village de moissey, l'histoire de l'art

la vie de Saint Gengoult, saint patron de Moissey

d'après une traduction par Jean Philippe ROYER, parue dans les Annales de Bourgogne Tome 75, année 2003

adaptation de Joseph-Pierre Outters (moisseyais de Dijon)

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Statue équestre de Saint Gengoult, lorsqu'elle était sous le porche de l'église

Saint Gengoult est décédé le 11 mai 760, et inhumé à Varennes-sur-Amance, son fief.

note sur la vie de Saint Gengoul, saint patron de moissey

 

Vie de St GENGOUL, Saint Patron de Moissey, d'après une traduction par Jean Philippe ROYER, parue dans les Annales de Bourgogne Tome 75, année 2003 [adaptation de M. Outters]

 

 L'homme de Dieu GENGOUL naquit en Bourgogne, héritant la haute origine et le noble sang de ses parents qui le firent former avant tout aux disciplines de l'enseignement Chrétien.

Encore tout enfant et paré d'une nature exceptionnellement brillante, il avait pris l'habitude d'assister à des réunions fréquentes de pieuses personnes, et ne cessait de remuer les maximes fondamentales de la foi catholique.

Il ne fait aucun doute qu'un jugement secret de Dieu déterminait sa formation, afin que pas une seule perfection ne manquât plus tard au Saint homme. Il était imposant dans sa physionomie, aimable dans ces entretiens, avisé dans ces actes, d'une grande éloquence remarquable par la parfaite pureté de ses mœurs.

Parvenu au terme de l'adolescence, quand il eut acquis la robustesse propre à l'âge d'homme, il choisit une épouse de haute naissance comme lui, et bien qu'elle fut de la plus noble origine, elle se révéla toute différente de lui par son comportement, comme le montrera plus tard le déroulement de ce récit. Selon nous, si l'Arbitre caché la voulut indigne de sa naissance, c'est pour donner à travers elle une preuve éclatante de la patience du Bienheureux; outre cela, il avait accoutumé de s'adonner à la chasse, parce que les domaines où il avait l'habitude de s'attarder, étaient couverts de forêts ombreuses et peuplées en abondance, d'animaux de toute espèce.

En ce temps-là, Pépin le Bref [premier roi des Francs à être sacré. Règne de 741 à 768] gouvernait d'une poigne énergique le royaume des Francs; notre Saint homme Gengoul à son service, lié par les obligations du soldat, passait pour un des plus braves de son armée, doué d'une âme impétueuse, d'une force intrépide et d'une grande énergie dans la bataille, il se montrait parfaitement rompu aux exercices du soldat.

Au terme d'une expédition militaire menée à bien, au service du roi, alors qu'il tentait de regagner sa patrie, il advint qu'il faisait route à travers le pays que les Francs appellent la Champagne, parce que la terre s'y déplore sur de longs espaces, où l'on ne voit que rarement une couverture de feuillages, ou l'ombre épaisse de forêts.

Or un jour, alors qu'il s'écartait de sa route et qu'il s'engageait sur un chemin de traverse, avec les siens pour prendre un petit déjeuner et apaiser la faim des chevaux en les laissant paître, il arriva près d'une source où coulaient des eaux pures et transparentes; ils trouvèrent cet endroit opportun à souhait pour refaire leurs forces et tout autant, celle de leurs montures, car il y avait aussi un gazon encore bien tendre.

Quand ils se furent assis tous ensemble pour se restaurer, survint un petit bonhomme propriétaire du domaine modeste où se déroulait la scène; le Saint homme, sous l'effet de la charité qui habitait tout son être, l'invita à partager leur collation. Ensuite au cours du repas, Gengoul adressant la parole à celui qu'il venait d'inviter, lui demande de lui vendre, au prix qu'il voudra bien lui fixer, la source au bord de laquelle il était assis; l'autre à ces mots, commença à rire de lui sous cape, pensant qu'il avait parlé ainsi par sottise. Puis il commença à s'imaginer qu'il allait obtenir deux choses à la fois, garder la somme versée pour le prix convenu et -puisqu'il était impossible de transférer d'un endroit à un autre- rester en possession de ladite source. En effet dans sa cupidité, le propriétaire de la source, ne se rendait pas compte de la puissance spirituelle de son acheteur qui fit verser une somme de cent pièces d'or, au vendeur de la source.

Quand ils eurent mené à bien pendant ce temps, ce qu'ils avaient à faire pour réparer leurs forces et qu'ils furent montés sur leurs chevaux, il s'appliqua à reprendre la route avec les siens et arriva aux bâtiments construits sur sa propriété de Varennes [sur Amance (52) où se trouve encore aujourd'hui une église dédiée à ce saint].

