant la mesure des distances. L'instrument ainsi constitué est un théodolite ou un tachéomètre, qui assure les trois fonctions fondamentales de la topographie: mesures des angles horizontaux, des angles verticaux et des distances.

Dans les opérations de canevas, les angles horizontaux sont mesurés successivement cercle à droite et cercle à gauche: la moyenne est affranchie de certaines erreurs systématiques. Pour améliorer la précision du résultat, on effectue plusieurs mesures de l'angle par les procédés de la répétition ou de la réitération. Les sensibilités de lecture sont respectivement le dmgr pour le théodolite, le cgr ou le mgr pour les tachéomètres.

Certains goniomètres sont munis d'un déclinatoire, tube en cuivre contenant une aiguille aimantée, mobile sur un pivot et tendant à s'orienter sous l'influence du champ magnétique terrestre dans la direction du nord magnétique. Dans ce cas, au lieu de repérer une direction telle que SB par l'angle ASB qu'elle fait avec la direction SA (mode goniométrique), on mesure l'angle que fait la direction SB avec la direction du nord magnétique; on dit qu'on opère en mode décliné.

 

Orientation astronomique

On peut avoir à orienter un goniomètre dans une région où ni le mode goniométrique ni le mode décliné ne sont utilisables. On emploie alors des méthodes astronomiques, qui consistent à déterminer, par résolution du triangle de position, l'azimut d'un astre, c'est-à-dire l'angle que fait sa direction avec la direction du nord géographique. On utilise soit le Soleil, soit l'étoile Polaire.

 

Orientation gyroscopique

Pour l'orientation gyroscopique on se sert d'un gyrothéodolite dont le principe est analogue à celui des compas gyroscopiques. Le système gyroscopique tournant à très grande vitesse est suspendu à un fin ruban vertical, son axe restant horizontal. Une fois lancé, l'axe du gyroscope oscille de part et d'autre du méridien géographique. Le système gyroscopique est monté au-dessus de l'alidade (cf. Le goniographe ) d'un théodolite que l'opérateur tourne pour suivre le mouvement du gyroscope. Il immobilise l'alidade aux instants d'élongation maximale du gyroscope et effectue les lectures correspondantes d'où il déduit la direction du nord géographique. Le gyrothéodolite permet de s'orienter en un lieu quelconque indépendamment des conditions météorologiques, qui peuvent s'opposer à l'orientation astronomique, et dans les cas où l'orientation en mode décliné n'est pas possible (champ magnétique terrestre perturbé par certaines roches ou par des masses métalliques). L'orientation des levés souterrains s'effectue exclusivement par la méthode gyroscopique.

 

Le goniographe (planchette)

Un goniographe est formé d'une planchette fixée sur un trépied, et d'une alidade. L'alidade est composée d'une règle avec un biseau permettant le tracé d'une direction et d'un organe de visée, pouvant être constitué par le système œilleton-crin de l'alidade nivélatrice, ou pouvant être optique; la lunette comporte alors un réticule, analogue à celui des tachéomètres, ou un tableau focal permettant la mesure des sites et des distances. Sur la planchette est placée la minute quadrillée, sur laquelle sont reportés par leurs coordonnées les points du canevas.

Pour matérialiser un angle tel que ASB, on bissecte successivement les points A et B et on trace les visées sa  et sb  correspondantes.

On dit que la minute est orientée lorsqu'on a rendu homothétique les deux figures constituées , d'une part, par les points et les directions déjà portés sur la planchette sabc ; d'autre part, par les projections horizontales sur le plan de la planchette des points et des directions homologues du terrain s AHBHCH.

Le centre d'homothétie est le point de station, et le rapport d'homothétie est l'échelle du levé. On peut placer sur la planchette un déclinatoire, boîtier rectangulaire comportant une aiguille aimantée. La planchette étant orientée, on tourne le déclinatoire jusqu'à ce que l'aiguille soit entre ses repères et on indique la position du déclinatoire par un trait: la planchette est dite déclinée. L'opération inverse permet d'orienter la planchette en mode décliné; il suffit de faire tourner l'ensemble planchette déclinatoire jusqu'à ce que l'aiguille soit entre ses repères.


