village de moissey

claude simeray, mon grand-père médecin de campagne, à moissey

par Antoinette Simeray, née en 1923

images © Collection Antoinette Simeray, années spécifiées si connues

voir aussi une évocation du Dr Simeray dans la page de Marinette Lasnier

Le docteur Claude François Hippolyte Simeray (1861-1953) image©Collection d'Antoinette Simeray

Claude (François Hippolyte) Simeray, est né à Chaumergy, dans une maison qui est toujours présente, en 1861, soit sous le deuxième empire.

 

Après des études brillantes (il a loupé Normale Sup à un quart de point) comme boursier (ses parents étaient de modestes aubergistes), Claude Simeray devient professeur de physique au lycée d'Alger, puis à Moulins et enfin à Salins.

Déçu par l'enseignement et appelé par la médecine, le professeur se relance dans les études,

Il épouse à Salins le 5 mars 1886 Lydie Benoît qui lui donnera trois fils:

- Claude Auguste Simeray, né en 1886 -décédé à Salins en 1937-, médecin à Moirans, marié à Marie Blaise et père de

- Jean (1914-2000), technicien radio, pas d'enfants

- Maurice (1917-1984) ingénieur chimiste, père de

- Jean-Louis né 1953,

- Claude en 1957et

- Françoise en 1961,

- Odile, (1920-1979) assistante sociale,

- Antoinette, née le 15 octobre 1923, à Moirans, médecin du travail, à Lyon,

- Henri Simeray, né à Salins en 1888, décédé en 1980, directeur des Chemins de Fer du Maroc et retiré au Château de Rans, et père de

- Claude né en 1920, + en 1978, célibataire, Militaire au Maroc, enseignant d'espagnol,

- Alain né 1923, dermatologue à Châlons, qui a une fille Françoise née en 1965,

- Maurice, né en décembre 1891 et tué à la guerre en 1914, en Alsace,

Au cours de ses études, son épouse Lydie Benoît décède (le 15 décembre 1892 de phtisie galopante, à Salins). Il fait ses études de médecin à Dijon et à Lyon de 1891 à 1895.

Ensuite Claude Simeray devient médecin de campagne à Chaussin de 1896 jusqu'en 1906. A la suite d'une grave maladie, il tente de s'installer, pendant une année, comme stomatologue à Besançon, mais cette situation étant éloignée de ses espérances, il s'installe enfin à Moissey vers 1908. D'abord il occupe l'aile sud du château Lasnier AB 270 (la salle à manger était dans la tour), puis en 1920, il achète la maison de la rue basse appelée le Prieuré, AB 50, qui est composée de deux bâtiments.

Entre-temps, il perd son fils Maurice (pharmacien et artiste-peintre) qui est tué au front en 1914 et il remplace son fils Claude, médecin à Moirans, de 1914 à 1918. A cette occasion, il est amené à conduire une automobile, ce qui ne lui plaît pas du tout. Il épouse en secondes noces Marthe Cour, qui élèvera les enfants. De 1919 à 1925, il sera le 28e maire de Moissey, succédant à Louis Viénot et précédent Ernest Odille.

Sans avoir réellement pris sa retraite, Claude Simeray décède en 1953 à Moissey, où il est inhumé dans un caveau dans le même angle que Marcel Téliet et le Sénateur Lefranc.

Le Prieuré sera vendu après cette date à M. Labbé, dentiste à Besançon, puis à M. Moreau et enfin, à M. Régis Cabut, employé à la Poste de Dijon.

 

Claude Simeray, sa vie et son oeuvre, par sa petite-fille Antoinette.

Nous avons rencontré dans sa maison doloise, Antoinette Simeray, petite-fille de Claude le médecin de Moissey, qui nous a parlé de son grand-père qu'elle a bien connu, puisqu'elle a fréquenté le village pendant les années de guerre (39-45), et puisqu'elle avait 30 ans au moment de son décès.

