images

village de moissey

autour du combat de moissey

le maquis 313, le maquis de brize

souvenirs d'Eugène Gevrey, alias Géno

d'Histoire

Eugène Gevrey est né le 12 mars 1923 à Lamarche-sur-Saône, et si sa parole a été recueillie aujourd'hui, ce n'est pas pour sa carrière humaine et professionnelle riche et diversifiée, mais parce qu'il a participé au Combat de Moissey le 6 septembre 1944, comme maquisard actif basé au maquis de Brize (à proximité du village de Peintre).

Après des études primaires à Lamarche et son Ecole Primaire Supérieure à Hippolyte Fontaine à Dijon, Eugène Gevrey se destine au métier d'instituteur. Il est admis sur la liste supplémentaire à l'Ecole Normale de Dijon en 39 et il repasse (et réussit) en 1940 pour appartenir à la liste des lauréats actifs, mais Vichy supprime les Ecoles Normales. C'est donc la seconde, la première et le Bac Math au lycée Carnot, puis l'Institut de Formation Pédagogique. En novembre 1940, l'engagement décennal des futurs maîtres doit spécifier qu'on n'est ni juif ni communiste. Au terme d'une année à l'IFP, il reçoit une convocation pour la visite médicale du STO. Cette visite le juge apte et il doit se rendre à la gare avec sa valise pour être habillé et groupé pour le départ pour l'Allemagne. A la gare, il ressort de l'autre côté et disparaît officiellement de la circulation. Plus de papiers utilisables, plus de carte d'alimentation. Il se fait embaucher en juillet 44 par la SNCF comme garde-voie avec un laisser-passer jusqu'à février 1945. Le 6 juin 1944, à l'annonce du débarquement, il entre dans les bois, c'est-à-dire dans un des maquis de la forêt de Longchamp. Il "déménage"au Maquis de Brize le 19 août 1944 jusqu'au 9 septembre 1944, heure de la libération d'Auxonne.

 

le maquis

«Dans notre coin, les premiers maquis se sont installés dans la périphérie de Dijon. Les petits maquis s'appuyaient sur des maisons isolées, désaffectées, des cabanes de chasse, des restes d'exploitation. Ils ont souvent été exterminés. Les chefs de maquis ont alors cherché des forêts plus profondes.

Pour installer un maquis, la personne précieuse et efficace, c'était le maire, qui savait tout de sa forêt, coupe, replantation, point d'eau, accès, opportunité, etc... De plus, c'est encore à la mairie qu'on allait pouvoir emprunter du matériel de "camping" qui avait déjà servi au moment de l'accueil de réfugiés alsaciens et lorrains en 1938. Le choix de l'emplacement faisait intervenir deux critères essentiels, la présence de l'eau et l'évacuation de la fumée. De la fumée toujours au même endroit finirait par dénoncer le site, donc il conviendrait de cuisiner à la tombée de la nuit. De toute façon, il ne serait pas raisonnable de rester au même endroit plus de 15 jours. La mobilité, c'était la condition de survie. En forêt de Longchamp, nous n'étions pas nombreux, et nous avons changé 7 fois d'emplacement. Pratiquement, un maquis, c'est un campement avec soit des tentes toute faites soit des bâches qui proviennent du monde agricole, les paillasses lorsqu'il y en a, sont des sacs bourrés avec de l'herbe à matelas. Pour faire à manger, réchaud à tout combustible et même quatre pierres au sol. Les toilettes sont des "feuillées", c'est-à-dire des installations de forêt, des trous qu'on rebouche de temps à autre. Le point d'eau, c'est pour boire et faire à manger, principalement; si elle est abondante, elle sert aussi à se laver, c'est selon...

La nourriture au maquis: mon père Abel Gevrey fournissait le M 313, avec sa charrette et son cheval, puis une camionnette et les produits de notre petite exploitation agricole. Il fallait alimenter le site en pain (donc les boulangers étaient forcément de connivence), parfois en lait, en patates. Nous avions une "source" de sardines en boîtes au Château d'Auxonne, là où siégeait la Croix Rouge. La CR était équipée pour les colis qu'elle faisait aux prisonniers de guerre, elle détenait donc une certaine quantité de vivres, et même des uniformes passe-partout, c'est ceux-là que nous portons sur les photos qui ont été prises au lendemain de la libération. Nous avions aussi un accord discret avec la SITPA d'Auxonne (traitement de légumes): elle était accommodante avec nous car le jour où nous aurions à la "paralyser", nous nous étions engagés à le faire "proprement".