3. Mesure des distances

 

Mesure directe

Pour effectuer la mesure directe d'une distance, on porte le long de celle-ci un étalon de longueur bout à bout autant de fois qu'il est nécessaire; la portée finale inférieure à la longueur de l'étalon constitue l'appoint.

Les mesures de longueur de haute précision sont réalisées au moyen de fils Jäderin  en métal invar de 24 mètres ou avec des rubans en métal invar suspendus (dispositif Danger), la tension étant réglée par des poids tenseurs ou par des poignées dynamométriques. L'erreur moyenne relative (cf. MESURE - Mesures mécaniques) est de l'ordre de 10-5 à 10-6 pour quelques kilomètres. Pour les mesures courantes on se sert des rubans d'acier émaillés à graduation centimétrique sans poignée dynamométrique. L'opération de mesure s'appelle alors le chaînage  (ancienne utilisation de la chaîne d'arpenteur). L'erreur moyenne relative est comprise entre 10-3 et 10-4 pour 100 mètres selon la nature du terrain.

 

La mesure électromagnétique des distances

Les instruments de mesure électromagnétique des distances, utilisés en topographie, fonctionnent selon le schéma général suivant.

Une onde porteuse de haute fréquence, généralement lumineuse, est continuellement modulée par une fréquence plus basse. L'onde porteuse est renvoyée par un réflecteur, constitué par un système de prismes. Au retour de l'onde on compare la phase de modulation du signal récupéré après son trajet aller-retour 2 L avec la phase du signal en cours d'émission:

Le déphasage est mesuré avec un phasemètre, et la demi-longueur d'onde l/2 est considérée comme l'unité de mesure. Il suffit de mesurer, par un système approprié, le nombre n  d'unités de mesure.

Par leur facilité d'emploi les instruments de mesures électromagnétiques des distances ont introduit une véritable révolution dans les procédés topographiques.

 

Mesures indirectes de longueur

Les stadimètres sont des dispositifs de mesure optique des distances sur un jalon ou sur une mire graduée. Dans les dispositifs stadimétriques à angle constant, on intercepte sur les deux fils stadimétriques du réticule de la lunette du tachéomètre une portion de mire graduée: PQ = l . L'angle stadimétrique correspondant à l'intervalle des deux fils vaut généralement: a = 1/100, de sorte qu'on obtient la distance stadimétrique Ds  par la relation: Ds  = l /a = 100 l . Lorsque la visée est horizontale, la distance Dh  réduite à l'horizon est égale à Ds . En terrain incliné, on montre que:

i  étant le site de la visée, c'est-à-dire l'angle qu'elle fait avec l'horizontale.

Pour éviter le calcul par la formule précédente, les constructeurs d'instruments topographiques ont imaginé des dispositifs dits autoréducteurs permettant d'obtenir directement par simple lecture sur la mire la distance Dh .

L'erreur relative commise dans les mesures stadimétriques à angle constant ou dans les dispositifs autoréducteurs décrits ci-dessus est donnée sensiblement par: d D/D = 1/100 à condition de ne pas dépasser des portées de 80 mètres.

 

Mesure parallactique des longueurs

La mesure parallactique des longueurs consiste à évaluer avec un théodolite l'angle parallactique a sous lequel on voit les deux repères écartés d'une longueur l  = 2 m d'une stadia horizontale tenue perpendiculairement à la visée. L'angle mesuré étant le rectiligne du dièdre contenant la verticale de A et les points M1 et MH1, on a directement la distance Dh  = AH réduite à l'horizon: Dh  = (l /2) cotan (a/2).

On mesure l'angle a avec beaucoup de précision en effectuant plusieurs réitérations ou répétitions; l'erreur croissant comme le carré de la distance, il ne faut pas dépasser des portées de l'ordre de 100 mètres.

 

Mesure par variation de pente

 

 

Mesure par duplication d'image

Les télémètres à coïncidence et à base variable ont remplacé en topographie les télémètres stéréoscopiques, leur précision les rendant utilisables.

