Si le sous-titre du Printemps
des Poètes 2005 est une ponte
ministérielle, la forme qu'a revêtu
l'événement à la
médiathèque de Dole est une création
de "2 pièces-cuisine", c'est-à-dire de
Chantal Mairet et ses amis.
Sous prétexte de lui
lire des poèmes, on plonge l'auditeur dans le
noir, un noir absolu (pour l'auditeur auquel on chausse
ses yeux d'un masque contre les UV), si bien qu'il n'y
voit goutte. Dès lors, tous les esprits
facétieux conjuguent leurs talents afin que la
victime mette en batterie tous ses sens, sauf
évidemment celui de la vision.
Là, selon le chalet
choisi pour remplir les sens des volontaires, le
bénévole amateur de poésie de
printemps se retrouve, seul, immergé dans les
sons, le sol, le contact, les senteurs (quel doux mot
pour dire celle de l'essence de pétrole) de la
forêt, de la route, de la plage ou de la
bagatelle...
L'épreuve, si c'en est
une, dure le temps de la lecture d'une page ou deux,
extraites des littérateurs qui ont pignon sur rue,
mais qui ne sont cependant pas toujours les plus sages.
Chaque chalet tourne avec un comédien (lecteur) et
un comédien (assistant) chargé de vous
faire renifler des trucs étonnants ou de vous
caresser les joues ou les mains avec des plumes
d'autruche ou autres poils d'animaux à poils
longs. Ajouter à la recette un troisième
larron, qui garde la porte, et qui a pour tâche non
seulement d'introduire les aveugles, mais encore de les
récupérer (et de les assister) à la
sortie alors qu'il leur faut un "certain" temps pour se
remettre.
Cette façon d'exprimer,
ceux qui connaissent la mettrice en scène Chantal
Mairet et ses complices, en auront reconnu la filiation
avec une certaine "Lecture sous la Couette", dans un lit
à baldaquin et à roulettes. La bonne
idée est de mettre l'auditeur dans des conditions
de confort confortables, mais le coup de génie est
de les priver momentanément de la vue, et
là, c'est une tout autre perception des choses qui
émerge.
Samedi à 17 h 30, les
amateurs de poésie de printemps jouaient encore
les prolongations, malgré le climat qui , s'il
n'était plus guère de saison, était
néanmoins lourdement dolois.
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