"Mon grand-père était un homme remarquable, non seulement il était intelligent et travailleur, mais aussi il était très ouvert sur le monde, curieux de tout, passionné de plein de choses; c'était un humaniste. Entre ses théories reconnues sur l'activité volcanique (nées de l'observation des gaudes qui cuisent), ses inventions de bandages herniaires, son jardin et sa saboterie semi-professionnelle, il exerçait avec une grande générosité son travail de médecin, pharmacien, dentiste et il partait par tous les temps et sur tous les chemins sur son vélo. Pas de voiture, ni hippomobile, ni automobile, mais la bicyclette, toujours."

"Les gens avaient recours au médecin le moins souvent possible: en cas d'accident, mais surtout au moment des accouchements, et il était très réputé pour cela. Il était très souvent appelé pour les naissances, et bien après son retrait de l'activité, on venait encore le chercher pour faire naître des enfants. Les patients étaient souvent très pauvres et ils payaient à l'occasion ou parfois ne payaient pas, mais un jour inattendu, arrivaient, lapins, volailles ou tout autre produit de la ferme."

"Mon grand-père qui ne roulait pas sur l'or soignait particulièrement son jardin et il avait monté un petit atelier de saboterie, avec une machine et un ouvrier."

"C'était un homme sérieux, très strict avec ses enfants, il aimait raconter, c'était un bavard, mais pas un amuseur, tout le contraire de son dernier, Maurice, qui lui était un vrai artiste, un raconteur, un amuseur."

"Quand il était à Chaussin, les 3 enfants de mon grand-père fréquentaient le Collège de l'Arc. Mon oncle Maurice a son nom dans la cour d'honneur du collège."

"Selon lui (mon grand-père), Claude Simeray était né d'un père très intelligent et il a adorait sa maman. Petit, sa vie était très dure, il partait en champ les vaches avec un morceau de pain et un bout d'ail ou un bout de lard. Heureusement, la campagne regorgeait de fruits..."

"Mon grand-père adorait son jardin. Il y était toujours fourré. Quand ma seconde grand-mère (Marthe Cour) est morte, c'est l'Adélaïde, "la Laïde", qui était employée de maison, qui s'est occupée de lui. La Laïde habitait grande-rue, dans la maison renfoncée à côté de la villa des Marguerites. Au jardin, c'est là qu'elle lui criait "docteur, il y a quelqu'un pour vous".

"Mon grand-père élevait des poules et des lapins. Il n'aimait pas tuer les poules, alors ça faisait des vieilles poules qui ne pondaient plus. Quand je lui disais "tes lapins, il ne sont pas gros", il répondait "mes lapins, ils sont comme tout le monde" (c'était pendant la guerre)."

"En 1953, mon grand-père est décédé en laissant derrière lui la formule d'une pommade extraordinaire (anti-psoriasis), de son invention et de sa fabrication, elle soignait presque toutes les pathologies dermatologiques. Ma mère a retrouvé la formule et l'a confiée à un pharmacien. Hélas, le résultat ne fut pas du tout celui escompté, il y avait aussi un secret de fabrication que mon grand-père n'avait pas laissé."

"Il ramassait aussi toutes sortes d'herbes dont j'ignore le nom, avec lesquelles il prescrivait la consommation du "bouillon blanc"."

 

la maison dite le Prieuré, aux 15 & 17 de la Rue Basse

"La maison de mon grand-père, acquise après la guerre de 14-18 était en deux parties. Un bâtiment allongé, au sud-est, qui servait de dépendances, avec, à son extrémité, une tour carrée, à deux niveaux. "

[En 2005, c'est le numéro 15 de la Rue Basse, occupé par la famille Huguet]

 

"L'autre bâtiment, plus important, en L, avait un rez-de-chaussée surélevé. Une fois passée la porte cochère de la rue basse, on gagnait cette maison par une double volée d'escaliers aboutissant à un perron et une porte d'entrée à deux battants. Le hall d'entrée qui servait de salle d'attente (il y avait peu de gens qui attendaient, le docteur Simeray était toujours sur les chemins, particulièrement pour des accouchements), donnait, sur la gauche à la cuisine et une vaste salle à manger (plafond à la française, deux fenêtres sur le jardin), et sur la droite, le cabinet médical qui contenait la pharmacie et surtout, chacun le garde en mémoire, le fauteuil de dentiste et le mobilier de cabinet dentaire qu'il avait acquis à Besançon avant de s'installer à Moissey."

