Fernande Colin est née
à la Bedugue, à Dole, Jura, le 15 janvier
1912...
...de son père, Monsieur et de sa mère
Madame et de ses grands-parents maternels, les
époux Valot qui demeuraient à Moissey.
Elle est venue chez ses grands-parents, en vacances
ou en visite autour des années 1917-1918, d'abord
à la Craie, la deuxième maison en montant
à gauche (vendue à Aimé Aupy), puis
enfin à la maison Donard, celle qui touche le
moulin de la départementale 475.
Elle a fréquenté ce village jusqu'en
1922, date du décès de sa
grand-mère. Elle empruntait
régulièrement le Tacot, sauf les fois
(rares ?) où elle venait de Dole dans la
carriole en osier de Madame Bon, connue par tous sous le
nom de "la Cossote".
"J'avais 6 ans, elle en avait 50. Elle faisait le
commerce des oeufs, du beurre et du fromage, qu'elle
ramassait dans les villages pour les négocier au
marché de Dole.
A la gare de Moissey, il y avait les Béjean
avec leur scierie à vapeur, le chef de train
s'appelait M. Martin. Je connaissais un menuisier qui
s'appelait Guillaume (ndlr : Marcel, le père
d'André et grand-père de Bernard,
vraisemblablement)
Ma grand-mère Isabelle Valot, était
née Sireguy. Ma grand-mère avait deux
frères Sireguy, l'un s'appelait Napoléon et
avait des jambes si longues que ses pieds se touchaient
sous le cheval.
Isabelle Valot est morte chez nous, en 1922, et
ainsi, je ne suis plus allée à Moissey. Ma
grand-mère ne manquait de rien, elle faisait la
cuisine dans des grands repas et avait aussi une vigne de
noa près du puits Baudry.
Mon grand-père était meulier. Il y
allait tous les jours (sud de Moissey, dans les bois de
Frasne) Il avait une petite chienne qui le
prévenait contre les vipères. Il partait le
matin et revenait le soir, c'est ma grand-mère qui
lui préparait sa musette.
Il était "artisan" (ndlr: Fernande veut
dire artisan à son compte et non pas
l'employé d'un autre) et je me rappelle qu'il
avait un cachet (un tampon) qui représentait une
meule.
Il avait un porte-plume en verre avec une plume en
verre tourné qu'il trempait dans l'encre.
Ils étaient plusieurs à travailler
chacun pour soi, et en cas de besoin, ils se mettaient
à plusieurs.
Quand nous étions à la Craie, je
m'amusais avec Virgile Ruisseaux, qui habitait contre
l'abreuvoir de la Rue Haute.
Oui, je suis allée voir ces
carrières. Mes grands-parents étaient
aisés, mais c'était du travail.
Pendant les vacances, je restais plusieurs jours.
J'aimais beaucoup venir à Moissey. J'adorais en
particulier dormir sur un matelas en feuilles de
maïs et j'adorais aussi les sardines. On mangeait de
la soupe, des pommes de terre, mais ma grand-mère
savait que pour me faire plaisir, elle n'avait
qu'à m'acheter des sardines à
l'épicerie Henry, place de la grande Fontaine,
à côté de chez Charles Grebot, le
coiffeur.
Charles Grebot avait été coiffeur
dans la rue de la Paix, à Dole, dans un
café qui faisait coiffeur. Bernadette Grebot est
venue en apprentissage chez nous.
les pigeons
voyageurs
Ceux que vous appelez les
Joyeux, ces prisonniers-carriers qui travaillaient dans
les Gorges voisines, nous les appelions les "Pigeons
Voyageurs". Nous en avions peur. Ils avaient des calots
ronds avec une bordure un peu bordeaux et étaient
tous habillés pareils. On les voyait passer, (sur
l'embranchement particulier qui était une branche
du réseau métrique pour aller
jusqu'à la carrière de mauvaise eurite) sur
un drôle de véhicule à bras et sur
les rails. Ils étaient bien une douzaine, tous
assis au bord, les jambes pendantes pendant que deux
autres "pompaient" pour faire aller. Ils devaient faire
la navette entre le chantier et la gare, préparer
les wagons pour les expédier dans le
Nord-Est.
Je fréquentais l'église avec ma
grand-mère, c'est-à-dire chaque fois
qu'elle y allait pendant que j'étais chez elle, je
l'accompagnais. Je ne me rappelle pas le nom du
curé, j'étais trop petite, j'avais 6 ou 7
ans. Mais le plus beau, c'étaient les missions.
C'était magnifique, les curés
étaient jeunes et les filles nombreuses
(nombreuses autour...)
Le meilleur souvenir que je garde de Moissey,
c'est ma grand-mère. Elle avait un coussin en
couronne, en paille et recouvert de tissu qu'elle mettait
sur sa tête pour porter tout ce qui était
lourd, corbeilles de linge, fagots de sarments de sa
vigne.
Lorsque ma grand-mère est morte, mes
parents ont récupéré un temps la
vigne, c'était un certain Monsieur Bralet qui s'en
occupait (sa soeur s'appelait Hélène et son
fils Marc).
La laiterie était dans le virage,
c'était le plaisir des filles, et moi, petite, je
suivais la bande.
Ma grand-mère gagnait 2,50 F par jour. On
allait au pain chez la Jeanne (escaliers ouest de
l'église) et elle cochait (entaillait) les deux
barres de bois en même temps, la sienne et la
nôtre.
Mon père a connu ma mère car il
faisait la diligence à chevaux, enfin, la poste,
entre Dole et Pesmes. Un jour la diligence, à
Dole, était pleine alors le cocher a dit à
une jeune fille, "montez vous asseoir à
côté de moi". Le cocher, c'était mon
père et la jeune fille, ma mère.
J'ai bien entendu parler de la grande salle de
danse "Ardin", place de la Fontaine. Mon gendre M.
Douaire, 69 ans, s'y est souvent rendu en tant que
accordéonniste, quand il y avait des bals, des
noces etc...
propos recueillis par Christel Poirrier,
à Dole, au foyer du Val d'Amour, le 20 janvier
2001
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