Alors à son épouse qui à son insu, avait déjà criminellement souillé les liens du mariage qu'elle avait contracté avec lui, il rapporte tout ce qu'il avait fait et lui indiqua en plus la somme qu'il avait payé pour la source mentionnée plus haut; alors la femme qui était d'un naturel lubrique, et qui s'efforçait toujours d'interpréter défavorablement, ce qu'avait fait son mari, commença à se plaindre secrètement, en l'accusant de crouler sous la stupidité et de dilapider à pleines mains son avoir, ajoutant qu'il ne pouvait retirer aucun avantage de ce qu'il avait acheté si cher!

En ces jours-là, faisant le tour, pour inspection des territoires attenants à sa résidence, il planta dans le sol, un bâton qu'il portait à la main; puis l'ayant laissé là, revint chez lui. Le lendemain matin, à son lever, il s'aperçut qu'il n'avait pas d'eau pour se laver les mains et le visage; il ordonna à l'un de ses valets, d'aller en toute hâte arracher le bâton qu'il avait fiché en terre et de rapporter au plus vite, pour ses ablutions, le liquide qui jaillirait à la suite de son geste.

Et bientôt, dès que le serviteur se conformant aux ordres du maître, eut arraché du sol le morceau de bois, immédiatement des flots énormes jaillirent des entrailles de la terre, en montrant une couleur, exactement semblable à celle qu'avait l'autre source, au lieu d'où elle avait été transportée par la toute puissance divine.

C'est ainsi que l'espoir vorace du vendeur cupide fut dépouillé de la source qu'il avait cru pouvoir garder en sa possession; car plus jamais on ne vit d'eau couler à l'endroit où elle se trouvait primitivement.

L'épouse de Gengoul, séduite par un clerc, apostat perfide qui s'était dévoyé en quittant la voie de la justice et de la vie religieuse, se livra en cachette à son amant. Quand la nouvelle eut été largement propagée de bouche en bouche, Gengoul finit par en percevoir un écho, quant un rapport sur cette iniquité lui parvint; il commença alors à remuer dans son esprit incertain, des pensées contradictoires. Parfois lui prenait envie de ne pas la laisser vivre plus longtemps, pour éviter qu'en se vautrant à plaisir dans la fange de ce bourbier, elle ne ternît gravement l'honneur de la noblesse de Gengoul, par la hideur de son infamie, mais d'un autre côté, s'il la condamnait à mourir, il tomberait sous l'inculpation d'homicide.

Un jour que ses fidèles étaient absorbés par l'accomplissement de leurs diverses tâches, il entreprit sans autre compagnie que celle de son épouse, de faire le tour d'un de ses domaines, pour en visiter les confins; quand on fut arrivé près d'une source d'eau vive, il eut à cœur d'apostropher cette femme, ce qu'il fit en ces termes : "Mon épouse, bien des rumeurs accablantes et horribles à rapporter se répandent sur ton compte à tous les coins de rues; elles sont incompatibles avec ta naissance si elles sont vraies"

L'autre alors en femme qu'elle était, se mit à assurer, avec toutes sortes de serments, qu'elle était injustement diffamée par tout le monde et qu'elle n'avait jamais été infectée par la souillure dégradante qu'on prétendait.

Lui alors répliqua : "La Providence divine à qui n'échappe aucun secret, mettra en évidence par des signes irréfutables, la réalité que tu contestes ! Voici une source placée bien en vue et qu'un froid glacial ne rend pas particulièrement froide, ni une chaleur brûlante, exagérément brûlante ! -Plonge donc la main dedans et retire sans hésiter le petit caillou qu tu aperçois, placé au fond. Dieu qui a connaissance de ce qui est dissimulé, s'il en est bien comme tu le soutiens, ne permettra pas que tu aies à supporter la moindre calomnie; mais si tes déclarations sont mensongères, Il ne tolérera pas longtemps que ta vilenie reste cachée sans preuve manifeste".

L'épouse attribuant à l'inertie intellectuelle ces paroles, comme toutes les autres, que proférait son mari, ne se le fit pas dire deux fois et enfonça la main dans l'eau sans crainte; mais dès qu'elle eut touché le petit caillou, puis ramené la main à l'air libre, on put voir aussitôt se rétracter toute la peau du dos de la main et du bras, sur toute la longueur que l'eau avait touchée, de telle sorte que l'on pouvait distinguer la chair à vif et la peau qui pendait au bout des doigts.