[En 2005, c'est le numéro 17 de la Rue Basse, occupé par la famille Cabut]

 

"Au-delà du cabinet, dans la partie de la maison qui fait l'angle de la rue basse et de la rue de la gare, l'atelier de saboterie. Mon grand-père faisait des sabots de toutes sortes, des petits, des gros, des fantaisies: il y a de l'or à faire, aimait-il à dire, pourtant, il ne s'est jamais enrichi. Pour ses sabots, il avait acheté un machine et avait un ouvrier."

"Dans cette maison, j'ai l'impression qu'un temps, il y avait un bureau de perception ou de réception de l'enregistrement. Au décès de mon grand-père, le Prieuré a été vendu à Monsieur Labbé, dentiste à Besançon, puis a été acquis par Monsieur Moreau, qui enfin l'a revendu à la famille de Monsieur Cabut, son actuelle propriétaire en 2005."

 

les guerres

Mon grand-père disait:

"j'ai vu trois guerres, mais je n'ai participé à aucune".

"«Pendant la guerre de 70 (1870), alors que j'avais neuf ans, à Chaumergy, un Prussien m'a tendu une bouteille vide pour que je la lui ramène pleine. Naturellement ma mère a refusé, aussi, lorsque que je lui ai rapportée vide, il s'en est saisi et me l'a lancée dessus. Je me doutais du geste et je l'ai esquivée»."

 

"En 1914, il a vu ses trois fils partir, mais Maurice, le plus jeune a été porté disparu le 11 septembre 1914, au Pont d'Aspach près d'Altkirch. Les deux autres sont revenus glorieux, couverts de médailles."

 

"En 1940, il a vu partir 3 de ses petits-fils. Mon frère Maurice a été prisonnier en Allemagne et mon cousin Alain (fils d'Henri, médecin après) appartenait à la 2e Division Blindée du Général Leclerc, les libérateurs de Paris. "

"En 1940, mon grand-père a été obligé de loger quelques Allemands pendant l'occupation. Pendant cette période, j'ai beaucoup fréquenté Moissey. En effet, mon père Claude, médecin à Moirans, est décédé en 1937 et toute ma famille est revenue s'installer à Dole (maman, née Marie Blaise, était doloise). Nous venions à bicyclette et nous restions parfois plusieurs jours au Prieuré."

propos recueillis par Christel Poirrier à Dole, les lundis 31 janvier, 7 et 14 février 2005.

Lydie Benoît, mère des trois frères Simeray, née en 1863 à Salins, décédée en 1892 (mariée en mars 1886 à Salins)

Marthe Cour, la seconde épouse de Claude Simeray (©1932)

images©Collection d'Antoinette Simeray

vers 1880

La maison natale du Docteur Claude Simeray, à Chaumergy. On peut lire sur l'enseigne "Simeray, Aubergiste". image©Collection d'Antoinette Simeray -année 1880-

La maison natale du Docteur Claude Simeray, plus tard. image©Collection d'Antoinette Simeray

Bulletin de l'Ordre des Médecins: la bande adresse au nom du Docteur Simeray. Prêt de Yvonne Tomczyk.

La maison et le cabinet médical du Docteur Claude Simeray. image©Christel Poirrier

La maison et le cabinet médical du Docteur Claude Simeray. image©Christel Poirrier

La maison et le cabinet médical du Docteur Claude Simeray. Les deux fenêtres hautes, à 8 carreaux, sont celles de son atelier de sabotier. image©Christel Poirrier

La saboterie du Docteur Claude Simeray: une (autre) creuseuse-recopieuse, installée chez Florence Braconnier, sabotière, 1, Grande Rue 70130 Seveux. tél 03 84 67 13 99. image©Christel Poirrier

La maison et le cabinet médical du Docteur Claude Simeray: la tour carrée, pigeonnier ? chapelle ? image©Christel Poirrier