 

Corrections à apporter aux longueurs mesurées

 

Enfin, le système de projection utilisé introduit, dans le passage de l'ellipsoïde au plan de projection, une altération linéaire qui, pour les systèmes de projection France, atteint au maximum 37 centimètres par kilomètre.

 

Précision dans la mesure des distances

Dans les levés réguliers on mesure, lors des opérations de canevas, les distances (et aussi les angles) avec le maximum de précision, mais, dans le levé des détails, il suffit d'obtenir une erreur qui, réduite à l'échelle du levé, soit inférieure à l'erreur graphique évaluée au dixième de millimètre, ce qui correspond à 0,10 m à l'échelle 1 : 1 000 et à 1 mètre à l'échelle 1 : 10 000.


4. Mesure des dénivelées

 

Le nivellement indirect

Le nivellement indirect consiste à associer à une mesure d'angle vertical la distance correspondante mesurée selon la pente Dp  où réduite à l'horizon Dh . L'angle d'une direction avec la verticale s'appelle la distance zénithale; l'angle avec l'horizontale est le site i . Dans le cas du site, la dénivelée est :

La fonction qui permet de mesurer un angle vertical s'appelle la fonction éclimètre, réalisée par le cercle vertical de l'instrument. Celui-ci est muni d'une nivelle des sites dont il faut caler la bulle avant d'effectuer le pointé en site sur le fil horizontal du réticule; la lecture est effectuée sur le limbe vertical par des dispositifs analogues à ceux qui sont utilisés sur le limbe horizontal.

La fonction éclimètre a été progressivement remplacée par la fonction clisimètre , qui permet de lire directement la pente p  = tgi . La dénivelée s'obtient alors par l'expression: h  = Dh  e p .

Les mesures d'angles verticaux sont effectuées en général cercle à droite et cercle à gauche; la moyenne est alors affranchie de la collimation verticale  (défaut de calage de la graduation zéro au site zéro ou à la distance zénithale zéro).

Certains éclimètres modernes sont à calage automatique du zéro; un dispositif compensateur, à prisme liquide ou pendulaire, remplace la nivelle des sites et donne la lecture correcte de l'angle vertical même lorsque l'axe principal de l'instrument n'est pas rigoureusement vertical.

 

Nivellement direct ou géométrique

Dans le nivellement direct, il s'agit de placer entre deux points A et B un niveau, constitué essentiellement d'une nivelle et d'une lunette. Le niveau est réglé lorsque la directrice de la nivelle est parallèle à l'axe optique de la lunette; autrement dit, lorsqu'on cale la nivelle du niveau on matérialise une visée optique horizontale. Dans ces conditions, il suffit de placer, en A et en B, deux mires verticales graduées et de lire les graduations l A et l B sur le fil niveleur du niveau. La dénivelée entre A et B s'obtient par la simple différence: l A _ l B.

On distingue de nombreux types de niveaux. Les niveaux à double visée permettent d'effectuer deux visées dans des positions différentes de la nivelle et de la lunette; on démontre que la moyenne des deux lectures est correcte, même lorsque le niveau n'est pas réglé. La tendance actuelle est d'utiliser des niveaux-blocs et des niveaux automatiques  (sans nivelle mais à dispositif compensateur); il faut alors respecter rigoureusement l'égalité des portées pour éliminer l'influence du défaut de réglage du niveau.


5. Les procédés topographiques en planimétrie et en nivellement

 

Procédés par mesures d'angle ou tracés de direction

 

Procédés par mesures d'angles ou tracés de direction et par mesures de longueurs

Le rayonnement à partir d'un point A de coordonnées connues consiste à mesurer l'angle BAM que fait la direction AM relative au point à déterminer avec une direction AB connue, puis à mesurer la longueur AM; le rayonnement peut être calculé ou effectué à la planchette.

Au rayonnement et au cheminement planimétriques qui viennent d'être définis correspondent le rayonnement et le cheminement altimétriques, soit par nivellement indirect (mesure des angles verticaux), soit par nivellement direct. Celui-ci permet en particulier le filage de courbe, procédé surtout utilisé à la planchette.