La communication se faisait par des gens de toutes sortes qui discrètement, transportaient des informations soit vers des voisins, soit à vélo ou par toutes sortes de moyens le plus souvent ingénieux. Le frère de Guy Fébvret, Marcel, lui, était agent de liaison.

Les finances arrivaient par parachutage d'argent français. Les FFI et/ou FTP faisaient imprimer de "faux" bons de réquisition qu'on utilisait pour avoir de l'essence, du tabac, du blé... Les Anglais ont enfin compris, à partir du 6 juin 1944, après l'échec du Vercors, que les maquis avaient besoin d'aide ou pour se battre ou pour saboter les installations de la France allemande.

Le Maquis 313 a été créé par Roland Bailly, pharmacien à Genlis, implanté à l'origine à la maison forestière de Longchamp. Nous n'étions pas plus d'une dizaine, tous du coin c'est-à-dire de Lamarche ou de Longchamp.

Le recrutement: entraient au maquis toutes sortes de gens, essentiellement, des personnes qui voulaient combattrre dans l'ombre et beaucoup d'autres qui se cachaient, soit qu'elles fussent réfractaires au STO (donc hors-la-loi), soit qu'elles étaient recherchées par la police vichysso-allemande (juifs, communistes et autres minorités destinées à être exterminées).

Le Maquis 313 commençait à être à l'étroit alors il a émigré dans la forêt des Crochères, à l'ouest d'Auxonne; là où j'étais s'appelait le maquis de Brize, du nom de la grosse ferme à laquelle on accède depuis Peintre. Je suis entré au Maquis de Brize le 19 août 1944, car là où nous étions, il se préparait quelque chose. Il y avait de tout ici, des malgré-nous, un déserteur allemand, des sous-officiers démobilisés depuis l'armistice du 22 juin 40. Nous avons fini par être entre 150 et 200. Nous étions ravitaillés par les maraîchers d'Auxonne, nous étions habillés par le Château d'Auxonne (la CR), et c'est là que j'étais lorsque nous avons reçu l'ordre d'aller récupérer 3 allemands qui stationnaient à Moissey. Le Combat de Moissey, c'était un accident, ça n'aurait jamais dû se passer comme ça. J'ai vu Guy Fébvret tomber sous une rafale de mitraillette et j'ai vu Paul Ménétrier se faire blesser au bras. Sur le coup, il n'a pas mesuré l'importance de sa blessure qu'il a immédiatement considérée comme une prise de galon. Hélas, l'artère brachiale était atteinte et il saignait saignait. Il a réussi à atteindre la ferme du moulin, mais presqu'exangue, il est mort peu après.

On a quitté le Maquis le 9 septembre, jour de la libération d'Auxonne».

 Géno redevient Eugène.

 

A ce moment se constitue le 1er Bataillon de Bourgogne composé de tous les maquis alentour, incorporé à la 2ème Division d'Infanterie Marocaine qui s'est alors dirigée sur la poche de Mulhouse. En janvier 1946, Eugène Gevrey est démobilisé, il repasse un petit coup à l'école normale pour faire quelques stages dans toutes les classes et à la rentrée de Pâques, il est enfin nommé instituteur dans le Châtillonnais, à Villotte-sur-Ource.

 

paroles recueillies à Lamarche sur Saône, le lundi 6 septembre 2004 à 14 h.

1944

Le maquis de Brize et le théâtre des opérations.

©IGN-France

1944

La résistance en Côte d'Or, tome II de Gilles Hennequin, enseignant et fils de résistants.

1944

La résistance en Côte d'Or, tome II de Gilles Hennequin, enseignant et fils de résistants.

1944

La résistance en Côte d'Or, tome II de Gilles Hennequin, enseignant et fils de résistants.

1944

Les gymnastes de Lamarche, au bord de la Saône, vers 1940: Guy Fébvret est à gauche de ce groupe de 5.

1944

Guy Fébvret, (Sirocco bis) né le 7 juillet 1922 à Lamarche, membre du maquis 313, tué à Moissey le 6 septembre 1944. Guy a fait son école primaire à Lamarche, puis son collège à Auxonne, puis est devenu menuisier.©Marcel Febvret-1940

1944

Marcel Fébvret, frère de Guy, agent de liaison du maquis 313. Marcel est né à Lamarche le 5 octobre 1917, marié en 1945.

1944

Eugène Gevrey (Géno), membre du maquis 313, protagoniste du combat de Moissey. Eugène est né à Lamarche le 7 juillet 1922.

1944

Monument commémoratif à Moissey, là où est tombé Guy Fébvret.

paroles recueillies par Christel Poirrier, à Lamarche sur Saône, le lundi 6 septembre 2004

portail de moissey.com
e-nous écrire