Tout son corps se raidit, paralysé par la stupeur; se sentant confondue depuis que la Providence avait mis la réalité en évidence, elle conjecturait qu'il n'y avait pas d'autre issue pour elle que la mort suspendue sur sa tête, quand il lui déclara : "j'avais souhaité si tu m'étais restée fidèle comme tu le devais, et si tu avais marché droit en suivant la loi de Dieu, affronter jusqu'au bout avec toi tous les périls du monde, en unissant ma force à la tienne, accueillir tout ce qui serait arrivé d'heureux, tout ce qui serait arrivé de fâcheux, bref nous amener tous deux à vivre ensemble, en pratiquant la patience, à mourir ensemble dans la joie; donc parce que tu n'as pas eu peur de te couvrir de ces crimes, tu mériterais la mort, assurément, mais il est hors de question pour moi de te tuer de mes mains -Je suis d'avis qu'il faut te réserver pour le jugement de Dieu".

Il poursuivit "Si tu ne mets pas un terme à ces vilenies, tu brûleras dans les flammes de l'enfer avec le diable qui est à l'origine de ta perversité. Enfin ce que je t'ai donné en douhaire suivant le droit qui régit le mariage, garde-le pour avoir de quoi vivre, car à compter d'aujourd'hui, tu ne me verras plus jamais"

Achevant son discours, il réunit les siens, monta dans ses chariots et gagna un autre domaine situé aux abords d'Avallon.

Pendant ce temps, elle ne manqua pas de perpétrer avec ce clerc exécrable les abominables forfaits; ils déployèrent des trésors d'imagination, pour trouver comment le faire périr; c'est ainsi que le clerc tenta d'atteindre les endroits où séjournait Gengoul.

Connaissant parfaitement ses résidences secrètes, il s'appliqua à atteindre furtivement le moment où la domesticité interrompait son service et l'heure où il pourrait le trouver étendu sur sa couche et plongé dans le sommeil, pour lui donner la mort, sans être vu et prendre la fuite en toute liberté. Le moment venu, il entra dans la chambre de Gengoul et se saisit du glaive qui se trouvait près du chevet.

Après une courte dispute, il laissa Gengoul blessé à mort et courut à toutes jambes pour enfourcher sa monture et prit la fuite au galop; le clerc couvrit à vive allure, la distance qui le séparait de la femme honnie de Dieu; après qu'ils se furent congratulés, il gagna le coin des latrines, pour soulager son ventre et dès qu'il eut gagné ce réduit, pour payer son tribut à la nature, aussitôt il se vida de ses entrailles et c'est ainsi que le misérable s'abîma dans l'égout infernal, sans qu'il lui soit accordé le temps de se repentir.

Quant à la femme, alors que sa servante lui indiquait qu'on s'apprêtait à ensevelir le corps de son époux, suivi d'un grand nombre d'admirateurs, elle ne put s'empêcher d'affirmer : "Gengoul fait des miracles, comme en fait mon derrière".

Aussitôt que cette parole sacrilège fut sortie de sa bouche, un bruit répugnant monta de la partie cachée de sa personne, et par la suite, tout le temps que dura sa vie, elle eut à subir cette honte, qu'à chaque mot prononcé, autant ou presque de ces bruits honteux s'échappèrent de cette partie de sa personne.

 Joseph Pierre Outters, Dijonnais de Moissey

 

"Je voudrais vous signaler que l'article fort intéressant et très récent, paru dans les "ANNALES de BOURGOGNE" tome 75 fascicule 3 - 2003, paru en mai 2004 "La vie de Saint GENGOUL" par Jean Philippe ROYER, avec préface de Monique GOULLET Page 351 à 373 peut se trouver aisément aux éditions de l'IMPRIMERIE DARANTIERE à Dijon-Quétigny. Le prix marqué au dos, est de 12 euros en librairie.

A DIJON cette édition est consultable gratuitement : à la BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE, Rue de l'école de droit, ouverte les mercredi, jeudi, vendredi et samedi, aux ARCHIVES DEPARTEMENTALES C.O., 8 Rue Jeannin, du lundi au vendredi de 9 heures à 17 heures."

J-P O.

Pour plus de détails sur l'histoire de saint Gengoulph consultez le site de Charles Fèvre:

http://perso.wanadoo.fr/charles.fevre/page_remerangles_vie_st_gengon.htm

Le 23 déc. 2006 à 16:04, Paul Trenchard a écrit :

Messieurs,

Je suis en train de construire un website sur St Gengulphus ou, chez-vous, St Gengoult, et je voudrais bien demander votre permission d'utiliser la photographie de sa statue équestre qui apparaît sur votre site, si cela vous serait possible. Il ne s'agit pas d'une utilisation commerciale.

Le site -inachevé- se trouve sur http://www.gengulphus.org

Saint-Gengoult, en marge du concours pictural de Moissey le 10 juin 2007, format 21 x 29,7 cm, Ivan Perrin à Moissey

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