 

Procédés par mesures de distance

On appelle multilatération le procédé topographique qui permet d'obtenir les coordonnées d'un point M uniquement par mesures de distances de M à plusieurs points comme A, B, C, D. On commence par calculer les coordonnées d'un point approché M0, par bilatération, sur deux points connus, puis on trace à grande échelle les segments distance, qui permettent la détermination des coordonnées définitives de M. Les distances sont en général mesurées avec un instrument de mesure électromagnétique.

En levé de détails on utilise le procédé des abscisses et des ordonnées ou des perpendiculaires. Celui-ci consiste à abaisser sur une ligne d'opération PQ une série de perpendiculaires à partir des détails à lever. L'opération est effectuée avec une équerre optique. On mesure ensuite les longueurs le long de la ligne d'opération (on les appelle les «abscisses») puis les «ordonnées». Ces mesures permettent le report des détails sur le plan.

 

La tachéométrie traditionnelle

Une équipe tachéométrique comprend: 1. un opérateur qui effectue les observations au tachéomètre ; 2. un secrétaire qui note celles-ci sur un carnet; 3. un croquiseur qui effectue les croquis (c'est la plupart du temps le chef de l'équipe); 4. un ou deux porte-mire.

Les observations donnent lieu au calcul du canevas planimétrique et altimétrique; les points calculés sont piqués par leurs coordonnées sur la minute.

Sur celle-ci un dessinateur procède au report des détails à partir des points du canevas; il trace les courbes de niveau par interpolation entre les points cotés.

 

Méthodes modernes de levé topographique. Infographie

On appelle infographie l'union de l'informatique et du graphisme. Pour utiliser l'informatique il est nécessaire de procéder à un enregistrement automatique des données sur le terrain grâce à des tachéomètres électroniques, puis de traiter ces informations au bureau.

 

Tachéomètres électroniques

Parmi les tachéomètres électroniques on distingue, d'une part, les tachéomètres ordinaires  auxquels on peut superposer un instrument de mesure électromagnétique des distances, combiné avec un système d'enregistrement automatique des angles horizontaux, verticaux et des distances; d'autre part, les tachéomètres intégrés  qui ne permettent pas la séparation physique de l'instrument de mesure électronique des distances et du tachéomètre proprement dit; ils sont munis eux aussi d'un système d'enregistrement automatique des données. Ce système peut déboucher sur un traitement immédiat, permettant le calcul des coordonnées sur le terrain même, ou sur un traitement différé, en ordinateur, au bureau.

 

Traitement des informations

L'information enregistrée sur le terrain est transmise à un micro-ordinateur qui fut d'abord connecté à une machine à écrire télétype, dactylographiant les résultats du traitement. Les micro-ordinateurs possèdent maintenant une console de visualisation interactive graphique.

Ainsi, l'informatique a permis de substituer au plan graphique traditionnel la notion de plan numérique , document dont tous les éléments sont définis par leurs coordonnées rectangulaires.

Le plan numérique est établi en cinq phases distinctes: 1. la saisie des données sur le terrain; 2. la constitution d'un fichier-points; 3. l'établissement du fichier-éléments comprenant notamment en code les instructions de fonction des points; 4. un dessin de contrôle avec corrections; 5. le dessin automatique: soit au moyen de traceurs rapides à rouleaux, soit au moyen de tables traçantes à plat, permettant une plus grande précision.

 

Implantations

Alors que le levé topographique est l'opération qui permet de passer du terrain au plan topographique, l'implantation est l'opération inverse de passage du plan au terrain. Lorsque un bureau d'études a effectué sur un plan le tracé d'une nouvelle voie de communication ou celui d'un nouveau lotissement, l'implantation consiste à matérialiser sur le terrain par des piquets l'axe et l'empreinte de la nouvelle voie de communication, les angles des bâtiments du lotissement, etc. L'implantation utilise les mêmes méthodes topographiques que le levé.

Raymond D'Hollander

Ingénieur diplômé de l'Ecole Polytechnique. Ingénieur Général géographe Professeur à l'Ecole nationale des sciences géographiques et à l'Ecole spéciale des travaux publics

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