La propriété du Docteur Claude Simeray, parcelles cadastrées AB 50 et AB 47. image©Plan du Cadastre de Moissey

village de moissey

maurice simeray, le fils puîné, pharmacien-peintre-soldat, le premier de moissey tué à la guerre, en 1914

par Antoinette Simeray, née en 1923

images © Collection Antoinette Simeray, années spécifiées si connues

Mon oncle Maurice était brillant, enjoué, pharmacien et peintre. Il aimait raconter des histoires fantastiques et faisait rire tout le monde. Il a laissé des peintures sur toiles qu'il avait faites sur Moissey, dont nous avons retrouvé deux exemplaires. Il y a certainement d'autres toiles au village qui portent sa signature "M. S."

Mon oncle Maurice fut le premier du village tué à la guerre. Normalement, il devait être incorporé au service de santé des armées. On ne sait pas ce qu'il s'est passé, il s'est retrouvé sur le front et a été porté disparu, au Pont d'Aspach, comme en témoigne un document retrouvé dans les archives du gouvernement sur la mémoire des hommes. Il avait 23 ans.

< 1914

-Peu avant 1914: Maurice Simeray, le fils tué à la guerre, image©Collection d'Antoinette Simeray

le 11 septembre 1914: SIMERAY Maurice, 23 ans, né le 4 janvier 1891 à Salins, soldat au 171e Régiment d'Infanterie (R.I) est porté disparu au Pont d' Aspach, près de Altkirch (Alsace) sur la ligne de front établie après le recul du 25 août, alors que l'offensive allemande en Belgique ayant poursuivi nos troupes jusqu'à la Marne se trouve bloquée par les armées de Joffre (recherches de René Delmas).

Peinture de Maurice Simeray, le fils puîné du docteur de Moissey, tué à la grande guerre. huile sur toile (10-F): le château de Moissey (avant 1914)

Peinture de Maurice Simeray, le fils puîné du docteur de Moissey, tué à la grande guerre. huile sur toile (15-F): le château de Moissey (avant 1914)

Les 22 poilus de Moissey Morts pour la France: la fiche individuelle de Maurice Simeray, le premier du village tombé à la guerre.

les fiches individuelles des Morts pour la France sont extraites du site: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

village de moissey

la famille de la petite-fille, antoinette simeray,

par Antoinette Simeray, née en 1923

images © Collection Antoinette Simeray, années spécifiées si connues

Mon père Claude Auguste était l'aîné des trois fils de Claude-François Simeray. Il a fait lui aussi sa médecine. Il avait un gros cabinet "libéral" à Moirans, et lorsqu'il a dû partir à la guerre, c'est mon grand-père qui l'a remplacé.

Mon père était un grand sportif, il fabriquait ses kayaks et ses skis, il nous emmenait en vacances dans une caravane "montable" tirée par notre C6 décapotable. Nos cheveux volaient dans la voiture. On ne la couvrait que lorsqu'il pleuvait.

Mon père Claude Auguste est décédé en 1937, il n'avait que 51 ans et moi, j'avais 14 ans. Comme maman était doloise, nous sommes revenus vivre à Dole, j'ai fini mes études secondaires au collège de filles (immeuble "la Charité"), puis j'ai fait ma médecine.

Je voulais m'installer en libéral, comme chacun dans ma famille, mais ça inquiétait tellement mon entourage que, au lieu de poser ma plaque, j'ai fait une spécialité "médecine du travail" que j'ai exercée à Lyon toute ma carrière, puis je me suis retirée à Dole.

A Moissey, au Prieuré, avec mon frère Maurice, dans une brouette de tonnelier. (1933)

Le Dr Claude Auguste Simeray médecin à Moirans-en-Montagne, fils aîné du Dr Claude François Simeray (1914)

Trois des quatre enfants de Claude Auguste, Maurice, Odile et la petite dernière Antoinette (1928).

Claude Auguste, Marie tenant Odile, Jean et Maurice baissé (1920, Antoinette n'est pas née)

Antoinette, 10 ans, Maurice, Claude Auguste et Marie, et la C6 blanche. (1933)

Odile (lunettes), Marie, Antoinette, Claude Auguste et Maurice. (1935)

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